Cyantifiques d’eau douce

__–Une belle et grande expédition, cela faisait longtemps.
__–… Surtout, ne parlons pas du résultat des précédentes.

__–Amundsen avait, pour cette occasion, économisé partout où il le pouvait, secondé des collègues sur bien des projets en échange de soutiens, aidé nombre Dessinateurs à obtenir des services divers (soyons sérieux deux minutes, il avait joué le porte-flingue, étant une des rares personnes de cette Esquisse ayant déjà utilisé des armes), fait des exposés à n’en plus finir pour recueillir des financements… mais il était arrivé à un résultat.
__–Enfin, à un bateau.
__–L’expédition consistant en remonter le cours de l’Inspiration jusqu’à son aval. (Les géographes en sang sur cette phrase.)
__–Pourquoi ? Étudier ce fleuve, mais surtout, son embouchure – ou plutôt sa source ; là où il s’éparpillait en d’innombrables petites sources qui disparaissaient dans les gouffres des Traits d’Humeur. Des données existaient, bien sûr, mais la dangerosité et la longueur d’une telle traversée rendait leur collecte rare.

__–Le choix de l’équipe, indispensable aux casses comme aux expéditions scientifiques, avait donné quatre noms. Quatre, pour quelque chose d’aussi important et, surtout, dans un RP à trois, pour ceux qui n’ignorent pas ce qui ce passe sur le Discord ? J’y viens, j’y viens. (Et je ne vous fais pas le coup de compter Al Dante et Virgile comme deux personnes.)
__–Tout d’abord, Amundsen lui-même.
__–Ensuite, un vieil a… euh… un vieil allié : Toklo Piqqoripoq, fromineur de son état, ayant prononcé autant de phrases depuis son arrivée dans l’Esquisse qu’il a de doigts. Sachant qu’il en a perdu un sur la fromalune. Plus de détails ici.
__–Puis, Wallace, confrère cyantifique, expert des écosystèmes, qui avait répondu présent, probablement pour l’ivresse de l’aventure, ce qui vu sa tête de comptable dont la chose la plus excitante qui lui soit arrivée ait été de tromper sa femme avec un rouleau de papier cul humide (nan j’déconne, il a surtout la tête de celui qui l’a tuée et l’a mangée, sa femme), sort à la fois de nulle part et tient du cliché attendu.
__–Enfin, euh… Un cale-porte.
__–(Je laisse le soin à ce dernier de se présenter. En même temps, vu qu’il bouge pas trop, il a un peu que ça à faire de ses lignes.)

__–Le bateau, donc.
__–Une vieille embarcation de pêche, retapée avec des pièces venant d’un poisson géant. Un grand aileron pour la voile, un petit à l’arrière pour le gouvernail, la moitié supérieur du crâne pour l’habitacle à l’avant. Pas un poisson qui aurait été pêché, oooh non, pourquoi vous croyez que son proprio l’a vendue ? Les affaires tournaient assez mal pour lui refiler.
__–Pas immense, donc, juste assez pour contenir, hé bien, quatre ou cinq personnes, de l’équipement cyantifique et de quoi manger pour la traversée aller-retour. En théorie.
__–Vous comprenez mieux pourquoi un équipage si réduit.
__–Pour ce qui est de sa propulsion, au retour, le courant fera son œuvre, guidé par de longues perches pour éviter de cogner les bords, mais à l’aller ? Hé bien, deux autres énormes poissons (qui marchent sur leurs mains, vu qu’ils ont quatre bras musculeux qui leur sortent de chaque côté de leurs nageoires latérales) allaient le tirer au moyen de cordes. Ou plutôt, des gonflétans, mais qu’importe. Sachez seulement qu’il font la taille d’un gros éléphant et sont tout à fait placides, ne se nourrissant que de chair humaine. Qui pousse sur des arbres. Hein.

__–Généova ? Il vit sa meilleure vie chez un ami, dans son jardin au craie de l’Avenir, à brouter les petits lampadaires qui y poussent. (Si vous ne savez pas de qui il s’agit, aucune importance.)

Sur ce, revenons au présent. Amundsen avait convoqué ses amis à l’heure prévue, merci le Clocher, pour qu’ils se retrouvent tous sur un embarcadère du lugubre Erlette. Ses habitants, qui avaient été informés du but de l’opération par un Amundsen avide de raconter la belle et grande aventure qui l’attendait, bras-dessus bras-dessous avec ses camarades, avaient formé un petit attroupement autour de lui. Certains lui proposaient des amulettes contre le mauvais sort sur les flots, d’autres prenaient ses mesures et lui demandaient s’il préférait son cercueil en chaîne (arbre aux feuillages en anneaux) ou en sapain (arbre aux feuillages en baguettes), ou en cas de perte – très probable – du corps, quels proches convier à sa cérémonie funéraire. Amundsen répondait à leurs questions avec un certain enthousiasme, ravi d’avoir un public. Il avait même sorti de son sac un article de sociologie, encore en cours de rédaction, qu’il comptait leur lire pour avoir les retours d’un public non-initié, certes, mais donc avec un regard frais et extérieur sur la discipline et l’exercice.
__–C’est donc dans cette ambiance qu’arriva, en avance, un Toklo qui préféra passer par l’arrière et s’installer sur le bateau sans être remarqué.
__–Sur cette trop longue introduction, partenaires, à vous.

Etudier les terres vierges de l’Esquisse faisait partie des occasions qu’il ne fallait surtout pas rater. Les êtres vivants peuplant la Ville et ses alentours étaient des êtres tout à fait fascinants, mais il manquait un aspect sauvage et intouché par la société que Wallace avait cherché vainement. Heureusement, il y avait l’un de ses confrères, Amundsen. Un cyantifique fort entreprenant, qui avait pour projet d’explorer les confins des Traits d’Humeur, ces lieux encore inexplorés dont tout cyantifique de sa trempe rêvait.

Alors, il n’avait pu refuser sa proposition de participer à cette folle entreprise. Wallace en ressortirait à coup sûr, changé. Et il ne parlait pas des conséquences d’une Tempête qui les surprendrait au cours de leur périple. Il parlait bien des bénéfices intellectuels et des nouvelles connaissances dont il pourrait noircir ses cahiers. Il en avait par ailleurs amené un, et avait coincé un stylo dans une poche de sa chemise. Il était tout excité comme l’une de ces progénitures de dessinateurs. Cela lui faisait penser qu’il n’avait pas encore étudier le système reproductif de ces toutes nouvelles créatures dotées de la raison…

Mais cela ne sera pas pour l’heure. Wallace était bien plus intéressé par l’inédit d’une exploration de territoires inconnus. Et puis, les dessinateurs ne constituaient pas une espèce rare ou en voie de disparition. Il aurait bien des occasions de pouvoir les étudier de plus près.

— Mes salutations, cher confrère, s’exclama-t-il en reconnaissant Amundsen parmi la foule qui l’acclamait (ou accablait, cela dépendait du point de vue). Allez-vous recruter d’autres compagnons de voyage pour nous assister, parmi ces gens ?

Et s’il y en avait quelques-uns qui le méritaient, il pourrait bien étudier leurs comportements.

Maximum 100 caractères ! Messages : 24 Date d'inscription : 03/10/2023

Je pense que le projet de Virgile est tout à fait louable : descendre le fleuve pour découvrir les Enfers ou le Paradis du Monstre en Spaghettis volant. Je pense que me racheter auprès de Virgile et voir du pays me fera du bien. Pourquoi je pense que Virgile m’en veut ? Il a gardé le silence pendant une discussion avec Dorante et Clindor. Je pense que ces deux-là écriront le Livre de la Créatrice que je leur ai suggéré de réaliser. Je ne pense pas me tromper sur eux.

À présent, je pense qu’il faut mettre en action le projet de Virgile : trouver la barque qui nous mènera à notre but. Je pense avoir réussi l’entretien pour être la proue de la barque puisqu’on m’a donné rendez-vous sur un embarcadère d’Erlette. C’est pas très compliqué, je pense, il suffit de méditer en restant immobile. Je pense que c’est un endroit qui aurait sa place dans les Enfers. Virgile est d’accord avec moi. Il est sur mon dos comme d’habitude quand je me déplace.

« Bonjour messieurs, je pense que nous sommes vos proues de navire. Je suis Al Dante, le Panseur de Rondins et voici mon acolyte, mon rocher à penser, Virgile. Pensez-vous que nous attendons d’autres personnes pour cette odyssée ? »

Al Dante garde son caillou au-dessus de son épaule, tel un Sysiphe en plein effort attendant qu’on lui indique son lieu de repos.