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Intériorisation et perte d'équilibre [Stany & Max ]

Anonymous
Invité
Invité
Lun 5 Aoû - 20:57


Tu déambulais, un peu perdu. Et même totalement troublé. Tu cherchais une logique à ces lieux, une cohérence dans ces enchevêtrements de rues. Tu cherchais en fait la dialectique qui régissait ton esprit dans ce que tu prenais toujours pour un rêve. Tu voyais de telles choses que cela te dépassait, ces couleurs, ces formes, des objets, ces … « animaux » ? Ces êtres tout simplement disgracieux à tes yeux, des couleurs agressives, ces formes anormales. Toi qui étais persuadé que ton intellect régissait ton esprit et que ton inconscient était plutôt morne, tu avais que quoi faire une attaque. Mais tu étais dans un rêve, et donc protégé. Tu étais convaincu qu’au moins, ton intégrité physique était protégée, au contraire de ton intégrité psychique.

Tu avais toujours imaginé que si l’on ouvrait ta tête, faisant abstraction de l’aspect biologique, on y trouverait un espace sérieux, rangé. Une grande bibliothèque ordonnée, pleine de livres beau, aux couvertures de cuir et datant du siècle dernier. Des couleurs sobres et douces, des tons sombres. Tout le contraire de cet endroit que tu qualifierais sans hésiter de mindfuck complet.

Tu avançais donc en pensant à tout ça, ta vision s’étant peu à peu habituée à ces couleurs vives. Tu nageais dans en plein délire mais tu t’étais fait à cette idée, puisque ton subconscient ne semblait pas prompt à t’en sortir. C’est alors que tu levas le nez de ta route, et que ton regard se posa sur cette imposante bouche. Belle et incroyable bouche. Couverte d’un rouge délicieux, des lèvres comme personne n’aurait osé rêver embrasser. Des lèvres désirables qui, si elles avaient été humains auraient appartenues à une magnifique femme, aucun doute. Une femme que tu aurais surement aimée.

Faute de pouvoir la connaitre, tu t’avanças vers cette entrée, prêt à visiter ses entrailles. Tu ne savais pas bien ce qui te motivait, à vrai dire tu étais presque résolu à abandonner toute sorte de raisonnement. Tant que ces bizarreries ne te touchaient pas tu pouvais encore en nier l’existence mais maintenant que tu avais pénétré dans un de ces lieux insolite, ça n’était plus envisageable. Tu baignais dans un l’imaginaire loufoque que tu refoulais depuis ton enfance. Maintenant il te submergeait. D’ailleurs, en parlant de baignade … A trop réfléchir, même pour se résigner, tu rates ce qui te semble être une marche et tu plonges littéralement dans … Du lait ?! Au comble de la panique tu te débâtais disgracieusement dans le liquide opaque, projetant des gerbes d’éclaboussure autours de toi, à moitié emporté par le courant. Jusqu’à ce qu’un truc plutôt léger heurte ta tête de plein fouet, te faisant boire la tasse. Tu eu quand même la présence d’esprit d’attraper ladite chose, qui s’avéra être un cornflake. Tu étais certes sauvé temporairement de la noyade mais tu continuais à suivre le cours de lait qui, tu en étais certain se révélerait par la suite assez dangereux. Disons, 8,5 sur une échelle de 1 à 10.
Anonymous
Invité
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Mer 7 Aoû - 14:47
cornflake de sauvetage
Faute de pouvoir marcher, Maximilian avait opté pour la toute première option qu'il avait utilisée : bondir – et certainement pas de joie. Non, c'est avec exactitude qu'aujourd'hui, Maximilian bondissait et rebondissait dans tous les recoins de son Œuvre. Peut-être aurait-il dû être soulagé d'être débarrassé de son corps doté de nageoires. Mais au moins, avant, personne ne savait que c'était lui, le poisson rouge ; non, personne ne savait que le Maître, le Grand Créateur, avait été métamorphosé en la chose que son plus fidèle serviteur – Ambros Hummer – abhorrait le plus. D'ailleurs, il avait parfois tenté de le faire savoir à ce dernier ainsi qu'à la jolie subalterne aux cheveux verts, mais ces efforts furent vains.

Et heureusement. Car désormais, il était sûr d'une chose, ou plutôt de trois :
▬ En lui redonnant son apparence humaine – et doté de jambes –, l'Œuvre avait, semble-t-il, oublié de le pourvoir de vêtements – aux yeux de tous.
▬ Il était tombé de manière hautement ridicule de la montgolfière, SA montgolfière – aux yeux de tous.
▬ Une abominable queue de poisson (rouge, naturellement) avait remplacé ses jambes tout juste retrouvées – aux yeux de tous.
Alors, oui, décidément, il commençait à regretter son ancienne apparence.

Et à présent, il fuyait, mi-malheureux, mi-euphorique. Tout ce à quoi il songeait, c'était à l'image que les gens auraient désormais de lui. Non mais quel désastre ! Rien ne s'était passé comme prévu… Rien ne s'était jamais passé comme prévu depuis qu'il avait peint l'Œuvre. Franchement, qu'avait-il fait pour que toutes ses créations se liguent contre lui ? AVAIT-IL ÉTÉ POSSÉDÉ PAR L'ESPRIT DU RUSTRE BINOCLARD ? Oui, ça expliquerait beaucoup de choses, en effet : cette face chat mal-léché, de dernier des malappris, se serait servi du Grand Maximilian Krueger pour retourner l'Esquisse contre lui. Quelle ruse digne des plus grands stratèges ! C'était finement pensé, même Maximilian ne pouvait le nier.

Tout cela aurait pu se passer pendant la nuit… Cette nuit empreinte d'une telle « Folie » que même le peintre aurait pu se laisser aller à quelque divagation. En le dopant pour endormir sa conscience, Williams aurait pu le posséder et commettre, avec son corps à LUI (!!!), les pires des infamies dans le but de mettre l'Œuvre en rogne. Et apparemment, ça avait très bien fonctionné ! Maintenant, Maximilian en était certain : tout ce qu'il lui restait à faire, c'était se racheter. Très peu pour lui de le faire pour le compte de Liam, mais il n'avait pas le choix. Ceci fait, nul doute que sa Création se montrerait aussi clémente qu'à sa… création, justement !

En résumé, le grotesque hybride avait deux objectifs de taille : se cacher de ses sujets tout en se rachetant. Comme si l'Esquisse, dans un élan de bonté, avait entendu ces pensées, Maximilian vit une bouche s'ouvrir au ras du sol, juste devant la boulangerie, où aurait dû normalement se trouver la porte d'entrée – car la porte en question se trouvait effectivement au sol, du moins à vue de nez. Une bouche ! Et où était le reste du corps auquel elle appartenait ? Il pourrait recoller les morceaux, comme ça, l'Esquisse serait fière de lui ! Enfin, ceci dit, ce serait impossible tant qu'il ne les aurait pas tous réunis.

Remarquant que la bouche s'ouvrait, il décida d'aller jeter un coup d'œil à l'intérieur, juste pour voir si elle n'avait pas gobé son corps par erreur. Plongeant dans la « gorge », il atterrit sur une barque dorée qui dégageait une vague odeur de sucre. Peut-être, en version grandeur nature, l'une de ces céréales que le Sous-Fifre attitré lui servait, chaque matin, dans un bol de jus d'or ?

Cependant, Maximilian songea qu'il n'avait nullement besoin de ce radeau de fortune, aussi, dans un « bloup » d'appréhension, plongea-t-il dans le liquide blanchâtre sur lequel il flottait. Buvant une première fois la tasse – il était amphibien, pourtant ; ça lui apprendra à garder la bouche ouverte – il nota le goût sucré qu'avait ce breuvage. Du lait, bien sûr ! Des céréales flottant sur du lait, dans la gorge d'une bouche (qui avait avalé le tout) ! C'était tellement logique, quand on y pensait.

Estimant qu'ils ne feraient que gêner sa progression sous-marine, Maximilian retira les vêtements que le moustachu lui avait prêtés, dévoilant son torse mince totalement dépourvu de muscles. Et alors qu'il faisait volte-face pour les jeter sur l'une des rives goudronnées, le peintre aperçut quelqu'un qui se cramponnait à une céréale voisine. Il ne pouvait voir à travers le lait pour vérifier que cet homme ne possédait pas de queue de poisson, de nageoires ou autres palmes, mais s'il était sur le point de se noyer, c'était soit qu'il n'avait pas connaissance de ses modifications corporelles, soit qu'il n'en avait pas du tout.

Voyant dans l'éventuel sauvetage de cet homme un moyen de se racheter face à l'Esquisse (parce que sinon, il l'abandonnerait à son sort, c'était évident), le Maître brassa jusqu'à lui et le hissa non sans peine sur le cornflake auquel il était agrippé. Quant à lui, il resta dans le lait, ce serait plus pratique s'il avait une soudaine petite soif.

    « Tu me revaudras ça, subalterne ! Mon poids en jus d'or ! », lança-t-il à l'homme d'un ton impérieux. « Inutile de présenter l'éminence que je représente, tout le monde me connaît, de toute façon, et à l'heure qu'il est, tout le monde doit avoir pris connaissance des derniers évènements me concernant », ajouta-t-il d'un air triste. « Mais TOI, subalterne, je ne sais pas qui tu es, et je m'en ficherais amplement s'il ne m'était pas obligatoire de me rattraper pour les fautes que je n'ai pas commises. Seulement, les circonstances l'obligent, alors donne-moi ton nom, veux-tu. »
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