Jour 12 •• Titus & Kenny •• Un monde fait de craquelures.

Cela faisait seulement quelques dizaines de minutes que tu marchais. Tu t'étais levé, hasardeux, et tu marchais. Tu voyais des sortes de maisons changer de formes, de couleurs, de dimensions. Tu croyais voir des points noirs partout. Un ciel, rose, rouge, bleu. Seul ton corps avait l'air normal.

❝ ... Où suis-je ?

Le vide était là, partout. Que des ruines. Des pierres jonchées sur le sol, des maisons effondrées, un sol craquelé de toute part. Tu essayais de flairer quelque chose, mais rien. Tu essayais de te souvenir, mais rien. Tu essayais de deviner quel était ce lieu, mais rien. Tu essayais, mais rien.

Rien.

Ce monde était vide, sans fondement, sans logique. Tu avais eu l'occasion de croiser une sorte de gelée qui avançait dans les rues. Elle changeait de couleur et tremblait, changeait dans ta vision branlante. Tout tremblais. Pourtant, tu n'avais pas l'impression qu'un tremblement de terre était en train de se produire. Ta tête tournait, rien de plus, rien de moins. Tu essayais de marcher, poser un pied devant un autre, mais c'était dur.

Tu tombes par terre.

Tu essayais de te relever, mais c'est comme si tes forces étaient en train de t'abandonner. "Qu'est-ce que c'est que ce monde ?" Ta tête vrillait, vrillait, vrillait. Ta vision était étrange. Tout était étrange.

Et soudain, une ligne.

❝ AAAAAAAAAAAAAAH. criais-tu.

Tu tournais ta tête vers l'origine de la douleur. Une énorme ligne était apparu sur ton épaule. Tu la voyais avancer sur ton bras, tu voyais des petites formes géométriques grises s'échapper de cette ligne. Ce devait être un gouffre créé par ce monde. Tu te tortillais de douleur - on aurait dit un poisson sorti de l'eau ! - et rien ne pouvait l'arrêter.

Mais soudain, elle n'était plus là. Tu réussis à te relever, sans réfléchir, poussé par une étrange force, et tu t'adossais au mur, essayant de tenir debout. Ta main gauche portait elle aussi une ligne, mais la douleur n'était pas là.

C'est alors que tu entendis des bruits de pas.

❝ À l'aide, s'il vous plaît !

Résumé : Titus, après s'être réveillé dans l'Esquisse et s'être donné un nom, marche. Il regarde partout, tombe et ses forces commencent à l'abandonner. Une première ligne apparaît sur son corps et il hurle de douleur. Mais cette foudroyante douleur cesse, et tandis qu'il se relève et s'adosse à un mur, voit qu'une autre ligne est sur sa main. Il entends des bruits de pas et appelle à l'aide.
J'espère que ça te va !

Cela fait combien de temps que tu es ici ? Aucune idée. Tu t'es réveillée dans ce monde que tu ne connais pas. Où les objets gambadent sans aucune raison particulière, tu ne sais pas exactement ce que tu fais ici. Partir mais où ? Dans quelle direction ? Alors tu avances, sans but, tu erres telle une âme en peine. Des cris, quelqu'un est-il dans la même situation que toi ?

« J'arrive. »

Cette phrase est tellement dite de façon basse et sans aucune émotion particulière dans la voix que tu n'es pas bien certaine que la personne qui appelle au secours l'ait entendu. Mais qu'importe, n'est-ce pas ? D'ailleurs, tu ne gagnes rien au final mais peut-être que tu aurais pu être celle qui appelle à l'aide... Qui sait ?

Tant de questions qui se bousculent dans ta tête pour pas grand-chose au final. Au détour d'un chemin, tu vois enfin une personne. Alors tu avances à ton rythme, ce n'est pas comme si sa vie en dépendait après tout. Il est juste en train de se tenir à un pan de mur, rien de grave selon toi. Mais qu'est-ce que la notion de grave pour toi, Kenny ?

Tu es enfin devant sa personne. Tu tapes alors tes gants de boxe entre eux sans aucune raison avant de déclarer simplement :

« Je vais t'aider. »

Tu lui tends désormais la main, par gentillesse ? En fait, tu espères surtout qu'il se sentira redevable par la suite en te donnant quelque chose à te mettre sous la dent. Tu as faim après tout comme toujours.

Résumé : Kenny se dirige tout droit vers le cri poussé par Titus afin de lui venir en aide. A son rythme cela dit. Elle est beaucoup plus préoccupée par son estomac que par le reste, au final.

Tu entendis les pas qui se rapprochaient de plus en plus. Ta vision se troublait, se stabilisait, se troublait encore. Tout était flou. Tu étais perdu. Quel était ce monde ? Tu ne savais pas. Tu aurais bien aimé savoir. Mais tu ne pouvais pas savoir. Il fallait mieux ne pas faire en sorte de savoir, alors ? Si, tu devais savoir. Tu serrais les poings, essayant de résister à la douleur causée par les fissures.

Une jeune fille émergea alors à ta droite, venant à ton secours. Elle devait certainement avoir entendu l'appel à l'aide. Tu souriais, essayant de ne pas trop montrer ta douleur.

« Je vais t'aider.
- ... Merci. »

Tu pris la main qu'elle te tendait, te relevant. Elle avait des gants de boxes, c'était très étrange comme accoutrement, tu trouvais. La douleur s'amenuisait. "Ce changement soudain est trop étrange", "ce monde n'est pas normal", "je ne sais pas ce que je dois faire". Des questions se bousculaient dans ta tête. Tu voulais savoir. Mais tu ne voulais pas savoir. Tu ne pouvais pas savoir pour l'instant mais tu voulais savoir tout en voulant ne pas savoir. C'est trop étrange. Tu as l'impression que ton esprit est divisé en mille et une étranges entités qui émettent toutes un avis différent sur la question de savoir.

En entendant, il fallait que tu parles à la jeune fille qui était venu t'aider. Mais bon, il semblerait que tu n'ai jamais été si habile que ça en ce qui concerne les relations sociales. Tu pouffais de rire. Mais la douleur, malheureusement était toujours présente, mais faible, donc ce n'était pas trop grave pour le moment.

« Je suis désolé, j'espère que je ne te dérange pas ... Mon corps est étrange depuis que je suis arrivé ici, haha. Tu ne le trouves pas étrange, ce monde ? »

Si elle était de ton avis, ce serait génial car elle pourrait devenir une de tes amies. Enfin, ne t'imagine pas les choses trop vite non plus, Titus ! Il faut savoir faire attention.

Résumé : Titus se relève grâce à Kenny et décide d'engager la conversation.

Lorsqu'il prend ta main, tu l'aides à se redresser car il semble malade ? Tu ne sais pas bien. Peut-être qu'il s'est fait mal ? Les gens qui arrivent ici ne doivent pas toujours être en un seul morceau. Tu ne lâches pas sa main comme si quelque part, ta conscience est en train de te dire "Si tu le lâches, il va se briser." mais tu ne parles pas plus jusqu'à ce qu'il engage la conversation :

« Je suis désolé, j'espère que je ne te dérange pas ... Mon corps est étrange depuis que je suis arrivé ici, haha. Tu ne le trouves pas étrange, ce monde ? »

Tu laisses un petit silence le temps de réfléchir à la réponse, pourquoi tu réfléchis ? Parce que ton corps n'est pas étrange.

« Tu ne me déranges pas. Ce monde est étrange oui... Je pense qu'on devrait se mettre à l'abri. »

Après tout, tu as été attaquée par des hamburgers vivants en arrivant ici. Avoir quelqu'un dans tes pattes pour fuir ne te réjouit pas plus que cela mais ta rare bonne conscience te souffle parfois de ne pas abandonner les gens qui ont l'air dans la même situation que la tienne.

« Si tu ne te sens pas bien, dis le moi. »

Te soucier de lui te ferait presque oublier ta faim.

Résumé : Kenny engage à son tour la conversation en répondant à Titus. Elle lui propose de se mettre à l'abri.

Tu la regardes longuement, silencieusement en attendant qu'elle réponde : tes lèvres sont entre-ouvertes, on pourrait presque lire de l'étonnement ou de la surprise sur ton visage. Alors que tu avais si mal, elle était venu et voulait même t'aider. N'était-ce pas génial ? Finalement, elle te parla de nouveau après un long silence.

« Tu ne me déranges pas. Ce monde est étrange oui ... Je pense qu'on devrait se mettre à l'abri. Si tu ne te sens pas bien, dis-le moi.
- Pas de problème, je te suis ! »

Tu réponds joyeusement. Tu aimerais ne plus avoir à souffrir, ne serait-ce qu'un instant, pour apprécier la compagnie de la jeune fille. Tu sens encore sa main chaude, elle n'a pas l'air prête à te lâcher. Certainement pour ne pas te perdre. Tu commences donc à marcher. Tu sens ta peau se froisser légèrement, ça te fait comme des picotements. On pourrait même dire que tu trouves cette sensation étrange mais très ... agréable. Tu es étrange.

Résumé : Titus commence à marcher. Désolé de ne pas faire beaucoup mais hem Titus est pas super réactif toussa toussa.