La belle jungle aux sources rafraichissantes a bien changé : on la trouvait paradisiaque et vertueuse, on la voit effrayante et on la fuit. L'exaltation de ce paysage exotique a disparu, remplacée par un silence de mort. Aucune feuille ne bouge, aucun nectar ne coule, aucun fruit ne se promène. Et au milieu, il y a ce gigantesque tas d'objets, de l'arrosoir pailleté aux tongs de plage, en passant par le fusil à bananes. Totalement immobile.
Étrangement immobile.
Pour le moment.

Il y avait ces visages, partout, sur ses écrans, des visages qui paraissaient si... Familiers. Comme si ces écrans étaient les miroirs de votre passé. Et puis, la lumière s'est éteinte, et vous vous retrouvez désormais devant ces faces horribles, hideuses, des visages ensanglantés, comme s'ils avaient été imprimés sur un fond noir. Et elles vous regardent, ces faces, et elles rient de votre perdition prochaine.

Un endroit de paix, aux murs bleu pastel, rempli de nuages tout doux et moelleux. Ressens-tu cette paix soudaine ? Cette douce torpeur qui te prend ? Elle n'existe plus. Malaise. Névrose. C'est comme si l'enfer se déroulait dans ta tête. Tout va mal, tout se déforme, un peu comme un bad trip. Une overdose de couleurs et de formes qui se détachent et se disloquent. Les nuages ne sont plus, laissant place à des fantômes ressemblant de toutes pièces aux autres Dessinateurs, mais surtout à une atmosphère troublante. Amis, ennemis ? Il n'y a plus rien à part une chose : la haine.