Tous à la plage, joyeux carnage ! ♥ [LIBRE]

Je sais pas quoi dire. Capturer la calculette, passe encore, mais l'achever comme ça, c'est criminel. Je déconne. C'juste une calculette, quoi. S'il en a tant besoin, il aura qu'à aller en acheter une autre. T'façons, celle-là elle est vieille.
Et vlà que je m'retrouve avec ladite calculette. C'tait bien la peine de faire semblant de refuser l'offre, d'envoyer une diversion sur le sale gosse et d'attirer la fillette pour reprendre ce stupide objet ... Si j'avais su qu'y suffisait d'un peu de soda, jm'e serais pas privé. Tout ces efforts pour rien. Enfin. Presque. Je me lève, calculette en main et me tourne vers l'autre matheux.

« À quoi j'ai droit en échange de ton stupide objet ? »

Hé non. Je ne perds pas le nord.

« À ce que tu veux. »

À vrai dire, lorsqu'il assiste au tabou ultime et se précipite vers Roxie pour l'arracher aux bras de son complice éphémère, plus rien ne compte à ses yeux. Il enlace sa tendre, il l'évente avec ses mains et avec tout l'air de ses poumons. Roxie peut faire des choses que vous ignorez, mortels, Roxie et belle et elle est intelligente. Tandis qu'Al prodigue ses premiers secours, il donne à Ervin le prix de son bien, quoi qu'il soit stupide de donner un prix à la puissance des Mathématiques.

Aussi perfide et méprisable soit-il, ce gamin ne peut que s'incliner lui aussi, pense-t-il en démontant et astiquant minutieusement tous ses chers composants. Il n'a aucun intérêt à lui courir après, ça reviendra bien tout seul.

Un p’tit coup d’œil en arrière et… personne. Pause. Play freine de ses deux tongs dans le sable et met ainsi fin à l’épique course poursuite. Totalement à sens unique. Tch. Sans intérêt. Toujours main dans la main avec sa comparse, il observe de loin les deux « adultes ». Le rouquin fait une danse de la pluie autour de sa calculette et le deuxième marchande, probablement. Hm. L’enfant observe sa camarade.

▬ Moi c’est Play, et toi ?

Il tourne de nouveau la tête vers les deux autres. Hausse les sourcils.

▬ Ils ont l’air d’en avoir pour un moment.

De sa main libre, il pointe la grande étendue de sable, juste à côté.

▬ Un p’tit château de sable, ça te dit ?

Ziza est en train de négocier avec le nouveau venu, mais voilà que son complice arrose copieusement Roxie de soda ! La pauvre... Ziza est chagrinée, elle espère qu'elle n'est pas morte. Sans avoir le temps de d'exprimer sa surprise, elle se fait emmener par le tueur de calculette un peu plus loin.

- Moi c'est Play, et toi ?
- Je m'appelle Alizée, mais tout le monde m'appelle Ziza. Tu n'es pas obligé d'en faire autant...
- Ils ont l’air d’en avoir pour un moment.
- Il faut dire que tu as bien abîmé sa calculette... C'est triste, je n'avais pas envie d'aller si loin.
- Un p’tit château de sable, ça te dit ?
Avec plaisir ! ... On va chercher des seaux et des pelles ?

Sans attendre sa réponse, Ziza part en quête de matériel, en contournant soigneusement le matheux et Roxie, trempée.

Ha, les joies de l’enfance. On oublie si vite les petits tracas de l’existence… Play suit la trace de sa camarade en sifflotant. Sautillant, il se lance dans sa propre recherche de matériel, et fourre le tout dans deux grands seaux rouges. Qu’il transporte jusqu’au lieu désigné un peu plus tôt. Une belle et grande bande de sable. Sans plus de manière, le gamin se laisse tomber à genoux et commence à creuser le sol tel un lapin, avec ses propres mains, faisant voler quelques petits tas derrière lui. Mieux vaut ne pas savoir ce qu’il traficote.

C’est bien plus sain pour l’esprit de ne penser qu’à de simples châteaux de sable. Définitivement.

Play sur les talons, Ziza récupère des seaux, pelles, râteaux et autres outils de plage. La plage lui rappelait sa vie à l'île de la Réunion, le soleil, les coraux, l'ombre des filaos... Ici, c'était un style de plage différent, mais la joie des châteaux de sable reste la même. La jeune fille s'approche de Play qui est déjà de retour sur le sable. Elle est étonnée de voir qu'il creuse à mains nues. Où est l'intérêt de prendre une pelle ? Il n'a pas l'air de faire un château de sable en tout cas...
- Qu'est-ce que tu fais ? demande Alizée, curieuse.
Elle s'assoit à côté de lui et l'observe à l’œuvre. Elle a l'impression que son nouvel ami n'est jamais à court d'idées... Et que ce n'est pas forcément une bonne chose...

« À ce que tu veux. »

Et que j't'arrache l'objet des mains. Non mais. Ça se fait pas, ça. D'abord.
... Oui, nous sommes d'accord, je fais bien pire. C'était pour la forme.
Et l'voilà qui m'énonce le prix du machin ... Une minute. Ça coûte TANT QUE ÇA ces trucs-là ?! J'veux dire, tu peux à peine faire deux divisions avec mais ça coûte autant qu'un chien de race ? C'est la Rolls Royce des calculatrices ? Les circuits sont en or fin ? Ah non, attendez, ne dites rien, je sais. Les touches sont en rubis. Nan mais sérieux.
Bon, en attendant, j'ai un esclave, prêt à exaucer un voeux. Mh. Je n'ai pas à me creuser la tête bien longtemps pour trouver quelque chose à sa hauteur.

« Je sais ! Tu vas me réciter trois poèmes célèbres de la littérature française. N'importe lesquels, c'est comme tu veux. »

Quand le type aux cheveux noirs révèle la contrepartie qu'il désire, une goûte de sueur typique du dessin animé cliché fait son apparition sur le front d'Al, au milieu des autres goûtes de granita. Des poèmes, pardon ? Est-ce qu'il a la tête à étudier la littérature - froggie, de surcroît ?
La seule qui aurait pu le sauver est Roxie, qui possède naturellement un programme culture générale, fruit de plusieurs mois de travail. Il se souvient d'avoir intégré du Baudelaire, mais ce type écrit des trucs tellement compliqués, pas moyen de retenir quoi que ce soit. Si seulement les français faisaient du haïku.
Alors qu'il allait abandonner, Al se souvient de la réplique de son interlocuteur.

« Pas de durée limite ? Parfait, je m'en occupe quand j'ai réparé Roxie. »

Il jette un coup d’œil aux gamins.. Un trou, hein ? Rien de bon à présager.

Play s’arrête soudainement, tel un chien de chasse, et lève la tête vers Ziza.

▬ Rien du tout, lâche-t-il d’une petite voix candide, des grains de sable sur le bout du nez et dans les cheveux.

Absolument. Rigoureusement. Crédible. Play se frotte les mains sur son short et pose à son tour les fesses par terre. Il attrape un petit râteau coloré et le pointe vers les humanoïdes au loin.

▬ Ils vont repasser à l’attaque, tu sais.

Peut-être pas tout de suite. Ni dans dix minutes. Mais ça viendrait. Instinct d’emmerdeur, tout ça, tout ça. Très sérieux, le petit monstre regarde sa camarde.

▬ Nous avons donc deux solutions…

Il lève un doigt.

▬ Prévoir une contre-attaque à leur contre-attaque…

Puis le deuxième. Avec un grand sourire.

▬ Ou juste faire des châteaux de sable.

En toute innocence, bien sûr.
Krkrkr.

Après lui avoir affirmé qu'il ne faisait rien du tout, Play désigna le matheux et l'inconnu.
- Ils vont repasser à l’attaque, tu sais. Nous avons donc deux solutions… Prévoir une contre-attaque à leur contre-attaque… Ou juste faire des châteaux de sable.
Ziza sentit clairement que son ami avait autre chose en tête. Elle décida donc de choisir la deuxième option.Et puis, c'était amusant les châteaux de sable.
- Faisons de châteaux de sable !
Elle n'avait pas particulièrement envie de riposter. A vrai dire, elle préférait laisser Play s'en charger... Elle ne souhaitai pas transformer la plage en champ de bataille. Alizée se promit donc intérieurement de ne répliquer qu'en cas de "légitime défense" même si elle savait que son compagnon n'était pas dans le même état d'esprit.

Ziza empoigna une pelle et saisit un seau, puis se mit à creuser.
En toute innocence, réellement.

Ace se promenait dans les environs, l'air abasourdi, les yeux rivés sur le soleil qui lui cramait la rétine. Simplement vêtu d'un maillot de bain bleu laissant apparaître son corps de moustique et sa peau blanche, il semblait tout droit sortit d'un autre monde. Déjà, qu'est-ce qu'un gamin comme lui faisait tout seul sur la plage ? Après quelques minutes et les yeux rouges, le garçon détourna le regard de l'astre et rit comme un idiot parce qu'il voyait flou.
Désespérant.
Les bras tendus devant lui, il s'avança en titubant le temps que sa vision s'adapte à son environnement. Ce n'est qu'à ce moment qu'il remarqua la présence de quatre autres personnes non loin lui, à plusieurs mètres. Ils formaient des groupes de deux : les vieux d'un côté, les jeunes de l'autre. Jouer à la belote avec le cercle du troisième âge semblait très attrayant mais faire des châteaux de sable semblait tout aussi amusant. (Oui on le sait qu'ils ne sont pas si vieux mais pour Ace, tout ce qui a au-dessus de 16 ans l'est)

Bref, indécis le garçon opta pour devenir une algue et gesticuler dans le sable chaud.

Décidément, l’endroit devenait fréquenté. Play lève les yeux de sa tour de château en formation (car oui, il le fait vraiment, et les seaux retournés à côté sont hm… rien du tout) et lorgne un peu le nouveau venu à distance. Avant de s’approcher, de s’accroupir et de le poker avec un râteau multicolore du plus bel effet. Pouic-pouic.

▬ Salut.

Un p’tit coup d’œil vers le rouquin et son camarade. Puis un grand sourire pour cet espèce de grand frère aux cheveux blancs.

▬ Tu veux venir jouer avec nous ? On fait des châteaux de sable.

Play s’approche un peu plus et souffle, conspirateur.

▬ Puis on les embête un peu aussi. Parce que c’est pas drôle de juste bronzer en été.

Sourire Colgate.

▬ Tu n’es pas d’accord ?

Ace était en train de ramper au milieux des grains de sable lorsqu'un des enfants s'avança vers lui. Il s'immobilisa, restant fidèle à l'algue qu'il était histoire de passer inaperçu mais ceci ne sembla pas fonctionner.
Le jeune garçon le salua, Ace leva ses yeux clairs vers lui, tout ouïe à sa proposition de venir jouer avec eux. Il ne compris pas tout ce que son camarade lui expliqua sur le bronzage mais de toute manière Ace avait de la crème solaire alors il était d'accord !

▬ Je te préviens, les algues sont genre hyper douées pour faire des châteaux de sable.

Ni une, ni deux, le garçon se releva et couru auprès des constructions histoire de mettre la main à la pâte.

« Pas de durée limite ? Parfait, je m'en occupe quand j'ai réparé Roxie. »

Hein quoi pardon ? Non seulement c'type se permet de déjouer mes règles, mais en plus ... il a donné un nom à sa putain de machine ?! Mais dans quel monde vit-on, ma pauvre Lucette ? Et pendant ce temps, un autre ado qui arrive et qui ... Pincez-moi je rêve. Il s'fout dans le sable et gigote de façon parfaitement ridicule. Donnez-moi une corde. Revenons plutôt au rouquin crétin.

« Sérieusement, on peut mettre aut' chose que des chiffres dans ces horreurs ? J'pensais que c'était une légende ... »

J'exagère, mais j'avoue que j'suis étonné. Les constructeurs de ces machines ont donc pensé à inclure une option pour permettre à n'importe quel lycéen lambda de tricher aux exams ? Chapeau. Moi-même j'aurais pas fait mieux : saboter le BAC comme ça ...

Franchement, ils se reproduisent ? Un autre gamin aux cheveux blancs et arrivé pour accomplir une chorégraphie inconnue, puis le morveux en chef semble l'avoir invité à le rejoindre.
Mais le fan de littérature admire plutôt les qualités de Roxie. Bien sûr.

« ...Vivez-vous bien au 21ème siècle ? Les calculatrices peuvent TOUT faire, si vous saviez. Absolument tout ! »

Al est très fier de sa petite Roxie - comment oser supposer que son vocabulaire se limite aux seuls chiffres ? Elle connait bien plus de symboles qu'il est possible d'en retenir. Seulement, il sait aussi qu'il doit détourner l'attention des poèmes et parler d'un sujet.. d'actualité.

« Faut qu'on agisse. Sinon, il va y avoir une invasion de gosses... Une idée ? »