Un homard fanatique des truites. |Fini|

Ambros, anciennement Omar, est relativement impressionnable. Il a suffi qu’une truite lui échappe des mains lors d’une partie de pêche pour qu’il en fasse son dieu. Désormais, il vénère et suit les enseignements du Dieu Truite, qu’il a trouvé réincarné en Maximilian. Dès lors qu’il est près de son idole, il devient le sbire idéal… ou presque. Pour faire plaisir, il passe la serpillère, il nettoie tout, et casse un vase au passage. Pour rendre heureux, il prépare une fête, cuisine un gâteau, et le renverse sur les invités. Pour amuser, il fait semblant de tomber dans un ravin, et malgré lui ça arrive. Il exaspère un peu tout le monde par son manque de réalisme et de raison, sa gentillesse naïve et sa tendance à s’attirer des ennuis. Borné, il ne pense qu’à une chose : exaucer les moindres souhaits de son idole. Vous, vous êtes à part. Si vous L’aimez, il vous aime aussi. Si vous dites du mal de Lui, il va vous stalker pour découvrir vos points faibles avec ses jumelles rose flashi, vous faire des croche-pattes quand vous voudrez passer dans la rue, attirer un essaim de théières volantes enragées sur votre maison, avec plus ou moins de succès. Heureusement, il a une légère tendance à oublier les choses importantes et à confondre ; ennemi de la veille, ami d’aujourd’hui, il ira sûrement vous serrer la main juste après une dispute, il ne faut pas s’inquiéter.

Ainsi, l’on peut dire qu’Ambros est le serviteur dévoué de Maximilian. Le matin, il lui sert son jus de fruit avec un pain au chocolat – du moins ce qu’il croit en être l’équivalent – au lit, il l’aide à préparer son discours – bien que ce soit exactement le même, il veut se rendre utile -, va faire sa publicité auprès des dessinateurs. En effet, il est toujours collé aux basques de Maximilian, ou alors agit toujours dans son intérêt. Avec énormément d’enthousiasme, il approuve les décisions de son dieu à coup de « super, quelle merveilleuse idée ! » « que c’est génial, il n’y a que vous pour dire quelque chose d’aussi intelligent » etc. Jamais en désaccord, il va jusqu’à calquer sa pensée sur celle du peintre. D’ailleurs, il a décidé de devenir un peintre allemand pour être pareil que lui. Et bien entendu, il s’entraîne sur son modèle de prédilection, à savoir le grand Maître de l’Esquisse !

Le souci, c’est qu’il a tendance à en faire beaucoup trop. Dans son fanatisme, il projette de repeindre tous les murs de la ville à la gloire du Dieu Truite réincarné. Il « supervise » lui-même chaque dessinateur pour s’assurer qu’il aime et respecte le Maître. Et surtout, jamais Ambros ne se rendra compte qu’il n’est pas pris au sérieux. Jamais il ne songera qu’il puisse se tromper ou raconter n’importe quoi, parce qu’il suit les enseignements du Dieu. Sa conviction est probablement inégalée, autant que sa naïveté. Même Maximilian s’exaspère et voudrait bien se débarrasser de son cher larbin…

Bien que sa vie tourne autour d’une seule et même personne, il est possible de décrire comment se comporte Ambros le reste du temps. Joyeux, dynamique, imprévisible, il semble aux premiers abords relativement simple à cerner. Plus vous lui donnez un argument stupide pour le convaincre de faire quelque chose, plus il lui semblera justifié ! Il n’a aucune notion du danger non plus, il préfère discuter avec l’ennemi plutôt que de l’affronter, et ce sera malheureusement à vous de le sortir de toutes les situations tordues dans lesquelles il se mettra. Si vous tombez dans un piège et que vous êtes favorable au règne de Maximilian, il cherchera à vous aider, mais avouez que vider l’eau d’une barque à moitié noyée à la petite cuillère c’est loin d’être spécialement efficace ; je vous conseille de trouver vous-même une solution et de lui dire de vous attendre sagement sur le côté avant qu’il vous mette encore plus dans le pétrin. Si je prends la peine de vous expliquer la marche à suivre, c’est parce qu’Ambros est un aventurier, et qu’il adore jouer avec ses « amis ».

Et puis, on voudrait se demander « mais pourquoi ? ». Sa vie semble ne tenir qu’à un fil, son existence toute entière gravite autour de Maximilian. N’a-t-il donc pas de conscience propre ? Doit-il forcément dépendre de quelqu’un pour exister ? Il en est convaincu d’avoir besoin du Dieu Truite pour vivre, car tout seul il n’est rien. Aussi plat qu’une crêpe-trampoline, mais pas aussi rebondissant. S’il peut se donner une raison d’être à travers ce culte, alors pour lui, c’est tout justifié.

Seulement, le savais-tu, Omar ? Tout finit par changer, et tu découvriras bientôt que l’on ne saurait se résumer à l’ombre d’une personne. Pourras-tu devenir autre chose qu'un reflet ?
Il le faut bien, si tu veux survivre.