Réfectoire

Quelques grosses minutes après son départ, Al était de retour dans le réfectoire. Sans prendre le temps de se dire à quel point il commençait à connaître cette pièce (pour une fois), il entama son rapport :

« Re. Je n'ai pas eu l'opportunité de les interroger, mais si tu veux nourrir tous ceux que j'ai croisé du côté de l'entrée, il y a du pain sur la planche... »

Il tenta de se souvenir de toutes les personnes qui étaient entrées de la salle de réunion, marmonnant au passage dans sa barbe encore inexistante.

« Un cyantifique - au moins... Un gamin... Deux gamines et deux femmes... Puis une femme et un homme.. »

Le temps de faire appel à ses aptitudes mathématiques, Al reprit son rapport « Huit personnes au total : trois enfants et cinq adultes. »

Il se demanda si le chien et sa blanche-neige étaient de la partie ou pas, partagé entre l'espoir que ce ne soit pas le cas et l'envie de voir un maximum de monde s'intéresser au bien commun. Enfin, si tant est qu'une réunion aboutisse à quoi que ce soit d'autre qu'un cuisant échec... Ce qu'il devait, pour finir d'écraser son dernier espoir, aller vérifier en personne.

« Ils sont tous entrés dans la salle de réunion, peut-être pour discuter de quelque chose d'intéressant. »

"Et j'ai comme qui dirait plus envie de les rejoindre que de faire à manger" criait son regard.

Résumé:

     Le regard d’Agate, quant à lui, criait le fait qu’elle n’avait pas assez dormi. Elle regarda le temps encore affiché sur le four. Non, en effet, pas assez dormi. Toujours était-il qu’Al revenait avec des informations. Il n’avait cependant pas pris la peine d’aller leur demander directement ce qu’ils voulaient.
     Enfin, elle était trop fatiguée pour réagir autrement que par un :
     « M’okay. »
     Elle tâcha de se redresser et se massa le crâne. Il était temps de réfléchir tactique. Se pointer avec son air louche et ses menottes ne ferait pas bon effet, surtout qu’elle ne se sentait pas apte à tenir une réunion impliquant autant de personnes. Dans toute autre situation, ne pas être présente aurait été une faute grave ; car elle aurait alors été privée d’informations, et n’aurait pas pu participer à un processus décisionnel pouvant l’impliquer. Or, subir était résolument contre sa nature. Mais livrer des combats perdus d’avance l’était tout autant. Au moins, en faisant à manger à tout le monde, elle se présenterait comme un atout et une personne volontaire et impliquée, donc dont on ne pouvait pas se débarrasser aisément.
     « Al, tu… »
     Mm.
     « … peux y aller, si tu veux. Merci. Tu me raconteras. »
     Il ne faudrait pas y voir quelque élan d’empathie. Une feignasse en cuisine occupait de l’espace, et était donc un obstacle. Elle en avait déjà bien assez comme ça à devoir gérer.

Résumé :

Contradictoire à un degré frisant l'absurde, Al commença à douter à l’instant même où il obtint la liberté qu'il désirait tant. Voilà que des questions, jusque là sagement ensevelies, profitaient de l’opportunité pour phagocyter son envie de courir à l'intrigue. Ainsi son visage fut-il attaqué par un zeste de considération sincère pour autrui - un soupçon d’acné qui se demandait si tout cela était vraiment bien, de laisser en plan un femme enceinte menottée à côté d'un type en armure visiblement lui aussi en sale état.

Gnn....

Il n'était certes pas très costaud lui-même, mais il pouvait toujours essayer de voir ce qu'il pouvait faire pour enlever ces menottes, puis aider à préparer et distribuer de quoi manger, et plus tard demander un résumé de la réunion...

Rgnn....

Depuis qu'il était dans ce monde, Al n'avait cessé de courir après une réponse, après une sortie de l'Esquisse qui n'existait peut-être pas, après tous les gens qui pouvaient lui répondre. Dans cette quête, évidemment, les nouveaux ne faisaient que le ralentir, parce qu'il fallait tout leur réexpliquer, parce qu'ils étaient à côté de la plaque, parce qu'il fallait attendre qu'ils parcourent le "chemin" - celui que tous ceux qui savaient que ce monde n'était pas le leur empruntaient à tâtons - tandis que les anciens font mine d'être arrivé au bout d'un tunnel infini. Tous, autant qu'ils étaient, cristallisaient ce qu'il cherchait à éviter, agitaient les cheveux blancs de terreur, qu’il essayait de dissimuler. Alors, s'il pouvait plaquer les tortues pour avancer un peu plus vite, c'était parfait, en théorie. En plus, si Agate avait des menottes c’est probablement qu’elle était folle à lier et qu’elle se mettrait bientôt à raconter qu’elle vient d’un monde extérieur.

Se barrer.

Al ferait définitivement ça.

« Je voudrais bien, oui. »

Et là, il tournerait les talons, en se disant qu’il reviendrait plus tard, et puis ses pensées iraient à l’unissons vers la réunion et ses participants.

« Mais bon, les réunions ici... Et puis... Hm. Essayer de cuisiner avec cette machine à laver sera moins frustrant, et sans doute plus utile... »

Il penserait à l’intrigue. Il penserait à faire partie des héros qui pointent fièrement leur pinceau vers l’avenir, des détectives qui résolvent les énigmes et des chevaliers qui pourfendent les dragons. Il ne choisirait la figuration, ni l’ombre des rideaux, dans laquelle s’entassent déjà trop de bras cassés, de fous et de moroses. Il ne choisirait pas le présent pour sacrifier l’avenir, ni la faim du corps au détriment de la soif du savoir.

Il courrait dans le tunnel sans fin. Pour satisfaire son propre égo. Pour s’oublier dans un rôle. Pour ne pas tourner le dos à la situation. Pour fuir en avant. Pour retrouver ce qu’il a perdu. Pour ne plus perdre personne. Pour tous ceux qui y sont passés. Pour éviter de les rejoindre. Pour les emporter avec lui. Pour ne pas dépendre des autres. Pour être accepté. Pour vivre. Pour survivre. Pour ne pas s’arrêter. Pour ne pas s’effondrer. Pour...

« Enfin, bref, je vais rester. »

Il détourna rapidement le regard et commença à marcher dans la cuisine, faisant mine d’aller voir où en était la cuisson.

Bon, par contre, si elle le voyait au bord des larmes devant de la nourriture, il y allait avoir un malentendu. Tss. Il croyait avoir tout vidé dans le camion.

Résumé:

     L’espace d’un bref instant, Agate fut prise d’un élan de compassion pour Al, ce qui ne lui était certes pas commun. Lui aussi, était perdu dans ce monde étrange, devait avoir une famille, des amis, qui l’attendaient sur Terre, et il semblait être ici depuis plus longtemps. Assez longtemps pour avoir probablement eu de grands espoirs et les avoir perdu. Enfin, qu’un gamin malingre échoue ne voulait certainement pas signifier qu’elle échouerait.
     « Ça marche. Huit personnes, vu les réserves ici présentes, le rationnement va vite être un problème. Mais si vous êtes venus jusqu’ici en quête de bouffe, et qu’elles n’ont pas été entamées, c’est que vous devez avoir la dalle. Alors, on va prendre un bon repas, et on se posera des questions après. »
     Voyons, l’araignée pourrait déjà nourrir quatre personnes, et Al avait son burger. Elle, le légionnaire, Al et huit autres personnes, soit onze au total, et à manger pour cinq était en préparation. Il faudrait donc faire une autre fournée.
     « Essaie de me trouver quelque chose de pas trop bizarre et qui pourrait faire un plat. Il faut de la viande, ou des protéines en général : légumineuses, poisson, champignons, une céréale, donc blé, pâtes, ou des patates, ou un légume. Je te laisse la partie amusante, à savoir les protéines, et je m’occupe de choisir le reste. »
     Ce qui impliquait de devoir se lever. Dure vie qu’était la sienne, mais une petite impulsion la fit s’envoler. Non, vraiment, cette salle était bien pratique. Naviguant entre les provisions, Agate repéra un sachet de petits grains violets secs, dont l’aspect était entre l’améthyste et le grain de riz. Et effectivement, elle put lire, sur l’étiquette : criztal. Ma foi, ça plus des oignons, ça pourrait être consommable. Un peu craquant, peut-être.

Résumé :

Hmpf.

Quelque chose de pas trop bizarre, dit-elle ? Dans l’Esquisse ? Et en plus pour faire quelque chose d’équilibré... Elle allait déchanter.

Même s’il commençait à prendre l’habitude, Al n’avait pas une très grande estime de la nourriture esquisséenne, même s’il devait admettre être parfois surpris du fossé perpétuel entre ses attentes (basées sur les jeux vidéos de survie et sur l’histoire humaine, essentiellement) et la réalité. En effet, il était parfois plus facile de trouver, dans la nature, une pizza ou un sorbet, plutôt que des légumes crus ou des fruits à peine tombés des arbres.

Comme Agate était en train de le faire, Al profita de la gravité de la pièce pour se faufiler entre les provisions, pour certaines en conserves, pour d’autres en sachet. Il s’arrêta sur un gros sachet qui semblait contenir des sortes de lentilles noires, légèrement bleutées. À côté, un bocal de cornichons, qui contenait à y regarder plus près un mix entre lesdits cornichons et le chapeau caractéristique des champignons, suscita sa curiosité.

« Les ...cornichampis, ça compte comme de la protéine ? » demanda-t-il, en ramenant ses deux trouvailles à terre.

Résumé:

     Des quoi ?
     Agate regarda longuement Al, essayant de comprendre ce qu’il avait voulu dire par là. Elle fendit les airs pour regarder ledit bocal, et ne fut pas particulièrement plus avancée.
     « On va dire que oui. »
     De son côté, elle avait trouvé une boîte de longuegettes. Si les cornichampis étaient bien des champignons, ce serait équilibré, s’ils étaient des cornichons, ça ferait un repas riche en cucurbitacées, mais il fallait faire avec. Et pour la céréale, un sachet de rizgole. Avec un peu de chance, ils arrêteraient de se foutre de sa gueule à chaque fois qu’elle ouvrait l’emballage quand ils seraient plongés dans l’eau bouillante.
     « Alors… Si ces trucs sont plus proches des champignons, il faut les faire revenir à la poêle. On le fera avec les machins qui ressemblent à des courgettes, là. Il faut que ça perde de l’eau. Et pour le riz, le faire bouillir à la casserole. Je te laisse faire ça pendant que je coupe le reste. »
     Elle alla chercher un couteau, et considéra ses menottes. S’occuper de l’araignée avait déjà été particulièrement pénible avec.
     « Tout compte fait, tu vas t’en charger. Prend une demi longuegette, coupe-là en petits ronds, et pareil pour les cornichampis. »
     Et elle se mit à ses côtés pour superviser. Un étudiant en cuisine, c’est par nature incapable de faire quoi que ce soit tout seul.

Résumé :

Au départ, Al était plutôt confiant. Couper une courgette et une poignée de champignons, même lui pouvait y arriver.

Quelques minutes plus tard, il regrettait d’être né et surtout d’avoir accepté de jouer aux commis de cuisine. Ses mains n'étaient clairement pas faites pour tenir un couteau.

« De toute façon, c’est pareil en bouche... » commenta-t-il, alors que les « petits ronds », qui n’en étaient pas vraiment d’un point de vue géométrique, se préparaient à succomber sous la chaleur de la cuisson.

C’était le moment de parler pour qu’Agate n’ait pas le temps de critiquer (de trop) ses compétences.

« Au fait, les menottes... Vous étiez en prison ? ... Ou alors vous... »

Il détourna le regard. C’était quelque peu indiscret de discuter avec une inconnue de ses potentiels fantasmes.

Résumé:

     Ah, l’inévitable question sur les menottes. Agate n’avait vraiment pas eu l’occasion de réfléchir à un alibi correct. Elle devrait inventer quelque chose sur le pouce, au risque d’avoir une histoire à trou à mesure qu’on lui demanderait des détails ultérieurs, ou de trouver une formule évasive, au risque d’éveiller sa suspicion.
     Enfin, cette problématique aurait pu se poser dans son esprit, si son vieil instinct de prendre quelqu’un au hasard et de lui tomber dessus à la moindre contrariété, surtout la plus infime, ne s’était pas réveillé juste à ce moment là.
     « Mais c’est pas possible d’être aussi peu dégourdi de ses mains. Et puis de quoi je me mêle, Va plutôt prévenir les autres que ce sera bientôt prêt, je ne vais pas te demander d’enfourner le plat, tu serais foutu de te rater à faire un truc aussi simple. »
     Ça avait au moins l’avantage de lui laisser un peu de temps seule pour à réfléchir.

Résumé :

Hmpf.
Il avait voulu sympathiser (à sa manière), il avait donné un coup de main, et voilà ce qu'il récoltait !

« Ce n'est pas évident, avec ce gaz, je ne m'étais pas échauffé... » maugréa-t-il, en croisant les bras.

Il était peut-être très légèrement de mauvaise foi, mais rien ne disait que ce n'était pas en effet la faute du gaz, ne serait-ce qu'au niveau de la sensation perturbante de pouvoir maintenir reposer ses bras dans l'air sans qu'ils retombent.

« Mais soit, je vais y aller les prévenir. »

Au pire, elle pourrait demander au type en armure de l'aider. Peut-être qu'il serait plus dégourdi.. (probablement pas, s'il était fatigué au point de dormir par terre).

Résumé:

(Suite dans les couloirs, jusqu'à la salle de réunion)

Si Al pensait que le Triaire se débrouillerait mieux que lui il en serait pour ses frais, comme Agate allait bientôt l'apprendre aux dépend de sa sensibilité si elle faisait la bourde de lui demander de l'aide en cuisine.

Le jeune homme émergea de son sommeil et se remit debout dans un cliquètement de métal. Il était toujours fatigué mais cette petite sieste l'avait remit assez d'aplomb un minimum.

Avant même de chercher à discuter avec Agate il s'empara d'un sachet de biscottes qui passait par la et le déchira à la sauvage avant d'engloutir son contenu comme un morfale. Cela faisait trois jours qu'il n'avait pas mangé et entre la faim et le manque de calories qui risquait de se faire sentir il n'avait pas le temps de paraître civilisé.

Il attrapa un autre sachet qu'il déchira carrément de ses dents. Il ne s'arrêtait de s’empiffrer que pour boire à une bouteille qu'il relâchait ensuite

Enfin rassasié il ôta son casque qu'il posa sur une table et se frotta les yeux en soupirant. Il remarqua alors seulement Agate qui le fixait.

Résumé:

     Et voilà que l’autre s’était réveillé. Agate le regarda manger, sans l’interrompre, jusqu’à ce qu’il finisse.
     « On a un plat qui cuit. Si tu peux attendre vingt minutes, tu auras quelque chose de plus consistant à te mettre sous la dent. »
     Et elle alla s’asseoir, espérant qu’il le laisse tranquille, le temps qu’elle réfléchisse à son alibi.

Résumé :

-Non ça ira, laissez le pour d'autres.

Le Triaire étendit sa jambe pour la reposer. Il était fatigué, épuisé. Au moins il était encore propre.

-Approchez je vais vous enlever vos menottes. D'ailleurs si vous pouviez m'expliquer pourquoi vous en portez, que je sache à quoi m'attendre quand ceux qui vous les ont passé arriveront.

Certes elle pourrait être une criminelle, et il aurait du percuter que personne ne poursuivait Agate. Mais d'une part une femme enceinte avec des menottes ça ne court pas les rues, et ensuite en faisant référence aux hypothétiques poursuivants d'Agate il espérait qu'elle lui parlerait plus facilement.

Il devait déterminer à quel point elle était une menace (indirecte, si elle était poursuivie) ou non pour le groupe.

-Au fait, appelez moi Triaire

Résumé:

     L’intéressée haussa les épaules.
     « Ça n’a pas intérêt à impliquer l’utilisation de votre glaive. »
     Elle voulut dire qu’elle connaissait le modèle qu’elle avait autour des poignets, conçu pour être difficile à crocheter ou cisailler. En fait, à mesure qu’elle s’approchait du Triaire, Agate avait un doute sur les facultés de cet imbécile comateux, qui risquait surtout de la blesser. Arrivée à mi-chemin, elle s’arrêta.
     « Donnez-moi ce que vous comptez utiliser pour me virer ça, et je le ferai moi-même. »
     Comportement suspect s’il en est, mais mieux valait ça que de se faire blesser dans un environnement aussi hostile.

Résumé :

-Bien sur que non, vous me prenez pour quoi.

Le Triaire sortit des outils de ses poches, une tenaille et une pince. Version romaine, c'est à dire suffisantes pour les menottes d'Agate.

-J'ai l'habitude de ce genre de situation, mais si vous êtes plus à l'aise pour le faire vous même je vous en prie. Mais ce n'est pas prudent vu votre situation.

Résumé:

     Agate regarda les machins ancestraux que lui avait passé le légionnaire avec un air dubitatif. Ces amateurs de reconstitution, tous les mêmes.
     « Merci, mais j’aurai un meilleur usage de vos outils que de vos conseils. »
     Et elle s’affaira à enlever ses entraves.

Résumé :

MJtage :

Couper la chaîne ne fut pas une mince affaire. La pince était de bonne qualité, mais les menottes aussi, et le tranchant de la première s’abîma sur la chaîne de la seconde. Après un petit effort, elle finit enfin par céder. Cependant, les deux lames étaient foutues, et Agate garderait les bracelets. Un peu piteuse d’avoir ainsi endommagé l’outil que lui avait donné ce type, elle lui rendit avec une moue.
« Bon ben, au moins ça a fonctionné. »

Résumé :

Le Triaire regarda sa pince abimée sans émotion mais avec une pointe de lassitude. Elle serait réparable heureusement, mais il lui faudrait un atelier et du temps. Pour le moment il perdait néanmoins un outil utile à l'entretien de son matériel.

-La prochaine fois ne surestimez pas vos capacités. Les conséquences risquent d'être lourde si vous abimez mon matériel. Heureusement ce n'est pas trop grave.

Il en rajoutait un peu, mais pour la faire culpabiliser. On était pas dans un des romans jeunesse qu'il traduisait, les ressources étaient précieuses. Et en étant plus doux à la fin il escomptait la rassurer pour éviter que son erreur ne lui pourrisse le moral.

Il rangea son matériel et ôta certaines parties de son armure. Maintenant qu'ils étaient a priori en sécurité il pouvait se le permettre. Il enleva ses bracelets et jambières ainsi que ses gants, ne gardant que sa cote de maille.

-Bien, si vous me racontiez votre histoire dans cet endroit cela me serait utile. J'étais un soldat, je pourrai vous protéger ainsi que le reste du groupe, mais pour cela j'ai besoin de comprendre tout ce qui nous entoure.

La tournure de phrase était pataude et lourde. Le Triaire avait sentit le besoin de se justifier pour amener Agate à lui parler. Il ne s'attendait pas à des choses de grands intérêts mais tout comme avec Isolde il fallait établir une relation de confiance pour survivre.

Résumé:

"Mais... qu'est-ce que... wowowo-DOUCEMENT !!"

*BONK*

Bordel, qu'est-ce que c'est lourd !

"Oh, tu t'es endormi sur moi Rex ?"

Non, cette voix insupportable... c'est ce cube infernal, qui gémit à côté de moi. Bon il est passé où, le clebs ?

"Rex ! Au pied !"

Je me relève en m'époussetant. Qu'est-ce que je faisais parterre d'ailleurs ? J'étais pas partie chercher à manger ?

"Médor ?"

Un petit regard autour de moi me rend compte de ma nouvelle compagnie : le rouquemoute, aux casseroles avec... Alphonse Elric et une repris de justice ?
Je jette un regard perdu au cube, cherchant une explication quelconque au changement de scène.

Résumé:

Mais qu'est-ce qu'elle veut que j'lui dise, celle-là. Elle veut que lui explique ce qui s'est passé ?

"Je sais pas j'écoutais pas."

Ha ! Si vous voyiez sa tête !

"Et toc."

     Quoi que le Triaire comptait faire, c’était raté. Encore un macho qui la prenait pour une branleuse. S’il savait que des types comme lui, elle en écrasait sous sa botte tous les quatre matins.
     « Rien à battre de votre matériel de merde. Occupez-vous de vos affaires et venez pas me courir, il n’y a que ça que vous avez besoin de savoir. Je pense être déjà bien assez généreuse pour vous filer de la bouffe. Trouver une pince, j’aurais pu faire ça moi-même, dans ce laboratoire. »
     Mais elle n’avait pas fini de rabrouer sèchement l’autre légionnaire qu’un cube parlant et une fille toute blanche se manifestèrent.
     « Bonjour. Je crois avoir vu votre chien sortir de cette pièce un peu plus tôt. Vous avez f… »
     Est-ce qu’un cube pouvait avoir faim ? Et pourquoi se posait-elle ce genre de question ? Dans le doute, elle lui demanda à lui aussi. Pas qu’elle risquait qu’il ne se froisse (qu’allait-il faire à part râler ?), mais on ne sait jamais. Agate avait certes remarqué que le regard de la jeune fille s’était attardé sur ses poignets. Ce serait en sus l’occasion de montrer qu’on pouvait être sympathique et menottée.
     Et pour le Triaire, ça ne comptait pas, lui s’était montré fort peu agréable, ou à tout le moins maladroit.
     « Euh… Vous avez faim ? »

Résumé :

Le Triaire frappa la table sur laquelle il s'appuyait de son poing, faisant trembler les ustensiles qui y traînaient. Il n'était pas en colère, mais il y avait des fois où il fallait se transformer en lion pour protéger le troupeau. Et en temps qu'ancien officier il n'y allait pas avec des fleurs.

-Bon je crois que je vais remettre les choses dans l'ordre. Au cas où vous être trop conne pour le voir nous sommes dans un monde dangereux et vous êtes enceinte jusqu'au cou. Depuis le temps que je suis ici je n'ai croisé aucun combattant ni vu quoi que ce soit qui puisse m'être utile (il ne connait pas Crevette). Vous n'êtes pas seule au monde, j'ai d'autres personnes, plus saines pour le groupe, à protéger. Alors votre générosité qui consiste à vous chier en détruisant du matériel pour ensuite accuser les autres vous allez arrêtez tout de suite. Sinon je vous laisse derrière et tant pis pour votre bébé compris ?

Résumé:

"Oh, c'est pas un peu fini la scène de ménage ? La politesse, vous connaissez bande de c-"

Malgré l'embrouille en cours, ses mots se répètent dans ma tête. Je ne perds pas de vue l'information importante que cette dame m'a donné à propos de Mé-

"Oui j'ai faim !"

     Agate se tourna vers la fille en blanc et son compagnon cubique avec un petit sourire qui masquait très, très mal une colère intense, mais qui faisait tout son possible pour être mielleuse.
     « Un instant, les gosses. Ça cuit, vous aurez votre part, en attendant, sentez-vous libre de piocher là-dedans. Elle désigna la nourriture volante. Si vous avez un doute sur ce que c’est, demandez-moi. »
     Et elle fixa le légionnaire d’un regard qui aurait fait tomber les murs de Théodose. Là, il avait réussi à lui faire péter un câble. Pas que ce soit très dur, notez. Ce genre de comportement machiste, elle avait connu bien, bien pire dans le milieu de la pègre, et connaissait la réponse : encore plus de violence.
     « On va remettre les pendules à l’heure. Je n’ai certainement pas besoin d’un imbécile de gros nerd qui s’amuse à se trimballer sapé comme ça, et donne-moi ton épée, là, – elle désigna la spatha – et tu verras bien que je suis tout à fait apte à défoncer un couillon dans ton genre qui est pas foutu de faire trois pas sans s’effondrer comme un sac à merde, et ce même enceinte, et à une main, encore. Des types comme toi, ils bossent pour moi et ferment leur gueule. T’es qui, toi, dans la vraie vie, un misérable employé de bureau à la con dont le pinacle de la carrière serait trois gosses braillards, une épouse qui te trompe avec ton meilleur pote et un ulcère à force de foutre tellement de pièces dans la machine à café qu’on croirait que tu lui fais des attouchements ? Ou alors t’es un militaire ? Y’a bien que ces andouilles pour se la jouer reconstituteurs. Dans les deux cas, tu fermes ta gueule quand je parle, et si t’as quelque chose à redire à ça, tu me files ton bout de ferraille en espérant que ce ne soit pas ta sale gueule que j’abîme. »

Résumé :