[Jour 12 - Chambres du manoir] Martagore, un nom à coucher dehors ? • Mark&Pythagore

Ils avaient vagabondé en ville quelques minutes, trouvant toujours le moyen de placer quelques sarcasmes au détour d'une ruelle. Ah, les joies de la marche à pied ! Musa pedestris, comme dirait l'autre... Mais la rêverie ne voile pas toujours la fatigue, et la beauté du paysage ne suffit généralement pas à cacher la longueur du chemin... surtout lorsqu'on tourne en rond autour des mêmes ruines.

Ils avaient donc décidé de chercher un endroit à peu près sûr où se poser, afin de se pouvoir se reposer pour le reste de la journée. De là, ils étaient arrivés devant cet immense manoir délabré, bien trop voyant pour être ignoré, et bien trop louche pour ne pas être visité... Au fond, qu'avaient-ils à perdre ? Il avait failli finir congelé puis brûlé dans la même journée... Le pire qu'il pouvait craindre après cela, c'était de tomber sur un autre bibliothèque.

Ils avaient pénétré dans un pièce un peu isolée du bâtiment qui s'était avéré être une chambre. Une chambre poussiéreuse avec des photographies de poissons collées aux murs, certes, mais c'était une chambre. Il y avait deux lits simples, deux tables de chevets et une armoire vide couleur jaune canari ; de quoi passer la nuit plutôt confortablement pour peu qu'on ne soit pas sensible à la décoration.

Pythagore, après avoir secoué les draps recouverts d'une couche grisâtre sous le nez de Mark, se laissa tomber sur le lit.

- Je suis mort. grommela-t-il. Je suis sûr qu'une seule page des Contemplations suffirait à m'endormir...

La deuxième phrase était purement gratuite.

Résumé:

D'habitude, Mark n'avait rien contre un peu de marche, mais après avoir utilisé une bonne partie de son énergie à éviter de crever bêtement, et aussi un peu à se chamailler avec Pythagore, il finissait quand même par fatiguer. Aussi, quand le Manoir apparut dans leur champ de vision, fût-il si grand et noir et glauque, il ne découragea pas les deux jeunes gens.

A leur grande joie, il y avait bien des chambres -dans ce monde, on ne savait jamais ...- bien qu'un peu poussiéreuses. Mark s'assit sur l'un des lits après l'avoir vaguement épousseté de sa main, et regarda Pythagore secouer sa couette.

« Je suis mort. lâcha le rouquin en s'affalant sur le lit. Je suis sûr qu'une seule page des Contemplations suffirait à m'endormir... »

Le prenant au mot, Mark commença à réciter le premier poèmes de Contemplations qui lui vint à l'esprit.

« L'étang mystérieux, suaire aux blanches moires,
Frissonne; au fond du bois la clairière apparaît ;
Les arbres sont profonds et les branches sont noires ... »

il s'interrompit et afficha un sourire gentiment moqueur.

« Tu dors déjà ? »

Résumé:

- L'étang mystérieux, suaire aux blanches moires,
Frissonne; au fond du bois la clairière apparaît ;
Les arbres sont profonds et les branches sont noires...

Il eut un petit rire. Sérieusement ? Il l'avait pris au mot ?
Mais pourquoi pas après tout, c'était plutôt relaxant...
Il se concentra sur les vers et ferma ses paupières quelques secondes...

- Tu dors déjà ?

Il rouvrit lentement les yeux et pencha la tête vers Mark qui souriait.

- Hmmmm...

Réponse pertinente du jour.

- Presque... Tu ferais une bonne voix off, tu sais.

Autrement dit, tu as une voix soporifique, Euclide.

Résumé:

« Hmmmm... »

Non, sérieux, il était vraiment en train de s'endormir ?

« Presque... Tu ferais une bonne voix off, tu sais. »

... Comment était-il supposé prendre ça ? Dans le doute, Mark décida de sévir.
Il saisit son oreiller et le lança sur Pythagore.

« Tu aurais au moins pu t'extasier sur la beauté du poème ! » dit-il en faisant mine de s'offusquer.

Résumé:

Mark n'avait visiblement pas apprécié son commentaire sur ses talents d'orateur. Pour toute réponse, Pythagore reçut un oreiller dans la figue.

- Tu aurais au moins pu t'extasier sur la beauté du poème ! s'indigna-t-il.

Il attrapa l'oreiller et le renvoya à la tête de son compagnon.

- Eh ! Tu voulais que je dise quoi : "C'est très profond... comme les arbres." ?

Lui ? S'extasier sur un poème ? On aurait tout vu...

Résumé:

L'oreiller fit le chemin inverse.

« Eh ! Tu voulais que je dise quoi : "C'est très profond... comme les arbres." ? »

« J'ai peut-être surestimé ta sensibilité. Scientifique, va ! »

Résumé:

- J'ai peut-être surestimé ta sensibilité. Scientifique, va !

Il tiqua au mot "scientifique"... Venant de Mark, cela ne pouvait pas avoir ce sens, mais ce n'était pas très agréable à l'oreille.

- Scientifique est loin d'être une insulte tu sais... déclara-t-il presque gravement.

Ou du moins lorsque ce mot était écrit avec un "S".

- Si un jour tu te blesses sérieusement, je suis pas sûr que de réciter un poème d'Hugo suffise à te sauver. ajouta-t-il d'un air narquois.

Résumé:

« Scientifique est loin d'être une insulte tu sais... Si un jour tu te blesses sérieusement, je suis pas sûr que de réciter un poème d'Hugo suffise à te sauver. »

« Mais c'est pas un problème, puisque tu es là. » rétorqua Mark en haussant les épaules.

Résumé:

- Mais c'est pas un problème, puisque tu es là. répondit Mark.

Pythagore rougit légèrement. Il passa sa main dans ses cheveux dans une tentative de geste décontracté, gêné. Il ne savait pas quoi répondre à cela...

- Je ne serai peut-être pas toujours avec toi... déclara-t-il, toujours un peu embarrassé.

Alors fais attention à toi.

Résumé:

La peau de Pythagore sembla vouloir s'accorder à la couleur de ses cheveux, et il passa une main dans ses cheveux. Mark s'apprêtait à se moquer de lui, lorsque Pythagore lâcha du bout des lèvres :

« Je ne serai peut-être pas toujours avec toi... »

Le littéraire changea d'avis et décida de tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de sortir une connerie.

« Tu crois franchement que je vais te laisser tomber ? »

Résumé:

- Tu crois franchement que je vais te laisser tomber ?

Il resta silencieux quelques secondes... Il avait rencontré Mark dans la journée, mais l'idée de se séparer lui semblait déjà absurde. Pourtant...

- On ne sait jamais ce qu'il peut se passer. souffla-t-il.

Il avait promis de rester avec Thalès, mais ce monde en avait fait autrement. Au fond, ici, s'attacher à quelqu'un ne faisait que rendre son absence plus difficile à endurer.

Résumé:

« On ne sait jamais ce qu'il peut se passer. » répondit Pythagore après avoir laissé passer quelques secondes.

« ... Tu veux me déprimer ou quoi ? Je te préviens, s'il me prend l'envie de me suicider, c'est toi qui cherche une corde. »

Résumé:

- ... Tu veux me déprimer ou quoi ? Je te préviens, s'il me prend l'envie de me suicider, c'est toi qui cherche une corde.

Il avait essayé de plaisanter mais Pythagore sentit dans le ton de sa voix que le sujet le dérangeait. Il ne le releva pas, tentant rester dans le même registre.

Il se leva pour aller rejoindre Mark sur le lit d'en face et lui donna une petite tape sur l'épaule.

- Tu veux que j'aille te la chercher tout de suite ? lui demanda-t-il avec un grand sourire.

Résumé:

Pythagore vint s'asseoir à côté de lui et le gratifia d'une petite tape sur l'épaule, ce que Mark trouva assez vexant.

« Tu veux que j'aille te la chercher tout de suite ? »

Mark lui renvoya un regard blasé.

« Oui, ramène-la donc ! .. que je t'étrangle avec. »

Résumé:

- Oui, ramène-la donc ! ... que je t'étrangle avec. lança Mark, le regard noir.

Il s'écarta de Mark et retourna s'assoir sur son lit, par précaution.

- ... Sans façon, merci.

Il ne tenait pas forcément à se faire étrangler, même si ce n'était pas la première fois que Mark s'emportait. Il fallait dévier le sujet de manière subtile... ou presque.

- Hum. Donc. reprit-il, faisant mine de tousser. À par la lecture et Victor Hugo, tu aimes quoi d'autre ?

Trouver un sujet de discussion viable dans l'Esquisse n'était pas chose aisée.

Résumé:

« ... Sans façon, merci. » déclina Pythagore en retournant s'asseoir sur son propre lit.

Au moins, Mark avait encore un minimum d'autorité naturelle ... non ?

« Hum. Donc. À par la lecture et Victor Hugo, tu aimes quoi d'autre ? »

Ah non ! C'était toujours à Mark de parler de lui. Il était temps d'inverser un peu les rôles.

« Et toi ? Tu as des loisirs ou tu as vendu ton âme à la science ? »

Résumé:

- Et toi ? Tu as des loisirs ou tu as vendu ton âme à la science ?

Il lui avait retourné sa question sans même prendre la peine d'y répondre... Il n'aimait donc que les livres, lui ?

- Crois-le ou non, mais j'ai d'autres loisirs... Je lisais quelques BDs, jouait un peu aux jeux vidéos où sortait avec des amis... répondit-il sans grande conviction.

Il n'avait plus vraiment eu l'occasion de se divertir depuis très longtemps.

Résumé:

« Crois-le ou non, mais j'ai d'autres loisirs... Je lisais quelques BDs, jouait un peu aux jeux vidéos où sortait avec des amis... »

« Hum, des choses normales, quoi ... »

Mark ne comprenait pas quel plaisir on pouvait trouver à "sortir avec des amis". Lui n'avait jamais pu supporter la compagnie des gens, à part quelques rares exceptions, comme Ervin ...
... ou Pythagore, par exemple ...
Il repoussa cette pensée dans un coin de son esprit.

« J'aime beaucoup la musique. Je joue du piano. » finit-il par dire, répondant enfin à la question de Pythagore.

Résumé:

- J'aime beaucoup la musique. Je joue du piano. expliqua à son tour Mark.

Mark, pianiste ? Oui, cela dit ça cadrait plutôt bien avec l'image qu'il avait jusqu'alors... Un fils de bonne famille amateur de littérature et de musique classique... Ça sonnait à peine cliché.

- J'espère que tu pourras me jouer un morceau un jour... répondit Pythagore. Tu penses qu'il y a un piano quelque part dans ce manoir ?

Résumé:

« J'espère que tu pourras me jouer un morceau un jour... Tu penses qu'il y a un piano quelque part dans ce manoir ? »

Mark se figea. Et jeta un regard angoissé à Pythagore.

« Je ne touche pas à un piano dans ce monde ! » lâcha-t-il.

Et puis, Mark appréhendait un peu de jouer devant quelqu'un. Misanthrope un jour, misanthrope toujours ...

Résumé:

Le jeune homme s'immobilisa.

- Je ne touche pas à un piano dans ce monde !

Il avait sans doute raison au fond, mais Pythagore ne put retenir un sourire moqueur.

- T'as raison. J'ai déjà failli me faire bouffer par une guitare, après tout. répondit-il, d'un ton très sérieux, sourcils haussés.

C'était évidemment faux. C'était un saxophone.

Résumé:

« T'as raison. J'ai déjà failli me faire bouffer par une guitare, après tout. »

Est-ce qu'il se foutait de lui ou ... Finalement, Mark préférait ne pas savoir.
Un long frisson le parcourut.

« Il fait froid ou c'est moi ? »

Résumé:

- Il fait froid ou c'est moi ? demanda soudainement Mark en frissonnant.

Pythagore haussa les épaules. C'était probablement lui.

- J'ai pas l'impression qu'il fasse plus froid que tout à l'heure...

Mais Mark grelotait, et il ne faisait visiblement pas semblant.

- Ça va ? s'inquiéta-t-il.

Résumé:

« J'ai pas l'impression qu'il fasse plus froid que tout à l'heure... »

... C'était pas possible. Il faisait FROID.

« Ça va ? »

Si même Pythagore commençait à s'inquiéter, c'est qu'il devait pas avoir l'air très bien.

« Merde, j'espère que j'ai pas attrapé froid, ça serait quand même super con. » grommela le jeune homme en frissonnant de plus belle.

Résumé:

- Merde, j'espère que j'ai pas attrapé froid, ça serait quand même super con.

Pythagore, lui espérait sincèrement que ce ne soit qu'un rhume. Il ne voulait surtout pas voir Mark commencer à cracher des arcs-en-ciel.

- Sachant que t'as passé la moitié de la journée avec les cheveux trempés, ça serait pas si étonnant... rétorqua Pythagore.

À ces mots, il retira la couverture qui trainait sur son lit et la plaça sur les genoux de Mark.

- Prends-là, j'en ai pas besoin.

Résumé: