Shizudô, paradoxe vivant.

Un bruit d'avion s'entendait clairement au dehors. Shizudô venait de se réveiller.
Un militaire, portant un tutu lui dit de commencer à se préparer, il fallait faire le grand saut!
Le pauvre se trouvait dans un EVNI (engin volant non-identifiable), et celui ci, avait il cru comprendre était en panne
de bière, et il ne restait plus que quelques pintes de carburant avant le crash.
Dans ce cas, une seule solution, prendre le parachute et sauter.
C'est dans les airs que Shizudô, homme perdu au travers du vide de son crâne reprit conscience.
"Quel est cet endroit? Qui sont ces gens? Pourquoi tombent-ils?"
C'est à ce moment qu'il comprit que le parachute qu'il portait devait être ouvert...
Arrivé au sol, l'étrange militaire, ayant déjà troqué son tutu pour une robe de soirée commença par
expliquer ce qu'on pourrait sans doutes qualifier d'étrange. Il s'était, semblait-il, engagé
dans l'armée pour combattre l'immonde peuple des grains de sable, envahissant le monde, peu à peu,
sans que personne ne s'en doute, les vilains!
Après cette révélation, Shizudô apprit les nouvelles. Il se trouvait dans l'Esquisse, étrange lieu, où
l'absurde avait fait son nid au commencement. Enclin à un débat intérieur, ayant pour mot d'ordre:
"Euh... Quel est ce bordel?", il omit de remarquer que son torse avait été remplacé par une bibliothèque.
Après avoir passé plusieurs jours au front désert-ifié, et après avoir accepté la situation, malgré de nombreuses
insomnies dûes aux incessables questionnement cherchant à trouver une quelconque logique. C'est en voyant la
soupe aux poireaux servie par la cantine qu'il comprît. Voir le poireau entier, nager dans la soupe, et tapant la discussion
avec l'anguille et le rosti poulet des plats d'à coté; malheureusement, alors qu'il n'aimait déjà pas les légumes dans son monde originel... il avait commencé à se
méfierde ces fourbes légumineux lorsque l'endive avait pris en otage le gentil yaourt au chocolat, en demandant sa liberté en guise de rançon. Heureusement, il n'y avait
eu pour blessés que le chat qui avait tenté de chiper le poireau, en bon carnalegumivore (ce mot : carna = viande, en somme de la chaire de légume.)
En effet, la compréhension avait été brutale...
Il est vrai qu'avoir le torse rempli de livres en tous genres ne suffisait pas; il fallait plus...

Shizudô avait dans la trentaine d'années. Avant d'arriver sur le front, il était voyageur. Bien évidemment,
il voyageait dans son monde d'origine, non pas Esquisse. Il savait que le sablier arrivait à cours de grains, et donc
que la guerre ne durerait plus. Catapulté en ce monde, de nouvelles possibilités s'ouvraient à lui; rien n'était plus enthousiasmant
pour lui que d'avoir un univers complet à découvrir, de pouvoir y vivre de nouvelle péripéties, et de pouvoir y rencontrer
tout un tas de rostis aliments, bien mieux éduqués que ces soldats, qu'il avait pour l'instant cotoyé.
La guerre était terminé. Avec un peu de recul, Shizudô comprît que plutôt qu'une guerre, il avait participé aux délires
de probables marginaux extrèmistes, échappés des contrées les plus éloignées, aussi bien dans l'espace que dans la logique.
Malgré cela, il en tirait une bonne expérience. Il était arrivé ici et ces hommes et ces femmes étaient les premières gens
qu'il avait cotoyé. Sans jamais avoir été réellement doué dans la pratique de socialisation, et cela, même au sein de son ancien monde,
il avait trouvé plus facile et plus naturel de parler et de rire avec ce qu'il aurait dû considérer comme ses amis.
Il s'était fait quelques pseudo-amis. Le général, appelé Robby; son véritable nom semblait être inconnu des soldats.
Bien évidemment, il n'avait pas réellement atterri dans une armée... plus un groupuscule de d'alienés trop bien pour le monde.
Robby avait une femme, Lavy, et son meilleur ami était de la bande. Ce dernier se nommait 'Sans plomb 95'. Les autres soldats s'étaient avérés plus discrets, et Shizudô n'avait
retenu que leurs visages.
A plusieurs fois durant ses journées au front, il s'était surpris à se diriger instinctivement vers Robby et les autres, malgré leurs goûts
vestimentaires et leurs façon très déliée de parler.
Il était tout à fait de ton de parler d'eux comme de marginaux hippies belliqueux, remontés grandement contre les grains de sable.

Shizudô, d'un point de vue physique, était une personne de taille moyenne. Il n'avait, et c'était son petit bonheur de chaque instant, aucune calvitie
avérée ou naissante. Désormais à moitié bibliothèque il avait à la place du torse 3 rangées d'étagères, où s'empilaient des livres. Fait amusant,
les livres contenus dans son torse changeaient de contenu et de titre selon son humeur, sa santé, et tous les facteurs qui faisaient de lui ce qu'il était.
De plus, le cinquième livre en partant de la gauche, de la seconde étagère restait constamment le même; Shizudô avait une fois essayé de le lire,
il se trouvait que ce livre écrivait aussi bien ses pensées que ses gestes automatiquement...
Mis à part son torse, toutes les parties de son corps étaient restées les mêmes. Il avait gardé les mêmes cheveux platines et le même teint pâle.
Le garçon, peu souriant avait toutefois remarqué que ses bras avaient légèrement gonflé après son arrivée, ce qui était probablement dû au travail qu'il
avait fourni pendant son service. Question d'expérience; creuser avec une pelle permettait de se muscler.

Dans le cinquième livre en partant de la gauche de la seconde étagère, l'homme lettré (hoho) avait pris la peine de noter son ressenti de ses jours dans ce
nouvel univers. Ce qui en ressortait était qu'il avait tendance à beaucoup trop dramatiser, et cela même pour ce qu'il allait manger au déjeuner.
C'était un défaut constant, que ses rares "amis" de son monde d'avant lui reprochaient. Cette tendance à trop théoriser, il lui avait donné un nom :
"..." (oui, c'est réellement le nom!). Dépressif et délirant à la fois, on pouvait dire qu'il était bipôlaire.
Durant son voyage, il n'avait que rarement parlé jusqu'à maintenant. Il avait vu, admiré, contemplé, regardé, miré, visualisé, entrevu,
observé... Enfin bref, il n'avait pas parlé.
Ce voyage, contre toutes attentes n'avait duré qu'environ 9 jours. Il avait passé seulement 3 jours sur le front, malgré que cela lui parût une éternité,
de même, son voyage l'avait mené dans tous les coins des plaines, et pourtant, il n'avait vu que si peu. 6 jours. Son voyage n'avait duré que 6 jours jusqu'à
ce qu'il entende parler d'une bande troubadours qui pouvaient potentiellement venir du même endroit que lui.
Les bados sévissaient assez près de sa position, et ainsi avait-il décidé de venir à leur rencontre.
"Enchanté! Shizudô, et vous?"