Oxana fait peur. Très peur.

Peut-être est-ce son apparence sérieuse, rigide, froide. Toujours dans un costume impeccablement taillé, ses cheveux dissimulant presque son regard tranchant. Ses lèvres semblent toujours figées dans cette expression de neutralité imbibée d'un inexorable sérieux.

Mais ce qui inquiète le plus, c'est sans doute sa passion pour la responsable des Tempêtes et des morts, qu'il considère comme la Divinité suprême d'Esquisse, une déesse immatérielle que tous se doivent de vénérer pour ne pas s'attirer son courroux. Il a même écrit un livre, peu après son arrivée : « le Grand Livre de l'Esquisséisme ». Parfaitement, l'Esquisséisme, sa toute nouvelle religion, celle à laquelle il souhaite convertir le maximum de Dessinateurs. En faisant cela, il ne pense pas à mal ! Son altruisme démesuré a juste fait qu'il veut protéger tout le monde de la cruauté de l'Esquisse. Alors, il a pensé à la stratégie qu'il utilisait sur Terre pour se faire bien voir ou gagner des promotions : flatter. Devenir le pire hypocrite qui puisse exister en ce monde, en espérant que l'intéressé daigne se laisser séduire, pour survivre.

Oxana veut seulement aider les autres. Et Celle qui le guide le sait. D'ailleurs, elle le trouve plutôt drôle, cet homme mûr qui s'agite. Aussi elle lui demande, parfois, de lui rendre quelques petits services, en échange de faveurs... Promesses qui ne seront pas toujours tenues, d'ailleurs. Elle met souvent le mental de l'homme à l'épreuve, en lui faisant faire par exemple des crimes abominables, les faisant passer pour des sacrifices, des offrandes. Ainsi, quelquefois, Oxana se voit obligé de devenir un tueur. Objets, Dessinateurs, croyants comme profanes... Ses mains sont noires de sang.

Les récents événements l’ont conduit à s’interroger sur ses croyances. Le Prophète, comme il aimait se faire appeler, doute. La situation ne fait qu’empirer et les morts, qu’elles soient causées par lui ou par l’Esquisse, sont toujours plus nombreuses. L’univers tombe en ruines. Et le plus dur dans tout cela, c’est que ses appels et ses prières demeurent sans réponse. Réduit à une ombre, tombée de bien trop haut.