Léon de la Torchandouille

Léon est apparu dans Esquisse il y a trois jours. Au début, il croyait avoir pris de la drogue. Alors que pourtant, ce n'était pas son genre. Puis, à force de rester dans ce monde, il a vite compris qu'il n'était pas dans le sien. Alors il pensait rêver. Et il le croit toujours plus ou moins. Parce que 72 heures, c'est long. Aaah... Peut-être sa maladie l'a-t-elle assommé. Il doit être dans le comas. Ça aussi c'est fort possible. Ou alors il est mort. Il hésite entre ces deux possibilités.

Enfin bon, que ça soit l'un ou l'autre, ça ne change pas grand-chose. Il préfère être ici qu'à l'hôpital ou dans son appartement miteux. Tout est tellement plus coloré, plus vivant, plus drôle dans Esquisse... Alors pourquoi essaierait-il de revenir ? De toute façon, s'il est dans le comas, il va mourir vu son état de santé. Et s'il est mort, bah... Voilà. Étant convaincu qu'il ne reviendra jamais – ce qui n'est pas trop grave vu qu'il a tout perdu dans son ancienne vie – il compte la refaire ici. Dans Esquisse. Et il a hâte, oh oui.

La première chose qu'il a faite dans Esquisse – à part se réveiller – c'est ce se retrouver nez à nez avec un panda rose. Il n'avait jamais vu une chose aussi kawaii. Peu habitué à une telle compagnie, Léon avait commencé par engager une conversation, mais... elle n'avait visiblement pas plu à la peluche. Celle-ci s'était métamorphosé en un crocodile jaune géant aux rayures vertes. Et il avait faim. Jamais Léon n'avait couru aussi vite. Et surtout... Jamais il n'avait pu utiliser à nouveau sa jambe droite depuis son accident en moto de livraison de pizza. Une nouvelle vie s'offrait à lui. Réellement.

Heureux comme jamais – même s'il manquait de se faire dévorer – Léon courait comme un fou dans une plaine d'herbe bleue. Puis la nuit tomba d'un coup. Et la fatigue aussi. Et il se rendormit. Douze heures plus tard, il s'était réveillé. Toujours la même plaine. Et ce ciel bizarre aux couleurs changeantes. Il n'avait pas rêvé. Léon avait attardé son regard sur le fameux ciel. Deux minutes après, celui-ci changeait de programme. Ce n'était plus des petits pois avec des textes illisibles d'un enfants mais des couleurs plus sobres et un poème de Charles Baudelaire. « La Charogne ». Le poème préféré de la fille de Léon. Ce poème qui disait d'une façon bien détournée de profiter de la vie. Que cela voulait-il bien dire ? Léon ne savait que penser. Était-ce sa fille qui lui parlait ? Fait-elle partie de ce monde ? Léon veut savoir. Et oui il profitera de la vie. Ici. Dans Esquisse.