Al Dante et Virgile dans l'Esquisse

Description

CARACTERE

Je pense que j’ai été jardinier ; il me plaît de prendre soin de la flore. Bien que les connaissances que j’ai en tête ne soient pas toujours d’un grand secours face à l’étrange physiologie des plantes.

Je pense que j’aimais la poésie. Il me vient à l’esprit de temps à autre des vers. L’envie de composer quelques rimailles pour mon plaisir.

Je commence souvent mes phrases par je pense. Est-ce parce que j’insiste pour indiquer qu’il ne s’agit que de ma pensée ? Parce que les choses de l’Esquisse méritent un doute raisonnable ? Parce que je manque de confiance pour affirmer ma pensée comme une certitude, un fait ? Ou est-ce que parce que j’ai la certitude de ne rien savoir ? Que de questions.

HISTOIRE

Je pense avoir organisé une soirée avant d’arriver ici. Un repas de famille. J’entends les bruits de roues sur le gravier. Je pense que mes invités sont arrivés.  Je vais leur souhaite la bienvenue, je les prie d’entrer et de s’installer. Ils s’exécutent pendant que je vais chercher le vin. Je me souviens d’avoir ouvert, d’être descendu dans le caveau. J’ai tâtonné dans le pénombre pour retrouver l’interrupteur. J’ai pensé qu’il faisait si noir.  C’est cet abîme qui m’avale dans une myriade de couleurs illusoires.

ARRIVEE

Mon crâne me brûle comme de la fournaise. Comme si on m’avait enfoncé des braises ardentes de savoirs dans le crâne. Mes paupières encore lourdes s’ouvrent, se referment. Le spectacle qui s’offre à mes yeux sont les cieux mauves.
Arrg. Quand est-ce mes maux disparaitront ? Qui suis-je ? Où suis-je ? Suis-je dans le sombre royaume infernal des dieux antiques ?  Est-ce ces Enfers où un guide n’est pas de trop pour trouver ses pas ?

Je tente de m’arracher d’une posture qui ne m’est pas familière, de mettre de côté la douleur asséné par ma boîte crânienne. Je suis accroupi sur un socle, le coude sur le genou et la main collée à ma joue. Elle me demande plus de force comme si j’étais plus lourd. Mes yeux constate que mes genoux sont en bronze. Je suis de bronze ; tel un géant protecteur des environs. Ou une statue du commandeur.

Je me rappelle avoir été plus léger. Fait d’une matière qu’on appelle la chair. Pourquoi me souviens-je d’avoir été autre chose ? Que suis-je donc désormais ? Je ne sais pas. Je pense que j’aimerai le savoir. Mes souvenirs sont une somme de connaissances. Je me souviens d’avoir accompli des choses, d’avoir couché des mots sur du papier. Ou les ai-je lues, pensé ?

Je doute de ce que je sais ; et ce que je sais m’interroge davantage sur les limites de ma science. Quelle douce, infinie torture qui m’est réservé ! Je veux me désolidariser de mon socle, m’approcher du doux son de l’eau, voir mon reflet. Bien des efforts dans mon état !  J’opte pour un compromis : pivoter de mon socle.

Enfin ! Je peux me voir. Dans une eau de rivière qui remonte à l’envers. Voilà une chose absurde : elle remonte vers les montagnes. Mes pensées s’envolent, m’emmènent vers une réponse qui s’impose comme le lancer d’une catapulte. Je suis Al Dante. Un fragment de souvenir. Quelque chose que je sais. Quelque chose que j’ai pensé. Et le socle sur lequel je suis posé, qui est-il ? Quel est son nom ?  Comment suis-je arrivé dessus ? Je me repose dans ma position de réveil pour y penser.

Je me suis pris d’affection pour le socle. J’ai dû le transporter. L’emmener avec moi. Je pense qu’il fait un parfait rocher pour méditer ma pensée. Un objet si précieux qu’il en devient un compagnon. Il lui faut un nom à la hauteur. Un nom… Un nom. Hummmmmm. Je pense que je vais l’appeler Virgile. Nous allons avoir de longues discussions muettes ensemble. Très longues.

Positionnement

Je pense que je suis tombé dans un monde absurde. L’enfer de la pensée logique. Rien ne marche comme je le pense. Beaucoup de dessinateurs que j’ai rencontrés insistent pour m’appeler le Penseur. Parfois le Penseur de Rodin. Certains ont essayés de me mettre dans un musée. Je suis peut-être une statue. Mais je pense - Je ne pense pas me faire enfermer dans un musée esquisséen. Non merci. C’est bien gentil de vouloir me procurer un place pour penser mais je préfère les jardins.

Je me préoccupe peu des affaires de la Ville. Les querelles ne m'intéressent pas. Malheureusement, je dois parfois me rendre à la ville pour échanger les fruits de mes récoltes dans les Champs Éoliennes contre d'autres choses. J'espère éviter autant que possible l'Amicale du Sanctuaire Terrestre et ses donateurs. Je suis peut-être une statue mais je refuse d'être fourré dans un musée sans mon consentement.

Penser. Cultiver. Sortir. PCS. Voilà les trois choses qui m'intéressent. Si vous avez entendu parler du Panseur de Rondins, c’est que… Hum. J’ai essayé l’absurde plutôt que de penser. Pensez un peu. Que signifie soigner des rondins avec des pansements dans l’Esquisse ? Est-ce absurde ou logique ? C’est le débat que j’ai en ce moment avec Virgile. Qu’est-ce que vous en pensez vous ?