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Stilgar
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Stilgar
Mer 30 Aoû - 13:23
__–La Ville se remettait à peine du choc de l’attentat sur le périphérique. Forcé de rester sur le banc de touche, Al’ avait dû se contenter de regarder les événements se dérouler aux infos, depuis son lit d’hôpital. Ah, vraiment, rien de tel pour commencer une bonne journée que de voir une des plus grosses opérations de l’année, voire plus, se faire récupérer sous ses yeux par la concurrente la plus directe de la PU, après s’être pris un bastos suite à une erreur de merde, sur une opération de merde, dont personne ne parlerait jamais. Par contre, quand c’était un employé de la COSHA qui se prenait un tir – certes, suffisant pour détruire un blindé, mais qui ne lui avait rien fait, si on s’en tenait au compte des victimes officiel –, là, tout le monde en parlait.
__–Et quand il retourna en fin de matinée au commissariat, il eut le plaisir de voir que ses soit-disant collègues du privé, non content d’infester son commissariat, préféraient se tenir devant le téléviseur de la salle de repos et commenter ce qui ce passait que de travailler. De quoi remplir Al’ d’une allégresse, d’un amour de son métier et de son prochain comme rarement.
__–Il partit en patrouille. Un attentat terroriste majeur n’allait pas empêcher les petites incivilités et les stationnements interdits.

__–Pour Pearl aussi, cette journée s’annonçait comme splendide. Réveillée en urgence, elle avait dû filer au bureau en quatrième vitesse, sans prendre le temps de faire quelque toilette que ce soit, pour aller directement dans une salle de crise où très rares étaient ceux qui avaient pu se coiffer ou prendre une douche, tout cela pour… attendre. Ce n’était pas qu’on n’avait pas besoin du SABLE, vu la situation, mais plutôt que tout le terrain était déjà occupé par la COSHA, que ce soit dans l’Esquisse ou dans la SX. Pearl aurait déjà dû avoir ses astrettes sur les yeux et être dans les locaux de Navigsys, à tâcher de comprendre ce qui ce passait, ou au moins être à son bureau et analyser toutes les données que des agents de terrain de la Section lui enverraient.
__–Mais non. À la place, elle avait observé ses supérieurs batailler avec la COSHA et la Mairie pour avoir accès à quoi que ce soit et se faire débouter purement et simplement.
__–La mort dans l’âme, son supérieur ferma donc la salle de crise et laissa ses agents reprendre le cours de leurs activités normales. Lui n’avait pas fini de passer coup de fil sur coup de fil pour obtenir quelque chose sur cette histoire.

__–Et puis, vers onze heures, ils reçurent tout deux un message groupé :
__–Chers collègues, c’est moi, l’inspecteur Tamara Viktova. J’ai besoin de vous. Retrouvez-moi au Code Bar. J’ai rencontré quelqu’un avec qui j’aimerais bien que nous ayons une discussion, rapport à ce matin. Vos supérieurs sont au courant.
__–Une phrase assez courante : elle signifiait qu’une opération de la PU, tout à fait validée mais aussi tout à fait non-officielle, était en cours. Les commissaires d’Al’, de Viktova et le colonel de Pearl devaient s’être mis d’accord pour libérer un de leurs agents sur cette affaire.


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Eelis
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Eelis
Dim 3 Sep - 15:26
(l'intro ne sert à rien, vous pouvez skip ici ou direct à fin)


J’aimerais vous dire qu’une quelconque urgence m’a ramené au taf, pour que je m’y précipite alors que je suis encore à moitié défoncé et que je pourrais certainement faire le mort pour avoir ma journée, mais ça fait un bail que l’empressement est devenu la routine.

Me voilà donc en salle de pause, juste le temps de saluer ceux qui sont là et passer un peu de temps avec avant de repartir. Pas un truc que je prends toujours la peine de faire, mais j’étais d’humeur un peu guimauve alors ça m’a titillé.

— Yo.
Je rejoins Martin, qui agite son tentacule devant un espèce de monticule de sucreries étalées en vrac sur la table, une sucette à moitié enfoncée dans la bouche.

— Vous avez démantelé un gang d’écoliers ce matin ?
Est-ce qu’on en est là ? Si vous saviez…
— Na, c’est Cooper qui voulait du popcorn. Y’en avait nulle part, du coup il a dévalisé la boulange en face du commissariat.

Quand ce mec part acheter un truc, y’en a généralement pour tout le monde. M’enfin là il a eu la pince un peu large. Puis surtout…

— C’était pour fêter la grande réussite d’hier ?
Je sais que non, mais c’est ma façon de demander comment ils font pour être d’humeur alors qu’on s’est faits canardés comme des cibles dans un stand de tir et qu’on a toujours une collègue entre la vie et la mort.
— Ça on l’a plutôt fait passer au whisquisse. Là c’était pour le périph’.
— Je me doute. Rien de croustillant ?
— Euh… John avait des gâteaux tout à l’heure.
Ça voulait dire rien. À défaut, je prends une poignée de bonbecs au pif et je regarde ces deux gros requins (littéralement) de John et Boyce, qui se sont assis pile comme il fallait pour bloquer la vue à tout le monde, histoire qu’eux et leurs trois potes à côté soient bien les seuls à profiter des écrans. Non pas que ce soit très dur avec leur gabarit, entre le tronc mastoc et les membres robots…

— De vraies groupies, commente Martin. Ils ont pas bougé le cul de leurs chaises depuis qu’ils sont arrivés.
— Les privés, quoi. Les plans comme ça, c’est leur objectif de carrière, alors tu m’étonnes qu’ils sont à fond.
— Boah… c’est le mien aussi, mais je suis pas suce-boule à ce point.
— Tu fais bien, ça salit tellement la langue que t’oublies le goût de ce que tu manges.
Je veux dire. Les hussards nous ferment tellement la porte au nez sur le coup qu’au demeurant, ils pourraient avoir organisé eux-mêmes l’attentat pour se faire une pub qu’on aurait aucun moyen de le savoir…. Et encore, ils font tellement pire qu’un petit attentat ne serait pas la mer à boire.
Ah, si seulement il existait un organisme public, avec le pouvoir et les financements pour faire correctement son travail.

— En parlant de ce que tu manges, tu feras gaffe…


… Et c’est ainsi que je partis en patrouille avec le visage mauve ciel et la voix suraiguë. Parce qu’un connard avait acheté des confiseries avec des putains d’effets spéciaux. Et que comme un putain d’abruti j’en avais pris, alors que c’est même pas ma came d’habitude.

— Les effets s’estompent en moyenne au bout d’une heure, mais la durée varie fortement en fonction des individus.
Les IA, toujours là pour vous rassurer. Au moins elle me reconnaît, contrairement à la bagnole, avec laquelle je me bats depuis cinq minutes pour retrouver mes paramètres.  
— Au fait, tu as un nouveau message dans ton dossier « Plans foireux ».

Quand on reçoit vingt mails par heure a minima, il faut bien mettre en place des règles de tri pour être averti en urgence de ce qui est important, entre deux pots de départ et pubs à la con. Les plans foireux, comme leur nom l’indique, c’est la top priorité, juste en-dessous des « Plans très foireux » qui sont réservés à trois expéditeurs en particulier. Je me pose donc deux secondes pour voir ce qu’il en est.

Et… je suis pas déçu. Viktova, c’est l’assurance de passer un bon moment, et à défaut de savoir qui elle veut nous présenter, connaissant l’autre destinataire du mail, on va être en excellente compagnie. Même si c’est le genre de compagnie qui va bien se foutre de ma gueule quand elle va la voir.
En plus, ces conneries, ça règle mon problème de bagnole, parce que c’est clairement pas le véhicule adapté pour le gros hors piste qu’on s’apprête à faire.

Je demande donc à Roxie de lui dire que j’arrive dans une demi-heure, je tente de me passer de l’eau sur la face (sans succès) et je pars me rhabiller en civil. L’avantage de vivre à moitié au travail, c’est que vous avez tout sur place, alors je peux tout de suite repartir avec ma moto. Pour dire que les transports étaient en panique il y a cinq heures, la route est plutôt fluide, moyennant un habituel crash de barque volante dans les voitures du dessus et un camion de pompier appelé pour récupérer une femme qui s’est prise les ailes dans les câbles aériens parce qu’elle était sur son tel. Sans trop de détour, j’arrive finalement assez vite sur place.

Bon par contre, si je me souviens bien, le Code Bar, c’est un gros refuge de nerds. J’en connais une qui va être dans son élément, mais moi par contre, j’ai vraiment l’air d’un vieux con. Puisse Tamara ne pas avoir oublié que je ne suis pas exactement un expert en SX.

Enfin, si y’a autant de néons à l’intérieur qu’à l’extérieur, j’échapperai au moins à un ridicule sur deux. L’autre, par contre… Hm. J’ai testé les vocalises en chemin et cherché si y’avait pas de vieilles astuces pour changer de voix, mais c’est mort, j’ai pas le temps d’aller me faire un baume artisanal à la gelée de turboise. J’en viens donc à espérer qu’ils parleront de code pendant des heures, histoire que je puisse me contenter de hocher la tête ou, mieux encore, dormir sur la table.

Sur cet espoir, je quitte le coin de la rue où j’ai garé la bécane et je m’approche du bar. Par chance (ou par erreur, je sais pas trop), je croise Pearl avant de rentrer. Je tente de capter son regard par un geste de main, et puis je… Me résous à parler, avec un timbre de voix à peine moins aigu que tout à l’heure.
— Ça fait un bail. Et… euh, pose pas trop de questions, c’est les aléas du métier.
Pas la meilleure des intros, mais faut dire que je suis pas au summum de mon humeur, et que ça fait toujours bizarre de recroiser d'un coup une… Ex-collègue de PU d’abord, et maintenant… Je suppose qu’on est de bons potes. Certes, on est pas d’accord sur toute la ligne, ni sur ce qui la dépasse, et c’est pas exclu qu’elle devienne un jour une mégalo de première, mais en attendant, on est en phase sur pas mal de points, et ceux sur lesquels on l’est pas m’ont fait plusieurs fois mouliner dans des directions intéressantes. Puis elle est sympa et même si je pige que dalle à ce que fait la SABLE, il paraît que c’est stylé et qu'eux au moins nous tirent pas trop dans les pattes.
— La forme ?
Ça se sent que je suis aussi gêné que crevé, et que je cherche un moyen détourné de lui dire que je suis juste content de la voir avant qu’on passe en mode boulot. Mais bon, hein, on fait ce qu’on peut.


Dernière édition par Eelis le Ven 17 Nov - 22:52, édité 1 fois



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Pearl
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Pearl
Sam 9 Sep - 16:00
C’est avec les yeux rouges de fatigue et des cernes si profondes qu'un panda aurait semblé frais à côté que Pearl retira ses Astrette. Elle avait prolongé sa présence dans la SX bien plus tard que prévu. En réalité, elle n'y avait pas de mission ou d'agenda particulier. C'était l'insomnie qui l'avait poussée à s'immerger dans cet univers digital, cherchant un moyen d'échapper à l'emprise oppressante de l'éveil. Et, comme souvent, le temps semblait s'écouler différemment là-bas; elle avait complètement perdu la notion des heures.

Pourtant, Al, avait tenté à plusieurs reprises de la ramener à la réalité. Il lui avait rappelé doucement mais fermement, toutes les deux heures, qu'il serait judicieux de se déconnecter et de reposer son esprit. Mais Pearl, se sentant comme un oiseau s'évadant d'une cage, appréciait ces moments de vagabondage sans but dans la SX. Ces escapades digitales lui offraient une sensation de liberté qu'elle trouvait rarement dans le monde tangible.

Fatiguée et accablée par le poids de la nuit passée dans la SX, Pearl finit par céder à l'appel du sommeil. Elle aspirait à s'enrouler dans ses draps et à sombrer dans un sommeil profond et réparateur. Sa couette semblait lui murmurer des promesses de doux rêves, et c'est ainsi, bercée par les reproches d’Al, qu’elle sombra dans le monde des songes. Mais cela ne dura guère, car à peine quatre heures plus tard, la sonnerie insistante de son communicateur la tira brutalement de ses rêves.

Un message d'urgence de son supérieur l'attendait : "Rendez-vous IMMÉDIATEMENT au bureau !" Encore dans les brumes du sommeil, elle enfila rapidement ses vêtements, attrapa au passage quelques snacks pour étouffer la faim naissante et sauta sur sa moto, le moteur ronronnant sous elle alors qu'elle se dirigeait vers son lieu de travail à toute allure.

Une fois arrivée, après avoir écouté des directives hâtivement énoncées et quelques brèves discussions, il devint évident pour l'équipe que cette "urgence" n’était pas très claire. Une confusion liée à des autorisations ou quelque chose du genre. Pearl, trop épuisée pour suivre chaque détail, en profita pour s'accorder une sieste salvatrice. Elle se cala confortablement sur sa chaise, tira sa veste sur elle comme une couverture improvisée et sombra dans un demi-sommeil.

"Al," murmura-t-elle avant de fermer les yeux, "réveille-moi si quelque chose change."

C’est quelques heures plus tard qu’elle fut de nouveau tirée du monde des rêves. Les bureaux étaient vides et Al lui expliqua que tout le monde avait été renvoyé à ses occupations et qu’il n’avait pas jugé bon de la réveiller. Bon, au moins, ça lui aura fait quelques heures en plus. Et puis, ce n’était pas la première fois qu’elle dormait au boulot.

"Tu as reçu un message, Pearl, et il semble plutôt intrigant !"

Depuis quand tu fouilles dans mes affaires ?"

"Juste une petite vérification pour t'être utile, comme toujours !"

"Évidemment."

Le contenu du message était effectivement intrigant. Un rendez-vous prévu au Code Bar - un endroit sympa que je vous recommande - et la surprise : elle allait collaborer avec un collègue qu'elle n'avait pas vu depuis une éternité.

--------------------

Se tenant devant le bar, Pearl était sur le point de pousser la porte lorsqu'une silhouette qu'elle connaissait bien entra dans son champ de vision. C'était lui, l'autre personne mentionnée dans le message.

"Aldé ! Ça fait une éternité, non ? Peut-être même deux !"

Elle se rapprocha rapidement, faisant une petite pirouette pour passer un bras autour des épaules d'Aldé, ce qui nécessita quelques ajustements étant donné leur différence de taille.

"Toujours !" rit-elle en jetant un coup d'œil taquin à son visage fatigué. "Je vais éviter de te retourner la question, la réponse semble plutôt évidente."

Autrefois collègues à la PU, Pearl et Aldé avaient su maintenir une relation durable bien après avoir quitté leurs postes respectifs. Leurs rencontres, bien que sporadiques à cause de leurs emplois du temps chargés, étaient toujours riches en rires et en souvenirs. Pearl chérissait sa relation avec Aldé, le considérant comme un allié inestimable. Leur complémentarité était palpable, que ce soit en matière de compétences professionnelles ou de perspectives sur la vie. Et même s'ils se retrouvaient parfois - souvent - au cœur de débats houleux et passionnés sur leurs convictions personnelles, ils savaient toujours passer au-dessus.

Des idées sur ce qui nous attend cette fois-ci ?."





Pearl : #339933 - Al : #ff3399
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Stilgar
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Mer 13 Sep - 20:42
__–Foin de salamalecs, Tamara entra, accompagnée par une autre femme en capuchonnée. Elle ne s’assit pas à la table de ses deux collègues, se contenta de leur faire un petit geste de la main.
__–« Pearl, Al’, salut. J’vais pas m’éterniser à demander comment ça va la famille et tout, on risque de manquer de temps. Venez avec moi, on va s’faire un karaoké. »
__–Une manière assez simple de dire, rendons-nous dans une pièce insonorisée pouvant être fermée de l’intérieur.
__–« Je vous présente Vesa Hahya, c’est un agent de terrain de la COSHA. Elle était sur le périph’ ce matin, pendant qu’on faisait la grasse mat’ à rien foutre et boire l’argent public. »
__–La femme en question se présenta d’un petit coucou. Vu son apparence, très singulière, elle était sans doute aucun une cyborg, d’un modèle particulièrement avancé.
__–« Vous allez vite capter pourquoi je vous ai fait venir ici. Raconte-leur. Et je tiens à vous rappeler, et surtout à toi Pearlounette, que tout ceci est strictement confidentiel, ce qui explique pourquoi on en parle dans un lieu public. Vos supérieurs savent, mais ils ne doivent pas « savoir », avec les guillemets faits avec les doigts, qu’elle avait tellement fait ironiquement qu’il était difficile de savoir si c’était encore ironique à ce stade, vu ? »
__–Quelque peu étonnée – autant que son visage cybernétique pouvait transmettre des émotions –, mais visiblement pas plus choquée que cela par les manières de Tamara, Vesa commença.
__–« Bonjour, vous deux. Pearl c’est la punk aux cernes et Al’ le fameux Taureau, c’est ça ? Agent Hahya, donc, mais Vesa ira si vous préférez. Ce sera pas très protocolaire ce qu’on va faire, t’façons. J’ai été contactée par l’inspecteur Viktova un peu plus tôt dans la journée. Elle traînait à côté de nos soldats comme un journaliste qui sent la merde et veut la remuer. Et elle a dit certaines choses qui n’ont semblé… plutôt correctes. J’ai failli crever, sur ce périph’ à la con. Balle de fusil rail dans le bras, juste ici – en dépit de l’importance du dommage décrit, son articulation semblait fonctionner à merveille –, tirée depuis je sais pas où, grâce à un drone insecte qui a fait la triangulation du tir. Alors, notre équipe SX pourrait raconter en long en large à quel point nos adversaires étaient pas la moitié d’une bande de tocards avec des idées de grandeur. Mais ça, c’est le genre de confirmations qui me parle plus.
__–» Et pourtant, ça s’arrête là. Vous devez sûrement vous demander ce que notre compagnie va faire après. J’en sais foutre rien. On a pas jugé bon de me le dire. Et j’ai mon intuition qui me dit qu’il va rien ce passer. Alors, je veux que ce soit bien clair. Je ne fais pas ça contre ma boîte. Mais disons que, comme ils ne saisissent pas le marché de traquer ce qui reste des terroristes et les faire parler, je pouvais aider une amie à trouver de quoi occuper ces journées de flicaille qui glande rien pendant qu’on se tape tout le vrai boulot. »
__–Amie qui reçut une fort peu discrète claque au cul, à laquelle Tamara répondit d’un roulement d’œil amusé.
__–« Voilà, vous captez pourquoi j’vous veux. Vesa ici peut nous garantir un accès aux pièces à convictions. Enfin, un accès… Ouais, disons qu’elle peut nous y emmener sans trop trop d’encombres. Des questions, avant que je déballe le plan ? »


Dernière édition par Stilgar le Mer 15 Nov - 11:06, édité 1 fois


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Eelis
Jeu 14 Sep - 1:41
Une éternité… Dans la SX peut-être, mais je suis à peu près persuadé que ça fait plutôt trois mois. Cela dit, depuis le jour j’ai demandé à quelqu’un comment il allait depuis la semaine dernière alors que ça faisait un an, je me fais plus confiance sur ce genre de trucs. Alors je me contente de lui rendre sa blague, sur un vieux “Deux minimum.” pas des plus inspirés et un petit sourire pas des plus étirés.

Et. Ouais. Elle devine bien dans quel état je suis.

— Avec un tel flair, vous avez de l’avenir dans la police, lui rétorqué-je en profitant d’un timbre un poil plus féminin pour imiter une supérieure qu’on a connu du temps où on était dans la PU et qui avait tendance à causer comme ça. ‘Fin essayer d’imiter plutôt, car entre le fait qu’elle risque d’avoir oublié et ma voix qui ressemble à rien, y’a moyen qu'avec sa fatigue elle pense que je lui dis ça premier degré.

Sur ces entrefaites, puisqu’on peut pas causer cinq minutes sans que l’un de nous deux active le mode boulot, je redeviens moi aussi sérieux.

Une opération mystérieuse cinq heures après un attentat, ça donne forcément des idées. Mais sinon, pas mieux.

Enfin bon, c’est pour ça qu’on est là. Pendant que je finis ma phrase, je me rapproche plus concrètement de l’entrée, dont la porte s’ouvre sur un robot — ou un type, je sais pas trop — complètement couvert de néons, puis derrière lui un vrai nid de nerds et autres punks à gadgets, grouillant de technologies toutes plus inutiles et tape-à-l’oeil les unes que les autres. Je vais pas jusqu’à donner des coups de coude à Pearl et lui pointer chaque table en mode “Hééé, ils sont tous comme toi ici” parce que ça ferait vraiment vieux con (alors que c’est elle la vieille), mais j’en pense pas moins, et je sais qu’elle le sait.

Après un rapide tour dans la salle et dans l’espèce de coin jackie-tuning du fond (où les gens se font réparer, peindre et décorer leurs appareils, parfois en même temps que leurs cheveux et leurs ongles), pas de trace de Tamara ; on finit donc par se poser quelque part, où j’ai juste le temps de télécharger la carte et de demander comment on fait pour zoomer avant qu’elle et sa mystérieuse connaissance ne viennent relocaliser la réunion. J’avais pas remarqué au début, mais le bar a son sous-sol, dans lequel on peut louer des box pour profiter d’une salle avec astrettes, en solitaire pour sniffer son Incohérence en poudre avant de se connecter, ou à plusieurs pour organiser des réunions secrètes de la police. Je suppose que Pearl a aussi été y cueillir quelques pirates, mais je connais moins.

Bref, ce plan foireux. Comme dit tout à l’heure, je m’attendais à ce que ce soit lié à l’affaire de ce matin, mais p’têtre pas au point de directement causer à l’une des intervenantes, j’avoue. Me doutant que ça va être long, je prends deux secondes pour commander un truc via mes lunettes, parce que j’ai faim et que j’ai vu des donuts sur la carte. La confidentialité ? Boh ça va, ils entrent pas si tu leur ouvres pas, ça va rien faire fuiter, et puis Al (pas l’IA, l’autre) le faisait tout le temps.

Cela étant fait, j’écoute, et… Bon, évidemment, y’a une question qui me vient tout de suite pour Tamara. Pas que j’ai pas confiance en son jugement, mais y’a un nuage que je dois chasser avant qu’il me pourrisse la vue.

— Qu’est-ce qui te fait dire qu’elle va pas juste essayer de nous niquer ? Et pas au sens érotique du terme.
Nan parce que, ce sens-là, je crois comprendre que ça la dérangerait pas. Voire que c’est déjà arrivé.

Mais du coup, oui. La hussarde qui s’emmerde et qui traque gratuitement les terroristes pour aider son amie rencontrée le jour J, avec les risques que ça implique si elle se fait chopper (c’est pas contre sa boîte, mais pas sûre qu’elle apprécie que des internes ouvrent la porte à la police), on va dire que j’y crois moyen. C’est un peu comme un flic qui vous dit qu’il fait ça pour l’amour de son métier, c’est théoriquement possible mais votre premier réflexe doit être de vous demander combien il a été payé, par qui et pour vous défoncer avec quelle arme. D’autant que là, si j’ai bien compris, elle va pas juste nous souffler une adresse et se barrer, mais aussi nous accompagner sur le terrain, et alors autant je doute pas de ses capacités physiques, autant je vais avoir besoin de lui faire assez confiance pour lui tourner le dos.



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Pearl
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Pearl
Lun 9 Oct - 14:06
Bon, s’il arrive encore à blaguer, c’est qu’il n’est pas en si piteux état que ça. Ce qui est plutôt rassurant, autant pour son propre bien être que pour la mission qui nous incombe, quelle que soit cette foutue mission d’ailleurs.

D'un mouvement théâtral exagéré, Pearl exécuta une profonde révérence, arborant son sourire le plus charmeur, réagissant à la blague d’Aldé. Même si elle n'était pas tout à fait sûre d'avoir saisi toute la subtilité de la plaisanterie.

"Jamais on ne m'a fait un compliment aussi flatteur"

Et elle aurait pu continuer longtemps. Mais le moment était venu de mettre de côté les plaisanteries et de se concentrer sur la raison de leur retrouvailles. Pourtant, Pearl ne put s'empêcher de penser que le choix du lieu n'était pas idéal. Bien sûr, le Code Bar avait un côté discret et informel, mais il s'agissait également d'un endroit où elle avait ses habitudes, ce qui n'était pas forcément une bonne chose pour une rencontre censée être discrète. Et surtout, elle pouvait presque sentir le poids des regards scrutateurs d'Aldé, qui, bien qu'il se soit retenu de faire des commentaires, avait cette manière non verbale de communiquer son amusement. Et c’était peut être même pire.

Pearl se consola en se disant qu'au moins, pour une fois, elle n'était pas le centre d'attention. Cet "honneur" revenait à Al, qui détonnait clairement dans cet environnement. Avec son allure et sa stature, il avait cette capacité à se démarquer, même dans une foule. Et ici, dans ce bar, il semblait aussi discret qu'un éléphant dans un magasin de porcelaine. Si l'intention était de passer inaperçu, c'était un échec cuisant.

Et en même temps, c’est peut être une tactique audacieuse. Personne ne soupçonnerait qu’une réunion secrète de flic se déroule au milieu de pirates et autres dealers - qui font pas mal de leur chiffre d'affaires dans le coin - Voilà le tableau : tous les deux on a juste l'air de pote qui vont boire un verre ensemble. Et en ajoutant Tamara et son accompagnatrice on devient un groupe d’amis - certes un peu étrange - peut-être entraîné ici de force par la punkie du groupe pour aller chanter un karaoké dans un des meilleur bar de la ville. Ouais, ça peut coller.

Tamara qui d’ailleurs, ne perdit  pas de temps avant d’expliquer la situation, ou plutôt de laisser Vesa le faire. Mais avant de passer la parole, elle insista avec une intensité notable, ses yeux fixés sur Pearl, sur la nécessité impérieuse de garder la mission secrète. Un vestige  des jours où elles avaient collaboré ensemble. Pearl afficha une petite moue, amusée par cette mise en garde.

ça va, ça va j’ai pigé.

La représentante de la cosha qui prit la parole avait une aura quelque peu désagréable. Ce n'était clairement pas le genre de personne avec qui Pearl se voyait collaborer aisément. Elle pouvait rire aux plaisanteries d'Aldé, accepter celles de Tamara et même tolerer celles de quelques autres individus. Mais cette inconnue devrait faire preuve de prudence si elle ne voulait pas franchir les limites avec Pearl. Cependant, ce n'était pas le moment pour Pearl de s'appesantir là-dessus. Le discours de cette femme sonnait lui sonnait aux oreilles comme une suite de remplissage plutôt que des informations réellement pertinentes. Et si Tamara était vraiment pressée par le temps, elle aurait mieux fait de reconsidérer cette longue et peu convaincante explication.

Tenant compte de tout cela, il était clair que la remarque d'Aldé avait particulièrement plu à Pearl, surtout grâce à sa tournure. Si Aldé ne l'avait pas formulée, elle aurait certainement été sur le bout de la langue de Pearl. Et comme les deux femmes l'avaient souligné, ils n'étaient pas dans un contexte officiel, alors elle n'aurait pas hésité à exprimer ce qu'elle pensait.

Je suis d’accord avec Aldé, ça sent pas très bon tout ça.




Pearl : #339933 - Al : #ff3399
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Mer 15 Nov - 12:34
__–Vesa roula des yeux.
__–« Ah bah super, je vous file un angle d’attaque privilégié pour résoudre l’affaire de terrorisme la plus importante de ces dernières années, avec les services d’une cyborg d’élite en prime, je vous fais même pas payer et vous trouvez encore le moyen de faire la fine bouche ?
__–Ah ah ta gueule. Nan mais, je comprends votre question. Écoutez, je vais être franche, c’est un risque à prendre. On se connaît depuis quelques heures Vesa et moi, la seule garantie vraiment tangible que je peux vous filer, c’est que mon instinct me dit que c’est pas trop trop foireux. Après, je vous force pas, j’en serais bien incapable. Restez juste pour écouter son plan et s’il vous paraît complètement déconnant, ben ce sera à vous de juger. Je t’en prie. »
__–Vesa reprit donc la parole :
__–« Merci. Sur le principe, la situation est la suivante : pour comprendre ce qui c’est passé, qui à fait le coup, il nous faut un accès aux pièces à conviction, les trucs comme ça. Si vous allez sur le périph ou à Navigsys, vous remarquerez que tout a été nettoyé, y’a plus rien, pour être transféré au siège, dans les archives.Quand ça y sera, on pourra plus jamais y toucher. Je peux y accéder, je peux même faire entrer des gens, genre avec une carte visiteur style emmenez vos enfants au travail, mais pas à tout une fois à l’intérieur, évidemment.
__–» Par contre, au moment où on parle, le transfert des camions est encore en cours. J’ai réussi à obtenir une info intéressante : je sais pas pourquoi, ni comment, mais leurs contrôles étaient liés à leurs pilotes. Quand on a désactivé les robots qui les conduisaient, ça a détruit les moteurs, purement et simplement. Ce qui veut dire faire venir des hélicos pour sortir les camions de là, les remorquer… C’est compliqué. Ça nous laisse un petit créneau.
__–» Alors, oui, concrètement, ça veut dire attaquer un convoi aérien de la COSHA. On est pas sur attraper le petit Timothée qui a piqué des caramels. Mais la sécurité est beaucoup plus relâchée que ça en a l’air. C’est juste transporter trois camions par hélico, tout le monde s’en fout et notre personnel a d’autres trucs à gérer. On était déjà en effectifs réduits avant ce matin, là en plus une émeute s’est déclarée dans les bidonvilles hors du mur, à cause d’une bavure ou je sais pas quoi, bref on s’en fout.
__–» Pearl, pour toi c’est pas compliqué, ‘faut localiser le convoi, pénétrer son système informatique et désactiver les protections les plus emmerdantes, genre les drones d’escorte. Al’, j’espère que t’es fort pour rentrer et sortir d’un véhicule aérien alors qu’il est encore en l’air. Ça, c’est notre boulot. Tamarae, euh…
__–Je supervise.
__–Tu te touches la nouille, on sait.
__–Ok non mais voilà le topo : sécurité faible, un hélico de transport, un énorme modèle là, on entre discrétos, on récupère ce qu’on veut, on se barre, ni vu ni connu, ou alors si, vu et connu, mais on s’en fout, on portera pas nos brassards et je vous ai tricoté de magnifiques cagoules. Al’ t’as déjà assez bossé avec la DANGER pour savoir te débrouiller en opérations noires. Et toi Vesa… Bah c’est 70 % de tof taf, de faire des trucs à la limite de l’illégal, alors ça va quoi. Je serai avec vous deux et je vais essayer très fort de pas être un boulet, même si à force de rester derrière un bureau, je commence à plus voir mes doigts de pieds. »


Dernière édition par Stilgar le Lun 1 Jan - 12:35, édité 1 fois


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Ven 17 Nov - 22:54
Faire la fine bouche ? Ouais, absolument. Mais si on rappelle pas au moins une fois qu’on tient à la vie, Tamara va croire qu’elle peut nous embarquer dans n’importe quelle mission suicide.

‘Fin, plutôt, on va perdre tout espoir de lui faire croire autre chose un jour.

Je pose ma tête sur ma paume gauche et j’écoute donc ce fameux plan. J’avoue que l’histoire des camions, j’étais pas au courant. C’est pas une trop mauvaise piste. Du coup j’essaie de m’imaginer un peu plus son affaire, en me demandant comment on ferait nous pour déplacer ces camions, puis en multipliant le budget par trois. À partir de là, je suis pas le meilleur pour me mettre dans la tête des criminels, mais au pire, on a… probablement trois expertes autour de la table, maintenant que j’y réfléchis, donc je me dis qu’on manquera pas d’idées là-dessus.

Quand vient la répartition des rôles, je pianote des doigts le long de ma joue. Même si ça me fait chier qu’on soit ensemble, ça me rassure un tout petit peu que Vesa se mouille aussi dans l’affaire — ouais, je sais, contradictoire.

Bon, du coup, je crois que c’est à notre tour de parler. Je me redresse, laisse passer un silence et finis par lâcher :

Laissez-moi y réfléchir trente secondes.

Et je me lève. Parce que trente secondes, c’est juste assez pour aller chercher mes DVDonuts tout chauds, qui m’attendent de l’autre côté de la porte. Je sors, avise l’espèce de… truc, ‘fin de figure flottante qui ressemble à deux cônes de glace l’un dans l’autre, là, et qui lui de néons avant de s’ouvrir pour révéler le plateau que j’ai commandé.

C’est une pseudosphère, suggère Roxie, qui juge toujours bon de m’expliquer ce que je vois chaque fois que je fronce les sourcils d’incompréhension. Une forme mathématique qui décrit une surface dont la courbure de Gauss est…
Oui, oui, j’ai compris.

Heureusement que les IA sont trop polies pour pointer du doigt les mensonges même quand ils sont évidents. Je laisse du coup le machin me gratifier d’un “Merci pour votre commande !” et repartir en sautillant vers la cuisine, tandis que je retourne dans le petit box.

Servez-vous, proposé-je en posant l’assiette au centre de la table. C’est peut-être la dernière tournée que je paie avant de me faire virer.

C’est ma façon de dire que je suis partant. Par envie d’emmerder la COSHA, par ennui, par envie de rebosser avec Pearl ou par flemme de rentrer me taper les deux connards de privés, je sais pas trop.

Je me prends un donut qui a l’air un peu plus garni que les autres. Je laisse Pearl causer si elle a un truc à dire, et j’en profite pour jauger un peu son niveau de confiance dans le truc. Nan parce que, il va sans dire que si elle est pas chaude, je vais pas aller me farcir les drones à mains nues.

De mon côté, quand je peux en caser une, je fixe Vesa et je lui demande :

On sait ce qu’on cherche, ou pas du tout ? Et qu’est-ce qui te fait penser que tes collègues sont pas allés piller le butin avant le transport ?

Ou y laisser un petit piège, au demeurant. On le connaît, le coup de relâcher la sécurité à un endroit intéressant pour coffrer les premiers qui s’y précipiteront.



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Pearl
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Mer 6 Déc - 9:44
Pearl ne put s'empêcher de penser avec un soupçon de scepticisme que si la mission était réellement aussi simple que cela, on n'aurait pas spécifiquement fait appel à ses services.  Dans le monde des opérations clandestines et des affaires douteuses, les missions « faciles » étaient souvent des mythes. Si c'était juste une question de manipuler quelques machines, n'importe quel agent aurait pu s'en charger. Mais le fait qu'on ait choisi de la solliciter indiquait que la situation avait sans doute plus de nuances et de complexité qu'on ne le laissait entendre.

En réalité, elle était habituée à ce genre de situations. Les missions soi-disant simples avaient une façon de se transformer rapidement en véritables nids de vipères, avec des complications imprévues et des dangers cachés. Pearl avait appris, souvent à la dure, qu'il fallait toujours s'attendre à l'inattendu, surtout lorsqu'il s'agissait de tâches qui semblaient trop faciles pour être vraies.

Elle savait qu'elle devrait être vigilante, prête à ajuster ses plans à la volée et à faire face à tout obstacle qui pourrait surgir. Les détails, souvent négligés ou sous-estimés, étaient les pièges dans lesquels même les agents les plus aguerris pouvaient tomber. Pearl était déterminée à ne pas laisser ces pièges la surprendre. Après tout, c'était dans ces moments de défi et d'incertitude qu'elle se sentait vraiment dans son élément.

Et c’est mon job d’éviter que ça foire hein

Aldé donnait l'impression d'accepter la mission par défaut. Pearl, tout en croquant dans un donut offert par Aldé, l'observait avec un mélange d'amusement et de curiosité.

"Mouais, le plan n'est pas super détaillé, mais je suis partante. Ça va me changer un peu," dit-elle en mâchant. Sa vie quotidienne, en dehors des missions, était un mélange de périodes d'attente et de courtes missions qui se terminaient trop rapidement pour son goût. Ces derniers temps, elle avait rarement eu l'occasion de ressentir ce frisson d'excitation, ce piquant du danger qui rendait le travail sur le terrain si exaltant.

Pearl se tourna vers Aldé, un sourire espiègle aux lèvres.

"Et t'inquiète pas pour tes fesses, j’les laisserais pas les abîmer, ce serait du gâchis.




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Stilgar
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Jeu 28 Déc - 1:36
__–Vesa sembla faire dans sa tête bien des commentaires sur les donuts, sur tous les clichés qu’elle avait sur les policiers, peut-être même une blague salace à base de trous destinée à Tamara, mais elle se contenta d’un sobre « Non merci, jamais de sucres rapides avant une mission, pas bon ça.
__–Qu’est-ce que t’en as à foutre de ta ligne ou des nutriments que t’avales, l’électricité ça fait pas grossir, ’me semble. Merci Al’. »
__–Et elle en prit un.
__–« À quoi ça ressemble ? Oh ben tu sais, on est assez pros à la COSHA. Tu vas sans doute trouver des reconstructions holographiques de la scène, pour commencer. Comme ce sont des données super lourdes, elles ont probablement pas été transférées tout de suite au siège, d’autant plus que les gérants des archives sont assez tatillons. Si une partie est mal faite, genre un angle pas bien visualisé, un objet en pas assez haute définition, une empreinte pas visible, ils vont demander des compléments, ce qui veut dire re-scanner l’endroit précis qu’ils veulent. Ce qui veut dire que dans l’hélico, vous devriez trouver des techniciens qui s’occupent de ça, parce que le faire une fois atterri, ça veut dire quitter le taf plus tard… Ce sera probablement le plus utile et le plus transportable, pour vous. Mais vous pouvez aussi piquer tout ce qui vous intéresse sur les corps des personnes qu’on a descendu, dans les robots qui pilotaient les camions ou je sais pas quoi encore… »
__–La reconstruction holographique, pour faire un petit encart qui vous sera utile, était une technologie qu’Al’ et Pearl avaient dû voir utilisé sur les plus grosses affaires de leur commissariat. Elles étaient effectuées au moyen d’appareils extrêmement chers, que tous les comicos ne pouvaient pas se permettre. C’était une technologie propriétaire de l’entreprise aNNa, d’où le nom de scaNNar pour le dispositif. Il consistait en un assortiment de drones miniatures, qui dans un périmètres donné créaient une reconstruction 3D d’une fidélité extrêmement élevée, jusque dans ses moindres détails, qui pouvaient aller, si on en avait le temps et les moyens – plus l’holo-reconstructeur était puissant et cher, plus il était précis – jusqu’au contenu des poches, aux plus petites coupures, aux plus petites taches. On pouvait ensuite naviguer librement dans cette reconstruction 3D.
__–« Bref, je vais pas pour apprendre à faire votre métier. Le mien, c’est de tuer des trucs, pas mener des enquêtes.
__–Première chose, accéder à la localisation exacte de l’hélicoptère. Pearl, t’as des astrettes en libre-service ici, tu peux déjà partir te mettre au taf. Vesa va te filer des codes d’accès au réseau interne de la COSHA, tu pourras accéder aux données tactiques de l’hélico et nous les transmettre en temps réel. Évite de trop fureter ailleurs, plus tu regardes de dossiers sales, plus tu peux nous mettre en danger. C’est pas pour rien que je te propose de faire ça d’ici, d’ailleurs. On est dans un lieu public, si, enfin, quand la COSHA aura repéré ta position, elle saura au moins pas où t’habites. Mais on y est pas encore. Al’, Vesa, j’ai du barda dans ma voiture, on s’équipe et direction le sommet de la Tour Ngwenya. »
__–Un des plus hauts immeubles de la ville. Forcément, attaquer un appareil volant allait requérir à un moment de voler soi-même.


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Ven 29 Déc - 23:40
Pas super détaillé comme plan, ouais, c’est le moins qu’on puisse dire. Quoi que. Pour avoir déjà dû retrouver une bagnole avec pour seul indice sa couleur ou débouler dans les pires quartiers de la Ville sans la moindre idée de ce qui nous attendait… je me dis que ça va, en fait. Puis j’ai prévu de poser mes questions en chemin histoire de pas perdre de temps, quitte à finalement laisser tomber si c’est trop foireux. Malgré mes blagues quotidiennes sur la fin prématurée de ma carrière, j’ai quand même pas l’intention de caner tout de suite.

« Je compte bien là-dessus » répondé-je donc à Pearl avec un sourire, tant parce que je lui fais confiance que parce que si on veut nous enculer, c’est bien elle qui va pouvoir le savoir, et ce serait sympa de le savoir assez vite.

Après ça, donc, vient la réponse à ma première question. Maintenant que j’ai de quoi manger, mes trois neurones commencent à se parler. Je tique sur “assez pros” et je remplace mentalement par “assez riches”, puis hoche la tête sur les histoires reconstitutions holographiques et sur les cassent-couilles qui demandent quinze mille modifs. Je note aussi que les cadavres sont fournis avec le camion, bien qu’à deux… je sais franchement pas ce qu’on aura le temps de piquer avant que ça devienne chaud pour nous. Après tout c’est pas comme si on était à la Frontière à cinq heures de toute civilisation : si un pégu sonne l’alerte, drones neutralisés ou pas, les renforts vont vite débouler de tous les côtés. Sans parler du fait qu’il y a peut-être pas que des geeks à bord, et donc un risque de combat.

Bref, je vais avoir des choses à dire à voir avec Vesa sur le trajet.

Vesa qui d’ailleurs, résume bien son métier par son joli “Le mien, c’est de tuer des trucs, pas mener des enquêtes.” Je manque de lui répondre “Le mien aussi”, mais on est pas entre nous, alors ça ferait mauvais genre. Cela dit, les enquêtes c’est pas mon fort non plus ; je vais déjà devoir réfléchir pour revenir en vie, après ça je laisse Viktova se démerder pour la partie réflexion. (Du moins je vais jeter tout ça sur son bureau avec la ferme intention de la laisser se démerder, parce que la suite, je la connais).

De fait, donc, c’est Pearl qui va devoir bosser la première. Quand Viktova lui recommande de ne pas fouiller, je me sens obligé d’appuyer par un nécessaire « “Évite de trop fureter ailleurs”, ça veut dire ne le fais pas, hein. » qui sonne à moitié sérieux. Je sais qu’elle connaît le terrain, mais ça commence à faire un bail depuis qu’elle a rejoint la SABLE et ça me choquerait pas que fréquenter des techos toute la journée ait un peu biaisé ses priorités.

Pour le reste, j’ai pas grand chose à dire sur ces histoires d’accès et tout, elle sait mieux que moi comment on rentre illégalement dans les sous-espace. Je lui adresse un :
« Bon, bah, bon courage, du coup. En espérant pas se recroiser en taule ou à l’hosto. »
Puis je fais glisser les donuts restants vers elle. Pas que je pourrais pas les finir, ni qu’il y en ait assez pour que le sucre me monte à la tête, mais hé, ça fait un bail qu’on s’est pas vus.
« Pour pas que tu te sentes seule. »

Ce faisant, je me lève et je pose ma dernière question qui concerne Pearl, à l’attention de Viktova :
« J’imagine qu’on reste en contact quand même. Tu nous as tricoté quelque chose ou on fait ça à l’arrache sur nos appareils persos ? »

Les canaux de la police, je demande pas, on est pas habillés pour. Par contre selon le budget, les opérations clandestines ont parfois le droit à leur petite radio jetable et anonyme, le genre qu’on craint pas trop de ramener avec soi dans un hélicoptère de combat bourré de gadgets.



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Pearl
Sam 27 Jan - 15:14
Des reconstructions holographiques, ça c'est stylé !

Elle avait toujours été fascinée par cette technologie, rêvant de pouvoir l'utiliser pour ses propres projets. Malheureusement, le coût prohibitif avait toujours été un obstacle majeur. Même après avoir fouillé parmi ses contacts et revendeurs habituels, Pearl n'avait jamais réussi à dénicher un appareil qui en valait la peine.

Elle se consolait avec la pensée que la SX offrait des possibilités quasi illimitées. Avec seulement une paire d'Astrettes et une connaissance adéquate du système, elle pouvait créer ou explorer presque tout ce qu'elle voulait dans cet espace virtuel. Et le mieux, c'était que cela ne coûtait pratiquement rien.

Quoi qu'il en soit, pour cette mission, c'était à Pearl de prendre les devants. Cela signifiait être la première à s'exposer aux risques, même si ceux-ci étaient généralement moins graves dans la SX. Mais cela restait un défi, et elle aimait l'idée de mener l'opération.

La mise en garde concernant la discrétion et le fait de ne pas trop fouiner posait un véritable défi pour Pearl. Une fois les Astrettes en place, elle se sentait invincible dans l'univers de la SX, poussée par un désir irrépressible de collecter autant d'informations que possible. La remarque d'Aldé ne fit qu'accentuer sa détermination à glaner le maximum de renseignements utiles.

"Ouais, Ouais, je vais faire gaffe… Je vais essayer," répondit-elle avec un clin d'œil à Aldé.

La facilité apparente d'obtenir les codes d'accès la laissait perplexe. Si la tâche était si simple, pourquoi faire appel à elle ? Elle ne pouvait s'empêcher de penser que quelque chose de plus complexe se cachait derrière cette façade de simplicité. Et puis, il y avait cette histoire avec la COSHA qui ne lui disait rien qui vaille.

"J'ai deux petites questions avant qu'on commence et que vous me laissiez derrière vous," intervint Pearl. "D'abord, j’ai combien de temps environ avant qu'ils se rendent compte de mon intrusion ? Et ensuite, qu'est-ce qui se passe si la COSHA me tombe dessus pendant que je suis encore en train de fouiner ?"

Non parce que Pearl savait se défendre, mais elle était consciente des limites de ses capacités dans une situation réelle, surtout face à des adversaires potentiellement armés et dangereux.

Je tiens pas spécialement à mourir moi. Ou pire, finir en taule.

Pearl ne put s'empêcher de sourire lorsque Aldé lui tendit le reste des donuts.

"Merci vieux, t'es un amour" s'exclama-t-elle, saisissant le plat de donuts avec enthousiasme. "Avec ça et une escapade dans la SX, je suis parée. Manque plus que tout se passe sans accroc et qu'on s'en sorte tous en un seul morceau."

Elle glissa les donuts à côté d'elle, se préparant pour la tâche à venir. Une sortie réussie dans la SX était toujours une expérience gratifiante, surtout lorsqu'elle était agrémentée de quelques gâteries.




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Stilgar
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Stilgar
Mar 30 Jan - 0:41
HRP :


__–« Un peu qu’on reste en contact, je serai avec vous. Attend Al’, ce serait pas une mission à ton niveau s’il fallait pas en plus escorter une damoiselle fragile et sans défenses… »
__–Tamara n’était en effet pas connue pour ses prouesses martiales, mais elle était loin d’être la pire dans son domaine. Elle s’acharnait à troquer l’action pour le bureau, mais cela ne l’empêchait pas de devoir se salir les mains régulièrement. Mener par l’exemple – comme travailler dans un comico où on manquait tellement de personnel que les cadres devaient souvent accompagner les agents de terrain – était une de ses devise.
__–Ça et fais ce que je dis, pas ce que je fais.
__–« Et ouais, bien sûr, j’allais y venir. Tiens. »
__–Elle donna à Pearl une radio jetable, puis ils sortirent du bar.

__–Tamara était venue en voiture, aussi les fit-elle monter et les emmena-t-elle directement au parking souterrain de la Tour Ngwenya. Il n’y avait qu’un petit quart d’heure de voiture, assez pour détailler ce qu’elle avait pu réunir comme équipements.
__–Al’, Vesa et elle auraient droit à ce que la DANGER avait de mieux et qu’elle avait, selon ses dires, obtenu de haute lutte, non sans jouer sur de nombreuses faveurs avec diverses personnes. Elle leur en fit la présentation.
__–Elle avait notamment obtenu des canons venin, des armes typiquement esquisséennes et assez immondes dans leur fonctionnement. Ils appartenaient à un gang de la Frontière, qui était venu mettre le désordre en Ville il y a quelques années, avaient été prestement supprimés, quand la police valait encore quelque chose. Leurs armes étaient passé de pièces à conviction au rang d’équipement, du fait des réductions de moyens. Ils se présentaient comme des longs tubes barbelés de chitine, surmonté d’une excroissance pulsante de chair, qui entrait en symbiose avec la main de son porteur et pouvait tirer des kystes chargés d’une substance hautement agressive pour les tissus vivants. De quoi tuer un humain – non sans d’atroces souffrances –, mais ne risquait pas d’abîmer le véhicule aérien où ils seraient.
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__–Il y avait aussi des combailées, soit des wingsuits, d’un modèle comparable à celui utilisé par Crevette, bien qu’à une taille plus adaptée à des adultes et avec des petits jetpacks qui avaient une autonomie de trente secondes, juste assez pour freiner et s’aggriper à l’hélicoptère. Et bien sûr, ce qu’il fallait de protections personnelles et d’armes plus conventionnelles, à utiliser en seconde rotation, c’est à dire en complément de son arme de base, si le besoin s’en faisait sentir.

__–La Tour Ngwenya n’était pas qu’un immeuble de bureau : ses vingt premiers étages étaient une galerie commerçante et un centre culturel : une manière pour cette puissante famille de montrer qu’elle se souciait des arts et des lettres. Il y avait donc bien assez de place dans son parking. Une fois garée, avant qu’ils ne s’équipassent, Tamara arrêta ses deux coéquipiers.
__–« On fout tout dans des sacs et on se sapera une fois en haut. C’est que… on va prendre l’ascenseur des touristes. »
__–Bien entendu, si la milliardaire Rosalina elle-même vivait au sommet, elle avait consenti à ce que les gens du commun, désireux d’avoir un point de vue, disposassent de l’étage le plus élevé – mais toujours sous les siens. Il fallait bien débourser un petit millier de ₱oèmes pour y arriver (une quinzaine d’euros, le ₱oème suit le cours du yen, n.d.a), mais c’était une vue qui méritait le coup d’œil.
__–« On s’arrêtera un étage avant. J’ai un pote qui nous aidera. C’est bon pour vous ? »
__–Vesa opina.

*
*__–*

__–Un peu avant de partir avec Al’, Tamara répondit aux questions de Pearl :
__–« Aucune foutre idée. »
__–… Avec l’aide de Vesa :
__–« D’ici à nos locaux les plus proches… Hm… Il y a cinq minutes en voiture. Compte sur six, sept, le temps que l’info remonte, je dirais, avant d’avoir une escouade qui défonce la porte du bar. Et si mes collègues te tombent dessus… Euh… Déjà, ils vont tirer à vue, ensuite…
__–On niera que t’étais avec nous et ton colonel dira publiquement qu’il n’a jamais autorisé la tenue d’une telle opération, puis poussera un joli discours pour la télé sur l’importance de la loyauté dans ces heures troubles, qu’on est pas des cow boys, que des mesures vont être prises et bla bla bla. Donc. Te fais pas choper. Bonne chance. »
__–Vesa remit une clef USB à Pearl. Elle contenait un fichier texte, qui expliquait de manière assez peu rigoureuse, mais néanmoins claire, l’emplacement d’une porte arrière dans le réseau interne de la COSHA. Il contenait comme mention, à la fin : N’essaye pas de la réutiliser, j’informerai nos techos de la faille une fois la mission achevée.

__–Il était temps d’entrer dans la SX. Dès que Pearl serait prête, elle pourrait retourner dans le reflet inversé de la Ville et l’arpenter. Le document de Vesa expliquait que dans un parc, au sommet d’un arbre, qui poussait à l’envers comme nous étions dans la SX et qu’il fallait donc dé-escalader pour rejoindre son feuillage, elle trouverait un trou, qui aurait été comme creusé par un pic-vert. Elle n’avait plus qu’à y rentrer. Modifier sa taille était tout à fait à sa portée.
__–Une fois cela fait, il y avait un complexe code à résoudre, qui l’était d’autant plus qu’il était totalement invisible pour qui n’en comprenait pas la logique : il fallait, une fois sa taille devenue minuscule, taper sur tel infime renfoncement du bois, telle poussière, tel morceau de brindille, tel petit amas de terre, dans un certain ordre, pour être autorisé à passer. Et le passage lui-même n’était signalé par rien : il fallait deviner qu’un segment infime de la paroi du trou de l’arbre était devenu intangible et qu’on pouvait le traverser.
__–Il n’y avait plus pour Pearl qu’à passer.


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Ven 2 Fév - 12:51
Je pense que je suis trop jeune pour que Pearl m’appelle “mon vieux”. Mais bon, je lui souris.
— Y’a plus qu’à, ouais.

Quand Tamara me répond, je penche la tête.
— Fragile et sans défense ? Tu parles de qui ?  
Je sais bien que le terrain c’est pas supposé être son fort et qu’elle tiendrait pas cinq minutes contre l’autre cyborg de la COSHA, mais c’est pas à elle que je la compare, plutôt aux petits dealers que j’attrape pour remplir le quota de la semaine et aux jeunes pousses au sang chaud qu’il faut protéger de leur soif de film d’action. Par rapport à ce dont j’ai l’habitude, c’est la fiabilité incarnée.

Je laisse passer le petit rappel des risques du métier, sans en rajouter. Dix minutes pour fuir en moto… ce sera probablement trop loin pour qu’on aille la récupérer, surtout si on est en pleine opération, donc j’espère qu’elle suivra les conseils jusqu’au bout. Parce que pour lui sauver les miches sinon, ça va être compliqué. Le seul truc que je vois pour l’instant, c’est balancer Pearl pour un délit quelconque qu’elle a commis par le passé et envoyer les collègues l’arrêter avant que la COSHA ne déboule. M’enfin, est-ce que je leur fais confiance pour arriver plus vite et est-ce que je fais confiance pour que ça n’escalade pas… Non. Alors autant que ça n’arrive pas.

Quand les questions sont finies, je redis au revoir bon courage tout ça à Pearl (j'ai un peu d'émotion dans la voix, mais c'est pas mon fort d'en montrer trop pour le boulot) et on quitte les lieux. Je fais un très rapide crochet à mon véhicule pour y laisser ce qui m’encombre, incluant mes lunettes, tant pour leur sécurité que pour la notre — les gadgets connectés, ça se piste. À la place, je prends une monture que je garde pour ce genre d’occasion : des verres sans tain, qui ressemblent à des lunettes de soleil de l’extérieur mais à travers lesquels je vois comme en plein jour. Pratique pour éviter qu’on te retrouve aux yeux. Puis y’a pas d’assistant, ça se connecte à rien et c’est pas une pièce de collection, donc même si je les fais tomber on saura pas me retrouver. Je les attrape avec des gants (parce que ce sera con de laisser des empreintes) et je les glisse dans ma poche, pour les enfiler le moment venu.

Cela fait, je les rejoins. Je profite d’être à l’arrière pour tester la radio. On va p’têtre pas s’appeler par nos vrais noms sur un canal qui peut toujours être intercepté, ni dans un hélico où ça va être surveillé et enregistré, alors il va falloir qu’on s’en invente. Sur un ton très sérieux, je lance donc :
— Equipe Donuts, est-ce que vous nous recevez ? Tout se passe bien de votre côté ?
Et pour nous…
— Thème gâteau ou cyantifiques, vous préférez quoi ?
Je proposerais bien le thème “anciens présidents de la COSHA” pour faire dans la provoc’, mais je connais pas assez Hahya pour savoir quel genre d’humour elle tolère, alors on va rester sur des classiques.

Quand on a décidé des noms, j’écoute avec attention Tamara qui nous présente l’équipement. Elle a l’air fière de son pistolet dégueulasse de la Frontière. Pas mal, j’avoue, tant qu’on part du principe que c’est assez courant pour que ça nous grille pas d’office — mais je lui fais confiance là-dessus. Pour le reste, je connais, c’est du classique DANGER. Je m’attarde donc pas trop dessus, de toute j’attends d’enfiler pour voir si c’est à ma taille.

À la place, je profite des dernières minutes de bagnole pour faire quelque chose de bien plus important : la conversation.
— Alors, c’est votre premier assaut d’hélicoptère de combat ? Juste au cas où une balle rebondit sur le pilote, quelqu’un sait en piloter un ?
C’est pas quand on aura un flingue en main qu’on se racontera nos anecdotes ou qu’on se pointera du doigt en mode “je pensais que tu savais”.
— En ce qui me concerne, non et non. J'ai pas tout à fait l’habitude de ce type de budget.
Je les laisse répondre si elles veulent, et à défaut je meuble pour le reste du trajet en posant deux-trois questions sur le CV de Vesa, pour mieux cerner le personnage. Bon, par contre, pour éviter de remettre en question mon boulot avant une opération, j’évite de lui demander son salaire.

Quand on arrive, je hausse un petit sourcil à ce que raconte Tamara.
— Trois touristes avec de grands sacs pleins d’armes… t’es sûre qu’on nous demandera pas de les passer sous un détecteur ni de les ouvrir ?
Nan parce que, vous allez pas me faire croire que les Ngwenya sont trop pauvres ou trop naïfs pour avoir une sécurité, ni que c’est pas assez bien payé pour que qui que ce soit veuille y bosser, ni qu’ils sont trop adorés pour avoir à craindre une fusillade à domicile.



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Sam 2 Mar - 10:34
Timing serré donc, j’ai intérêt à gérer, et pas le temps de trop fouiner, dommage.

L'adrénaline qui montait à l'approche de chaque mission était quelque chose que Pearl appréciait particulièrement. C'était pour elle l'occasion de tester ses compétences, de se mesurer à elle-même et de prouver sa capacité à gérer des situations complexes. Cette sensation, elle la comparait souvent à celle qu'elle ressentait lorsqu'elle poussait sa moto à fond dans le silence de la nuit, vers deux heures du matin. C'était un mélange d'excitation pure et d'une légère pointe d'angoisse, un sentiment qu'elle chérissait autant qu'elle pouvait mépriser les longues heures d'inactivité passées dans son bureau.

" Ouais, je connais le refrain," répliqua-t-elle en prenant la clé USB, un sourire malicieux éclairant son visage à la pensée des secrets qu'elle renfermait. L'opportunité d'accéder directement au réseau d'une organisation aussi influente n'était pas commune. Cependant, elle ne put s'empêcher de penser que cette aide rendait la mission un peu moins palpitante. Un accès presque trop facile, une aide inattendue qui simplifiait peut-être trop les choses à son goût.

Six ou sept minutes.Finalement même si ce "coup de pouce" rend son travail moins excitant sur le papier, il offre aussi une opportunité unique de plonger en profondeur dans les arcanes d'une entité puissante. Et surtout, plus de temps pour en retirer des informations.

" Bon, allez les gars. Bonne chance de votre côté, moi, je plonge !" lança Pearl avec un enthousiasme apparent, affichant un visage confiant et déterminé en direction de ses coéquipiers.

Cependant, dès l'instant où la porte se referma derrière eux, son expression se transforma, trahissant une certaine appréhension. Malgré son assurance affichée, l'ampleur de la tâche à accomplir pesait lourdement sur ses épaules. La mission, avec tous ses enjeux et ses risques, semblait soudainement plus intimidante. Elle connecta la clé USB à l'interface de son bras droit, son attention captivée par les données qu'elle contenait. Un sourire espiègle se dessina sur ses lèvres en parcourant la dernière note du fichier. " Ouais, on verra ce que l'avenir réserve...Si j’sors d’ici en un seul morceau,, murmura-t-elle pour elle-même, bien déterminée à tenter de rentrer par là plus tard.

"Al, c'est le moment de briller.Trouve moi le trajet le plus rapide pour rejoindre ma moto. J’aurais sûrement besoin de m’arracher en vitesse," demanda-t-elle, l'esprit déjà en train de calculer ses mouvements suivants.

"Compte sur moi ! Je m'occupe de tout."

Avec un hochement de tête résolu, Pearl glissa ses Astrettes sur ses yeux et se lança dans la ville inversée. Chaque fois, l'expérience était la même : un mélange d'euphorie et d'exaltation l'envahissait, une sensation de liberté absolue qu'elle chérissait par-dessus tout. Plonger dans cette réalité alternative lui rappelait pourquoi elle aimait tant son travail, malgré les dangers et les défis constants. La ville inversée, avec ses lois de physique altérées et ses possibilités infinies, était son terrain de jeu favori.

Le chemin vers le parc était presque une seconde nature pour Pearl, qui connaissait l'endroit comme le fond de sa poche. Elle se dirigea vers l'arbre mentionné dans les instructions de Vesa, prenant son temps tant qu'elle le pouvait encore, consciente que bientôt, les moments de tranquillité seraient un luxe qu'elle ne pourrait plus s'offrir. Alors qu'elle examinait minutieusement le tronc à la recherche du trou spécifique laissé par un pic-vert, la voix d'Aldé jaillit de sa radio, la faisant s'arrêter dans sa quête. Elle marqua une pause, saisissant l'occasion pour mordre dans l'un des donuts restants tout en répondant à son vieil ami.

"Équipe Donuts au rapport, ici la punk à cernes. Tout se passe comme sur des roulettes, je suis en chemin. Et vous, tout roule ?"

Entendre la voix d'Aldé, même à travers la radio, lui procurait un sentiment de réconfort. Bien qu'elle fût souvent seule dans l'exécution de ses tâches, la sensation de soutien et de camaraderie était précieuse pour elle. C'était cette connexion, même distante, qui rendait les défis plus supportables et qui lui rappelait qu'elle faisait partie d'une équipe, malgré la nature solitaire de son rôle dans la mission.

Pear se concentra de nouveau sur sa mission, réalisant qu'elle devait ajuster la taille de son avatar pour se faufiler à travers le trou de pic-vert qu'elle avait enfin repéré sur le tronc. Suivant à la lettre les instructions un peu bizarres qu'elle avait reçues, elle effectua la série d'actions prescrites, d'abord perplexe en constatant qu'il ne se passait rien. Cependant, après quelques instants, elle remarqua un léger changement sur la paroi intérieure de l'arbre. Le passage s'ouvrait devant elle.

"Ok, les gars, je vais rentrer. Vous en êtes où de votre côté ?" lança-t-elle dans sa radio.




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Dim 7 Avr - 13:21
__–« Gâteau c’est bien, j’aime les brownies.
__–Et moi les langues de chat, mais c’est trop long… croixsang. Et ouais, je devrais pouvoir le poser sans le crasher. En théorie. Pour le reste… »
__–Vesa eut un petit sourire mesquin. Ce n’était pas sa première attaque d’hélicoptère, mais elle ne jugea pas utile de le souligner… jusqu’à ce que Tamara la vannât dessus et que, pour ne pas que régnât le silence, elle partagea un peu de ses états de service… enfin, cela ressembla à : « Alors, y’a trois ans… Non, ça je peux pas en parler. Mon poste, l’intitulé exact… ouh, nan, je peux pas le dire. Est-ce que j’ai déjà attaqué des hélicos… confidentiel.
__–Nan mais, t’emmerdes pas, j’ai compris dès que je t’ai vue que je saurais à quoi ressemble ton tatouage de fesse avant de savoir ce que tu fais au taf. D’ailleurs, c’est—
__–Mais chuuuteuh ! »
__–Quelques bisbilles plus tard, tout ce petit monde arriva devant l’ascenseur, où Tamara répondit à la question d’Al’ par un sourire entendu :
__–« Pourquoi tu crois que j’ai pris des armes biologiques. Et j’ai des amis partout… »
__–Ils prirent un premier ascenseur qui les mena dans le hall central. C’était une immense esplanade couverte, bourdonnante d’activité. Des jeunes punks bobos en tenues couvertes de néons qui allaient dans les magasins de vêtements les plus branchés, des amateurs d’arts qui faisaient la tournée des galeries, des employés en costumes plus sobres qui se dirigeaient vers les ascenseurs de service. Le sol et les escaliers étaient de marbres noirs, rouges et blancs, agencés en une splendide mosaïque, tout baignait dans la lumière. Une statue en bronze de dix mètres de haut s’élevait au centre, un entrelacs de cercles et de lignes, une forme abstraite, qui devait sûrement avoir un grand intérêt artistique, pour qui y était sensible. Elle tenait en suspension par un jeu d’électroaimants.
__–« Pas terrible, je préférais la précédente. »
__–Tamara mena Al’ et Vesa vers un ascenseur particulièrement large, devant lequel se dressaient des portiques de détection. La queue avançait vite, mais Tamara sélectionna une file plus longue que les autres. Ils posèrent leurs sacs sur un tapis roulant, traversèrent le portique, Vesa présenta son papier de la COSHA qui l’en dispensait, salua même des collègues, vu que les personnels portaient le logo de l’aile mécanique. La personne qui regardait le contenu des sacs avec la machine à rayons X l’appela :
__–« Des wingsuits et… du jambon ?
__–Elle regarda Vesa, puis Tamara… Puis Vesa :
__–La définition d’un bon week-end. »
__–L’agent de sécurité haussa les épaules et les laissa passer.
__–Cet ascenseur, celui des touristes, était sur la façade extérieure de la tour, ce qui faisait que son mur du fond était en verre et offrait un magnifique point de vue sur la Ville et ce qui s’étendait au-delà. Ce point de vue étant le principal attrait, le sol était à niveaux, ainsi les plus proches de la porte pouvaient voir autant que ceux qui étaient collés à la vitre. Une cinquantaine de personnes, ordiphones sortis, étaient entassées pour admirer les lumières et les tours de la Ville. Naturellement, nos trois coéquipiers avaient préféré rester au fond.
__–Après l’ascension, ponctuée de « ooooh » et de « aaaah », ils arrivèrent au dernier étage avant les appartements privés de Rosalina Ngwenya, qui était une immense pièce circulaire, de dimentions et d’architecture comparables au hall, mais bien plus vide, vu qu’elle était surtout occupée sur ses bords par des magasins et des restaurants. Ceux au sol en verre, qui donnait sur le vide en contrebas, étaient les plus huppés.

La tour Ngwenya :

__–« On est pas là pour le tourisme, venez. »
__–Ils entrèrent dans un magasin, peuplé quasi-exclusivement de femmes dans la cinquantaine, Tamara fit un petit coucou au vendeur, qui les emmena à l’arrière-boutique.
__–« C’est au fond. »
__–Un autre ascenseur, bien plus modeste, celui-ci. Les échoppes qui n’étaient pas au-dessus du vide, donc qui ne vendaient pas du luxe, avaient besoin de stocks ou de cuisines plus importantes, vu qu’ils vendaient plus d’articles. L’étage du dessous leur était donc en partie réservé. Ainsi, Al’, Vesa et Tamara arrivèrent dans un entrepôt, où thermos aux couleurs pastel gravées de messages positifs, manuels de bien-être, caisses de remèdes traditionnels de la Frontière et de boissons énergisantes détox s’entassaient, le tout éclairé par des néons blafards qui grésillaient.
__–Tamara passa dans une autre pièce, un bureau de comptabilité, pour le moment désert, avec des montagnes de dossiers et de paperasses diverses entassés… ainsi qu’une belle et grande fenêtre de bureau.
__–« Pearl devrait nous dire où est l’hélico et nous transmettre ses coordonnées. On va les entrer dans l’ordi de, la wingsuit et ça va calculer notre trajectoire. On s’équipe, en attendant. »

*
*__–*

__–Justement, Pearl reçut la réponse de Tamara :
__–« Reçu. On est arrivés, essaye de nous trouver l’itinéraire du convoi. »
__–Pearl entra donc. Elle apparut dans une immense ville, au ciel, quel choix étrange, bleu clair, comme celui qui était projeté dans le Sanctuaire terrestre. Il n’y avait pas de soleil, cependant, le lieu baignait de lumière, de telle sorte qu’il n’y avait aucune ombre projetée par les gratte-ciels. Les murs de béton gris clair et les vitres des immenses immeubles étaient presque aveuglants.

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__–Elle comprit tout de suite qu’elle n’était pas vraiment dans une tenue adaptée. De nombreuses personnes arpentaient cette ville dans la Ville, des hommes et des femmes, tous Blancs, tous en costume cravate ou tailleur rigoureusement identiques, tous rasés et aux cheveux courts ou avec des permanentes qui faisaient très daté, tous avec des petites mallettes très professionnelles.
__–Pearl put se dissimuler dans un coin avant d’être remarquée et comprit quasi instantanément qu’il ne s’agissait pas de personnes, mais bien de programmes. Un immense réseau de bots qui allaient d’un point à un autre, c’était à cela que ressemblait un centre de données dans la SX. Pearl comprit même qu’il serait aisé de les berner : s’habiller comme eux devrait suffire.


Dernière édition par Stilgar le Lun 6 Mai - 23:57, édité 2 fois


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Eelis
Lun 6 Mai - 23:51
(C'est inutilement long pour juste dire qu'Al' suit le groupe, vous pouvez sauter jusqu'à la fin quand il commence à y avoir des dialogues..)

Quand Tamara me répond à propos des armes, je laisse mijoter l’info quelques secondes dans ma tête.

— Hmhm.

Puis je la suis à l’intérieur, parce que je lui fais confiance et que maintenant qu’on est sur le terrain, c’est plus l’heure de pinailler.

Nous voilà donc dans la variante bling bling du repère de punks, où je vous laisse deviner à quel point j’échoue à me fondre naturellement dans l’ambiance. Encore que cette fois, avec la démarche rigide et la tendance à fixer les passants qui s’approchent trop près de moi derrière mes lunettes noires, on peut vaguement me confondre avec un garde du corps zélé comme cette tour en voit passer tous les jours.

Bon, cela dit, garde du corps ou pas, j’essaie de me faire discret devant la sécurité. Non pas qu’il y ait quelqu’un que je reconnaisse ou que Mme Ngwenya m’ait banni du lieu (mais pourquoi ai-je le sentiment que ça aurait pu m’arriver dans une autre vie ?), mais on est sans doute filmés et j’ai du mal à pas m’imaginer les mille façons dont on pourrait nous retrouver dans deux heures, quand ils enverront un code chercher les trois connards en wingsuit qui utilisent des armes biologiques. Je me dis qu’avec leurs moyens, il faudrait pas grand chose pour remonter jusqu’à nos noms et nous faire sauter dans l’heure.

…Je vous jure que j’ai confiance, mais faut croire que j’ai pas à ce point l’habitude de braquer la COSHA — ou pas à ce point l’habitude de jouer dans le camp des voleurs — pour y aller les mains dans les poches.

Mais bref, pour éviter de penser à trop de trucs, j’essaie du profiter du paysage dans l’ascenseur. Je me lance même une partie de ce jeu à la con, vous savez, celui où on pointe du doigt tous les lieux qu’on reconnaît de loin, puis où on cherche sa maison. Mais c’est vite chiant, faut dire ; à part un coin qui s’est encore plus gentrifié, la Ville a pas tellement changé depuis la dernière fois que je l’ai vue de haut. Moins d’une minute plus tard, je me rends compte que j’ai complètement dérivé, et par réflexe commencer à laisser mon regard scruter la foule. Les gamins qui babillent. Les parents qui soupirent. Les vieux qui viennent flâner. Les jeunes qui viennent flamber. Mes observations glissent le long des corps, pour débusquer tous les petits trucs qui m’attirent naturellement : les armes potentielles à la ceinture, les altérations, les prothèses, les vêtements sous lesquels on pourrait les cacher. Après avoir fait un tour complet, j’en arrive à cette conclusion rassurante, qui me susurre que s’il fallait chopper tout le monde dans cette pièce, je saurais sur qui me jeter en premier. Je m’imagine la scène et la retourne, dans sa banalité et sa nouveauté, dans cette impression que les choses vont commencer d’une seconde à l’autre et cette sensation qu’elles ne finissent jamais.

Aussi bizarre que ça paraisse, c’est le genre de jeu qui me calme. Et, en soi, je sais exactement pourquoi. C’est pas le coup foireux qui me rend nerveux, c’est pas non plus la descente d’hier qui me hante. C’est…Juste ce genre de névrose que seule la routine sait ancrer. Elle se barrera pas même si je prends des vacances, alors comme tous ceux qui la connaissent, je fais avec.

Mais bref, recommençons donc à raconter des conneries. Ça tombe bien parce qu’ils en vendent plein là où Tamara nous traîne.

Fort sympathique tout ça, complimenté-je ma collègue, avant de sourire aux deux vieilles qui ont commencé à nous épier quand on est entrés dans leur sanctuaire. Le pire, c’est que si on était pas pressés, j’aurais sincèrement pu en profiter pour prendre une babiole pour l’anniversaire de Violette — au cas où elle se souvient de moi et décide unilatéralement qu’on est une famille proche. À défaut, je suis les filles, jusqu’à ce fameux entrepôt.

Après un tour rapide pour confirmer qu’on est tranquilles, je rejoins Tamara et je lui réponds.

Ça marche. La connaissant, ça veut dire qu’on doit faire vite.

Ce faisant, je récupère ce qui me concerne dans le sac et je pars me caser non loin, entre deux étagères pleines à ras bord de manuels de développement personnel. Maintenant que j’ai en main le fameux flingue et que je sais que je vais m’en servir d’ici quelques minutes à peine, ça m’emmerde vraiment de pas pouvoir le tester avant de l’utiliser en conditions réelles. Le manque d’expérience, ça augmente certes le risque de crever, mais aussi de tuer quelqu’un alors que c’était pas nécessaire, ce qui m’emmerde à peu près autant. Plus qu’à espérer qu’on les fera assez flipper pour se limiter à des tirs de sommation… Et que Vesa ait aussi un minimum de scrupules à tirer sur ses propres collègues, parce que ça m’a pas l’air d’être le genre qui en a en temps normaL;

Sinon, pendant que je me débats avec tous les accessoires et armes à accrocher dans le bon ordre, je pense à un truc assez… Disons, important.

Au fait.
Comment formuler ça sans passer pour un touriste… Oh et puis merde. Le ridicule ne tue pas, une chute dans le vide si.
Je me disais que c’était le bon moment pour préciser que je suis une bille en wingsuit.
J’en ai probablement déjà enfilé une un jour, mais c’est pas tout à fait un truc auquel on nous habitue à la PU. Puis, bon, j’ai des contacts à la DANGER, mais je prends pas des cours du soir chez eux non plus. Bref, si j’ai assez confiance en notre matos pour ne pas avoir peur de tomber à cause de ma carrure, j’en ai pas assez en moi pour l’utiliser correctement du premier coup :
Est-ce que l’une de vous aura deux secondes pour vérifier que c’est bon ?

Et par “l’une de vous deux”, on pourrait croire que j’entends plutôt Vesa, mais ça m’étonnerait qu’à moitié que Tamara me révèle que c’est son dada. Je trouve parfois que les gens ont la personnalité de leur moyen de transport préféré, et puisque même une moto serait trop conventionnelle pour elle, c'est ça ou un genre de dromadaire volant des Monts Vêtus…



(Merci à Ara' pour la super signature ♥)

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Pearl
Ven 24 Mai - 10:09
J'aurais dû demander à Al de me mettre un timer.

Une fois immergée dans cet univers numérique, la notion du temps devenait floue, rendant difficile l'évaluation de la menace. Elle ne pouvait pas déterminer si elle avait encore le temps ou si elle était sur le point d'être prise d'assaut par une bande de gardes en colère. Au moins, cette incertitude la poussait à agir rapidement sans trop s'attarder... enfin, en théorie.

Entourée de programmes uniformes, habillés comme dans un vieux film de la Terre, Pearl se démarquait avec ses couleurs vives et sa coiffure punk. Elle réalisait qu'il serait plus prudent de se fondre dans le décor.

"C'est le moment de se fondre dans le troupeau de moutons," murmura-t-elle.

Elle sortit de sa cachette, ses talons résonnant sur le sol de manière caractéristique. Elle ajusta son apparence pour correspondre à celle des bots environnants, imitant leurs mouvements méthodiques et sans vie. Tout était morne et uniforme ici, dépourvu de toute personnalité. Pour une fois, Pearl, qui aimait habituellement se distinguer, se fondait parfaitement dans la masse. Seul un observateur très attentif pourrait repérer qu'elle était une intruse.

Sa mallette se balançait à son rythme alors qu'elle semblait avancer vers un point précis, cherchant des indices pour la guider vers son objectif. L'adrénaline familière montait en elle, rappelant les sensations de ses escapades à moto où elle appuyait un peu trop sur l'accélérateur. Le danger produisait une sensation unique et enivrante, celle qui faisait battre son cœur plus vite et affûtait ses sens.

Chaque pas qu'elle faisait était calculé, chaque mouvement soigneusement synchronisé avec les bots environnants. Elle savait que le moindre faux pas pouvait la trahir, mais c'était exactement ce type de défi qui la faisait se sentir vivante. Pearl était prête à affronter les obstacles, à contourner les sécurités et à atteindre son objectif, peu importe les risques. C'était pour ces moments d'intensité et d'incertitude qu'elle vivait, et elle n'aurait échangé sa place pour rien au monde.




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Stilgar
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Dim 23 Juin - 0:48
__–Vesa et Tamara se tournèrent vers Al’. Et durent lever les yeux, pour lui envoyer leurs regards incrédules.
__–« Oh ben, mieux vaut le dire maintenant que une fois en l’air, c’est sûr. »
__–Vesa s’assura donc que tout était bien sanglé.
__–« Ah sérieux, la PU quoi… On va faire simple, essayez de rester à l’horizontale, penchez vous trèèèès légèrement sur les côtés ou vers l’avant pour aller dans la direction voulue et quoi qu’il arrive, ne lâchez jamais cette sangle, là. En cas de problème, vous tirez, le parachute se déploie. Votre carrière sera foutue, mais au moins on ne retrouvera pas votre cerveau en petits bouts deux cents mètres plus bas. Quand vous arriverez au niveau de l’hélico, restez bien en-dessous. Au-dessus… Ben il y a ses hélices, quoi. je vous ferais bien un dessin, mais j’ai plus assez d’encre dans mon stylo rouge. Tirez-lui dessus avec ça, dans votre autre main. C’est un grappin magnétique, il vous fixera à l’appareil. Vous pouvez alors tirer cette troisième sangle, qui pendouille à votre cou, pour replier la wingsuit, puis appuyer sur le bouton ici, à la base du grappin, pour vous tracter. C’est bon ? Je répète : sangle de gauche à tirer en cas d’urgence pour une fin de partie sans fin de vie, rester sous l’hélico, lui tirer dessus avec le grappin, sangle du cou, bouton à la base du grappin. Elle se démerde comment, Pearl ? »

__–Bonne question. En inspectant le lieu étrange où elle était, Pearl dut se mêler à la foule. Mais, elle sentait bien quelque chose n’allait pas. D’abord, ce fut un regard furtif, d’une femme en tailleur. Puis un autre, d’un homme en complet veston, accompagné d’un haussement de sourcil. Puis d’un autre, qui cette fois tourna la tête dans sa direction. Puis une foule d’autres. Pearl maintenait un bon rythme de marche, mais elle était observée…
__–Et puis, de la mallette d’un de ces bots, une pile de feuilles sortit et se mit à voleter devant les yeux de Pearl. Des feuilles, qui avec leurs lignes de caractère dessinèrent des bouches, qui se mirent à parler :
__–« Rohlàlàààà ! Regarde-moi comme je suis pleiiiine d’infos compromettantes !
__–Oh oui alors ! Et moi, tu as vu toutes mes données top secrètes ? Tu les as vu comme elles sont bien grosses, bien belles ?
__–Et regaaaaaaaarde cette liste de crimes commis par l’entreprise !
__–Et ces relevés fiscaux truqués !
__–Et ces recensements d’abus du droit du travail !
__–(Il y a un droit du travail ?)
__–(Je n’en sais rien, je ne suis pas juriste.) Mais regaaaaarde toutes ces affaires de corruption commises par des cadres de la Compagnie !
__–Ces tests illégaux !
__–Les miens sont sur des enfants !
__–Tricheur ! Les miens sur des sujets non-consentants !
__–Amateurs ! J’ai les deux ! »
__–Et ainsi de suite. Pearl était véritablement harcelée d’une nuée de paperasses qui lui tournaient et hurlait autour. De plus en plus vite, d’ailleurs, ce qui donnait le tournis… et risquait de l’engloutir sous un torrent de lames acérées, qui déjà entamaient le béton devant et derrière elle…

__–« … Elle rencontre quelques difficultés, mais j’ai confiance en elle. »
__–Répondit une Tamara laconique.


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Pearl
Jeu 11 Juil - 16:53
Ok alors, ça, c’est pas normal, pas normal du tout.

Pour quelqu'un de non habitué à la SX, la scène aurait semblé sortir tout droit de l'imagination débordante d'une personne sous l'influence de substances illicites, bien que brillamment créative. Si elle n'était pas déjà familière avec les bizarreries de cet univers, Pearl aurait pu croire que les donuts offerts par Aldé avaient été saupoudrés de quelque chose de plus fort que du sucre.
Mais ce n'était pas le moment de s'égarer. Elle devait agir rapidement, sous peine de se retrouver réduite en gaspacho. Elle avait déjà quelques entailles causées par des feuilles de papier tranchantes qui virevoltaient dangereusement près d'elle, et la situation s'aggravait à une vitesse fulgurante.

Bon, en gros, je suis dans la sauce.

Attrapant quelques feuilles au passage - parce qu'on ne sait jamais à quoi elles pourraient servir - Pearl se mit à courir. Elle était déjà repérée, de toute façon. Les assauts incessants des bots rendaient la situation intenable, et elle devait trouver un abri rapidement pour se cacher des regards mécaniques et tenter de se ré-infiltrer plus tard.

Elle zigzagua à travers les allées, cherchant désespérément un endroit où se mettre à l'abri. Son objectif immédiat était "simple" : échapper aux assauts, trouver un endroit sûr où elle pourrait reprendre son souffle et… improviser.

Chaque recoin semblait hostile, mais Pearl savait qu'il y avait toujours des failles, des endroits où elle pouvait se glisser pour échapper à ses poursuivants. Elle repéra une petite alcôve sombre à l'ombre d'un bâtiment et s'y précipita, espérant que les bots ne la suivraient pas jusque-là.
"Al, j'espère que tu es en train de trouver une solution," murmura-t-elle, essoufflée, en essayant de calmer son rythme cardiaque. Elle devait réfléchir rapidement et efficacement pour sortir de ce pétrin. "On a besoin d'un plan B, et vite."




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Jeu 11 Juil - 20:28
__–Le chaos provoqué par le système de défense – qui était surtout dans la provocation, les papiers s’avérèrent ne rien contenir d’intéressant – attira l’attention de tous les autres bots. Bientôt, les hommes et femmes en tenues professionnelles firent plus que la fixer : ils se dirigèrent tous vers elle, avec la ferme intention de l’attaquer.
__–Cela dit, Pearl, ou plutôt Al, devina aisément un motif dans leurs attaques. Le retournement agressif vers Pearl s’était produit en vague, une vague qui était partie d’un immeuble. Pas un immeuble particulièrement notable, mais que Pearl avait à présent identifié.
__–Restait à trouver un moyen pour remonter les cinq cents mètres couverts de gens agressifs qui lui fonçaient dessus pour la déchirer à mains nues et de feuilles tranchantes qui voletaient vers elle pour la découper en fine pulpe.


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Jeu 11 Juil - 20:42
"Je t’ai trouvé quelque chose, toutes les attaques viennent du même endroit. Je te montre où c’est."

Ok, menace détectée. Maintenant, il faut atteindre la source du problème, et ce n’est pas gagné. Première étape : se débarrasser de cette tenue ridicule et absolument pas pratique. Pearl changea rapidement d’apparence pour quelque chose de plus fonctionnel, aérodynamique et surtout, PUNK ! Une combinaison noire et verte, agrémentée de pointes métalliques et de motifs néon, s'afficha sur elle. Pour parfaire son équipement, elle ajouta des ailes de libellule - ces bestioles sont incroyablement rapides - et ajusta la taille de son avatar pour rester aussi discrète que possible.
Avec sa nouvelle apparence, Pearl se sentait prête à affronter le torrent d'attaques qui se déversaient sur elle. Elle prit une profonde inspiration, se concentra sur son objectif, et s'élança à toute vitesse vers le bâtiment indiqué par Al, essayant de faire de son mieux pour  virevolter entre les feuilles tranchantes et les robots agressifs.




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Jeu 11 Juil - 21:16
__–Pearl, gracieuse punk ailée et microscopique, s’envola. Aussitôt, les bots humains ne trouvèrent plus personne à attaquer et se mirent à chercher partout, essayer de frapper l’air pour trouver l’insecte. Les feuilles virevoltèrent avec plus de furie encore, pour espérer toucher la petite créature à peine visible qu’ils affrontaient, mais c’était sans succès : Pearl était à la fois trop petite et trop rapide pour être vue ou touchée.
__–Alors, le système de sécurité utilisa sa dernière cartouche. Rien n’est plus craint par les insectes que la pluie. Ce n’allait, cependant, pas de simple gouttes qui allaient tomber sur elle, mais des bris de verre des fenêtres des immenses immeubles qui l’entouraient… puis, tous les gens qu’ils abritaient. Des bombes humaines, qui pleuvaient du ciel, transformant le ciel en un espace démesurément couvert d’obstacles qui tombaient et paraissaient, pour Pearl, encore plus immenses.


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Jeu 11 Juil - 21:40
Rester minuscule était devenu trop compliqué, alors Pearl reprit sa taille humaine tout en conservant ses ailes de libellule pour se propulser plus rapidement si nécessaire. Elle fit également un ajustement supplémentaire en ajoutant un grappin à son équipement.

Sa combinaison était solide, mais les zones dépourvues de protection commençaient à subir les assauts des éclats de verre et des débris. De petites coupures se formaient sur sa main gauche et son visage. L'avancée vers son objectif devint bien plus lente à cause de tous les obstacles qu'elle devait éviter, même si elle était guidée par Al qui lui lançait des instructions telles que "Attention à gauche" ou "Sur ta droite, maintenant".

Pearl utilisait son grappin pour s'accrocher aux bâtiments ou et se propulser d'un point à un autre. Ses ailes de libellule lui permettaient d'ajuster sa trajectoire en plein vol, esquivant les bots. Le vent sifflait à ses oreilles tandis qu'elle naviguait à travers le chaos.

"Al, trouve-moi le chemin le plus rapide et le moins exposé," ordonna-t-elle, sa voix trahissant une concentration intense.

"Je fais de mon mieux, cheffe. Il y a un passage sur ta droite qui semble moins encombré




Pearl : #339933 - Al : #ff3399
Cécilien : #9966ff

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Stilgar
Petit pimousse au rapport !
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Stilgar
Jeu 11 Juil - 22:39
__–Avec une grâce proprement aérienne, doux mélange d’une adrénaline poussée au maximum et des précieuses indications d’Al, Pearl réussit un double exploit : le premier, de sortir de cette pluie mortelle sans subir la suppression de son avatar. Le second, de se prendre, juste avant l’arrivée à une fenêtre de cet immeuble, un corps dans le dos, qui la propulsa par effet de rebond à travers la fenêtre et brisa ses ailes. Je dis un double exploit, car en dépit de la violence de l’impact à l’arrivée, qui la propulsa contre un mur, couvert de coupures de verre et, si elle en avait eu, de nombreux os brisés, à la vue des débris impossibles à identifier de chair pulvérisée et d’élytres en contrebas, les bots conclurent que la menace avait été supprimée et reprirent le cours de leurs activités normales.
__–L’intérieur du bâtiment qu’avait pénétré par effraction Pearl était celui de bureaux tout à fait classiques, avec de grands open spaces mornes. Elle était entrée par les toilettes, qui ne devaient être là que par fainéantise des concepteurs, qui avaient dû copier-coller un modèle d’immeuble sans même en retirer ces commodités inutiles à un programme…
__–Cela dit, elle avait un espace de battement où reprendre son souffle et reprendre son infiltration.


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