Intrigue
Dim 14 Jan - 22:08
Intrigue
Nous postons à la suite tous les changements d'étapes survenus depuis la V12 (qui correspond au lancement des Sables et à l'arrivée dans le Labo, même si beaucoup de choses se sont passées avant), c'est-à-dire les changements de jours et ce qu'ils impliquent. Notez donc que certaines choses concernant l'arrivée des personnages (en particulier dans le premier post) ne sont plus valables maintenant, et que votre personnage rejoignant le groupe dans son présent, il n'aura pas assisté aux évènements décrits ici, même si ils lui seront probablement racontés.
Nous vous conseillons très vivement d'avoir bien lu le sujet sur les cyantifiques avant d'aborder la lecture de ce sujet, sinon vous risquez d'être totalement largués !
Arrivée au laboratoire - Introduction
« Puisque beaucoup de choses ont changé et qu'il convient de les remettre à plat, permettez-nous de résumer le cours des évènements, et par là même de refaire les présentations, afin que chacun d'entre vous aie conscience de la situation présente. »
Nous savons pourtant que cela ne sert à rien. Nous savons qu'ils oublieront, qu'ils ignoreront, qu'ils douteront. Nous savons déjà que tout ce que nous nous apprêtons à dire sera réinterprété par ces quelques esprits qui nous écoutent. Nous relaterons ce qui est et ce que nous avons vécu, mais ils sont déjà hantés par les souvenirs de leur propre passé, par le fantôme de celles et ceux qu'ils ont perdu.
Rien de ce que nous pourrons leur dire ne suffira à en effacer la trace. Et cela n'est pas dans nos intentions.
Malgré tout nous prenons la parole pour donner cette illusion qu'un dialogue est possible.
« Certains d'entre vous vivent peut-être leurs premiers instants dans ce monde, tandis que d'autres - dont nous faisons partie - ne savent plus estimer la durée qu'ils ont pu y passer. La plupart se trouve certainement entre les deux, capable de compter ces jours assez nombreux pour qu'elle ait eu le temps de comprendre où elle est... »
Et trop peu de temps pour apprendre à guérir de ses blessures. Nous sommes si habitués à l'indifférence vis-à-vis des événements qui se succèdent que nous ne pouvons afficher la moindre trace de compassion sur nos visages.
Nous sommes sept à nous tenir devant cette petite assemblée. Un petit groupe, qui fait partie du plus grand ensemble que forment les Cyantifiques.
Vous ne savez pas grand chose sur nos origines, quand bien même nous nous sommes croisés à plusieurs reprises par le passé. Nous avons vécu à l'écart pour mener nos recherches sur l'Esquisse, pour construire nos bâtiments, pour tisser nos propres liens. Certains d'entre nous vous haïssent ou n'ont guère de scrupule à faire de vous les sujets de leurs expériences, sans doute selon une morale et des motivations que vous ne comprendriez pas. Parviendrez-vous malgré tout à percer le motif de nos actions récentes ou de celles à venir ?
« Pour ceux qui font partie de la première catégorie, reprenons les choses un peu en arrière, quand bien même cette histoire n'est pas la vôtre. »
Un jour parmi tant d'autres, dans une Esquisse paisible qui a disparu des souvenirs, une Tempête a déferlé. Ceux qu'elle a épargné, et ceux qui sont arrivés après elle, ont trouvé refuge dans deux lieux distincts, la Base et la Ville. Nous connaissions bien la Base, puisque nous avons participé à sa création. Vous, qui êtes ces survivants, avez profité des armes à votre disposition et avez réussi à survivre, en quelque sorte, pendant une dizaine de jours.
Puis, ce que vous appelez le "Jour 13" est arrivé. C'est ce jour-là que nous sept avons fait votre connaissance, au sommet d'un phare où nous avons décidé de trahir nos frères et soeurs, tels que nous pourrions en quelque sorte les considérer. Nous les avons laissés et nous sommes repartis avec vous, alors qu'ils vous proposaient de les aider pour un acte que vous auriez sans doute regretté, car vous l'auriez exécuté sans en saisir ni les enjeux ni les effets. Pour certaines raisons, nous ne voulions pas laisser cela arriver.
Certains d'entre vous ont certainement remarqué le soin que nous avons pris à ne pas vous en dire plus que nécessaire, ou à rester évasifs sur un certain nombre de questions. Cette position se justifie. Dans votre intérêt, il vous est nécessaire de vous focaliser sur la survie de votre groupe et l'amélioration de vos conditions de vie. C'est pourquoi, au Jour 14, nous vous avons prévenus qu'une attaque sur votre Ville était imminente. Parce que vous n'étiez pas prêts. Dénués d'organisation, inaptes au combat, dépendants des ressources que nous avions accumulées dans la Base il y a longtemps, ignorants à propos de tout ce qui se trouvait autour de vous.
Notre décision de vous prêter main forte peut sembler pour certains être de la compassion, pour d'autres un moyen de servir un but qui va contre votre intérêt. Dans les faits, nous sommes vos seuls alliés face à l'Esquisse et face aux autres Cyantifiques, qui pour certains profiteraient sans mal de votre situation pour précipiter votre destruction.
Mais peu d’entre vous ont su l’admettre, et autant ont prêté attention à nos discours quelle qu’ait été la formulation. En dépit des efforts que nous avions fournis pour vous faire prendre conscience du problème, vous avez passé les quelques jours suivants dans ce que nous pourrions qualifier d'oisiveté, plus préoccupés par vos conflits internes que par votre unité, ou bien captifs d'une peur qui vous paralysait. Vous vouliez faire de cette Ville un endroit où vivre, un foyer à partir duquel vous partiriez explorer l'Esquisse. Tandis que nous vous laissions faire, nous préparions un autre évènement qui était pour nous inévitable.
Notre départ.
En nous rattachant à vous, nous n’avions pas l’intention de nous installer de façon permanente dans cette Ville en ruines.
« Ce jour n'était pas censé arriver si tôt. Pourtant, comme vous devez déjà le savoir, il est déjà derrière nous. Mais il n'aurait pas dû se dérouler ainsi… »
Il serait en réalité faux de dire que nous n'avions rien vu.
Faux de dire que nous n'avions rien prévu.
Cependant, il est préférable de minimiser ce fait, ne serait-ce que parce que vous risqueriez de nous accuser de ne pas avoir empêché le cours des évènements. Et donc de vous avoir laissés mourir.
Et quand bien même vous nous demanderiez des justifications, aucun mot de notre part ne se substituera à ce souvenir.
Au jour 16, la Base a été visitée par les gargouilles qui juste là vivaient dans le Centre Commercial de la Ville. Des Objets animés, mais inoffensifs en apparence, auxquels certains ne prêtèrent pas d'attention particulière. Ce n'était que le début d'une suspicion montante, présente jusqu'à ce que tombe la nuit, en fin de Jour 17.
Tout d'abord, il y avait eu ce tremblement discret qui ébranlait le sous-sol de la Base et se propageait plus discrètement aux étages supérieurs. Les fondations du bâtiment étant instables, il fallait prendre la menace avec sérieux, et surtout en identifier la source. Ceux que le sommeil n'avait pas étreint se réunirent pour débattre sur l’attitude à adopter, mais les opinions eurent à peine le temps de s’opposer qu’apparut à l’horizon la réponse à leur question.
De loin, il ne s'agissait que d'un point qui avançait paisiblement vers la Ville. Un grain qu'on aurait pu confondre avec une illusion, un petit Objet, ou simplement un cil dans l'oeil. Lorsqu'il fut à portée de vue, pourtant, ces hypothèses volèrent aussitôt en éclat.
C'était une masse géante, ronde et bleutée. Grande au point d'amener l'ombre sur la Ville et ses bâtiments brisés, qui semblaient s'affaisser devant la menace. Un titan qui roulait lentement, sans égard pour ce qu'il écrasait sur son passage, fut-ce la Base.
Aux alentours, les Objets étaient sortis des bâtiments et angles morts dans lesquels ils se cachaient habituellement. Leur attitude était captivante, effrayante, absurde, pareille à celle de sujets s'inclinant devant leur roi, ou d’animaux fuyant le cataclysme, silencieux et tournés vers la masse, sans redouter le sol tremblant.
Cela ne dura pas longtemps.
Brusquement, le premier choc, à l'autre bout de la Ville, se fit entendre. Un bâtiment s'effondra, et ses ruines ne suffirent pas à stopper le géant qui continuait de s'avancer jusqu'à le recouvrir. Plus le son se répandait, plus la panique sembla gagner les esprits et les Objets, qui se mirent alors à déambuler dans tous les sens, tandis que les vibrations s'intensifiaient. Le silence laissait sa place au chaos.
Impossible de dire s'ils cherchaient à fuir ou s'ils avaient décidé à l'unisson d'en finir avec la Ville. Seule certitude, ce qui ne serait pas détruit par cette masse le serait par les Objets, ou bien lorsque la Ville s'effondrerait sur elle-même et entraînerait tous les bâtiments dans ses sous-sols.
« Nous avions préparé un véhicule, qui n'est autre que le camion dans lequel nous sommes arrivés jusque là. Avec les ressources que nous avions rapportées et ceux d'entre vous qui nous ont suivi et ont pu échapper aux Objets, nous sommes partis à la tombée de la nuit. »
Vous avez vu la Ville se dérober sous vos yeux, tandis que certains noms manquaient à l'appel. Il est vrai que nous vous connaissons peu, au point de ne pouvoir ni rédiger, ni estimer la longueur de cette liste. Puisque nous ne pouvions arrêter cet évènement, nous avons simplement fait en sorte de sauver les nôtres, puis de proposer à ceux d'entre vous qui le pouvaient encore de nous suivre.
Nous sommes conscients que vous n'avez en réalité, s'il vous restait un minimum d'esprit, pas pu choisir autrement. Rester signifiait mourir. Fuir ailleurs signifiait errer en comptant sur la providence. Nous avions le moyen de transport et la destination.
Cinq jours se sont écoulés.
Les plaines qui environnent la Ville sont longues et vides. Des étendues d'herbe, de terre et de sable qui se succèdent semblent relier de façon aléatoire divers lieux anéantis de l'Esquisse. Comme si les Objets eux-mêmes avaient abandonné cet endroit, ils y sont moins nombreux, mais la fatigue et l’usure font d’aussi redoutables antagonistes, et le voyage n’a été d’aucun répit. Trouver et tracer son chemin dans ce monde et dans ces conditions relevait à première vue de l’impossible, et il est probable que nous ayions mis plus de temps que nécessaire à y parvenir, mais nous avions une destination, des phares pour nous éclairer dans la nuit, et quelques indices qui nous permettaient de nous repérer. Sur ce plan-là, vous étiez contraints de nous faire confiance à nouveau, mais nous étions au même niveau sur bien d'autres.
Nous avons partagé, ensemble, les ressources de manière à ce qu'elles ne manquent pas avant d'être renouvelées lors de nos escales. Nous avons roulé entre le silence pesant, les cris étouffés, les quelques discussions qui permettaient de détendre superficiellement l'atmosphère et nos armes qui quelquefois combattaient les Objets. Notre route croisait parfois celles de voyageurs perdus ou de jeunes âmes en découverte de l'Esquisse, qui pour certains se joignaient à nous. Cela ne faisait que rajouter quelques inconnus, au milieu de personnes qui elles-mêmes ne se connaissaient pas vraiment. Des visages, une poignée de noms, parfois même une vague ligne pour résumer les histoires de chacun. Et pourtant nous partagions le même sort.
Les choses sont-elles bien différentes maintenant que nous sommes arrivés à destination ? Quelque chose est-il susceptible de changer depuis que nous sommes arrivés devant ce bâtiment dégarni, aux allures de laboratoire abandonné duquel n'émane que le souvenir d'un lointain passé pour certains, de mystères dévastés pour d'autres ?
« Cet endroit est celui que nous occupions avant cette Tempête, qui nous a contraints de nous déplacer. Bien qu'ayant subi des dommages, il nous permettra d'accumuler des ressources tout en garantissant notre sécurité. Par ailleurs, nous pourrons utiliser les informations que contient ce lieu, afin notamment de déterminer et de préparer le départ vers notre prochaine destination. »
Combien de jours verrons-nous passer entre ces murs ? Nous n'en sommes nous-mêmes pas certains. Les ressources du laboratoire ne sont pas une raison suffisante pour s'y éterniser ou pour espérer y reconstruire quoi que ce soit.
« Nous projetons de quitter cet endroit dès que nous aurons retrouvé ce que nous y cherchions, rassemblé quelques ressources supplémentaires et restauré un semblant d’organisation dans la communauté. »
Sans quoi nous ne parviendrons à rien. Nous sommes encore trop loin de ce que nous cherchons. Trop loin pour agir, trop loin pour engendrer ou pour empêcher quoi que ce soit. Et bientôt, il sera également trop tard pour y parvenir. Pour l’instant, nous n’avons pas plus que vous les moyens de sortir d’ici ou de mettre un terme à ce calvaire. Nous ne pouvons qu'attendre et vous laisser embrasser l'illusion en doutant de nous, incapables de comprendre pourquoi le silence est pour l'instant la seule réponse que nous pouvons vous apporter, dans votre intérêt comme le nôtre.
Si vous acceptez cela, si vous parvenez à fermer les yeux et à nous suivre encore quelques temps, peut-être vous donnerons-nous des réponses ou les moyens d’en concevoir par vous-mêmes.
Explications
Ces petites explications visent à clarifier ce qui s'est passé et les points essentiels à prendre en considération lors de la création de vos personnages. Elles seront divisées en trois étapes, dans l'idée que vos personnages peuvent être arrivés pendant l'une de ces trois périodes.
Avant l'exode
Concernés : tous les personnages qui étaient présents à la V11 (*clin d'oeil aux anciens membres*) et tous ceux qui seraient arrivés avant le Jour 18.
Résumé rapide : Les personnages vivaient dans la ville ou dans la Base avec les cyantifiques rebelles, jusqu'à la nuit qui a suivi le Jour 17. Un petit tremblement de terre a alerté ceux qui étaient réveillés, jusqu'à ce que, progressivement, tout le monde étant à peu près dans les environs soit averti. Assez rapidement, la cause se trouve être une "boule" géante et mobile qui a commencé à ravager la Ville. Les fondations de la Ville étant instables (risque d'écroulement total) et les Objets complètement affolés (ou enivrés, selon l'interprétation) par la situation, la meilleure solution était de préparer le départ, afin de ne pas risquer de mourir avec la cité en ruines…
Le départ a eu lieu à la fin du Jour 18, ceci afin de laisser le temps aux cyantifiques de rapatrier un peu de monde vers le véhicule qui a permis leur fuite (et qu'ils avaient préparé à l'avance, car anticipant de quitter un jour la ville) et surtout d'aller chercher quelques ressources pour survivre en route.
Parmi les ressources emportées, on compte quelques armes, de la nourriture récupérée dans la Base et des objets utiles (récipients divers, couvertures, matériel de premiers secours et d’exploration…). Il est possible que votre personnage ait emmené ce qu'il jugeait personnellement utile ou important, dans la mesure du raisonnable (un petit sac, par exemple).
Pour aller chercher ces ressources, il vous aura probablement fallu éviter, combattre les Objets, vous épuiser en courant, vous écorcher en glissant… Les blessures les plus superficielles sont rapidement parties, mais il est possible que votre personnage conserve (ou non) des traces de ces affrontements.
En plus des séquelles physiques éventuelles, les séquelles psychologiques sont importantes à considérer. Beaucoup de personnes sont mortes, soit de façon explicite (tués sous vos yeux par un objet…) soit de façon implicite (disparus dans le chaos de la scène, et pas présents au départ…), dont certaines que vous connaissiez probablement de près ou de loin. L'évènement a été difficile à vivre et le départ s'est fait dans une ambiance particulièrement pesante.
Voyage et arrivée au labo
Concernés : Tous les personnages arrivés avant le jour 18 et ceux qui ont été recueillis sur le chemin du laboratoire.
Résumé rapide : Les personnages embarqués dans le véhicule des cyantifiques traversent les plaines hostiles de l’Esquisse en direction de leur vieux laboratoire. Sur le chemin surviennent quelques péripéties mineures : ils affrontent quelques Objets, invitent plusieurs dessinateurs errants à se joindre à leur groupe, récupèrent des choses utiles par-ci par-là, etc.
Le voyage a duré cinq jours, de la nuit du Jour 18 jusqu'au jour 23.
Le véhicule dans lequel s'effectue le voyage est une sorte de grand camion. Il est conduit par les cyantifiques, qui se relaient tout en surveillant l'éventuelle apparition d'objets, tandis que les personnes se regroupent à l'arrière, s’asseyant sur les quelques sièges restants, des caisses, des sacs rembourrés ou des objets lourds, voire à même le sol si nécessaire. Le moyen de propulsion du véhicule repose sur la combustion d’un mélange de sable et d’encre traité selon un procédé connu seulement des cyantifiques. Si le sable est une matière première facile à se procurer, l’encre sera une ressource plus périssable qu’il vous faudra régulièrement récupérer au cours des quêtes.
Au cours du voyage, les dessinateurs, pour la plupart en état de choc, sont menés à reconsidérer leur estime envers les cyantifiques. Le fait d’être confrontés à eux pendant plusieurs jours d’affilée pour ceux qui les évitaient jusqu’ici et leur implication dans l’organisation de ce départ sont autant d’arguments pouvant peser des deux côtés de la balance pour les dessinateurs les plus dociles comme les plus récalcitrants.
Et maintenant…
Concernés : Tous les personnages.
Résumé rapide : Vous êtes arrivés au laboratoire à la fin du Jour 23, peu avant que la nuit ne tombe. Quelques discussions rapides ont pu être échangées entre deux déchargements, et vous avez pu commencer à investir les lieux. Afin de résumer la situation, les cyantifiques ont fait une rapide réunion d'information, bien que la relation avec eux soit toujours ambigüe.
Comme ils l'ont annoncé, le laboratoire n'est qu'une escale et le voyage reprendra sitôt que "le plein" aura été fait vis-à-vis de plusieurs ressources (comme la nourriture, les armes, mais pas que) et que l'organisation se sera améliorée.
Afin de vous faire participer et visualiser l'avancement en temps réel de ces ressources, cette partie de l'intrigue se présente sous la forme d'une Quête principale qui est en quelque sorte un "tableau de bord". Le sujet se trouve par ici et sa lecture est indispensable ! (ainsi que, si cela n'est pas déjà fait, le sujet concernant le système de jeu.)
Pour la description précise du laboratoire et des informations connues à son sujet, nous vous invitons à lire ce sujet. Sa prise en compte en RP est également essentielle.
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Folie d'Esquisse
Mer 31 Oct - 17:35
Fin du jour 23
Le Jour 23 est fini.
Le ciel s'est éteint et les cristaux qui décorent les plafonds du Laboratoire scintillent. Un cyantifique qui stagnait dehors rentre, prévient les autres, qui n'avaient pas vu la différence dans leurs salles déjà noircies par l'ardoise, et pousse un long soupire.
Le Jour 23 est fini.
La nouvelle passe mais ne fait aucun bruit. Aux rotations des roues ont depuis longtemps succédé celles des têtes, de pièce en pièce et de doute en doute, chez les perdus qui n'ont plus d'autre vocation que celle de tourner en rond. Puisque le mouvement est connu, la lumière n'est pas nécessaire pour l'éclairer, et l'on accueille la nuit comme un postier qui ne délivre rien, et surtout ne délivre de rien.
Le Jour 23 est fini.
L'organisation est rapide, l'installation sobre. Dans le camion, dans une pièce ou ailleurs, les lieux sont plus nombreux pour dormir, mais toujours aussi froids, impersonnels et inconfortables. Le coin du feu n'existe pas, et l'on étouffe les étincelles par un silence lancinant. Que va-t-il se passer ? Qu'y a-t-il à trouver en ce lieu ? Qu'y a-t-il à trouver au-delà ? Se réveiller aura-t-il seulement un sens ?
Le Jour 23 est fini.
Et les yeux se ferment, entraînant avec eux les rideaux de la Scène dont les didascalies ne peuvent promettre le moindre repos.
*
Explications
Le Jour 23, qui durait depuis le début de la V12, tire sa révérence ! C'est le moment idéal pour faire un petit bilan des résultats de vos actions en ce jour, avant de donner quelques explications/règles sur la fin des RPs et la courte ellipse que constitue la nuit/fin de soirée… et de vous proposer un petit jeu facultatif. C'est parti !
Bilan
L'exploration du Laboratoire a commencé, entraînant la découverte de nombreuses pièces, que ce soit au rez-de-chaussée (Infirmerie, Stockage, Toilettes) ou au premier étage (deux bureaux), et de quelques objets (dont les lunettes du swag, une boussole que vous avez cassé, une blouse d'hiver, une araignée géante et d'autres choses non moins palpitantes). En conséquence, vous avez gagné en information ; du néant, vous êtes passé à la désinformation, comme vous pouvez le constater sur le sujet de la quête principale, qui a par ailleurs été mis à jour. Le plan du laboratoire a lui aussi intégré vos dernières découvertes.
Outre la quête de fouille, qui consistait à fouiller, la quête concernant l'arrière du Laboratoire a été accomplie par Médor et Adeline. Les MJ ont beaucoup pleuré, et certains points restent encore un peu flous, mais on a vu Watson alors que demander de plus ? Plus de quêtes vous attendent au réveil, dont certains en réaction à ce que vous avez fait (ou pas fait) ce jour-ci, alors préparez-vous !
La transition entre vos RPs et le Jour 24
Vous êtes libre de terminer vos RPs encore en cours (dans la limite du raisonnable, attendez pas la fin du Jour 24 pour terminer), mais, et ce à partir du moment où les RPs seront lancés au jour 24, il ne sera plus possible de découvrir de nouvelles salles ou des objets, ou plus généralement de faire quoi que ce soit qui risquerait de rendre incohérent ce bilan et/ou la suite. Ceci était une autre façon de dire "Pitié, ne cassez pas l'intrigue".
Entre vos RPs et le moment où votre personnage dormira (s'il dort), vous êtes aussi libre d'imaginer ce qu'il a fait, s'il a mangé et l'endroit où il a dormi. En particulier, votre personnage peut avoir dormi dans le camion, dans une pièce déjà connue (infirmerie, salle de réunion…), dans un couloir, à la belle étoile… comme vous le souhaitez, du moment que c'est plus ou moins cohérent avec les versions des autres. Ce sujet a été créé pour que chacun vienne dire ce qu'il en est pour son personnage, notamment si vous souhaitez imaginer que, par exemple, Canvas et Kaoren ont fait une soirée pyjama dans le camion, ou que Médor a mangé la jambe d'un autre dessinateur pour se brosser les dents, avec l'accord du joueur en face.
En complément, et parce que c'est drôle, nous mettons à disposition une petite animation express, qui vous permet de lancer des dés pour générer aléatoirement une situation qui serait arrivée à votre personnage à la fin du Jour 23, afin de pourquoi pas vous donner d'autres idées, gagner un objet ou créer une interaction avec un autre personnage.
Notons au passage qu'une des jauges de ressource (Besoins essentiels, aka la nourriture) a baissé, passant du stade "Insuffisant" à "Pénurie". En d'autres termes, c'était déjà moyen, mais vos personnages s'endormiront très probablement avec l'idée en tête qu'il va rapidement falloir trouver quelque chose à grignotter dans le Laboratoire, au risque de devoir se manger les orteils.
Maintenant que nous en avons fini, vous pouvez aller rêvass…. lire la suite ! Le Jour 24, tout frais tout beau, vous attend pour de nouvelles aventures, et ça se passe… à la suite ! (oui, j'admets, c'est redondant)
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Folie d'Esquisse
Mer 31 Oct - 17:38
Lancement du Jour 24
Jour 24.
L'air est lourd et teinté de noirceur, mais le silence dans lequel vos yeux papillonnent pour entrevoir l'Esquisse vous susurre qu'il ne semble pas y avoir de danger imminent. Enfin, pas d'autres dangers que ceux qui vous ont suivis jusque là.
Ces dangers, ce sont certes les Objets qui pourraient être n'importe où, mais aussi d'autres problèmes beaucoup plus élémentaires et anodins. Ces problèmes qu'on ne mentionne pas quand on parle de l'Esquisse, parce qu'on parle toujours du ciel mauve et des fourchettes qui parlent, et qui sont pourtant bien plus à craindre qu'Elle lorsqu'ils se manifestent.
Aujourd'hui, votre ennemi est la faim.
Il y a certes de quoi rassasier tout le monde pour ce jour, mais il n'y a plus besoin de faire confiance aux cyantifiques pour comprendre que les réserves se vident. Et pas non plus besoin d'être coopératif pour comprendre les vertus de l'exploration du Laboratoire. L'évidence va-t-elle suffire à rassembler ceux qui n'ont ni idéaux, ni perspectives, ni bataille à mener ? Ou préféreront-ils être emportés à nouveau, laisser les jours couler ?
Aussi ironiques et fébriles puissent être ses traits, aussi noire puisse être son encre, le pinceau vous appartient toujours… Et il continuera de tracer, quelle que soit la direction dans laquelle vous l’emmènerez.
Mais que le silence ne vous berne pas.
Quelque chose pourrait bien être en train de s'écrire dans l'ombre de la Scène…
D'ailleurs, où sont passés les cyantifiques ?
Explications
Le jour 24 est lancé ! Avec lui, la fouille et les déboires déjà débutés au Jour 23 reprennent, modulo le petit roupillon qui aura pu - ou non - changer les idées à vos personnages.
Afin de vous laisser partir vers l'une ou l'autre des directions possibles, il n'y aura pas vraiment d'évènement majeur qui vous sera imposé, la journée fonctionnera plutôt sur une sorte de système de quêtes qui vous permettront d'avoir un impact sur tel ou tel aspect de la situation. Vous pourrez donc continuer la fouille pour trouver des pièces stratégiques, aller taper de l'Objet, découvrir comment fonctionne la lumière dans le Labo, analyser des objets déjà trouvés pour découvrir leur utilité.. ou encore aller voir ce que les cyantifiques semblent être partis faire de bon matin. (Retrouvez tout ici) Enfin, bien sûr, vous pouvez aussi faire ce que vous voulez en-dehors des quêtes, éventuellement à vos risques et périls
Sur ce, nous espérons que ces changements vous plairont et que vous trouverez chaussure à vos pieds parmi tout ça ! Les quêtes proposées actuellement ont, pour certaine, vocation à avoir une suite, et d'autres quêtes (donc possibilités d'en apprendre plus ou d'agir) pourraient bien apparaître au fil du jeu.
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Folie d'Esquisse
Mer 6 Avr - 23:44
Note pour les invités et nouveaux joueurs : Plus encore que les précédents, ce long post (qui essaie de clore un RP important du jour 24, résumer les avancées majeures de la journée et amorcer la suite, rien que ça) pourra paraître assez dur à comprendre et peu digeste, malgré nos efforts pour le rendre accessible. Si ce n'est pas déjà fait, pensez à lire le sujet sur les cyantifiques pour comprendre un peu mieux ce qui se passe.
«C'est juste ici. »
Suivi par Isolde, Kaoren et Al, Hertz avait fait quelques pas dans le couloir central puis ouvert l'une des portes situées à gauche de l'infirmerie.
La salle d'analyse.
C'est ainsi qu'il avait présenté cette pièce toute en longueur, jonchée de débris de verre en tout genre, dont l'anarchie suggérait vivement que quelque chose avait mal tourné et que les auteurs de ce "quelque chose" n'avaient pas pris - ou pas pu prendre - la peine de ranger.
Hertz longea la grande table et le matériel d'optique qui y trainait un peu partout - en plus du verre. Prudemment, il se dirigea vers le fond de la pièce, où se tenait une curieuse construction qui, sitôt remarquée, accaparait l'attention.
C'est ainsi qu'il avait présenté cette massive et rougeoyante pierre entourée d'un anneau composé, d'une part, de filtres de couleurs arrangés en dégradés, et d'autre part, de graduations semblables à celles d'un mètre. Autour étaient disposés plusieurs rubans, eux aussi organisés de la même manière, quoi que plus limités dans leur gamme de couleurs.
«Dans le Laboratoire comme dans d'autres lieux importants, nous avons des horloges stationnaires sous cette forme. »
Il sortit de sa poche sa minutite, ainsi qu'un ruban gradué.
«Parmi les imprécisions du système de mesure, les voyages dans l'Esquisse… »
S'en suivit une longue explication, trop technique pour être pleinement comprise, qui décrivait les imprécisions du système de datation des cyantifiques. Puisqu'en divers points de l'Esquisse, et en particulier dans les Tempêtes, le temps - ou du moins, sa mesure par les minutites - pouvait se décaler par rapport au reste de l'Esquisse, il était intéressant de retourner harmoniser sa mesure avec celle, théoriquement restée inchangée, de l'une des horloges centrales. On notait la dernière horloge centrale utilisée pour référence, et on comparait parfois les horloges centrales entre elles pour attester d’éventuels décalages et en tenir compte dans les documents. Certains cyantifiques s’étaient passionnés pour ce système et se servaient des imprécisions comme point de départ pour élaborer des théories plus générales sur le temps et l’espace.
Entre les lignes, vous deviniez que Jupiter, Mars, ou encore Vénus étaient centrales, là où les minutites individuelles, lorsqu'elles portaient des noms, prenaient ceux d'étoiles et d'astéroïdes. Les noms des cyantifiques n’étaient ainsi pas la seule chose qu'ils semblaient avoir repris de la Terre dont ils doutaient pourtant l'existence.
«Si vous avez des questions... », conclut Hertz, après avoir expliqué comment, en superposant un ruban ajusté à sa minutite, on obtenait une approximation du jour et que l'harmonisation consistait basiquement à régler la concordance entre les deux versants du ruban gradué de sorte à ce que le résultat pour le jour en cours corresponde à celui de l'horloge indépendamment de leur couleur.
«Si vous avez des questions, ce sera demain ! »
À l’autre bout de la pièce, Dalton s’était discrètement faufilé par l’ouverture, sans doute entre deux explications monocordes.
«La boutique va bientôt fermer » bâilla-t-il.
Il s'approcha d'Isolde et lui tendit une petite pierre, dont elle pouvait sans mal identifier la nature.
«Si l'un de vous veut essayer, c'est la maison qui offre. »
Sans égard pour la réponse, il se dirigea vers Hertz. Ils échangèrent quelques messes basses, et les deux hommes commencèrent à se diriger vers la porte. Avant de passer le pas, il tourna la tête vers les trois rouquins.
«Faites de beaux rêves~ »
À l'instant où il prononça ces mots, la nuit s'abattit brusquement par-delà la petite fenêtre de la pièce.
Le temps de constater le changement, les cyantifiques avaient quitté la scène.
Le rideau, cependant, était loin d’être tombé sur le Jour 24.
Un groupe pour sortir de l’Esquisse.
D’une idée lancée pour créer une unité face aux cyantifiques lors de la réunion, le projet avait pris, par les efforts de Rosalina et de tous ceux qu’elle avait consultés ou envoyés relayer les informations, une certaine importance. Par un premier vote, les Dessinateurs avaient choisi de s’assembler, au gré des quelques incertains, dissidents et amnésiques qui ne connaissaient pas la Terre qu’ils étaient supposés retrouver. Mais un groupe n’est rien sans une forme d’organisation, et ce premier résultat n’était qu’un point de départ pour commencer à réfléchir à d’autres choses. Rosalina avait ainsi lancé un second vote pour élire celui qui serait le chef de cette structure naissante, en renonçant elle-même à cette position que certains la voyaient pourtant si apte à occuper.
Peu après la tombée de la nuit, les résultats étaient tombés. L’annonce avait été faite après le repas préparé par Agate, devant tous ceux qui avaient bien daigné répondre à l’appel de la démocratie - ou de leur estomac.
La voix ferme de Rosalina annonça un nom. Une silhouette féminine se leva et prit place à côté d’elle.
Nul dans cette pièce n’ignorait le nom de celle qui, quelques minutes plus tôt, leur avait montré sa cartographie des lieux et les avait interrogés sur les objets trouvés. Nul n’ignorait cette voix bègue, jadis celle d’une enseignante brillante et passionnée, devenue celle d’une Dessinatrice qui avait d’elle-même pris en charge une bonne partie de la réunion et de l’organisation du groupe.
Si l’assertivité de Rosalina pouvait s’effacer derrière qui que ce soit, ce serait derrière Isolde. La vendeuse d'armes reconvertie en reine-sorcière comptait-elle simplement se retirer, ou prendre le rôle de l'éminence grise ? Quel genre de chef serait Isolde, et quelle impulsion donnerait-elle ? Le groupe parviendrait-il seulement à résister, non seulement à l'Esquisse et aux multiples dangers qui avaient sans doute déjà emporté Mérovée et Bernard Scrutin, mais aussi aux conflits et problèmes internes qui risquaient - parfois littéralement - de le dévorer ?
En se donnant une unité, les Dessinateurs avaient fait un pas en avant.
Ils devaient maintenant réussir à tenir sur leurs propres jambes, car la route était longue et personne - pas même ceux qui étaient convaincus de l'existence d'une sortie - ne savait clairement là où elle allait les mener.
Un vent clair soufflait sur l'Esquisse engloutie par la nuit, emportant avec lui quelques feuilles arrachées aux arbres penchés autour du Laboratoire.
Pour certains, ce serait le premier tête à tête avec le ciel noir qui ne se laissait percer par aucune des fresques habituelles qui égayaient le jour. Une obscurité qui n'accueillait pour seule source de lumière que les rares lueurs qui s'échappaient de quelques pièces dans lesquelles le sommeil ne s'était pas encore complètement installé. Certains Dessinateurs avaient décidé de monter la garde en anticipation de la menace qui pouvait venir de l'extérieur, mais aussi de celle qui demeurait dans les quelques couloirs encore inexplorés, tandis que d'autres s'étaient contentés de prendre possession des dortoirs pour y trouver, le temps de la nuit, un confort temporaire. Les cyantifiques, quant à eux, avaient profité de l'effervescence autour du repas et de la démocratie esquisséenne naissante pour s'effacer progressivement.
«Hmm… »
Dalton marchait à reculons à l’extérieur du Laboratoire, la main en visière.
«On ne voit vraiment pas le toit d’ici. Dommage. »
Son regard se perdit un instant dans le noir, puis redescendit pour croiser les iris cyans de Hertz, dont il devina la question.
«Je voulais voir si quelqu'un était en train de chercher la lune. Je me suis toujours demandé si les nouveaux faisaient ça. »
Mécaniquement, son interlocuteur leva la tête. Il tenta de s'imaginer, peint sur le firmament sombre, une structure blanche qui prendrait la forme d'un disque ou d'un croissant selon les jours. L'image lui paraissait à la fois étrange et intrigante, surtout lorsqu'il essayait d'y ajouter des points blancs scintillants de part et d'autre.
«Pourquoi est-ce qu’ils la chercheraient ?
-Pourquoi pas ? Lorsque nous avons perdu la Ville, notre premier réflexe a été de chercher le Laboratoire.
-Il y a quelque chose là-bas ?
-C'est un repère.
L’homme au chapeau tourna le dos, fit quelques pas, s’étira et commença à s’éventer nonchalamment avec son couvre-chef.
«Je suis épuisé… », maugréa-t-il.
Derrière lui, Hertz hésita quelques instants, sans savoir quoi ajouter. Il replongea le regard sur ses notes, qu’il ne pouvait en réalité qu’à moitié lire. Sur ces pages s’entremêlaient des mots-clefs vaguement interconnectés, renouant avec ses souvenirs encore vivaces pour lui rappeler toutes les questions d’Isolde, de Rosalina et de tous ceux qui avaient participé à la réunion. Une toile de souvenirs entortillés qu’il associait aussitôt aux nombreuses réponses qu’il avait tenté de formuler, et dont aucune ne leur avait paru satisfaisante.
«Elle était marrante cette réunion. D’ailleurs, si c’est pour finir comme ça, on devrait déclencher des Tempêtes derrière le Laboratoire plus souvent… »
Dalton avait posé le doigt sur la première corde sensible. La journée avait commencé par ce qui pourrait être considéré comme une erreur tactique majeure. Alors qu'il avait pris la décision, avec l'accord mitigé du groupe, de ne pas tenir les Dessinateurs au courant de leur objectif principal et des moyens qu'il comptait mettre en œuvre pour y parvenir (dans la mesure où ces points ne les concernaient pas), ceux-ci avaient fait irruption au milieu d'un contrôle de routine et failli provoquer une situation dangereuse pour les deux groupes. S'en étaient suivies des revendications cinglantes, dont il n'avait compris ni la force, ni les enjeux, et auxquelles il avait tenté de répondre par l'explication qui lui semblait la plus claire et la plus cohérente - à savoir son choix de ne pas les impliquer. Il leur avait par la suite proposé une réunion, sans doute autant dans le but de les éloigner du danger que de leur tenir une énième fois son discours habituel, en espérant qu’ils finiraient par le comprendre.
Il ne saurait dire si les événements qui s'en étaient suivis l'avaient fait trahir ces attentes initiales ou si elles marquaient le début d'un changement de perspective bénéfique. À mesure qu'il avait compris que ni ses réponses, ni ses questions, n'étaient celles que poursuivaient les personnes en face de lui, il avait fini par trébucher sur ses propres incertitudes, comme autant de fils tendus qui avaient achevé de faire de sa prise de notes une course d’obstacles effrénée. Le résultat aurait certainement été pire si Watt n'avait pas été là pour prendre le relais. Mais même celui-ci ne pouvait pas lui dire si leurs paroles avaient répondu de quelque manière aux attentes des Dessinateurs, ou si elles avaient changé quoi que ce soit à l'insatisfaction qui semblait les animer depuis que les deux groupes se côtoyaient.
Hertz ne savait à vrai dire pas lui-même quelle importance avait cette insatisfaction pour les cyantifiques, puisqu'ils ne cherchaient ni à la comprendre, ni à la résoudre. Tout comme l'insatisfaction des cyantifiques envers les Dessinateurs transparaissait ici et là sans jamais être la source d'aucune réflexion, ni d'aucun débat. Une part de lui s'attendait à ce que rien ne change et à ce qu'aussitôt le jour levé, les mêmes grognes retentissent de part et d'autre de ce conflit insoluble. Son autre part, celle-là même qui relisait, en pleine nuit, des notes dont le sens s'était lentement effilé, s'enlisait dans l'incertitude et dans le souhait, à peine vraiment utile, de trouver les mots qui apaiseraient les deux camps.
Il leva la tête vers Dalton. Lui aussi avait été présent. Il avait toujours eu l'air de mieux comprendre ce que les Dessinateurs attendaient d'eux, mais sans jamais le suggérer autrement qu’entre les lignes.
«Moi, tu sais , poursuivit-il, je suis encore déçu de ne pas avoir pu assister à la suite. On les a invités à notre réunion, ils auraient pu nous convier à la leur, plutôt que de nous fermer la porte au nez et de garder leurs petits secrets. À ce rythme, demain, c'est nous qui allons leur réclamer qu'ils nous tiennent au courant de leurs objectifs… (il mima un air étonné) ce qui serait plutôt amusant pour changer, en fait. »
Face au manque de réaction de son interlocuteur, Dalton fit une pause et laissa les secondes glisser.
«Pour la prochaine réunion , finit-il par lâcher, il serait sans doute plus pertinent que tu fasses la discussion à ma place.
Après quelques secondes de perplexité, Dalton lâcha un rire sonore, puis s’éclaircit la voix et reprit son sérieux d'un coup.
«Par-dessus un chapeau, une casquette serait vraiment de mauvais goût , répondit-il en vissant à nouveau son couvre-chef sur sa tête. C'est d'ailleurs bien pour éviter le mélange des deux que j'en ai un. Et puis, non seulement il faut être assez fou pour me faire confiance, mais en plus, tu ne te débrouilles pas si mal. »
La mine légèrement déconfite de Hertz semblait suggérer qu'il n'était pas d'accord sur la dernière proposition, ce qui fit à nouveau sourire Dalton.
«Du moins, pas plus mal que les autres. Imagine si on demandait à Wilkins ou à Averroès de le faire, ce serait probablement un carnage.
-Un carnage de quoi exactement ? »
La silhouette musculeuse d’Averroès se détacha de l’obscurité ambiante. Avant que le blond ne tente une énième pirouette, il lâcha un «On vous attend derrière. » et retourna sur ses pas.
Après leur avoir accordé un dernier regard voilé d’inquiétude, Hertz plia délicatement ses notes et les glissa dans une poche, puis rejoignit les deux autres, déjà en marche pour le lieu de rendez-vous à l'arrière du laboratoire.
Un éclat plus rayonnant que les autres attira rapidement son attention. Il y reconnut aussitôt les visages de ses frères et sœurs, assis autour d'un feu. Ou plutôt, de feux dispersés un peu partout afin d'éclairer les alentours du petit groupe, certains avachis contre le mur cuivré, d’autres assis contre les arbres environnants dans une sorte d'ovale imparfaite. Que ce soit pour manger, dormir ou faire quoi que ce soit qui importait, les cyantifiques rebelles s’installaient toujours à l'extérieur. C'était une manière de surveiller les alentours tout en faisant le point sur la journée, et un moyen d'être entre eux plutôt qu'entre cyantifiques.
Lorsque les trois hommes s'approchèrent, Watt leur adressa un signe de la main, puis interpella Averroès pour lui parler avec enthousiasme d'une recette de cuisine. Le concerné répondit par d'autres conseils qui lancèrent une discussion énergique, tandis que les deux autres attrapèrent un bol et prirent place.
«Ah, au fait, je leur ai déjà résumé la réunion , ajouta Watt en se tournant quelques secondes vers eux. Rien de notable de votre côté ?
-Comme convenu, je leur ai montré Jupiter et expliqué un peu plus en avant le principe des minutites... »
Il résuma brièvement la scène.
Sans chercher à attirer l'attention avant de parler, Curie ajouta :
«On m'a signalé que des lumières étaient cassées, j'ai fait le premier étage mais tout était en ordre.
-Ah, c'est moi ça ! s'exclama Wilkins. J'ai demandé à des enfants de me ramener une hermite, puis j'ai trouvé un électricien et on a réparé la lumière .
Curie tiqua un instant sur le mot "électricien", l'air d'hésiter à poser des questions sur ce point, mais sembla soudainement traversée par un autre détail plus important.
-Et ça ne t'est pas venu à l'idée de prévenir ? Les radios ont une utilité.
Wilkins tourna la tête et commença à tapoter nerveusement le bout de ses deux index les uns contre les autres.
«C'est que... Elle a disparu…
-... Ceci explique cela.
-Bon courage pour aller la récupérer des mains de Crevette et d'Effie , pouffa Dalton. Elles ne risquent pas de la jeter dans un coin. »
Écoutant d'une oreille distraite la conversation, Watt poussa un long soupir.
«En effet. Et c'est précisément pour cette raison que je t'ai dit plusieurs fois de faire attention. Tu peux perdre ce que tu veux, sauf cette radio. »
L'air de vouloir ajouter quelque chose, Wilkins se renfrogna et ouvrit un instant les lèvres, avant de se refréner et de tourner la tête, tel un enfant qui considérait un reproche absurde mais n'avait pas les éléments pour argumenter.
«Cela dit , songea Averroès, ce serait une bonne idée d'avoir un canal avec eux. Surtout s'ils commencent à s'organiser et ont choisi un chef.
-En effet.
-Je doute que ce soit vraiment utile. Certes, ça leur ferait plaisir, puisqu'ils passent leur temps à nous demander de nous mettre à nu jusqu'à ce qu'ils estiment pouvoir avoir confiance en nous, mais je ne vois pas ce que nous y gagnons, surtout que j'ai parfois l'impression d'être le seul à me souvenir qu'ils nous ont plusieurs fois menacés ou attaqués. »
Averroès s'interposa.
«Je me souviens aussi. Mais tu ne voudrais pas qu'on refuse de te parler parce qu'un autre cyantifique a tué ou blessé quelqu'un. »
Un peu gêné de voir que ses cinq collègues (Watson s'était déjà endormi sur l'épaule de Wilkins) étaient tournés vers lui, il baissa la tête.
«Enfin, ça ne veut pas dire que tu as tort d'être prudent. Seulement, je pense qu'il faut être juste… et ne pas oublier que tant qu'un grand nombre de leurs problèmes sont aussi les nôtres, les différences d'objectif n'ont pas vraiment d'importance.
-Je pense que le passé se reproduira, et que les problèmes des autres ne sont pas une raison pour tout leur servir sur un plateau d'argent… mais soit. Je me plierai à la décision prise. »
Il tourna la tête vers Hertz, qui les écoutait calmement, une main sur le menton. Si le cyantifique aux yeux gris conservait l'air impassible qui le caractérisait, ceux qui étaient le plus proches de lui pouvaient remarquer un sourcil plus arqué que d'habitude, des rides plus creusées et une tête plus lourde. Même la plus simple décision, dès lors qu'elle demandait d'anticiper la réaction d'un groupe dont les réactions étaient particulièrement imprévisibles, nouait chez lui une nouvelle d'incertitude.
«Vos opinions ne sont pas incompatibles , finit-il par conclure. L'idée d'Averroès apparaît raisonnable, et à supposer que les canaux soient séparés, cela ne devrait poser problème à personne. Reste à savoir si cela est techniquement envisageable, compte-tenu des matériaux dont nous disposons. Qu'est-ce que tu en penses, Curie ?
L'intéressée, qui avait déjà commencé à jongler mollement avec une canette au lieu d'écouter la conversation, mit un instant avant de se rendre compte qu'elle était concernée. C'est quand le silence se fit insistant qu'elle en remarqua la présence et se redressa à moitié, sans pour autant paraître moins désinvolte.
«Là comme ça, j'en sais rien… J'y réfléchirai demain.
Elle bailla, jeta un dernier coup d'œil à sa radio, puis la rangea.
«C'est acté, donc. »
Après un petit silence, Curie rebondit à nouveau sur cette affaire d'électricien. Dans un sursaut d'énergie, Wilkins commença alors à dresser un portrait détaillé de la libellule muette qui l'avait aidé un peu plus tôt, tout en faisant de son mieux pour résister à la tentation de bouger dans tous les sens pour ne pas réveiller Watson.
Alors qu'il observait la scène, les traits de Watt se détendirent, jusqu'à ce que puisse s'y loger un léger sourire. Il papillonna des yeux et sentit vaguement sa propre silhouette s'affaisser, alors que des discussions plus anodines reprenaient. Des discussions de cyance. Des anecdotes du quotidien. Des débats parfois, des rires aussi. Certaines mentionnaient d'autres cyantifiques, d'autres renvoyaient aux Objets ou à la flore inerte de l'Esquisse.
C'est quand Watt fut sur le point de s'endormir à son tour que le groupe commença à plier le camp. Wilkins et Watson se soutenaient l'un l'autre pour marcher jusqu'au camion, talonnés par Dalton qui portait deux gros sacs, alors que Curie était repartie de son côté et qu'Averroès s'était lancé dans un tour du Laboratoire improvisé pour vérifier que tout allait bien. Il se leva lui-même, les yeux encore embués.
«Au vu de l'évolution de la situation, et à condition de trouver davantage de nourriture, un départ devrait être envisageable pour demain.
Hertz continuait à regarder ses notes. Étant le seul à portée de voix, Watt supposa qu'il lui demandait son avis sur ce point.
«En théorie, oui. Dans la pratique, la nourriture ne posera pas de problème, mais tout dépendra de si les deux partis sont prêts à partir... Non pas que qui que ce soit ait une raison de rester ici, désormais.
Il fuit du regard la façade du Laboratoire.
«Je suppose que la destination n'a pas changé ?
- Non... »
Intrigué par la réponse évasive, le roux se tourna vers son collègue, qui semblait avoir abandonné sa relecture pour fixer étrangement la nuit. Si la lune y avait trôné, elle se serait reflétée dans ses deux pupilles claires qui cherchaient à l'imaginer. En lieu et place, les dernières lueurs de leur camp se juxtaposaient à celles du Laboratoire, dans un mélange de teintes à peine perceptible.
Watt profita du calme ambiant pour ôter délicatement ses lunettes, qu'il commença essuyer avec un bout de tissus noir sorti de sa poche. Malgré son état, son geste était précis et méticuleux, ou peut-être procédait-il avec d'autant plus de soin que la fatigue l'empêchait de faire la différence entre l'usure du verre et l'épuisement de sa rétine.
Il regarda d'un air plutôt fier ses verres ainsi lustrés.
La destination ne changeait pas. À court terme, comme à long terme. Mais peut-être que doucement, le chemin commencerait à prendre une forme différente. À la lueur des efforts d'un certain groupe. Et de la réflexion qu'elle aurait en eux.
Le jour 24 est terminé, et avec lui beaucoup d'avancées dans l'intrigue et dans les intrigues secondaires ! Si vous pouvez encore faire quelques posts ou RP à côté dans le J24 pour terminer ce que vous faisiez, le jour 25 est officiellement lancé. On fait le point sur le changement de jour et ses implications.
Dans l'épisode précédent a écrit:Ce post est la suite et fin de la longue réunion du jour 24. Surprise par les mentions, dans certains documents des cyantifiques, de noms de planètes - parmi lesquels figure "Jupiter" -, Isolde a demandé plus de précision, ce à quoi Hertz a répondu qu'il pouvait leur montrer Jupiter et leur a proposer de l'accompagner.
«
Suivi par Isolde, Kaoren et Al, Hertz avait fait quelques pas dans le couloir central puis ouvert l'une des portes situées à gauche de l'infirmerie.
La salle d'analyse.
C'est ainsi qu'il avait présenté cette pièce toute en longueur, jonchée de débris de verre en tout genre, dont l'anarchie suggérait vivement que quelque chose avait mal tourné et que les auteurs de ce "quelque chose" n'avaient pas pris - ou pas pu prendre - la peine de ranger.
Hertz longea la grande table et le matériel d'optique qui y trainait un peu partout - en plus du verre. Prudemment, il se dirigea vers le fond de la pièce, où se tenait une curieuse construction qui, sitôt remarquée, accaparait l'attention.
Jupiter
C'est ainsi qu'il avait présenté cette massive et rougeoyante pierre entourée d'un anneau composé, d'une part, de filtres de couleurs arrangés en dégradés, et d'autre part, de graduations semblables à celles d'un mètre. Autour étaient disposés plusieurs rubans, eux aussi organisés de la même manière, quoi que plus limités dans leur gamme de couleurs.
«
Il sortit de sa poche sa minutite, ainsi qu'un ruban gradué.
«
S'en suivit une longue explication, trop technique pour être pleinement comprise, qui décrivait les imprécisions du système de datation des cyantifiques. Puisqu'en divers points de l'Esquisse, et en particulier dans les Tempêtes, le temps - ou du moins, sa mesure par les minutites - pouvait se décaler par rapport au reste de l'Esquisse, il était intéressant de retourner harmoniser sa mesure avec celle, théoriquement restée inchangée, de l'une des horloges centrales. On notait la dernière horloge centrale utilisée pour référence, et on comparait parfois les horloges centrales entre elles pour attester d’éventuels décalages et en tenir compte dans les documents. Certains cyantifiques s’étaient passionnés pour ce système et se servaient des imprécisions comme point de départ pour élaborer des théories plus générales sur le temps et l’espace.
Entre les lignes, vous deviniez que Jupiter, Mars, ou encore Vénus étaient centrales, là où les minutites individuelles, lorsqu'elles portaient des noms, prenaient ceux d'étoiles et d'astéroïdes. Les noms des cyantifiques n’étaient ainsi pas la seule chose qu'ils semblaient avoir repris de la Terre dont ils doutaient pourtant l'existence.
«
«
À l’autre bout de la pièce, Dalton s’était discrètement faufilé par l’ouverture, sans doute entre deux explications monocordes.
«
Il s'approcha d'Isolde et lui tendit une petite pierre, dont elle pouvait sans mal identifier la nature.
«
Sans égard pour la réponse, il se dirigea vers Hertz. Ils échangèrent quelques messes basses, et les deux hommes commencèrent à se diriger vers la porte. Avant de passer le pas, il tourna la tête vers les trois rouquins.
«
À l'instant où il prononça ces mots, la nuit s'abattit brusquement par-delà la petite fenêtre de la pièce.
Le temps de constater le changement, les cyantifiques avaient quitté la scène.
Le rideau, cependant, était loin d’être tombé sur le Jour 24.
Un groupe pour sortir de l’Esquisse.
D’une idée lancée pour créer une unité face aux cyantifiques lors de la réunion, le projet avait pris, par les efforts de Rosalina et de tous ceux qu’elle avait consultés ou envoyés relayer les informations, une certaine importance. Par un premier vote, les Dessinateurs avaient choisi de s’assembler, au gré des quelques incertains, dissidents et amnésiques qui ne connaissaient pas la Terre qu’ils étaient supposés retrouver. Mais un groupe n’est rien sans une forme d’organisation, et ce premier résultat n’était qu’un point de départ pour commencer à réfléchir à d’autres choses. Rosalina avait ainsi lancé un second vote pour élire celui qui serait le chef de cette structure naissante, en renonçant elle-même à cette position que certains la voyaient pourtant si apte à occuper.
Peu après la tombée de la nuit, les résultats étaient tombés. L’annonce avait été faite après le repas préparé par Agate, devant tous ceux qui avaient bien daigné répondre à l’appel de la démocratie - ou de leur estomac.
La voix ferme de Rosalina annonça un nom. Une silhouette féminine se leva et prit place à côté d’elle.
Nul dans cette pièce n’ignorait le nom de celle qui, quelques minutes plus tôt, leur avait montré sa cartographie des lieux et les avait interrogés sur les objets trouvés. Nul n’ignorait cette voix bègue, jadis celle d’une enseignante brillante et passionnée, devenue celle d’une Dessinatrice qui avait d’elle-même pris en charge une bonne partie de la réunion et de l’organisation du groupe.
Si l’assertivité de Rosalina pouvait s’effacer derrière qui que ce soit, ce serait derrière Isolde. La vendeuse d'armes reconvertie en reine-sorcière comptait-elle simplement se retirer, ou prendre le rôle de l'éminence grise ? Quel genre de chef serait Isolde, et quelle impulsion donnerait-elle ? Le groupe parviendrait-il seulement à résister, non seulement à l'Esquisse et aux multiples dangers qui avaient sans doute déjà emporté Mérovée et Bernard Scrutin, mais aussi aux conflits et problèmes internes qui risquaient - parfois littéralement - de le dévorer ?
En se donnant une unité, les Dessinateurs avaient fait un pas en avant.
Ils devaient maintenant réussir à tenir sur leurs propres jambes, car la route était longue et personne - pas même ceux qui étaient convaincus de l'existence d'une sortie - ne savait clairement là où elle allait les mener.
Un vent clair soufflait sur l'Esquisse engloutie par la nuit, emportant avec lui quelques feuilles arrachées aux arbres penchés autour du Laboratoire.
Pour certains, ce serait le premier tête à tête avec le ciel noir qui ne se laissait percer par aucune des fresques habituelles qui égayaient le jour. Une obscurité qui n'accueillait pour seule source de lumière que les rares lueurs qui s'échappaient de quelques pièces dans lesquelles le sommeil ne s'était pas encore complètement installé. Certains Dessinateurs avaient décidé de monter la garde en anticipation de la menace qui pouvait venir de l'extérieur, mais aussi de celle qui demeurait dans les quelques couloirs encore inexplorés, tandis que d'autres s'étaient contentés de prendre possession des dortoirs pour y trouver, le temps de la nuit, un confort temporaire. Les cyantifiques, quant à eux, avaient profité de l'effervescence autour du repas et de la démocratie esquisséenne naissante pour s'effacer progressivement.
«
Dalton marchait à reculons à l’extérieur du Laboratoire, la main en visière.
«
Son regard se perdit un instant dans le noir, puis redescendit pour croiser les iris cyans de Hertz, dont il devina la question.
«
Mécaniquement, son interlocuteur leva la tête. Il tenta de s'imaginer, peint sur le firmament sombre, une structure blanche qui prendrait la forme d'un disque ou d'un croissant selon les jours. L'image lui paraissait à la fois étrange et intrigante, surtout lorsqu'il essayait d'y ajouter des points blancs scintillants de part et d'autre.
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L’homme au chapeau tourna le dos, fit quelques pas, s’étira et commença à s’éventer nonchalamment avec son couvre-chef.
«
Derrière lui, Hertz hésita quelques instants, sans savoir quoi ajouter. Il replongea le regard sur ses notes, qu’il ne pouvait en réalité qu’à moitié lire. Sur ces pages s’entremêlaient des mots-clefs vaguement interconnectés, renouant avec ses souvenirs encore vivaces pour lui rappeler toutes les questions d’Isolde, de Rosalina et de tous ceux qui avaient participé à la réunion. Une toile de souvenirs entortillés qu’il associait aussitôt aux nombreuses réponses qu’il avait tenté de formuler, et dont aucune ne leur avait paru satisfaisante.
«
Dalton avait posé le doigt sur la première corde sensible. La journée avait commencé par ce qui pourrait être considéré comme une erreur tactique majeure. Alors qu'il avait pris la décision, avec l'accord mitigé du groupe, de ne pas tenir les Dessinateurs au courant de leur objectif principal et des moyens qu'il comptait mettre en œuvre pour y parvenir (dans la mesure où ces points ne les concernaient pas), ceux-ci avaient fait irruption au milieu d'un contrôle de routine et failli provoquer une situation dangereuse pour les deux groupes. S'en étaient suivies des revendications cinglantes, dont il n'avait compris ni la force, ni les enjeux, et auxquelles il avait tenté de répondre par l'explication qui lui semblait la plus claire et la plus cohérente - à savoir son choix de ne pas les impliquer. Il leur avait par la suite proposé une réunion, sans doute autant dans le but de les éloigner du danger que de leur tenir une énième fois son discours habituel, en espérant qu’ils finiraient par le comprendre.
Il ne saurait dire si les événements qui s'en étaient suivis l'avaient fait trahir ces attentes initiales ou si elles marquaient le début d'un changement de perspective bénéfique. À mesure qu'il avait compris que ni ses réponses, ni ses questions, n'étaient celles que poursuivaient les personnes en face de lui, il avait fini par trébucher sur ses propres incertitudes, comme autant de fils tendus qui avaient achevé de faire de sa prise de notes une course d’obstacles effrénée. Le résultat aurait certainement été pire si Watt n'avait pas été là pour prendre le relais. Mais même celui-ci ne pouvait pas lui dire si leurs paroles avaient répondu de quelque manière aux attentes des Dessinateurs, ou si elles avaient changé quoi que ce soit à l'insatisfaction qui semblait les animer depuis que les deux groupes se côtoyaient.
Hertz ne savait à vrai dire pas lui-même quelle importance avait cette insatisfaction pour les cyantifiques, puisqu'ils ne cherchaient ni à la comprendre, ni à la résoudre. Tout comme l'insatisfaction des cyantifiques envers les Dessinateurs transparaissait ici et là sans jamais être la source d'aucune réflexion, ni d'aucun débat. Une part de lui s'attendait à ce que rien ne change et à ce qu'aussitôt le jour levé, les mêmes grognes retentissent de part et d'autre de ce conflit insoluble. Son autre part, celle-là même qui relisait, en pleine nuit, des notes dont le sens s'était lentement effilé, s'enlisait dans l'incertitude et dans le souhait, à peine vraiment utile, de trouver les mots qui apaiseraient les deux camps.
Il leva la tête vers Dalton. Lui aussi avait été présent. Il avait toujours eu l'air de mieux comprendre ce que les Dessinateurs attendaient d'eux, mais sans jamais le suggérer autrement qu’entre les lignes.
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Face au manque de réaction de son interlocuteur, Dalton fit une pause et laissa les secondes glisser.
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Après quelques secondes de perplexité, Dalton lâcha un rire sonore, puis s’éclaircit la voix et reprit son sérieux d'un coup.
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La mine légèrement déconfite de Hertz semblait suggérer qu'il n'était pas d'accord sur la dernière proposition, ce qui fit à nouveau sourire Dalton.
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La silhouette musculeuse d’Averroès se détacha de l’obscurité ambiante. Avant que le blond ne tente une énième pirouette, il lâcha un «
Après leur avoir accordé un dernier regard voilé d’inquiétude, Hertz plia délicatement ses notes et les glissa dans une poche, puis rejoignit les deux autres, déjà en marche pour le lieu de rendez-vous à l'arrière du laboratoire.
Un éclat plus rayonnant que les autres attira rapidement son attention. Il y reconnut aussitôt les visages de ses frères et sœurs, assis autour d'un feu. Ou plutôt, de feux dispersés un peu partout afin d'éclairer les alentours du petit groupe, certains avachis contre le mur cuivré, d’autres assis contre les arbres environnants dans une sorte d'ovale imparfaite. Que ce soit pour manger, dormir ou faire quoi que ce soit qui importait, les cyantifiques rebelles s’installaient toujours à l'extérieur. C'était une manière de surveiller les alentours tout en faisant le point sur la journée, et un moyen d'être entre eux plutôt qu'entre cyantifiques.
Lorsque les trois hommes s'approchèrent, Watt leur adressa un signe de la main, puis interpella Averroès pour lui parler avec enthousiasme d'une recette de cuisine. Le concerné répondit par d'autres conseils qui lancèrent une discussion énergique, tandis que les deux autres attrapèrent un bol et prirent place.
«
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Il résuma brièvement la scène.
Sans chercher à attirer l'attention avant de parler, Curie ajouta :
«
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Curie tiqua un instant sur le mot "électricien", l'air d'hésiter à poser des questions sur ce point, mais sembla soudainement traversée par un autre détail plus important.
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Wilkins tourna la tête et commença à tapoter nerveusement le bout de ses deux index les uns contre les autres.
«
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Écoutant d'une oreille distraite la conversation, Watt poussa un long soupir.
«
L'air de vouloir ajouter quelque chose, Wilkins se renfrogna et ouvrit un instant les lèvres, avant de se refréner et de tourner la tête, tel un enfant qui considérait un reproche absurde mais n'avait pas les éléments pour argumenter.
«
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Averroès s'interposa.
«
Un peu gêné de voir que ses cinq collègues (Watson s'était déjà endormi sur l'épaule de Wilkins) étaient tournés vers lui, il baissa la tête.
«
-
Il tourna la tête vers Hertz, qui les écoutait calmement, une main sur le menton. Si le cyantifique aux yeux gris conservait l'air impassible qui le caractérisait, ceux qui étaient le plus proches de lui pouvaient remarquer un sourcil plus arqué que d'habitude, des rides plus creusées et une tête plus lourde. Même la plus simple décision, dès lors qu'elle demandait d'anticiper la réaction d'un groupe dont les réactions étaient particulièrement imprévisibles, nouait chez lui une nouvelle d'incertitude.
«
L'intéressée, qui avait déjà commencé à jongler mollement avec une canette au lieu d'écouter la conversation, mit un instant avant de se rendre compte qu'elle était concernée. C'est quand le silence se fit insistant qu'elle en remarqua la présence et se redressa à moitié, sans pour autant paraître moins désinvolte.
«
Elle bailla, jeta un dernier coup d'œil à sa radio, puis la rangea.
«
Après un petit silence, Curie rebondit à nouveau sur cette affaire d'électricien. Dans un sursaut d'énergie, Wilkins commença alors à dresser un portrait détaillé de la libellule muette qui l'avait aidé un peu plus tôt, tout en faisant de son mieux pour résister à la tentation de bouger dans tous les sens pour ne pas réveiller Watson.
Alors qu'il observait la scène, les traits de Watt se détendirent, jusqu'à ce que puisse s'y loger un léger sourire. Il papillonna des yeux et sentit vaguement sa propre silhouette s'affaisser, alors que des discussions plus anodines reprenaient. Des discussions de cyance. Des anecdotes du quotidien. Des débats parfois, des rires aussi. Certaines mentionnaient d'autres cyantifiques, d'autres renvoyaient aux Objets ou à la flore inerte de l'Esquisse.
C'est quand Watt fut sur le point de s'endormir à son tour que le groupe commença à plier le camp. Wilkins et Watson se soutenaient l'un l'autre pour marcher jusqu'au camion, talonnés par Dalton qui portait deux gros sacs, alors que Curie était repartie de son côté et qu'Averroès s'était lancé dans un tour du Laboratoire improvisé pour vérifier que tout allait bien. Il se leva lui-même, les yeux encore embués.
«
Hertz continuait à regarder ses notes. Étant le seul à portée de voix, Watt supposa qu'il lui demandait son avis sur ce point.
«
Il fuit du regard la façade du Laboratoire.
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Intrigué par la réponse évasive, le roux se tourna vers son collègue, qui semblait avoir abandonné sa relecture pour fixer étrangement la nuit. Si la lune y avait trôné, elle se serait reflétée dans ses deux pupilles claires qui cherchaient à l'imaginer. En lieu et place, les dernières lueurs de leur camp se juxtaposaient à celles du Laboratoire, dans un mélange de teintes à peine perceptible.
Watt profita du calme ambiant pour ôter délicatement ses lunettes, qu'il commença essuyer avec un bout de tissus noir sorti de sa poche. Malgré son état, son geste était précis et méticuleux, ou peut-être procédait-il avec d'autant plus de soin que la fatigue l'empêchait de faire la différence entre l'usure du verre et l'épuisement de sa rétine.
Il regarda d'un air plutôt fier ses verres ainsi lustrés.
La destination ne changeait pas. À court terme, comme à long terme. Mais peut-être que doucement, le chemin commencerait à prendre une forme différente. À la lueur des efforts d'un certain groupe. Et de la réflexion qu'elle aurait en eux.
Explications
Le jour 24 est terminé, et avec lui beaucoup d'avancées dans l'intrigue et dans les intrigues secondaires ! Si vous pouvez encore faire quelques posts ou RP à côté dans le J24 pour terminer ce que vous faisiez, le jour 25 est officiellement lancé. On fait le point sur le changement de jour et ses implications.
Changements généraux :
- Outre ce post, d'autres sujets ont été mis à jour, en particulier le sujet sur les cyantifiques qui a été remanié par Kaoren en y intégrant les nouvelles informations.
- Parallèlement au changement de jour, nous avons changé quelques détails dans le système de jeu : l'ajout d'un rang de compétence Novice (pour casser l'ambiguïté du rang Adepte), le découpage de la caractéristique Habileté en deux (pour distinguer l'agilité et la motricité fine, comme beaucoup de personnages sont très contrastés sur ce plan) et la simplification des facultés mentales. Les sujets sur le système de jeu et les présentations ont été mis à jour.
- De nouvelles quêtes sont apparues. Comme au jour précédent, les quêtes sont moins un élément central et indispensable qu'une façon de vous donner des idées de choses intéressantes à faire pour récupérer des ressources si vous ne savez pas quoi faire de votre personnage. Envie de devenir le bûcheron du groupe, de percer un mystère du laboratoire ou de pimper le camion ? Venez jeter un coup d'oeil ! (le lien redirige vers le petit récap qui vous permettra de plus facilement sélectionner une quête même quand le titre est ambigu)
- La quête principale a été mise à jour. Pour ceux qui l'auraient oublié, le sujet résume l'état des ressources des Dessinateurs dans la phase actuelle (l'escale au Laboratoire), afin d'avoir une idée de si vous pouvez sereinement prendre le large. Des progrès significatifs ont été faits dans tous les domaines, et il ne vous manquera qu'à trouver un peu de nourriture (et éventuellement d'encre) pour pouvoir prendre la décision de partir. Le Jour 25 pourrait donc être le dernier passé au Laboratoire, à moins que vos personnages en décident autrement (mais la nourriture ne vous permettra pas de rester très longtemps). Naturellement, la question se pose de savoir où les cyantifiques ont l'intention d'aller, et si cette destination est satisfaisante au regard de vos objectifs…
- Au début du jour 25, certains cyantifiques sont occupés dans des parties du Laboratoire. (lesquelles ? eh bien, c'est justement la saison des chasses aux oeufs..) En postant dans ces pièces, vous serez susceptibles de mieux découvrir ce qu'ils y font, ou pourrez leur parler de ce que vous voulez, mais si vous voulez faire autre chose il est aussi possible de les ignorer (voire de ne pas les croiser pour ceux qui sont à l'extérieur).
- Par ailleurs, les documents qui ont été explicitement laissés par les personnages ont été mentionnés dans les descriptions des pièces, en particulier le résumé d'Isolde dans la salle de réunion. Si nous avons oublié ou mal décrit un document que votre personnage aurait laissé, précisez-nous ça vite pour qu'on puisse l'ajouter !
- D'autres choses pourraient se tramer, mais nous vous laissons le suspens pour l'instant…
Implications pour les personnages existants :
- Contrairement aux événements du premier post d'intrigue, auxquels certains personnages pouvaient avoir assisté s'ils étaient déjà arrivés, vos personnages n'ont pas assisté à toutes les scènes. En particulier, personne n'a assisté à la troisième partie (la scène entre les cyantifiques). Voyez-le plutôt comme un bonus à destination des joueurs et des (potentiels) futurs joueurs, un résumé d'un autre point de vue et.. peut-être un teaser sur les choses à venir pour le jour 25.
- Comme le système de jeu a changé, nous vous demandons de poster, à la suite de votre fiche de personnage, une version mise à jour des caractéristiques et des compétences. Si vous laissez les choses comme telles, pas besoin de les rejustifier (même si c'est toujours bien de C/C pour avoir tout au même endroit), mais tout changement devra être expliqué. Au-delà des changements liés au système de jeu lui-même, vous pouvez intégrer des éléments survenus au cours de la journée et qui auraient pu affecter vos stats.
- Au vu des évènements de la veille, et comme déjà suggéré, vous pouvez considérer (si vous le voulez) que votre personnage a au moins croisé tous les autres, et est très susceptible de connaître leur nom (confirmez quand même auprès des joueurs, si jamais ils ont une raison de penser que leur personnage n'a rien dit sur lui !).
- Pour débuter la journée, vous pouvez poster où vous voulez, que ce soit là où vous avez dormi ou dans une autre pièce dans laquelle vous allez au petit matin, éventuellement après avoir avalé un petit truc au réfectoire (à voir si vous voulez vous organiser pour avoir fait une réunion matinale rapide, si vous voulez faire ça en jeu, ou si chacun vaque à ses occupations).
Implications pour les nouveaux personnages :
- Un nouveau personnage peut être arrivé pendant la nuit ou au début du Jour 25, à la suite des sujets déjà lancés. Si vous hésitiez à nous rejoindre ou à faire un nouveau personnage, il n'y a rien de tel qu'un changement de jour pour se lancer et être facilement intégré aux RPs ! Par ailleurs, il devient d'autant plus facile de s'intégrer que les personnages ont rédigé des résumés et un état des lieux de la fouille du labo, donc vous pourrez avoir en RP les mêmes informations que les autres.
- Comme pour chaque nouvel arrivant, vous commencerez à RP à l'extérieur du Laboratoire (devant ou à l'arrière).
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