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Épreuve 1 - Metro et Nano RP [♦♣]

Folie d'Esquisse
Messages : 1044
Date d'inscription : 24/06/2012
Folie d'Esquisse
Jeu 21 Mar - 23:18

Épreuve n°1 - Invité surprise


Aléa spatio-temporel, invocation ratée ou autre circonstance incongrue ; vous ne savez pas forcément ce qui a fait passer cet être que vous ne connaissez pas d'un univers à l'autre, mais toujours est-il qu'il est maintenant à côté de vous et qu'il ne connaît rien du monde. Parviendrez-vous à lui expliquer la situation dans laquelle il se trouve ?

Pour ce sujet, l'un de vos personnages se retrouvera propulsé dans l'univers de l'autre forum (vous pouvez vous arranger pour décider de qui il s'agira). Pour celui qui accueille, il faudra faire attention à présenter votre univers à travers le RP de manière à ce qu'il soit accessible tant pour votre binôme que pour les lecteurs.



Rappel du fonctionnement:

Concernant l'ordre, c'est le champion de Metro qui commence !
N'oubliez pas que vous pouvez passer sur la shoutbox pour essayer d'attraper votre binôme.


Quelques petites consignes :

  • En début de post (uniquement dans le premier post s'il s'agit d'un mini-RP), nous vous invitons à présenter sommairement votre univers et votre personnage de manière à nous fournir assez d'éléments pour tout comprendre.
  • Les mises en page sont autorisées, mais nous comptons sur vous pour faire attention à la lisibilité en évitant les couleurs/polices illisibles et les tailles d'écriture en-dessous de celle par défaut. Si vous avez un doute, vous pouvez venir faire des tests sur ce sujet et demander des avis sur la shoutbox.
  • Si vous voulez avoir votre avatar qui s'affiche joliment à gauche, vous pouvez utiliser la balise de transformation :
    Code:
    <transformation invite perso="Nom de votre perso" avatar="Lien de l'image de votre avatar" forum="Nom de votre forum" lien="Lien de votre forum ou de votre fiche de perso" />


Anonymous
Stepan Volkov
Invité
Ven 22 Mar - 15:37


Contexte:

Stepan était penché sur des documents administratifs particulièrement laborieux, assis derrière son modeste bureau sur une chaise raide. Eclairé par une très vieille lampe très probablement centenaire, la lumière fatiguée jetait des ombres inquiétantes autour de lui, sur les quelques commodes et étagères en bois qui occupaient l’espace, et sur son petit divan sur lequel il s’assoupissait parfois après de longues journées de travail. Aucun bruit ne perçait à travers les murs de la petite pièce qui lui servait de bureau, tapissés d’affiches de propagande communistes et d’un grand tableau de Lénine. La nuit était tombée à la surface et le couvre-feu avait été paresseusement sonné. Toute la station semblait dormir. Même le soldat en faction devant son bureau, ce qui agaçait d’ailleurs au plus haut point notre irréprochable commissaire politique. A travers sa porte, il entendait la respiration paisible du garde qui s’était assoupi à son poste, mais il décida de ne pas le sanctionner tout de suite : s’il dormait toujours au moment où il quittait son bureau, il l’enverrait dans un bataillon disciplinaire, sinon, il lui laisserait le bénéfice du doute et le renverrait dans ses quartiers.

En guise de seule compagnie, le commissaire politique écoutait tout bas un vieux tourne-disque, qui diffusait tranquillement des chants soviétiques d’avant-guerre. Il les connaissait par cœur, mais il ne s’en lassait jamais. Et ces chansons rendaient moins pénible la fastidieuse tâche à laquelle il s’était attelé sans grande joie. Car même si le Parti passait avant sa propre personne, il n’était pas contre le fait de rendre les activités laborieuses moins désagréables avec un peu de musique, qui lui rappelait une époque qu’il n’avait malheureusement jamais vécu.

Tout à coup, quelque chose attira furtivement son regard. Dans la pénombre de son bureau, un imperceptible éclair de lumière semblait avoir traversé la porte du petit placard situé en face de lui. Un bruit étouffé en jaillit, presque inaudible. Stepan cligna rapidement des yeux, et dégaina silencieusement son pistolet qu’il braqua calmement sur le placard. Y avait-il quelqu’un, ou devenait-il cinglé ? Dans ce Métro, on ne savait jamais vraiment…
Anonymous
Alyaa [NRP]
Invité
Ven 22 Mar - 16:33


Contexte :


Patya revenait d'une course qui l'avait fait traversé la moitié de la ville. Malgré la température basse de cette fin d'hiver, il avait chaud et retira son manteau et sa chapka en franchissant la porte des locaux de l'imprimerie. Il salua ses collègues, échangea quelques mots avec eux et se dirigea vers le bureau du patron, qui l'attendait visiblement pour une autre course.

Il dépassa les presses en action et décela bientôt, couverts par le bruit des machines, une musique qu'il n'avait encore jamais entendu. Il tendit l'oreille, intrigué par le chœur et les paroles qu'il ne parvenait pas encore à distinguer. Il constata avec étonnement que cela provenait du bureau de Vadim. Il ne lui connaissait pas cet intérêt pour la musique et surtout, en deux ans, c'était la première fois qu'on entendait ici autre chose que les pistons et les rouages de la mécanique. Et les cris des hommes et femmes en plein travail.

Il ouvrit la porte, s'engouffra dans la pièce et s'immobilisa aussitôt. Vadim s'était-il plongé dans le noir ? Par réflexe, il se retourna et ne rencontra que l'obscurité. Avait-il déjà refermé la porte sans s'en rendre compte ? Saisi d'un doute, il tendit la main et rencontra une surface dure. Il voulut reculer, se cogna, étouffa un cri. Frottant son coude endolori, il décerna alors un rai de lumière révélant une étroite porte à double battant à peine aussi haute que lui. Jetant des regards perplexes autour de lui, il comprit qu'il se trouvait dans un placard.

Le cœur agité de soubresauts, il s'efforça de ne pas paniquer et poussa doucement les battants afin de s'extraire de son étrange prison. Il se figea de terreur en découvrant le pistolet qui l'attendait de l'autre côté.
Anonymous
Stepan Volkov
Invité
Sam 23 Mar - 8:03


Malgré la musique qui se diffusait doucement dans la pièce, le silence qui précéda l'arrivée de l'inconnu parut assourdissant au commissaire politique, plongé dans une perplexité sans nom. Braquait-il vraiment son arme sur son propre placard ? Avait-il vraiment vu un éclair de lumière ?  Et ce bruit sourd, ne venait-il pas du tourne-disque ? Stepan Stepanovitch renifla l'air sans faire de bruit, tout en gardant son canon pointé dans la direction du placard. Les fuites de gaz étaient choses courantes dans le Métro, et nombre de stations dites "hantées" n'étaient en réalité que des endroits saturés de gaz hallucinogène... Mais non, aucune odeur, à part peut-être celle du vieux cuir de son petit divan et de la poussière ambiante dont il n'était jamais parvenu à se débarrasser.

Puis la porte du placard s’ouvrit, sous le regard ahuri du commissaire politique.

Le bras de Stepan se raidit, braquant plus fermement son pistolet sur le nouveau venu. Un garçon mince, vêtu de vêtements propres et d’un autre temps, le teint lumineux et visiblement en bonne santé en sortit avec précaution sans s’annoncer. Inconsciemment, le doigt du commissaire politique vint caresser la détente sans appuyer dessus quand le garçon se figea face à lui. Son regard se plongea dans le sien, cherchant des explications à la situation. Était-il venu l’assassiner ? Ce ne serait pas la première fois. Ce garçon n’avait pourtant pas l’air d’un tueur. Mais dans ce Métro, une fois de plus… Depuis combien de temps était-il caché là ? Il avait pourtant récupéré des affaires dans ce placard quelques minutes plus tôt. Et cet accoutrement, son visage… Pourquoi n’était-il pas pâle comme la grande majorité de ses congénères ? Quelque chose clochait, et le commissaire politique décida de ne pas appeler le garde en faction derrière la porte. C’était lui qui tenait l’arme après tout. Et la musique continuait toujours de jouer tranquillement, comme si de rien n’était.

De sa voix ferme qui ne souffrait pas de refus, Stepan Stepanovitch ordonna :

- Les mains en l’air. Qui êtes-vous et surtout comment avez-vous atterri dans mon placard ?
Anonymous
Alyaa [NRP]
Invité
Sam 23 Mar - 12:27


Patya leva aussitôt les mains, terrifié. Dans quel guet-apens était-il tombé ? Un instant lui traversa l'idée qu'il se trouvait bien dans le bureau de Vadim et qu'on lui avait tendu un piège. Quelqu'un savait qu'il était zootrope et en avait averti la Milice. Il était foutu. L'homme allait l'exécuter sans autre forme de procès et sa famille serait interrogée, embraquée, enfermée. Sa petite sœur Ivanna, zootrope elle aussi, serait mise en pièce. C'est cette idée-là, plus que le danger immédiat sur sa personne, qui lui donna un coup de fouet. Un bref regard sur la pièce lui apprit qu'il n'était pas dans le bureau de son patron. Il faisait trop sombre, le mobilier n'était pas le même, on n'entendait pas les presses... Et il y avait cette drôle d'odeur, comme dans une cave. D'ordinaire, le bureau sentait l'encre et le papier chaud.

Pa... Patya Mikailovitch, bredouilla-t-il.

Sa voix lui parut chevrotante et curieusement aiguë. Il déglutit tandis qu'une lame glaçante parcourait son échine. Légèrement tremblant, il tentait de faire de l'ordre dans ses idées. Comment avait-il atterri dans ce placard, il n'en savait rien. Il était même tenté de penser que tout ceci n'était qu'un cauchemar, mais le regard sévère de l'homme et le canon de l'arme pointé sur lui semblaient bien trop réels.

Je ne sais ce que je fais là, je vous le jure !

Il était sur le point de demander, même, il se trouvait, mais le type était très impressionnant. Sa stature, sa carrure... Et cet uniforme ! Il n'était peut-être pas de la Milice, mais l'effet était le même. Patya était persuadé qu'il allait mourir.
Anonymous
Stepan Volkov
Invité
Dim 24 Mar - 10:26
http://metro.forumactif.com/t357-stepan-stepanovitch-volkov " />

La situation était improbable. Même pour Stepan Stepanovitch, qui avait pourtant vu des choses étranges dans les tunnels qu’il avait pu arpenter. Il avait vu des fantômes s’élever et terrasser d’effroi les plus courageux de ses hommes. Il avait vu ses soldats s’entretuer sous ses yeux, soudain pris d’un accès de folie, en hurlant des paroles incompréhensibles. Il avait vu d’innommables créatures tenter de lui faire la peau. Il avait vu des anomalies décimer des sections de reconnaissance entière, impuissantes.

Mais un garçon accoutré bizarrement, qui sortait de son placard sans explication, alors qu’il avait cherché un dossier dedans quelques minutes plus tôt, ça c’était.. improbable.

Et curieusement, la terreur qui se lisait dans les yeux du nouveau venu semblait sincère au commissaire politique, qui avait interrogé trop de menteurs et de déserteurs pour se laisser duper aujourd’hui. Contre toute vraisemblance, Stepan décida de le croire sur parole. Cela ne lui ressemblait pas, mais ce dénommé Patya lui paraissait inoffensif de toute façon. Ses muscles se détendirent un peu, et son air affable reprit lentement le dessus : il obtiendrait plus d’informations en instaurant une confiance mutuelle plutôt qu’avec une balle dans le crâne. Il posa alors son pistolet bien en évidence sur le bureau, comme un avertissement, puis invita le garçon à s’asseoir sur la chaise en face de lui avec un sourire. Sa curiosité était piquée – ce qui sauvait pour l’instant la vie de son invité. Et la musique soviétique qui jouait tranquillement en fond avait toujours eu le don d’apaiser ses nerfs.

- Bien, expliqua-t-il, Patya Mikhaïlovitch, vous êtes ici dans la station de métro Lubianka, qui se situe juste à côté de l’immeuble du même nom, qui abritait il y a plus d'un siècle les services secrets de notre belle et regrettée Union Soviétique.

Derrière les paroles apparemment innocentes du commissaire politique, se cachaient une menace bien réelle : entre une banale discussion et un interrogatoire musclé, il n’y avait qu’un pas, et l’endroit lourd de symbole était censé le rappeler.

- Que pensez-vous des œuvres de Marx, camarade Patya Mikhaïlovitch ? demanda-t-il alors.
Anonymous
Alyaa [NRP]
Invité
Dim 24 Mar - 12:12

HRP :

Patya s'était docilement assis. Ce n'était pas non plus comme s'il avait vraiment le choix. Le pistolet, bien que posé en évidence sur le bureau, n'en était pas moins à porté de main et le garçon ne doutait pas qu'une seconde suffisait au militaire pour s'en saisir à nouveau. Malgré l'autorité naturelle qui émanait de l'homme face à lui, il se surprit à la curiosité. Pour commencer, il y avait ce très léger accent qu'il ne parvint pas à identifier. De quelle partie de la Russie venait-il, exactement ?

La station Lubianka ? répéta-t-il, sans comprendre.

Spontanément, son regard fit une seconde fois le tour de la pièce. Ça ne ressemblait absolument pas à la station de métro qu'il connaissait.

Je ne savais pas qu'il existait une partie souterraine à cette station. Pour tout vous dire, je ne savais même pas que l'immeuble à côté portait ce nom. C'est un bâtiment quelconque, non ?

Il fronça les sourcils en se concentrant sur ce qu'il savait de cette partie de la ville — qui au passage, se trouvait à un pâté d'immeubles de l'imprimerie, comme s'il avait parcouru quelques centaines de mètres en franchissant simplement une porte.

Et puis c'est quoi, l'Union soviétique ? Et c'est qui, ce Karl Marx ? enchaîna-t-il sans réfléchir.

Il redressa la tête et se rendit compte dans la même seconde que ces questions n'apportaient rien au militaire. Il se raidit sur son fauteuil, comme s'il avait été rappelé à l'ordre par le prêtre sur les bancs de l'école de son enfance.

Je travaille à l'Imprimerie Encre Verte où je me trouvais juste avant d'atterrir ici. C'est dans Maliy Kisel'niy Pereulok, pas loin d'ici. Et je suis navré de vous apprendre que je ne connais pas les œuvres de Karl Marx.

Avec la soudaine impression d'être un cancre, il se ratatina contre le dossier.
Anonymous
Stepan Volkov
Invité
Dim 24 Mar - 13:25


Une expression d’incompréhension totale traversa le regard de Stepan tandis que le nouveau venu se répandait en question. La Loubianka, quelconque ? Qu’est-ce que l’Union soviétique ? Karl Marx ? Soudain pris de court, le commissaire politique ne sut que répondre, et observa le garçon sans comprendre. Même les ennemis de la Ligne Rouge savaient que son uniforme était celui d’un commissaire politique, et que leur seule chance de survie s’ils venaient à tomber entre ses mains étaient de feindre une soudaine conversion aux idéaux soviétiques. Stepan savait la population du Métro ignorante, mais Karl Marx ? Il sentit sa mâchoire se crisper l’espace d’un instant. Puis Patya entama des explications qui n’eurent aucun sens aux yeux du commissaire politique. Une imprimerie ? A en croire ce qu’il disait, il parlait même de la surface… Rien de tout cela ne faisait sens. Et la musique, imperturbable, jouait toujours tranquillement en fond, comme pour rappeler à Stepan qu’il ne rêvait pas. Soit ce garçon était tout simplement cinglé, soit…

Un éclair de lucidité le frappa tout à coup.

- En quelle année sommes-nous ? demanda-t-il en guise de test, tout en essayant de reprendre une certaine contenance.

Quelque chose murmurait à l’oreille de Stepan des idées absurdes et farfelues. Mais ces mêmes idées, si elles s’avéraient vraies, pourraient changer le cours de l’Histoire… Avec ses connaissances des événements passés, il pourrait peut-être faire gagner toute l’Union soviétique, et empêcher la catastrophe nucléaire de rayer Moscou de la carte…  Il se leva, comme pris d’une intuition, empoigna son pistolet, et se dirigea vers le placard, qu’il ouvrit brusquement.

Rien.

Comment ce garçon avait bien pu en sortir ? Contrôlant l’accès de rage qui noircissait ses idées, furieux de ne pas comprendre ce qu’il se passait, il retourna à sa place, reprit un semblant de contenance, et se résigna. S’il disait vrai, alors Stepan pouvait au moins lui inculquer la bonne parole, et le transformer en bon communiste... Poussant un soupir, il sortit un exemplaire du Capital de son bureau, et le tendit à Patya :

- Ca ne vous dit rien ?
Anonymous
Alyaa [NRP]
Invité
Dim 24 Mar - 14:09


Surpris par le mouvement soudain du militaire, Patya sursauta et s'enfonça dans son siège. Pendant une seconde, il crut que l'homme allait lui tirer dessus. Il retint sa respiration et le regarda, incrédule, faire l'aller-retour jusqu'au placard avec une raideur digne d'une statue du Tzar. Il n'avait toujours pas prononcé un mot quand l'homme reprit sa place derrière le bureau.
Contrôlant comme il le pouvait le tremblement de sa main, il saisit le livre en répondant d'une voix mal assurée :

1894...

Drôle de question. Le prenait-il pour un fou ?
Il examina la couverture, reconnu aussitôt le nom de l'auteur et l'ouvrit à la page de garde. Le papier était de bonne facture, mais la reliure tout à fait inédite. On ne voyait pas les coutures et sous ses doigts, le dos du livre était lisse. Il se rendit à la page de grand titre, intrigué par la technique employé. Son regard tomba sur le nom d'un éditeur qu'il ne connaissait pas ainsi que l'année d'impression : 1867. Étrange. Ça ne lui disait vraiment rien. Ce n'était pas vieux, pourtant. Il retourna le livre et fut encore plus surpris d'y découvrir un petit texte. Une espèce de résumé, comprit-il en parcourant rapidement les quelques lignes.
Il leva les yeux sur le militaire.

De telles idées, c'est... Le Vatican n'autoriserait jamais une telle publication ! D'où ça sort ? Est-ce que ce Karl Marx est un résistant ? Je vous jure que je ne le connais pas !  insista-t-il, soudain effrayé qu'on l'accuse de trahison.

Il avait déjà oublié que le militaire avait employé le mot "œuvre" un peu plus tôt pour parler de ce livre. Un vocabulaire trop flatteur pour un objet que le premier prêtre venu jetterait au bûcher.
Une lame de sueur lui glaça la nuque.
Anonymous
Stepan Volkov
Invité
Dim 24 Mar - 14:40


La date que donna son invité confirma ses idées qui lui paraissaient de moins en moins absurdes. Il était fort probable que ce garçon ne soit pas de son époque, et que les lois étranges du Métro l’aient aspiré dans cet univers. Rien de très logique, surtout pour un rationnel comme Stepan Stepanovitch, mais les faits étaient là, et la bonne santé visible de ce nouveau venu pouvait être une ressource intéressante à la Ligne Rouge. Il fronça néanmoins les sourcils à l’évocation du Vatican, mais se radoucit lorsque Patya assimila Karl Marx à un résistant. Il déclara, comme un conseil :

- Le Vatican n’existe plus depuis bien longtemps, camarade, et la religion n’a pas sa place chez nous. Mentionner son existence est même déconseillé en ces lieux…

Le commissaire politique se caressa son menton impeccablement rasé l’espace d’un instant, comme pour réfléchir, et examina plus attentivement le jeune homme, toujours assis face à lui. Trop frêle pour être un soldat, encore moins un véritable ouvrier digne de ce nom, mais visiblement dans une forme suffisante pour arpenter les tunnels du Métro et porter des messages – notamment de propagande. Et s’il connaissait les livres, à en juger la façon dont il avait examiné l’œuvre qu’il lui avait tendu, il pouvait sûrement l’aider à remettre en état de marche une imprimerie digne de ce nom au sein de la Ligne Rouge. Une idée se forma doucement dans son esprit.

- Ecoutez, poursuivit-il en se penchant sur son bureau comme s’il confessait quelque chose, je ne sais pas vraiment d’où ni quand vous venez, ni si je peux vous faire vraiment confiance. Je vais devoir vous garder auprès de moi pour vous surveiller quelque temps, histoire d’être sûr que vous n’êtes pas un espion envoyé par la Hanse ou par Polis. Mais je pense que nous pouvons nous aider mutuellement… Je vous propose de devenir colporteur pour nous, et de nous aider à libérer le Prolétariat dans l’ensemble du Métro du joug de la Bourgeoisie et de l’ignorance, jusqu'à ce qu'on trouve comment vous renvoyer chez vous. Qu’en dites-vous ?
Anonymous
Alyaa [NRP]
Invité
Dim 24 Mar - 16:27


Patya était sidéré par ce qu'il entendait. Attentif, il buvait les paroles de son interlocuteur tandis qu'une curieuse sensation de flottement s'emparait de lui. Il ne broncha pas, n'émit pas un son avant que le militaire ait dit tout ce qu'il avait à dire. Ses derniers mots furent les plus importants. Ils trouvèrent une résonance assourdissante dans le cœur du garçon qui n'avait pas conscience jusque là de ce qui le motivait vraiment. La liberté, pour sa famille et lui, était une évidence ; faire admettre au monde que les zootropes n'étaient pas des démons était une évidence ; libérer le peuple d'une forme d'oppression plus grande... Cette idée-là mettait en mots un non-dit puissant. Celui de l'église et du contrôle qu'elle exerçait dans toutes les strates de la société. Un instant, un violent sentiment de rejet l'envahit : il croyait en Dieu et refusait d'ignorer ce qui lui avait permis de tenir depuis ce jour fatidique où sa part animale s'était invitée dans sa vie. Mais ce que lui offrait cet homme valait bien un secret supplémentaire. Après tout, il avait l'habitude de se cacher. Il s'en sortirait.

Je cours vite, répondit-il de but en blanc.

L'homme l'avait jaugé d'un regard et cerné en quelques secondes. Il paraissait de bon ton d'établir sans attendre sa volonté de coopérer.

J'ai un bon sens de l'orientation et une bonne mémoire. Montrez-moi un plan de votre... métro et j'emmène tout ce que vous voulez où vous voulez.

Son regard ne quittait pas celui du commissaire politique dont il apprendrait bientôt les véritables grade et fonction. Pour la seconde fois de sa vie, Patya allait accorder sa confiance à un représentant de l'ordre. Cela lui avait réussi avec le Père Micha, qui lui avait appris à concilier foi et métamorphose. Cela pouvait lui réussir avec Stepan Stepanovitch qui lui promettait séant de l'aider à rentrer chez lui.

Afin d'affirmer sa détermination, il tendit au-dessus du bureau une main qui ne tremblait plus.
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