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Embrouillimani et compagnie

Kaoren
Non, non, c'est bien plus beau lorsque c'est inutile !
Personnages : Kaoren, Penrose
Messages : 645
Date d'inscription : 22/09/2015
Kaoren
Dim 9 Juin - 17:06
Il y a un chemin par là, allons-y. Le tableau a beau aboyer en langage soutenu, je suis déjà trop pressée d’en finir et de faire sentier à part pour m’attarder sur chaque péripétie de notre traversée. La raison pourrait me dicter d’écouter l’avis de ce nouveau résident du Labyrinthe, mais elle me suggère plutôt qu’il y a une chance sur deux que ce soit une mauvaise idée, et qu’en cas d’incertitude, autant choisir l’option la plus rapide. Je pourrais aussi demander à notre amie la lampe flagorneuse ce qu’elle pense de tout ça, mais puisque c’est elle qui nous a amenés ici…

Au moins, je ne repars pas les mains vides. Il s’est trouvé plus de livres que je n’en pouvais porter dans ces tas de babioles, et j’ai dû me contenter d’un Manifeste de sur la malpolysyndète qui semble contenir quelques-uns des secrets de la grammaire approximative dont certains Objets font preuve, ainsi que du Grand vivre du savoir-livre qui m’a l’air à peu près dans le même ton. Rien de bien rigoureusement cyantifique – encore que je suis curieuse de lire le chapitre sur la théorie du langage appliquée au silence – mais ça réduirait peut-être ma déception si je devais fuir le Labyrinthe avant d’en avoir atteint le centre.

Ceci étant, je fais preuve de la plus grande indifférence quant aux propos du chien de tableau et, une fois n’est pas coutume, je m’accorde avec le mouvement de mon vieux de compagnie. En y repensant, si un passage est caché derrière un tableau, c’est bien qu’il mène quelque part où sont cachées des choses à découvrir. L’incohérence n’est pas systématique. C’est donc que je m’y rends, après avoir lâché à notre hôte d’infortune un fatigué :

« Regardez pas le désordre… »

Me voici donc littéralement dans le mur, à me demander si l’acquisition sans préavis de livres trouvés dans un manoir ne peut pas être techniquement apparentée à du vol, puis à me dire que le propriétaire s’est réclamé aventurier et a donc probablement commis le même genre de méfaits dans sa vie.

Cette nouvelle allée qui s’ouvre à nous retrouve l’aspect végétal qui nous avait accueilli en premier lieu, mais sans les jolies arborescences et inflorescences en arbres de Fibonacci. De toute façon, ça fait un moment que je regarde principalement le sol. Et je risque bien de garder le regard vers le bas d’autant plus longtemps, maintenant que j’ai une…

Ah, crisse, j’ai oublié de prendre la boussole. Ça va se faire à l’instinct de papy plaignard.


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Folie d'Esquisse
Messages : 1044
Date d'inscription : 24/06/2012
Folie d'Esquisse
Mer 17 Juil - 23:39
     Ces deux dessinateurs fort impolis, qui avaient pénétré la demeure du grand chien sans même s’essuyer les pieds, repartaient après avoir foutu un bordel pas possible. Au moins, ils n’avaient pas profité de l’immobilisme du maître de maison – et chien de garde par la même occasion – pour se servir… Ah, si.
     « Dites donc, jeune femme ! Vous croyez que je ne vous vois pas ? Si j’étais encore un jeune homme fringuant et en pleine possession de mes moyens, et de mes épées, je vous en aurait fait passer une ou deux à travers le corps ! »
     Mais déjà, Penrose et Stephen progressaient dans le passage. Un passage aux parois couvertes de feuilles, d’un vert qui semblait déjà bien vif, mais à mesure que la lumière du manoir se faisait de plus en plus distante, ce vert prenait des teintes carrément fluorescentes, permettant aux Dessinateurs de ne pas trop trébucher sur les racines noueuses au sol. Ce couloir serpentait, s’enfonçait dans la semi-pénombre, et ne semblait pas avoir de fin. En outre, on pouvait apercevoir des mots, des phrases, se dessiner sur les larges feuilles, à mesure qu’ils étaient prononcés, et s’effacer peu de temps après :
     cœur du Labyrinthe
     jeune homme fringant
     pas le désordre
     tout proche
     chargez ces impudents
     Attendez, quoi ?
     En effet, derrière Penrose, qui fermait la marche, un son qui n’était pas celui du frémissement des arbustes et des soupirs de celle-ci, plus métallique, plus pressé, plus pressant, se rapprochait.
     Une petite dizaine d’épées, entre un mètre cinquante et deux mètres, sautillant sur leurs pommeaux et tenant dans les quillons de leur garde des petites statuettes ressemblant à des hommes en armure, très réalistes et finement détaillées, semblaient déterminés à poursuivre et occire ces importuns.
     Combattre ces épées maniant des chevaliers serait suicidaire. Il ne restait que la fuite, à moins que Penrose et Stephen jugeassent plus prudent de tenter de négocier…

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