"Vous savez, toutes les histoires commencent par "Il était une fois" et finissent par "Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants"... ouais bah je crois que mes parents ils ont jamais eu la notice de fin d'histoire. Je suis fille unique, ce qui entre-nous est bien parce que je suis gâtée par ma famille, mais mal car je m'ennuie énormément. Je n'ai pas d'amis, jugée trop "sauvage" par les autres enfants durant toute mon enfance et mon adolescence. Une seule personne a osé m'approcher, mais comme j'avais entendu une conversation la veille où il était mention d'un pari à mon encontre, je n'ai pris aucun risque et j'ai renvoyée la personne fissa. J'ai beau être tendre, il n'en reste pas moins que je ne me laisserai pas être la tête de turc du lycée... peut-être pour ça d'ailleurs que j'ai été renvoyé de diverses écoles... à force de frapper mes camarades, les plaintes se cumulaient... bon j'ai tout de même terminé par me tenir à carreaux parce que sinon c'était le camp militaire, merci mais non merci hein !

Vous savez, je n'ai jamais connu de vrai drame. Mes parents sont ensemble depuis presque trente ans et sont toujours aussi heureux. Bon, ma mère ne "peut" plus avoir d'enfant depuis qu'elle a faillit mourir lors de mon accouchement -le médecin lui a dit qu'elle devait choisir entre avoir un seul enfant et le voir grandir ou en avoir un deuxième et mourir sur la table d'accouchement-. À mes dix ans est survenu un événement incroyable : j'avais mon tout premier petit copain. J'étais la gamine la plus heureuse du monde. On se tenait la main, on se faisait des bisous -sur la joue voyons- et je l'avais même invité quelque fois à venir dormir à la maison. Seulement, je me suis rendue compte au bout de trois mois ensemble qu'il sortait avec moi, mais aussi avec Julie, Katie et Kate. C'est ce jour-là que j'ai connu mon premier chagrin d'amour.

Je n'y ai pas renoncé pour autant. Quand on me demandait ce que je voulais faire plus grande, je répondais "vivre dans une grande maison avec un chien, des enfants et un amoureux". Les autres riaient tous de moi parce qu'eux ils voulaient être médecin, pompier policier, mais pas moi. Pour eux, j'étais trop différente. Ce n'est pourtant pas encore le moment où le coup de grâce à été porté. À mes quinze ans, j'ai connu un autre garçon, Charles qu'il s'appelait. Beau, sportif, intelligent, riche -je me fichais pas mal de son compte en banque, c'est lui que j'aimais, pas son argent-. Nous sommes sortit ensemble un an. La plus belle année de ma vie. Charles m'a fait découvrir tout les coins de l'Espagne. C'est également lui qui m'a initié à la drogue et à la boisson -même si je n'ai jamais aimé consommé ces conneries, je le faisais pour mon copain, je ne voulais pas qu'il me quitte en me pensant trop prude-. Un an à me foutre en l'air, à consommer drogue sur drogue et alcool sur alcool. Un soir, alors que j'étais partie au travail, Charles en a profité pour ramener des filles à la maison. C'est là que je les ai découvert, en rentrant plus tôt du boulot, voulant lui annoncer une bonne nouvelle. Charles était étendu, nu, sur notre lit et trois filles l'entouraient, nues également, et dormaient du sommeil du juste. J'ai plaqué une main horrifiée sur ma bouche et ni une ni deux j'ai pris mes cliques et mes claques et je me suis barrée. Je crois que le pire, c'est que je venais d'apprendre que j'étais enceinte et c'est pour cela que je rentrais plus tôt du travail. Élever un enfant toute seule, d'un père infidèle, drogué et alcoolique et d'une mère qui l'était devenue par la faute de son père, je ne m'en suis pas sentie la force. Mais je ne voulais pas non plus l'abandonner, ce bébé il n'avait rien demandé à personne, il n'était pas coupable des actes de son odieux de paternel. Je me suis alors réfugiée au domicile familial.

C'est donc du haut de mes seize ans que j'ai annoncé à mes parents, d'une voix brisée par les sanglots, que j'avais un copain depuis un an, que j'avais appris une bonne nouvelle ce soir et que voulant lui annoncer une bonne nouvelle, je l'avais retrouvé au lit avec trois nanas. Mon père était rouge de rage, voulant aller lui faire le portrait et ma mère, bien qu'ayant l'air horrifiée, était intriguée par la "bonne nouvelle" que j'avais à lui annoncer. Prenant mon courage à deux mains, je soufflai tout bas que j'étais enceinte et que je voulais le garder, que je ne me voyais pas l'abandonner alors qu'il n'avait rien demandé -surtout pas à être là- et que je n'allais pas faire souffrir ma mère en avortant alors qu'elle ne pouvait plus avoir d'enfant. Ma mère a lâchée un cri d'horreur avant de venir m'engouffrer dans ses bras. Mon père, lui, n'a pas prononcé un seul son. Il me regardait, l'air incrédule, le regard alternant entre mes yeux et mon ventre plat. Il prononça, perplexe, le mot "bébé" en pointant mon ventre. Éclatant de rire, j'hochai la tête en signe d'accord et ses yeux s’agrandir encore plus, si c'était possible. Il fini tout de même par me prendre dans ses bras en voyant mon regard inquiet. Soulagée, la tension accumulée s'évapora et j'éclatai en sanglots hystérique, heureuse d'un côté, mais très malheureuse de l'autre.

C'est ce jour-là que je décidai que plus jamais les hommes n'allaient me manipuler. Que plus jamais je ne tomberais amoureuse, que plus jamais un homme n'aurait d'emprise sur moi. Aujourd'hui, je prenais enfin la décision d'agir pour moi, de faire ce que je désirais, de ne plus me laisser dicter ma conduite. Aujourd'hui, j'étais enfin libre. Je me sentais libre. En me couchant ce soir-là, je ne pensais plus qu'à une chose "faites que demain arrive le plus tard possible".

À mon réveil, j'étais dans un monde complètement inconnu. Autour de moi, une forêt s'étendait à perte de vue. Le ciel était d'un magnifique violet clair et les arbres étaient d'une étrange couleur... rouge ? L'herbe, à mes pieds, étaient d'un joli turquoise et alors que je regardais, sceptique, mon environnement, un bruit suspect me fit froid dans le dos. Me retournant, je vis venir vers moi, avec stupeur, une gigantesque aiguille à tricoter. Ne comprenant rien à ce qu'il se passait, les plus folles idées me passèrent par la tête "J'étais décédé et arrivé dans un monde totalement fou, j'hallucinais ou même encore que "Dieu" me jouait un vilain tour et que mes "péchés" se manifestaient sous la forme d'objet venant me tuer". Je n'eu pas le temps d'y réfléchir plus avant parce que l'aiguille géante se mit à me charger, essayant de m'embrocher -ou de me coudre, peut-être ? Qu'en sais-je, après tout ?-. Prenant les jambes à mon cou, je m'enfuyais à toute vitesse dans la direction opposée à celle-ci, m'enfonçant alors dans la forêt. Ce n'est qu'au bout d'interminable minutes de course -qui me semblèrent durer des heures-, que j'aperçu enfin un village droit devant moi. Puisant dans mes dernières forces, je me mis à courir encore plus vite, comme si ma vie en dépendait -en fait c'était le cas- et refermai les portes juste à temps, entendant derrière un bruit métallique indiquant que l'aiguille s'était plantée dans celle-ci. Ce soir-là, alors que je m'installai à l'auberge -dont la personne la tenant avait bien voulue me donner une chambre en échange de mon aide-, je passai à la salle de bain, voulant me laver avant d'aller au lit. Seulement, en passant le miroir, un cri d'horreur m'échappa. Rose, mes cheveux étaient devenu rose. Et mes yeux, qu'était-il arrivé à mes yeux ? D'un beau vert émeraude, ils étaient devenues rouge sang. J'étais complètement horrifiée, déboussolée, je ne savais pas quoi faire. Était-ce normal ? Allait-ce partir d'ici quelques jours ? Pourtant, plus les jours avançaient, plus je du me rendre compte avec qu'horreur que ces deux couleurs restaient avec moi. Même, mes cheveux se voyaient parsemer de différentes couleurs au gré des journées. Je dus me rendre à l'évidence que quoi que je voulu-je faire, rien ne les feraient redevenir blond. C'est donc démoralisée que j'en suis venue à la conclusion qu'il fallait que je les laisse vivre leurs vies, que plus jamais mes cheveux et mes yeux n'auraient une couleurs normales. Je me rendis compte également avec effroi que mon ventre ne grossissait pas. J'aurais pourtant du voir mon ventre s'arrondir puisque j'étais actuellement enceinte, non ! Était-ce normal ? Était-ce une conséquence de ma venue dans ce monde ? Et pourtant, là également, plus les jours avancèrent et plus je dus me rendre compte avec horreur que j'avais bel et bien perdu mon bébé. J'étais effondrée, brisée, anéantie. Le tout petit être qui grandissait jusqu'alors en moi avait totalement disparu. Je suis restée des jours prostrée sans parler, manger ou même boire. Puis, un jour, la tenancière est venue me voir dans ma chambre et elle m'a parlée. Elle me disait de ne pas abandonnée, que j'avais un rêve -revoir mes parents un jour-. Elle me demandait comment j'allais faire si je déprimais déjà au moindre obstacle ? Elle disait qu'elle comprenait, que c'était un enfant, un petit être innocent qui n'avait rien demandé, mais que justement, croyais-je vraiment que ce monde était fait pour lui ? Au contraire, ce monde n'allait pas me l'enlever alors que je l'aurais enfin connu, tenu dans mes bras... aimé ? Elle me demanda, avant de partir si, en fin de compte, n'était-ce pas quelque chose de bien, qu'il ait disparu. Réfléchissant, je dus en venir à la conclusion -bien qu'elle ne me plut pour rien au monde- qu'elle avait raison. Je finie par, au bout de trois semaines dans un état apathique, à me reprendre, mangeant, buvant et parlant de nouveau.

Les jours passèrent, j'en apprenais plus sur l'endroit où je me trouvais. Puis, un jour, une tempête s’abattit sur le monde. Les habitants la nommèrent "La grande Tempête". Tout devint noir, -plus aucune lumière à l'horizon-, et ne sachant pas ce que c'était, je levai la tête... grossière erreur -oupas-. Je ne vis tout d'abord rien du tout puis, en plissant les yeux, je réussie à apercevoir les prémices d'un rassemblement de "bugs". Il y avait comme une atmosphère de folie qui s'en dégageait. N'ayant aucune confiance en ce truc, je regardai mes camarades et leur criai de courir loin, que sinon rien de bien n'allait se produire. M'écoutant, tous se dispersèrent. Je réussie à y échapper in extremis -j'ai encore du mal à croire que je n'ai rien eu durant ce jour-là-.

Les jours passèrent, se ressemblant tous, ou presque. Combat contre les objets qui menaçaient les habitants ou moi-même, exploration des alentours afin d'en apprendre plus sur le monde où j'étais atterrie. J'ai même quelques anecdotes à raconter. Un jour, alors que je me baladais dans la forêt environnant le village, un bruit suspect dans les feuillages attira mon attention. Je m'armai alors de courage -inexistant- et avançai, bravement, vers le bruit. Seulement, la scène à laquelle j'assista n'était pas celle à laquelle je m'attendais. Un couple, n'ayant tout deux pas plus de seize ans, s'adonnait à des plaisirs... charnels ? Étouffant un rire, j'essayai de fuir le plus discrètement de rire, rouge du fou-rire qui cherchait à s'échapper de ma bouche et de la gêne qui me tenaillait, mais en reculant, mon pieds percuta une brindille et celle-ci éclata sous mon poids. Sursautant, le couple se retourna vers moi et ils passèrent du beige au blanc puis au rouge plus vite qu'un feu de signalisation. N'en pouvant plus, je laissai mon rire clair se répandre dans la forêt autour de moi alors que le couple, plus rouge que rouge, essayait de se rhabiller sans m'en faire voir plus que je n'avais déjà vu -même s'il était trop tard-

Une autre fois, alors que je combattais une énorme lime à ongle, un cri me fit retourner une fraction de seconde. Seconde dont profita la lime pour m'entailler la joue et l'épaule droite. J'en garde d'ailleurs une belle cicatrice. Qu'était ce bruit, vous demandez-vous ? Simplement un villageois qui s'était fait attaquer par un sanglier.