Memory Fragments
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Mar 4 Oct - 22:58
Sa petite main prit celle de son père, qui était bien plus grand, elle qui était haute d'à peine trois pommes. Elle l'admirait, lui, cette figure de protection, pleine de bienveillance. Non loin de lui, sa mère, le sourire aux lèvres, une expression doucereuse sur le visage. Elle lui tendit le met qu'elle venait de payer pour elle, la toute petite fille :
-Et hop, voilà ta glace ! Fais attention à ne pas te tâcher, d'accord ?
Anna hocha la tête, tout sourire, avant de commencer à la manger. D'un pas tranquille, la petite famille traversa le parc. Il était tellement beau, ce parc. Tout était vert, tout semblait tellement beau, vu comme ça. Elle voulait courir, se précipiter dans l'herbe, aller voir le petit chien qui s'amusait, au loin, pouvoir le caresser. Mais la présence sécurisante de ses parents lui plaisaient pleinement pour cette fois. Plus que tout, elle voulait à nouveau, partager ce si bon moment avec ses parents. Ils travaillaient beaucoup, mais ils lui avaient promis qu'ils sortiraient ensemble comme ça plus souvent.
-Maman ! Papa ! On ira manger encore manger des glaces au parc, la prochaine fois ?
-La semaine prochaine, ma petite araignée, murmura sa mère en souriant.
-Et si je peux me libérer, on pourra même pique niquer ! Ajouta son père.
-Youpi ! Un pique nique !
Tout était parfait. Anna était contente. Elle dirait même heureuse.
Le bonheur absolu.
-Maîtresse ? Quand est-ce que papa et maman viennent me chercher ?
-Bientôt, Anna, bientôt.
La petite fille pencha la tête de côté. Son sac était déjà tout prés. Ses parents lui avaient promis qu'ils iraient pique niquer ensemble au parc, cet après midi. Mais ils avaient l'air d'être très en retard. La maîtresse, elle, elle avait changé de tête depuis qu'elle avait reçu un coup de téléphone. Elle n'avait plus l'air d'être aussi joyeuse qu'au début, et elle sursautait quand Anna lui demandait si ses parents venaient bientôt. La petite fille sentait son cœur battre de plus en plus vite.
Quelque chose n'allait pas.
Puis des adultes entrèrent dans la pièce.
-Vous voilà enfin. Elle est là.
Les adultes s'approchaient maintenant d'elle. Alors... Ils venaient la chercher ?
-Où sont papa et maman ? Demanda-t-elle, alors que les larmes lui montaient aux yeux.
-Vous ne lui avez rien dit ? Demanda une femme à la maîtresse, à laquelle la maîtresse répondit en secouant la tête.
La femme s'accroupit devant la petite fille, posant une main sur ses épaules.
-Tes parents ne peuvent pas venir. Il y a eu un accident, sur la route... Tu comprends ?
Anna secoua la tête, sanglotant.
-Ils sont au ciel. Tu viens avec moi ? Nous allons nous occuper de toi.
Les larmes devinrent abondante dans ses yeux. Les sanglots devinrent des cris qui déchirèrent l'atmosphère, autour d'elle. Quant à son cœur, il était déchiqueté, détruit en pièce, à jamais cassé. Irrécupérable. Tout se fissurait autour d'elle, tout le monde autour d'elle n'était plus là. Elle se retrouvait plongée, plongée dans des abîmes, dans les abysses de ce chagrin que nul ne pouvait sonder, à part sa propre conscience.
La pire chute de son existence.
-Et hop, voilà ta glace ! Fais attention à ne pas te tâcher, d'accord ?
Anna hocha la tête, tout sourire, avant de commencer à la manger. D'un pas tranquille, la petite famille traversa le parc. Il était tellement beau, ce parc. Tout était vert, tout semblait tellement beau, vu comme ça. Elle voulait courir, se précipiter dans l'herbe, aller voir le petit chien qui s'amusait, au loin, pouvoir le caresser. Mais la présence sécurisante de ses parents lui plaisaient pleinement pour cette fois. Plus que tout, elle voulait à nouveau, partager ce si bon moment avec ses parents. Ils travaillaient beaucoup, mais ils lui avaient promis qu'ils sortiraient ensemble comme ça plus souvent.
-Maman ! Papa ! On ira manger encore manger des glaces au parc, la prochaine fois ?
-La semaine prochaine, ma petite araignée, murmura sa mère en souriant.
-Et si je peux me libérer, on pourra même pique niquer ! Ajouta son père.
-Youpi ! Un pique nique !
Tout était parfait. Anna était contente. Elle dirait même heureuse.
Le bonheur absolu.
-Maîtresse ? Quand est-ce que papa et maman viennent me chercher ?
-Bientôt, Anna, bientôt.
La petite fille pencha la tête de côté. Son sac était déjà tout prés. Ses parents lui avaient promis qu'ils iraient pique niquer ensemble au parc, cet après midi. Mais ils avaient l'air d'être très en retard. La maîtresse, elle, elle avait changé de tête depuis qu'elle avait reçu un coup de téléphone. Elle n'avait plus l'air d'être aussi joyeuse qu'au début, et elle sursautait quand Anna lui demandait si ses parents venaient bientôt. La petite fille sentait son cœur battre de plus en plus vite.
Quelque chose n'allait pas.
Puis des adultes entrèrent dans la pièce.
-Vous voilà enfin. Elle est là.
Les adultes s'approchaient maintenant d'elle. Alors... Ils venaient la chercher ?
-Où sont papa et maman ? Demanda-t-elle, alors que les larmes lui montaient aux yeux.
-Vous ne lui avez rien dit ? Demanda une femme à la maîtresse, à laquelle la maîtresse répondit en secouant la tête.
La femme s'accroupit devant la petite fille, posant une main sur ses épaules.
-Tes parents ne peuvent pas venir. Il y a eu un accident, sur la route... Tu comprends ?
Anna secoua la tête, sanglotant.
-Ils sont au ciel. Tu viens avec moi ? Nous allons nous occuper de toi.
Les larmes devinrent abondante dans ses yeux. Les sanglots devinrent des cris qui déchirèrent l'atmosphère, autour d'elle. Quant à son cœur, il était déchiqueté, détruit en pièce, à jamais cassé. Irrécupérable. Tout se fissurait autour d'elle, tout le monde autour d'elle n'était plus là. Elle se retrouvait plongée, plongée dans des abîmes, dans les abysses de ce chagrin que nul ne pouvait sonder, à part sa propre conscience.
La pire chute de son existence.
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Mer 5 Oct - 14:53
Il entendit un cri sortir des tréfonds de la ville. Ce cri, il le connaissait par cœur, il l'entendait presque tout le temps, depuis qu'il était entré ici.
-Merde ! Le toit s'est encore barré !
Liberty, tel était le nom de la femme à qui appartenait cette voix. Cette femme, c'était sûrement la colère incarnée, aux yeux d'Alexander. Elle l'agaçait au plus haut point, et vice versa. Elle, elle préférait absolument bosser pour améliorer leurs conditions de vie dans la Ville. Lui, il préférait largement glander, glander, et glander. En vérité, sa vie était devenue bien plus morose depuis qu'il était entré dans ce monde parallèle. Rien ne l'intéressait ici, tout l'effrayait même, et le brun se demandait pourquoi était-il encore vivant après avoir passé tant de temps ici. Il ne savait même pas comment il avait fait...
Ah, si. Liberty.
C'était elle qui avait eu l'idée de le ramener dans la petite maison que le groupe de dessinateurs avait envahi, le temps de survivre. « Bouges ton cul, on n'a pas qu'ça à faire ! » Lui avait-elle dit devant son air hébété, le premier jour. Maintenant, les « Bouges ton cul ! » et les insultes diverses fusées de sa bouche comme jamais. Des fois, il se demandait si ce n'était pas un type qui était entré dans le corps de cette meuf. Non mais franchement. Elle l'esclavageait, la petite dame. Elle lui demandait tout le temps de poursuivre ce toit merdeux, avec les autres dessinateurs de sexe masculin – comme si les femmes étaient dispensées, tiens! - et ça prenait des plombes avant qu'on puisse enfin le capturer et le remettre à sa place.
Mais cette fois, il était hors de question qu'il lui obéisse une nouvelle fois ! Il se glissa en mode ninja entre deux ruelles, de la façon la plus discrète possible. « Il en manque un ! Toujours le même en plus ! » hurlait la voix à nouveau. Et merde. Tentative d'évasion compromise. La négrière avait repéré son absence soudaine. Il se pressa rapidement encore entre quelques rues, tandis qu'au loin, la voix de la femme raisonnait encore, tel un écho, qu'on aurait pu foutre avec une musique de fond dans un film d'horreur « Alexaaaander ! T'es où, bordel ?! ». Mais la voix se faisait de plus en plus lointaine, et bientôt Alexander se retrouva en lieu sûr, loin de la folle tyrannique.
Il traversa tranquillement la plaine qui s'étendait devant lui. Du moins jusqu'à ce qu'il se rende compte qu'il était vraiment seul. Le brun s'immobilisa, observant silencieusement l'horizon un peu trop coloré pour sembler être réel. Et maintenant ? Jusque là, il n'avait pas encore réalisé ce qui était en train d'arriver, là maintenant, dans ce monde étrange et incompréhensible. Il n'était désormais plus rien. Il n'y avait plus rien d'autre qu'une maigre compensation, une identité par ci par là, des souvenirs d'un monde qui lui semblait être totalement illusoire, comme un mirage, comme des histoires que l'on raconte à un enfant que l'on borde dans son lit, avant qu'il ne s'endorme. Rien n'était pareil, tout avait entièrement changé. Même sa famille et ses proches semblaient se faner dans cet océan de couleur, comme de vagues émotions, de vagues mots prononcés, des sentiments qui s'évanouissaient dans une obscurité des plus totales. Tout ce qu'il restait de cette ancienne vie, n'étaient que des souvenirs qu'il s'obligeait à garder quelque part, au fond de sa conscience, même si le temps s'écoulant semblait tous les rendre plus troubles et les effacer petit à petit. Des regrets qu'il se ressassait continuellement, qui le consumaient à petit feu, comme une feuille de papier qui prenait feu et s'embrasait à mesure que l'air entretenait la flamme...
Et maintenant ?
Rien ne sera jamais comme avant. Jamais il ne retrouverait ce passé, avec ses bons et ses mauvais souvenirs, même s'il le souhaitait de tout son être. Alexander soupira. Il y avait encore quelque chose qu'il pouvait faire, non ? Un toit était encore en cavale, d'après les dires de Liberty. Il était encore temps de faire quelque chose, de passer à l'acte, au lieu de tenter de tout étouffer alors que cela était inutile. Liberty était coriace, mais elle n'était pas une mauvaise personne. Elle n'allait pas tout faire fonctionner seule. Alors qu'il tournait la tête pour faire demi-tour, il remarqua le vent qui s'élevait, soudainement. Si soudainement. Il ne comprit pas tout de suite ce qui était en train de passer. Il ne le comprit que quand il vit, au loin, la masse non identifiée qui fonçait droit sur lui.
S'il devait comparer ça à ce qui existait dans son ancien monde, il aurait volontiers dit que c'était une tempête.
L'impact allait arriver. Il le savait. C'était trop tard. Pourtant, il prit ses jambes à son cou, accélérant l'allure, fuyant cette chose qui allait inexorablement l'emporter avec elle. Il entrevit sa vie défiler devant ses yeux, alors qu'il sentait son corps toucher, même entrer, dans le lieu de perturbation.
Avant de fermer les yeux pour la dernière fois, il eut une pensée pour une personne.
Une personne qui n'était pas ici.
Et heureusement.
Les couleurs. Les couleurs miroitaient, partout, autour de lui, jouaient avec lui. Des sentiments confus semblaient essayer de naître en son esprit, sans vraiment l'atteindre. Une étrange sensation de flottement, emporté dans une valse de nuances et de tons tous plus différents les uns que les autres. Lui semblait pâle, face à ce spectacle, cette danse endiablée à laquelle il voulait prendre part, sans vraiment pouvoir y participer. Sa main se tendit vers les couleurs, comme pour les atteindre, ou les toucher, mais sa peau d'une blancheur spectrale ne fit que passer au travers d'elles.
Qui était-il ?
La question lui était soudainement venue, puisqu'il n'était pas partie intégrante de tous les éclats qui semblaient flotter en orbite près de lui. Il prit doucement conscience que ses paupières s'ouvraient, lentement, vers la voûte céleste, au dessus de lui. Quelles étaient ces couleurs ? Cela semblait être magnifique, sublime, vu d'ici. Un instant l'envie de pouvoir s'envoler pour les atteindre fit place dans son esprit, mais les images qui arrivèrent ensuite, tel un éclat vif en son esprit, le percutèrent jusqu'aux tréfonds de son âme. Des souvenirs qui semblaient couler de source, qui semblaient si évident. Un passé des plus merveilleux, comme un avenir qui lui semblait plus que prometteur. Oui, il savait ce qu'il avait à faire. Il avait une mission, une divine mission. Quelqu'un, ici, Reine de ces couleurs, Déesse de la Beauté et de la Désillusion, lui avait offert la vie, et il devait lui rendre la pareille. Sa mère, l'Âme qui dominait ce monde de toute sa hauteur, ne lui demandait qu'une chose. Et il allait le faire.
Canvas allait le faire.
-Ah ! Te voilà enfin ! Ça fait des plombes que je te cherche !
Il se releva, se dressant de toute sa hauteur, pour faire face à l'individu. C'était l'une de ces intrus. La femme était là, à quelques mètres de lui, un air à la fois coléreux et inquiet. Il ne la connaissait pas, quelque soit qui elle était. Il ne savait même pas pourquoi elle le cherchait. Mais cela n'était que des informations purement inutiles. Une envie naissait dans son esprit, l'envie de la voir disparaître de ces lieux, à jamais. L'envie de réduire son existence à néant, l'envie de la voir s'éteindre de la manière la plus atroce possible.
-Tu vas bien, Alex ? T'es tout blanc, on dirait qu'on t'a passé à l'eau de javel !
Alex ? Qui était Alex ? Il n'avait jamais entendu parler de cet Alex. Il ne savait même pas qui il était. Mais alors, pourquoi s'adressait-elle à lui en l'appelant, Alex ? Pour qui le prenait-elle, au juste ? Que croyait-elle ? Qu'il était cet Alex ? Il n'y avait pas d'Alex. Elle n'avait qu'à regarder autour d'elle, il n'était pas là, ce dénommé Alex.
-Alexander ?
-Ça suffit ! Je ne sais pas qui est cet Alexander, et je t'interdis de m'appeler ainsi. Mon nom est tout autre, et je ne le répéterai pas : je suis Canvas, celui qui purifiera ce monde de tout le mal qui le détruit.
En guise de réponse, un éclat de rire échappa de la gorge de la femme, brièvement, brisant le calme apparent des lieux et de l'homme en face d'elle.
-Fais pas l'con, Alex ! Ça ne marchera pas avec moi !
Trop. C'en était trop. Ses jambes avancèrent comme s'il n'avait effectué qu'un seul pas, et aussitôt, ses mains entourèrent la gorge qui lui avait manqué de respect. Il serra la pression sans difficulté aucune, regardant la jeune femme poussant des cris étouffés en se débattant vainement, essayant de repousser son assaillant, en vain. Un sourire se dessina sur les lèvres de Canvas, tandis que le son des râles de l'intruse apaisait son esprit. Finalement, il entendit deux mots, à peine audibles, échapper de ses lèvres:
-L...Lâches moi.
Il fut plutôt ravi de la nouvelle situation. Doucement, il relâcha la pression, laissant le cou et la chevelure de la femme effleurer ses doigts tandis que le corps de cette dernière s'effondrer, à ses pieds. Mais il ne pouvait dire qu'elle était morte, car il entendait distinctement la forte respiration de l'intruse qui cherchait de l'air, alors que ses poumons se gonflaient de façon excessive. Il se pencha vers elle, quelques secondes seulement, le temps de glisser ces quelques mots :
-Tâches de ne jamais, plus jamais, te mettre en travers de ma route.
Avant de prendre le large, d'un pas assuré et déterminé.
-Merde ! Le toit s'est encore barré !
Liberty, tel était le nom de la femme à qui appartenait cette voix. Cette femme, c'était sûrement la colère incarnée, aux yeux d'Alexander. Elle l'agaçait au plus haut point, et vice versa. Elle, elle préférait absolument bosser pour améliorer leurs conditions de vie dans la Ville. Lui, il préférait largement glander, glander, et glander. En vérité, sa vie était devenue bien plus morose depuis qu'il était entré dans ce monde parallèle. Rien ne l'intéressait ici, tout l'effrayait même, et le brun se demandait pourquoi était-il encore vivant après avoir passé tant de temps ici. Il ne savait même pas comment il avait fait...
Ah, si. Liberty.
C'était elle qui avait eu l'idée de le ramener dans la petite maison que le groupe de dessinateurs avait envahi, le temps de survivre. « Bouges ton cul, on n'a pas qu'ça à faire ! » Lui avait-elle dit devant son air hébété, le premier jour. Maintenant, les « Bouges ton cul ! » et les insultes diverses fusées de sa bouche comme jamais. Des fois, il se demandait si ce n'était pas un type qui était entré dans le corps de cette meuf. Non mais franchement. Elle l'esclavageait, la petite dame. Elle lui demandait tout le temps de poursuivre ce toit merdeux, avec les autres dessinateurs de sexe masculin – comme si les femmes étaient dispensées, tiens! - et ça prenait des plombes avant qu'on puisse enfin le capturer et le remettre à sa place.
Mais cette fois, il était hors de question qu'il lui obéisse une nouvelle fois ! Il se glissa en mode ninja entre deux ruelles, de la façon la plus discrète possible. « Il en manque un ! Toujours le même en plus ! » hurlait la voix à nouveau. Et merde. Tentative d'évasion compromise. La négrière avait repéré son absence soudaine. Il se pressa rapidement encore entre quelques rues, tandis qu'au loin, la voix de la femme raisonnait encore, tel un écho, qu'on aurait pu foutre avec une musique de fond dans un film d'horreur « Alexaaaander ! T'es où, bordel ?! ». Mais la voix se faisait de plus en plus lointaine, et bientôt Alexander se retrouva en lieu sûr, loin de la folle tyrannique.
Il traversa tranquillement la plaine qui s'étendait devant lui. Du moins jusqu'à ce qu'il se rende compte qu'il était vraiment seul. Le brun s'immobilisa, observant silencieusement l'horizon un peu trop coloré pour sembler être réel. Et maintenant ? Jusque là, il n'avait pas encore réalisé ce qui était en train d'arriver, là maintenant, dans ce monde étrange et incompréhensible. Il n'était désormais plus rien. Il n'y avait plus rien d'autre qu'une maigre compensation, une identité par ci par là, des souvenirs d'un monde qui lui semblait être totalement illusoire, comme un mirage, comme des histoires que l'on raconte à un enfant que l'on borde dans son lit, avant qu'il ne s'endorme. Rien n'était pareil, tout avait entièrement changé. Même sa famille et ses proches semblaient se faner dans cet océan de couleur, comme de vagues émotions, de vagues mots prononcés, des sentiments qui s'évanouissaient dans une obscurité des plus totales. Tout ce qu'il restait de cette ancienne vie, n'étaient que des souvenirs qu'il s'obligeait à garder quelque part, au fond de sa conscience, même si le temps s'écoulant semblait tous les rendre plus troubles et les effacer petit à petit. Des regrets qu'il se ressassait continuellement, qui le consumaient à petit feu, comme une feuille de papier qui prenait feu et s'embrasait à mesure que l'air entretenait la flamme...
Et maintenant ?
Rien ne sera jamais comme avant. Jamais il ne retrouverait ce passé, avec ses bons et ses mauvais souvenirs, même s'il le souhaitait de tout son être. Alexander soupira. Il y avait encore quelque chose qu'il pouvait faire, non ? Un toit était encore en cavale, d'après les dires de Liberty. Il était encore temps de faire quelque chose, de passer à l'acte, au lieu de tenter de tout étouffer alors que cela était inutile. Liberty était coriace, mais elle n'était pas une mauvaise personne. Elle n'allait pas tout faire fonctionner seule. Alors qu'il tournait la tête pour faire demi-tour, il remarqua le vent qui s'élevait, soudainement. Si soudainement. Il ne comprit pas tout de suite ce qui était en train de passer. Il ne le comprit que quand il vit, au loin, la masse non identifiée qui fonçait droit sur lui.
S'il devait comparer ça à ce qui existait dans son ancien monde, il aurait volontiers dit que c'était une tempête.
L'impact allait arriver. Il le savait. C'était trop tard. Pourtant, il prit ses jambes à son cou, accélérant l'allure, fuyant cette chose qui allait inexorablement l'emporter avec elle. Il entrevit sa vie défiler devant ses yeux, alors qu'il sentait son corps toucher, même entrer, dans le lieu de perturbation.
Avant de fermer les yeux pour la dernière fois, il eut une pensée pour une personne.
Une personne qui n'était pas ici.
Et heureusement.
Les couleurs. Les couleurs miroitaient, partout, autour de lui, jouaient avec lui. Des sentiments confus semblaient essayer de naître en son esprit, sans vraiment l'atteindre. Une étrange sensation de flottement, emporté dans une valse de nuances et de tons tous plus différents les uns que les autres. Lui semblait pâle, face à ce spectacle, cette danse endiablée à laquelle il voulait prendre part, sans vraiment pouvoir y participer. Sa main se tendit vers les couleurs, comme pour les atteindre, ou les toucher, mais sa peau d'une blancheur spectrale ne fit que passer au travers d'elles.
Qui était-il ?
La question lui était soudainement venue, puisqu'il n'était pas partie intégrante de tous les éclats qui semblaient flotter en orbite près de lui. Il prit doucement conscience que ses paupières s'ouvraient, lentement, vers la voûte céleste, au dessus de lui. Quelles étaient ces couleurs ? Cela semblait être magnifique, sublime, vu d'ici. Un instant l'envie de pouvoir s'envoler pour les atteindre fit place dans son esprit, mais les images qui arrivèrent ensuite, tel un éclat vif en son esprit, le percutèrent jusqu'aux tréfonds de son âme. Des souvenirs qui semblaient couler de source, qui semblaient si évident. Un passé des plus merveilleux, comme un avenir qui lui semblait plus que prometteur. Oui, il savait ce qu'il avait à faire. Il avait une mission, une divine mission. Quelqu'un, ici, Reine de ces couleurs, Déesse de la Beauté et de la Désillusion, lui avait offert la vie, et il devait lui rendre la pareille. Sa mère, l'Âme qui dominait ce monde de toute sa hauteur, ne lui demandait qu'une chose. Et il allait le faire.
Canvas allait le faire.
-Ah ! Te voilà enfin ! Ça fait des plombes que je te cherche !
Il se releva, se dressant de toute sa hauteur, pour faire face à l'individu. C'était l'une de ces intrus. La femme était là, à quelques mètres de lui, un air à la fois coléreux et inquiet. Il ne la connaissait pas, quelque soit qui elle était. Il ne savait même pas pourquoi elle le cherchait. Mais cela n'était que des informations purement inutiles. Une envie naissait dans son esprit, l'envie de la voir disparaître de ces lieux, à jamais. L'envie de réduire son existence à néant, l'envie de la voir s'éteindre de la manière la plus atroce possible.
-Tu vas bien, Alex ? T'es tout blanc, on dirait qu'on t'a passé à l'eau de javel !
Alex ? Qui était Alex ? Il n'avait jamais entendu parler de cet Alex. Il ne savait même pas qui il était. Mais alors, pourquoi s'adressait-elle à lui en l'appelant, Alex ? Pour qui le prenait-elle, au juste ? Que croyait-elle ? Qu'il était cet Alex ? Il n'y avait pas d'Alex. Elle n'avait qu'à regarder autour d'elle, il n'était pas là, ce dénommé Alex.
-Alexander ?
-Ça suffit ! Je ne sais pas qui est cet Alexander, et je t'interdis de m'appeler ainsi. Mon nom est tout autre, et je ne le répéterai pas : je suis Canvas, celui qui purifiera ce monde de tout le mal qui le détruit.
En guise de réponse, un éclat de rire échappa de la gorge de la femme, brièvement, brisant le calme apparent des lieux et de l'homme en face d'elle.
-Fais pas l'con, Alex ! Ça ne marchera pas avec moi !
Trop. C'en était trop. Ses jambes avancèrent comme s'il n'avait effectué qu'un seul pas, et aussitôt, ses mains entourèrent la gorge qui lui avait manqué de respect. Il serra la pression sans difficulté aucune, regardant la jeune femme poussant des cris étouffés en se débattant vainement, essayant de repousser son assaillant, en vain. Un sourire se dessina sur les lèvres de Canvas, tandis que le son des râles de l'intruse apaisait son esprit. Finalement, il entendit deux mots, à peine audibles, échapper de ses lèvres:
-L...Lâches moi.
Il fut plutôt ravi de la nouvelle situation. Doucement, il relâcha la pression, laissant le cou et la chevelure de la femme effleurer ses doigts tandis que le corps de cette dernière s'effondrer, à ses pieds. Mais il ne pouvait dire qu'elle était morte, car il entendait distinctement la forte respiration de l'intruse qui cherchait de l'air, alors que ses poumons se gonflaient de façon excessive. Il se pencha vers elle, quelques secondes seulement, le temps de glisser ces quelques mots :
-Tâches de ne jamais, plus jamais, te mettre en travers de ma route.
Avant de prendre le large, d'un pas assuré et déterminé.
Allez râlez pas, racontez-moi plutôt vos complexes !
Personnages : Alev
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Alev
Lun 17 Oct - 22:13
La jeune femme courait éperdument, un peu comme une folle, au milieu des rues de sa ville natale. Plus précisément, de son quartier. L'égyptienne balaya rapidement une mèche qui était venue devant son visage, le visage légèrement rougi par les efforts. Mais bon sang, où était-il passé ? Elle regarda à gauche, puis à droite, avant de reprendre sa route. Au fait, il n'y avait pas vraiment de route, elle tournait principalement en rond dans les quartiers, aussi stupide que cela puisse paraître. En même temps, les chances qu'un garçon de son âge aille très loin se perdre dans les quartiers n'étaient pas énormes. Comme d'habitude, voilà qu'il faisait encore une crise de colère. En même temps, c'était un peu l'adolescence qui se profilait à l'horizon... Il grandissait vite, dis donc. Il avait déjà onze ans. Le reste de ses frères avait aussi grandi, d'ailleurs. Et c'était là la principale cause de sa crise de colère. Enfin, pour aujourd'hui.
Ah. Voilà comment cela s'était passé. Le matin même, toute la famille s'était levée tôt, puisque le deuxième fils de la famille allait repartir. L'aîné, Jamel, avait déjà quitté la maison depuis un moment, maintenant qu'il avait épousé une charmante femme et avait déjà eu deux enfants avec elle. On ne pouvait pas dire qu'ils passaient souvent chez les parents, cette petite famille. Tahar, le second, allait bientôt repartir, lui qui avait trouvé un travail dans une autre ville, et qui passait lui aussi de moins en moins souvent, même s'il passait plus souvent que Jamel. Sauf que cette nouvelle n'avait pas plu au cadet, Karim, qui avait pile poil choisi le bon moment pour partir en courant et se jeter dans les bras des rues avoisinantes, laissant le reste de la famille en plan. C'était visiblement le seul moyen qu'il avait trouvé pour exprimer sa colère, ou son désarroi, elle ne savait pas vraiment, au fait. Mais elle savait bien que le dernier de ses frères était assez affecté par le départ de son grand frère, ils étaient tout de même plutôt proches.
Alev soupira, à bout de forces. Cela faisait maintenant une bonne demie heure que tous s'étaient lancés à sa recherche, et personne ne l'avait encore trouvé. A un moment, la jeune femme décida de s'arrêter, réfléchissant un instant, avant de faire marche arrière. Si elle n'arrivait pas à le trouver ici, alors ce sera ailleurs. Elle avait une petite idée derrière la tête de sa cachette, même si elle n'en était pas sûre. Elle eut un mal fou à passer par l'espace entre les deux murs, qu'elle avait emprunté mille et une fois quand elle était petite. Elle se souvenait des cris de ses parents qui l'appelaient pendant qu'elle se cachait dans le coin. Ses frères avaient fait de même, que ce soit ses deux frères aînés et ses deux frères cadets. Heureusement, même si elle était une adulte, elle était une jeune femme qui n'avait pas une véritable carrure de dame, et bientôt elle parvint à passer la toute petite route qui n'était accessible que par les personnes de petites tailles, soit les enfants, les nains, ou les Alev. Quoi que, même s'il était un adolescent, peut-être que Mustapha pourrait réussir aussi.
Visiblement, personne n'avait eu l'idée d'y aller, puisqu'elle était la seule à s'y être rendu. Et puis, elle avait trouvé juste, puisque Karim était là, assis, et entourait ses jambes de ses bras. La jeune femme avait sûrement fait un bruit monstre en arrivant ici – la discrétion n'était pas son fort – mais le garçon faisait mine de rien. Technique numéro un de l'enfant énervé : ignorer tout le monde. Mais ce n'était pas ce qui allait l'abattre :
-Karim ! Je te retrouve enfin !
L'espace était de la taille d'une petite terrasse, et se trouvait entre plusieurs maisons. Au dessus de leurs têtes, ils pouvaient apercevoir le linge qu'avait étendu le voisinage, pendant tranquillement au gré du vent. Alev soupira de soulagement en prenant place à côté de lui, étendant ses jambes devant elle.
-Vas t'en, dit l'enfant sans lever la tête.
Ignorant bellement sa réplique, la grande sœur se contenta de légèrement pousser le petit frère par l'épaule, taquine. L'autre ne répondit à aucune de ses provocations, toujours comme rouler en boule.
-T'es pas content parce que Tahar va repartir ? Allez, parle moi ! Tu sais bien que je ne le répéterai pas.
Finalement, au bout d'un instant Karim hocha la tête :
-Je serai seul ensuite.
-Mais non ! Il y a toujours Mustapha ! Il n'est pas parti, lui !
-Lui ?! C'est un idiot ! Il ne pense qu'à m'embêter !
-Non, ce n'est pas un idiot. C'est un a-do-le-scent. Ses neurones sont juste en vacance pour une durée indéterminée.
Même si elle souriait à sa blague, en revanche, l'autre n'avait pas l'air de réagir. En attendant, Alev se contenta de continuer de lui faire des pichenettes à l'épaule, tout en réfléchissant.
-Je suis là aussi, moi.
-Mais tu es une fille !
-Comment ça ?!
-Fais pas comme si ! T'as compris !
Elle avait parfaitement compris. Elle ne pouvait que comprendre ce que pouvait être une relation entre frères, puisqu'elle en avait été témoin à plusieurs reprises. En revanche, elle ne savait que théoriquement ce qu'était une relation entre sœurs, puisqu'elle était la seule fille de la famille. Et elle ne savait que trop bien les différences qu'il pouvait y avoir dans des relations entre un frère et une sœur. Même s'ils étaient proches, il y avait toujours une différence entre un frère et une sœur. La jeune femme soupira, reprenant tout son sérieux, avant de reprendre, tranquillement :
-Tu sais, la vie est ainsi. On naît, on grandit, et un jour on s'en va. Mais ça ne veut pas dire que les liens sont définitivement coupés. Tahar reviendra, comme Jamel. Un jour aussi, je partirai, et Mustapha aussi. Et toi aussi, un jour, tu voleras de tes propres ailes. Mais, le plus important, dans une famille, c'est l'union qui dépasse toutes les distances, ce sentiment qui est dans nos cœurs. Un jour tu comprendras qu'il y a...
-...Le téléphone. Il y a aussi le téléphone.
-Euh... J'allais dire quelque chose d'un peu plus... Spirituel. Mais il y a aussi le téléphone. Tu pourras les téléphoner autant que tu veux !
S'apercevant qu'il avait enfin décidé de la regarder en face, Alev se leva, puis lui tendit une main :
-Allez. On rentre à la maison. Tout le monde s'inquiète pour toi.
Le garçon se redressa finalement un peu, puis lui prit la main pour se relever entièrement.
Voilà un petit problème en moins pour la journée.
Ah. Voilà comment cela s'était passé. Le matin même, toute la famille s'était levée tôt, puisque le deuxième fils de la famille allait repartir. L'aîné, Jamel, avait déjà quitté la maison depuis un moment, maintenant qu'il avait épousé une charmante femme et avait déjà eu deux enfants avec elle. On ne pouvait pas dire qu'ils passaient souvent chez les parents, cette petite famille. Tahar, le second, allait bientôt repartir, lui qui avait trouvé un travail dans une autre ville, et qui passait lui aussi de moins en moins souvent, même s'il passait plus souvent que Jamel. Sauf que cette nouvelle n'avait pas plu au cadet, Karim, qui avait pile poil choisi le bon moment pour partir en courant et se jeter dans les bras des rues avoisinantes, laissant le reste de la famille en plan. C'était visiblement le seul moyen qu'il avait trouvé pour exprimer sa colère, ou son désarroi, elle ne savait pas vraiment, au fait. Mais elle savait bien que le dernier de ses frères était assez affecté par le départ de son grand frère, ils étaient tout de même plutôt proches.
Alev soupira, à bout de forces. Cela faisait maintenant une bonne demie heure que tous s'étaient lancés à sa recherche, et personne ne l'avait encore trouvé. A un moment, la jeune femme décida de s'arrêter, réfléchissant un instant, avant de faire marche arrière. Si elle n'arrivait pas à le trouver ici, alors ce sera ailleurs. Elle avait une petite idée derrière la tête de sa cachette, même si elle n'en était pas sûre. Elle eut un mal fou à passer par l'espace entre les deux murs, qu'elle avait emprunté mille et une fois quand elle était petite. Elle se souvenait des cris de ses parents qui l'appelaient pendant qu'elle se cachait dans le coin. Ses frères avaient fait de même, que ce soit ses deux frères aînés et ses deux frères cadets. Heureusement, même si elle était une adulte, elle était une jeune femme qui n'avait pas une véritable carrure de dame, et bientôt elle parvint à passer la toute petite route qui n'était accessible que par les personnes de petites tailles, soit les enfants, les nains, ou les Alev. Quoi que, même s'il était un adolescent, peut-être que Mustapha pourrait réussir aussi.
Visiblement, personne n'avait eu l'idée d'y aller, puisqu'elle était la seule à s'y être rendu. Et puis, elle avait trouvé juste, puisque Karim était là, assis, et entourait ses jambes de ses bras. La jeune femme avait sûrement fait un bruit monstre en arrivant ici – la discrétion n'était pas son fort – mais le garçon faisait mine de rien. Technique numéro un de l'enfant énervé : ignorer tout le monde. Mais ce n'était pas ce qui allait l'abattre :
-Karim ! Je te retrouve enfin !
L'espace était de la taille d'une petite terrasse, et se trouvait entre plusieurs maisons. Au dessus de leurs têtes, ils pouvaient apercevoir le linge qu'avait étendu le voisinage, pendant tranquillement au gré du vent. Alev soupira de soulagement en prenant place à côté de lui, étendant ses jambes devant elle.
-Vas t'en, dit l'enfant sans lever la tête.
Ignorant bellement sa réplique, la grande sœur se contenta de légèrement pousser le petit frère par l'épaule, taquine. L'autre ne répondit à aucune de ses provocations, toujours comme rouler en boule.
-T'es pas content parce que Tahar va repartir ? Allez, parle moi ! Tu sais bien que je ne le répéterai pas.
Finalement, au bout d'un instant Karim hocha la tête :
-Je serai seul ensuite.
-Mais non ! Il y a toujours Mustapha ! Il n'est pas parti, lui !
-Lui ?! C'est un idiot ! Il ne pense qu'à m'embêter !
-Non, ce n'est pas un idiot. C'est un a-do-le-scent. Ses neurones sont juste en vacance pour une durée indéterminée.
Même si elle souriait à sa blague, en revanche, l'autre n'avait pas l'air de réagir. En attendant, Alev se contenta de continuer de lui faire des pichenettes à l'épaule, tout en réfléchissant.
-Je suis là aussi, moi.
-Mais tu es une fille !
-Comment ça ?!
-Fais pas comme si ! T'as compris !
Elle avait parfaitement compris. Elle ne pouvait que comprendre ce que pouvait être une relation entre frères, puisqu'elle en avait été témoin à plusieurs reprises. En revanche, elle ne savait que théoriquement ce qu'était une relation entre sœurs, puisqu'elle était la seule fille de la famille. Et elle ne savait que trop bien les différences qu'il pouvait y avoir dans des relations entre un frère et une sœur. Même s'ils étaient proches, il y avait toujours une différence entre un frère et une sœur. La jeune femme soupira, reprenant tout son sérieux, avant de reprendre, tranquillement :
-Tu sais, la vie est ainsi. On naît, on grandit, et un jour on s'en va. Mais ça ne veut pas dire que les liens sont définitivement coupés. Tahar reviendra, comme Jamel. Un jour aussi, je partirai, et Mustapha aussi. Et toi aussi, un jour, tu voleras de tes propres ailes. Mais, le plus important, dans une famille, c'est l'union qui dépasse toutes les distances, ce sentiment qui est dans nos cœurs. Un jour tu comprendras qu'il y a...
-...Le téléphone. Il y a aussi le téléphone.
-Euh... J'allais dire quelque chose d'un peu plus... Spirituel. Mais il y a aussi le téléphone. Tu pourras les téléphoner autant que tu veux !
S'apercevant qu'il avait enfin décidé de la regarder en face, Alev se leva, puis lui tendit une main :
-Allez. On rentre à la maison. Tout le monde s'inquiète pour toi.
Le garçon se redressa finalement un peu, puis lui prit la main pour se relever entièrement.
Voilà un petit problème en moins pour la journée.
Alev cherche vos complexes en #b590db.
Canvas désire vous tuer en #8dbe6b.
Latrodectus tisse sa toile en #e04fc9.
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Mar 18 Oct - 22:39
-Je crois qu'ils m'aiment bien, dit Alicia d'un ton évasif, parlant des derniers adultes qui étaient venus à l'orphelinat.
Alicia. Alicia la petite parfaite. Elle était une petite fille au doux visage, aux cheveux blonds, et ses grand yeux bleus lui donnaient un air angélique. Sans parler de ses joues légèrement roses. Une espèce de petite poupée ambulante, le rêve de tout parents sans enfants qui se respectent. Elle avait des petites manières douces, angéliques, et ses longs cils clignaient quand elle disait quelque chose que les adultes trouvaient mignon. La petite fille tout à fait adoptable, la petite fille toute adorable, la petite fille sucre d'orge, la gentille boucle d'or....
Alicia, quoi.
Et en face, il y avait Anna. Anna Maria Cortès. Récemment orpheline, qui rêvait secrètement que ses parents reviennent, resurgissent de nul part en disant que tout cela n'était qu'un cauchemar, un terrible cauchemar, et que tout redevienne comme avant, qu'ils puissent se balader au parc. Elle, qui était d'un banal affolant, avec ses cheveux noirs, son regard sombre et triste, ou même sa solitude plus qu'affichée. Elle, la jeune fille, forcée à vivre dans cet orphelinat, regardait, impuissante, la petite blonde s'attirer tous les autres enfants.
Pourquoi était-elle seule ? Elle n'aimait pas cette solitude, cette compagnie qui la torturait, comme un fardeau, une chaîne attachée à ses chevilles, un bandeau autour de ses yeux. Elle n'en pouvait plus de vivre ainsi, aussi silencieusement, dans les obscures ténèbres d'une vie, d'une existence qui ne lui appartenait plus. Elle n'était plus qu'un corps qui avançait sans vraiment savoir où aller, ou du moins, son esprit s'était totalement fermé, laissant le loisir à son corps de savoir ce qu'il y avait à faire à tel ou tel moment. Cela l'empoisonnait, l'étouffait, de n'être plus que l'ombre de la petite fille qu'elle avait été, avant. En face de ces ténèbres, la lumière, qui illuminait l'autre fille, qui était son exact opposé, celle qui entretenait l'espoir d'un avenir qu'Anna, elle, ne parvenait pas à voir. Elle aurait aimé avoir le même regard qu'Alicia.
Ou qu'Alicia ait ses yeux, à elle.
Mais Alicia l'aimait bien, même si Anna, elle, ne l'aimait pas. Et bientôt, une occasion se présenta à elle, assez inattendue. Elle surgit d'un coup, en un éclair, et la petite brune en profita assez rapidement. Alicia se tenait là, juste en face d'elle. Sa main tenait la rampe d'escalier, et elle avait légèrement entamé la descente des marches.
-Tu viens, Anna ? On va jouer en bas, avec les filles !
Un sourire naquit sur son visage, pour une fois, depuis bien longtemps.
-Oui, j'arrive tout de suite !
La petite blonde l'attendit, son sourire toujours plaqué sur les lèvres. Quand elle fut juste en face d'elle, elle lui tourna le dos, pour descendre les escaliers. Qu'il était facile d'avoir un accident quand on descendait des escaliers, surtout pour un enfant. Et Alicia, oh oui, ce qu'Alicia pouvait être maladroite parfois, quand elle s'y mettait. Les accidents, c'était si vite arrivé, quand on laissait des enfants seuls. Anna avança le bras, légèrement, près des cheveux d'or de son « amie ». Il suffisait juste d'une légère pression, toute légère, au niveau du dos.
Baissant le bras, elle regarda, un sourire satisfait aux lèvres, les cheveux blonds s'élevaient dans le vide alors que le reste du corps tombait, selon les lois de la gravité. Elle observa, un éclair de joie dans les yeux, le spectacle défiler sous ses yeux, cette chute spectaculaire de la petite blonde. Puis, elle prit un air affolé, paniqué, triste et inquiet à la fois.
-Seigneur ! Alicia ! Vite ! Vite ! A l'aide ! Alicia est tombée des escaliers !
Elle masqua tant bien que mal sa joie en voyant le sang couler du petit nez de sa camarade, qui était désormais tordu... Comme ça, elle ne pourra plus faire la mignonne. Et elle restera là.
Tout près d'elle.
Alicia. Alicia la petite parfaite. Elle était une petite fille au doux visage, aux cheveux blonds, et ses grand yeux bleus lui donnaient un air angélique. Sans parler de ses joues légèrement roses. Une espèce de petite poupée ambulante, le rêve de tout parents sans enfants qui se respectent. Elle avait des petites manières douces, angéliques, et ses longs cils clignaient quand elle disait quelque chose que les adultes trouvaient mignon. La petite fille tout à fait adoptable, la petite fille toute adorable, la petite fille sucre d'orge, la gentille boucle d'or....
Alicia, quoi.
Et en face, il y avait Anna. Anna Maria Cortès. Récemment orpheline, qui rêvait secrètement que ses parents reviennent, resurgissent de nul part en disant que tout cela n'était qu'un cauchemar, un terrible cauchemar, et que tout redevienne comme avant, qu'ils puissent se balader au parc. Elle, qui était d'un banal affolant, avec ses cheveux noirs, son regard sombre et triste, ou même sa solitude plus qu'affichée. Elle, la jeune fille, forcée à vivre dans cet orphelinat, regardait, impuissante, la petite blonde s'attirer tous les autres enfants.
Pourquoi était-elle seule ? Elle n'aimait pas cette solitude, cette compagnie qui la torturait, comme un fardeau, une chaîne attachée à ses chevilles, un bandeau autour de ses yeux. Elle n'en pouvait plus de vivre ainsi, aussi silencieusement, dans les obscures ténèbres d'une vie, d'une existence qui ne lui appartenait plus. Elle n'était plus qu'un corps qui avançait sans vraiment savoir où aller, ou du moins, son esprit s'était totalement fermé, laissant le loisir à son corps de savoir ce qu'il y avait à faire à tel ou tel moment. Cela l'empoisonnait, l'étouffait, de n'être plus que l'ombre de la petite fille qu'elle avait été, avant. En face de ces ténèbres, la lumière, qui illuminait l'autre fille, qui était son exact opposé, celle qui entretenait l'espoir d'un avenir qu'Anna, elle, ne parvenait pas à voir. Elle aurait aimé avoir le même regard qu'Alicia.
Ou qu'Alicia ait ses yeux, à elle.
Mais Alicia l'aimait bien, même si Anna, elle, ne l'aimait pas. Et bientôt, une occasion se présenta à elle, assez inattendue. Elle surgit d'un coup, en un éclair, et la petite brune en profita assez rapidement. Alicia se tenait là, juste en face d'elle. Sa main tenait la rampe d'escalier, et elle avait légèrement entamé la descente des marches.
-Tu viens, Anna ? On va jouer en bas, avec les filles !
Un sourire naquit sur son visage, pour une fois, depuis bien longtemps.
-Oui, j'arrive tout de suite !
La petite blonde l'attendit, son sourire toujours plaqué sur les lèvres. Quand elle fut juste en face d'elle, elle lui tourna le dos, pour descendre les escaliers. Qu'il était facile d'avoir un accident quand on descendait des escaliers, surtout pour un enfant. Et Alicia, oh oui, ce qu'Alicia pouvait être maladroite parfois, quand elle s'y mettait. Les accidents, c'était si vite arrivé, quand on laissait des enfants seuls. Anna avança le bras, légèrement, près des cheveux d'or de son « amie ». Il suffisait juste d'une légère pression, toute légère, au niveau du dos.
Baissant le bras, elle regarda, un sourire satisfait aux lèvres, les cheveux blonds s'élevaient dans le vide alors que le reste du corps tombait, selon les lois de la gravité. Elle observa, un éclair de joie dans les yeux, le spectacle défiler sous ses yeux, cette chute spectaculaire de la petite blonde. Puis, elle prit un air affolé, paniqué, triste et inquiet à la fois.
-Seigneur ! Alicia ! Vite ! Vite ! A l'aide ! Alicia est tombée des escaliers !
Elle masqua tant bien que mal sa joie en voyant le sang couler du petit nez de sa camarade, qui était désormais tordu... Comme ça, elle ne pourra plus faire la mignonne. Et elle restera là.
Tout près d'elle.
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Mer 19 Oct - 22:58
Il n'en revenait pas. Il n'en revenait pas que cela arrivait.
Il n'avait pas fait d'effort dans sa tenue vestimentaire, avec un de ses jeans habituels et un t-shirt qui hurlait le nom d'un de ses groupes de rock favoris, et ses baskets un peu usées qui étaient loin de le rendre crédible. Enfin, il n'avait pas eu le temps de se changer, et dans la précipitation de l'instant, il s'était tout simplement jeté dans le tas sans réfléchir à ce que cela allait donner ensuite. Maintenant, il se sentait plus idiot – plus idiot qu'il ne l'était déjà – à tourner en rond, ou plutôt à faire les cents pas comme un parfait imbécile en attendant son arrivée. Cela lui paraissait tellement irréel qu'il en songeait presque que s'il se mettait une claque au visage, il allait peut-être se réveiller dans son lit, dans son pyjama qui datait de Jérusalem, et dans le lit qui était sans âge au milieu de ce qui s'apparentait à sa chambre sans vraiment y ressembler tant elle se trouvait dans un désordre inimitable.
Mais il ne fallait pas penser chambre ou bordel, parce qu'aujourd'hui semblait être un jour spécial. Et il ne savait s'il devait vraiment s'en réjouir – parce qu'il était vraiment heureux – ou s'il devait s'en arracher les cheveux tant il était angoissé. Il se ressassait encore, intérieurement, les événements qui l'avaient amené à attendre ici comme si sa vie en dépendait...
C'était il y a une semaine, au lycée.
La journée semblait être comme les autres. Comme chaque matin de ce jour de la semaine, sa classe commençait par le cours de math. Lui, plutôt que d'écouter le professeur qui parlait encore des résultats en baisse, au dernier contrôle, de la moyenne médiocre ou d'il ne savait quoi, regardait par la fenêtre. Il préférait plutôt noter la présence de la lune, toujours visible alors qu'il faisait maintenant jour, floue, comme un songe sorti de nulle part. Jusqu'à ce que le professeur lui tend sa copie. A quoi bon la prendre ? Il savait que sa note allait être des plus médiocre, et sûrement se rapprochait du chiffre qui ressemblait le plus à la lettre O.
-Alexander, qui comme toujours vole très bas, commenta l'enseignant.
Il avait envie de forcer le prof de math à avaler sa copie au lieu de continuer sur sa lancée en le rabaissant ainsi, mais à la place il prit la feuille et la posa, presque comme un torchon, sur son bureau. Dans un léger moment de flottement, il avait croisé son regard, puis avait détourné le sien, préférant le reporter vers le ciel pour éviter de lui montrer sa gêne. Son regard ? C'était celui d'Irina, alias la fille super mignonne qui était dans sa classe. Et, en plus d'être jolie, elle était intelligente. Lui, il ne lui avait jamais vraiment adressé la parole, parce qu'il ne s'y était jamais risqué. Et aussi parce que les risques de se faire envoyer balader dépassaient les 100%, pour rester dans le thème des maths. Alors, pour combler le vide, il lui arrivait parfois de faire des petits gestes, comme de lui tenir la grande porte battante quand elle passait et qu'il se trouvait là, pour qu'un instant il ait son attention, le temps qu'elle lui dise « merci ». Ou alors, parfois il faisait l'intéressant en cours, en disant des bêtises ou des blagues pour tenter d'attirer son attention sans le lui faire savoir de façon directe.
Il avait vraiment cru que toutes ses tentatives étaient vaines, alors que ne fut pas sa surprise quand la semaine dernière, la copine de la dite Irina – Luna, la fille beaucoup moins jolie, et beaucoup moins sympa aussi – parler en son nom, parce qu'elle était timide et avait préféré laisser l'autre le faire à sa place.
-Mais pas la peine de te faire des films, c'est juste pour un rendez-vous, lui dit Luna de sa voix toujours aussi tranchante, elle qui se la jouait amie surprotectrice (mais il dirait jalouse plutôt).
Naturellement, il avait accepté cette occasion en or, même s'il savait que ça pouvait mal finir.
Et maintenant, il l'attendait toujours, au lieu du rendez-vous choisi, qui était un petit parc. Finalement, elle apparut. Elle non plus n'avait pas fait d'efforts dans son apparence, avec ses cheveux bruns toujours lâchés, et les vêtements qu'elle enfilait elle aussi tous les jours. Mais pour Alex, c'était tant mieux, il n'en demandait pas des masses, au fait il la trouvait très bien comme elle était, inutile d'en faire des tonnes. Après avoir réfléchis, ils décidèrent de se diriger vers un snack qu'ils connaissaient, et commandèrent chacun un sandwich. Le repas était d'abord des plus silencieux, chacun n'osant pas commencer une conversation, du moins jusqu'à ce que le sandwich de l'adolescent commence à partir en morceau, voyant que des morceaux de viandes fuitaient littéralement du pain. Irina ria face à la scène d'agacement qu'il fit après en avoir fait la constatation, puis la scène devint des plus comiques quand il se mit à tourner en dérision la qualité des services et des repas proposés par le snack.
-Et maintenant ? Qu'est-ce qu'on fait ?
Ils avaient finis de manger, mais, même s'il faisait déjà nuit, en vérité il était tôt dans la soirée. Quoi, seulement 21h00 ?! Il pouvait tenir bien plus longtemps, et visiblement, Irina avait encore un peu de temps devant elle, puisqu'elle lui posait la question. Il ne réfléchit que l'espace de quelques secondes. En vérité, il avait sa petite idée, mais il ne savait pas si la jeune fille allait suivre. Finalement, il lui fit la proposition, le sourire aux lèvres :
-Je connais un endroit sympa, si tu es partante.
-D'accord, allons-y.
Ils empruntèrent ainsi les chemins qui lui étaient familiers. A mesure qu'ils continuaient d'avancer, l'éclairage de la ville devenait de moins en moins lumineux, de plus en plus bas, comme si pour ces quartiers cela s'avérait inutile d'y avoir de la lumière. Alex connaissait le chemin par cœur, alors pour lui, inutile de se faire des formalités, inutile de se demander pourquoi il y avait moins de lumière. C'était comme ça, il ne fallait pas se faire d'illusion, la ville était pauvre tout comme le pays entier, alors ils pouvaient bien se mettre le doigt dans l'oeil, les quartiers les plus pauvres qui demandaient un peu plus d'éclairage. Et, plus personnellement, pour ce qu'il faisait quand il se rendait dans cette partie de la ville, le manque de lumière était bien plus avantageux pour lui. La pollution citadine, la pollution du ciel n'était vraiment pas en sa faveur, alors, s'il pouvait s'en passait, c'était tant mieux.
En revanche, il ressentait le mal aise grandir du côté d'Irina.
-Tu es sûr qu'il n'y a pas de danger ? Répéta-t-elle encore, question qu'elle avait déjà posé deux fois avant.
-Ne t'inquiète pas, il ne se passe jamais rien ici.
Et comme si le geste qui s'accompagnait à sa réplique allait être rassurante, il poussa la porte d'un bâtiment abandonné, l'empruntant ensuite. Ils arrivèrent au rez-de-chaussé, et juste en face d'eux, il y avait les escaliers. Il commença à monter les premières marches, avant de se rendre compte qu'Irina ne suivait pas. Il se retourna, l'apercevant, toujours au rez-de-chaussé, un peu plus bas, une expression soucieuse sur le visage. Il savait qu'elle avait envie de faire demi-tour depuis un moment déjà, mais lui ne voulait pas qu'elle manque ce qui l'attendait en haut de ces marches. Alors, il descendit deux marches, se tenant sur la dernière juste avant le sol, lui tendant tout simplement la main, souriant.
-Fais moi confiance.
Elle hésita encore un instant, avant de finalement s'approcher et lui prendre la main. Ils montèrent ainsi les quelques étages, marches après marches, sans qu'Alexander ne lâche la main d'Irina. Bientôt, ils arrivèrent au dernier étage, et il la laissa emprunter l'échelle en premier pour atteindre le toit, avant de la suivre. Il éprouva une sensation de liberté en sentant le vent contre sa peau. Au dessus d'eux, il n'y avait plus rien, juste des étoiles, des étoiles à perte de vue. Sans l'éclairage trop lumineux du reste de la ville, on voyait de manière nette la voûte céleste dans toute sa splendeur, dans toute la beauté que la nature pouvait offrir. Et pour lui, cette image était bien plus jolie que de s'enfermer dans une salle pour un fichu cours de mathématiques.
Il regarda Irina un instant, voyant ses yeux s'illuminer devant ce petit spectacle que personne ne regardait vraiment, et un moment il eut l'impression que quelques étoiles s'étaient posés dans ses iris tant il y avait de l'émerveillement dans ce regard. Puis il se mit à parler, lui montrant quelques étoiles par ci par là, lui parlant du jour où il avait découvert cet endroit il y avait déjà quelques années. Puis il se mit à lui parler de sa passion, l'astronomie. Elle lui posait des questions, s'y intéressait, et cela le toucha qu'elle fasse des efforts. Ensuite, ce fut à son tour de parler d'elle, de lui parler de ses cours de danse, qu'elle aimait beaucoup. Puis ils se mirent à parler de tout et de rien, puis bientôt ils s'assirent au bout du toit, les jambes dans le vide, pour continuer de discuter tranquillement.
C'était vraiment une belle soirée, finalement.
Il n'avait pas fait d'effort dans sa tenue vestimentaire, avec un de ses jeans habituels et un t-shirt qui hurlait le nom d'un de ses groupes de rock favoris, et ses baskets un peu usées qui étaient loin de le rendre crédible. Enfin, il n'avait pas eu le temps de se changer, et dans la précipitation de l'instant, il s'était tout simplement jeté dans le tas sans réfléchir à ce que cela allait donner ensuite. Maintenant, il se sentait plus idiot – plus idiot qu'il ne l'était déjà – à tourner en rond, ou plutôt à faire les cents pas comme un parfait imbécile en attendant son arrivée. Cela lui paraissait tellement irréel qu'il en songeait presque que s'il se mettait une claque au visage, il allait peut-être se réveiller dans son lit, dans son pyjama qui datait de Jérusalem, et dans le lit qui était sans âge au milieu de ce qui s'apparentait à sa chambre sans vraiment y ressembler tant elle se trouvait dans un désordre inimitable.
Mais il ne fallait pas penser chambre ou bordel, parce qu'aujourd'hui semblait être un jour spécial. Et il ne savait s'il devait vraiment s'en réjouir – parce qu'il était vraiment heureux – ou s'il devait s'en arracher les cheveux tant il était angoissé. Il se ressassait encore, intérieurement, les événements qui l'avaient amené à attendre ici comme si sa vie en dépendait...
C'était il y a une semaine, au lycée.
La journée semblait être comme les autres. Comme chaque matin de ce jour de la semaine, sa classe commençait par le cours de math. Lui, plutôt que d'écouter le professeur qui parlait encore des résultats en baisse, au dernier contrôle, de la moyenne médiocre ou d'il ne savait quoi, regardait par la fenêtre. Il préférait plutôt noter la présence de la lune, toujours visible alors qu'il faisait maintenant jour, floue, comme un songe sorti de nulle part. Jusqu'à ce que le professeur lui tend sa copie. A quoi bon la prendre ? Il savait que sa note allait être des plus médiocre, et sûrement se rapprochait du chiffre qui ressemblait le plus à la lettre O.
-Alexander, qui comme toujours vole très bas, commenta l'enseignant.
Il avait envie de forcer le prof de math à avaler sa copie au lieu de continuer sur sa lancée en le rabaissant ainsi, mais à la place il prit la feuille et la posa, presque comme un torchon, sur son bureau. Dans un léger moment de flottement, il avait croisé son regard, puis avait détourné le sien, préférant le reporter vers le ciel pour éviter de lui montrer sa gêne. Son regard ? C'était celui d'Irina, alias la fille super mignonne qui était dans sa classe. Et, en plus d'être jolie, elle était intelligente. Lui, il ne lui avait jamais vraiment adressé la parole, parce qu'il ne s'y était jamais risqué. Et aussi parce que les risques de se faire envoyer balader dépassaient les 100%, pour rester dans le thème des maths. Alors, pour combler le vide, il lui arrivait parfois de faire des petits gestes, comme de lui tenir la grande porte battante quand elle passait et qu'il se trouvait là, pour qu'un instant il ait son attention, le temps qu'elle lui dise « merci ». Ou alors, parfois il faisait l'intéressant en cours, en disant des bêtises ou des blagues pour tenter d'attirer son attention sans le lui faire savoir de façon directe.
Il avait vraiment cru que toutes ses tentatives étaient vaines, alors que ne fut pas sa surprise quand la semaine dernière, la copine de la dite Irina – Luna, la fille beaucoup moins jolie, et beaucoup moins sympa aussi – parler en son nom, parce qu'elle était timide et avait préféré laisser l'autre le faire à sa place.
-Mais pas la peine de te faire des films, c'est juste pour un rendez-vous, lui dit Luna de sa voix toujours aussi tranchante, elle qui se la jouait amie surprotectrice (mais il dirait jalouse plutôt).
Naturellement, il avait accepté cette occasion en or, même s'il savait que ça pouvait mal finir.
Et maintenant, il l'attendait toujours, au lieu du rendez-vous choisi, qui était un petit parc. Finalement, elle apparut. Elle non plus n'avait pas fait d'efforts dans son apparence, avec ses cheveux bruns toujours lâchés, et les vêtements qu'elle enfilait elle aussi tous les jours. Mais pour Alex, c'était tant mieux, il n'en demandait pas des masses, au fait il la trouvait très bien comme elle était, inutile d'en faire des tonnes. Après avoir réfléchis, ils décidèrent de se diriger vers un snack qu'ils connaissaient, et commandèrent chacun un sandwich. Le repas était d'abord des plus silencieux, chacun n'osant pas commencer une conversation, du moins jusqu'à ce que le sandwich de l'adolescent commence à partir en morceau, voyant que des morceaux de viandes fuitaient littéralement du pain. Irina ria face à la scène d'agacement qu'il fit après en avoir fait la constatation, puis la scène devint des plus comiques quand il se mit à tourner en dérision la qualité des services et des repas proposés par le snack.
-Et maintenant ? Qu'est-ce qu'on fait ?
Ils avaient finis de manger, mais, même s'il faisait déjà nuit, en vérité il était tôt dans la soirée. Quoi, seulement 21h00 ?! Il pouvait tenir bien plus longtemps, et visiblement, Irina avait encore un peu de temps devant elle, puisqu'elle lui posait la question. Il ne réfléchit que l'espace de quelques secondes. En vérité, il avait sa petite idée, mais il ne savait pas si la jeune fille allait suivre. Finalement, il lui fit la proposition, le sourire aux lèvres :
-Je connais un endroit sympa, si tu es partante.
-D'accord, allons-y.
Ils empruntèrent ainsi les chemins qui lui étaient familiers. A mesure qu'ils continuaient d'avancer, l'éclairage de la ville devenait de moins en moins lumineux, de plus en plus bas, comme si pour ces quartiers cela s'avérait inutile d'y avoir de la lumière. Alex connaissait le chemin par cœur, alors pour lui, inutile de se faire des formalités, inutile de se demander pourquoi il y avait moins de lumière. C'était comme ça, il ne fallait pas se faire d'illusion, la ville était pauvre tout comme le pays entier, alors ils pouvaient bien se mettre le doigt dans l'oeil, les quartiers les plus pauvres qui demandaient un peu plus d'éclairage. Et, plus personnellement, pour ce qu'il faisait quand il se rendait dans cette partie de la ville, le manque de lumière était bien plus avantageux pour lui. La pollution citadine, la pollution du ciel n'était vraiment pas en sa faveur, alors, s'il pouvait s'en passait, c'était tant mieux.
En revanche, il ressentait le mal aise grandir du côté d'Irina.
-Tu es sûr qu'il n'y a pas de danger ? Répéta-t-elle encore, question qu'elle avait déjà posé deux fois avant.
-Ne t'inquiète pas, il ne se passe jamais rien ici.
Et comme si le geste qui s'accompagnait à sa réplique allait être rassurante, il poussa la porte d'un bâtiment abandonné, l'empruntant ensuite. Ils arrivèrent au rez-de-chaussé, et juste en face d'eux, il y avait les escaliers. Il commença à monter les premières marches, avant de se rendre compte qu'Irina ne suivait pas. Il se retourna, l'apercevant, toujours au rez-de-chaussé, un peu plus bas, une expression soucieuse sur le visage. Il savait qu'elle avait envie de faire demi-tour depuis un moment déjà, mais lui ne voulait pas qu'elle manque ce qui l'attendait en haut de ces marches. Alors, il descendit deux marches, se tenant sur la dernière juste avant le sol, lui tendant tout simplement la main, souriant.
-Fais moi confiance.
Elle hésita encore un instant, avant de finalement s'approcher et lui prendre la main. Ils montèrent ainsi les quelques étages, marches après marches, sans qu'Alexander ne lâche la main d'Irina. Bientôt, ils arrivèrent au dernier étage, et il la laissa emprunter l'échelle en premier pour atteindre le toit, avant de la suivre. Il éprouva une sensation de liberté en sentant le vent contre sa peau. Au dessus d'eux, il n'y avait plus rien, juste des étoiles, des étoiles à perte de vue. Sans l'éclairage trop lumineux du reste de la ville, on voyait de manière nette la voûte céleste dans toute sa splendeur, dans toute la beauté que la nature pouvait offrir. Et pour lui, cette image était bien plus jolie que de s'enfermer dans une salle pour un fichu cours de mathématiques.
Il regarda Irina un instant, voyant ses yeux s'illuminer devant ce petit spectacle que personne ne regardait vraiment, et un moment il eut l'impression que quelques étoiles s'étaient posés dans ses iris tant il y avait de l'émerveillement dans ce regard. Puis il se mit à parler, lui montrant quelques étoiles par ci par là, lui parlant du jour où il avait découvert cet endroit il y avait déjà quelques années. Puis il se mit à lui parler de sa passion, l'astronomie. Elle lui posait des questions, s'y intéressait, et cela le toucha qu'elle fasse des efforts. Ensuite, ce fut à son tour de parler d'elle, de lui parler de ses cours de danse, qu'elle aimait beaucoup. Puis ils se mirent à parler de tout et de rien, puis bientôt ils s'assirent au bout du toit, les jambes dans le vide, pour continuer de discuter tranquillement.
C'était vraiment une belle soirée, finalement.
Allez râlez pas, racontez-moi plutôt vos complexes !
Personnages : Alev
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Date d'inscription : 22/01/2015
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Alev
Mar 15 Nov - 21:08
-Il est pas à toi ! C'est le mien ! Je l'ai trouvé l'premier !
Les garçons l'entouraient, ils l'encerclaient. Jawad, avec sa petite taille, ressemblait à un furet, et on aurait presque dit qu'il était en train de montrer les crocs. Sa bande de copains riaient. Ils pensaient dominer la situation, et, hélas, c'était bien le cas. La jeune fille la resserra contre elle. Autour d'eux, il y avait des tâches de sang, et ses vêtements aussi en avaient. La clic se rapprochait encore d'elle, et elle avait beau chercher une issue, Alev n'en trouvait aucune. Jawad rouvrit la bouche, aboyant comme un roquet :
-T'as d'la chance que t'es une fille ! Sinon on t'aurait déjà éclaté !
Bientôt, le cercle se fit plus petit, et l'un d'eux commença à tirer sur son bras. Mal à l'aise, l'animal blessé planta ses griffes dans le tissu de son gilet en feulant, les oreilles plaquées en arrière. Mais elle ne céda pas, continuant de serrer la chatte amochée contre elle, reculant en repoussant le garçon en faisant un grand geste de l'épaule.
-Lâche moi !
Comme si elle avait soudainement de l'influence sur eux, les garçons se reculèrent, une expression de terreur sur le visage. Jawad leva la tête, regardant quelque chose au dessus de lui, comme si la punition divine lui était venue. Ses copains firent de même, et l'un d'eux décida même de partir le premier sans même se la jouer protecteur envers les siens.
-On s'casse ! Ordonna le chef du groupe en carton pâte.
Alev se retourna, ne prêtant plus attention aux gamins qui détalaient face à l'individu qui était apparu. Ensuite, les deux personnes restantes prirent le chemin de la maison, alors que la chatte s'était apaisée.
-Tu as vu ce qu'ils lui ont fait ?! S'emporta-t-elle finalement, ne pouvant plus retenir sa colère.
-Peut-être que ce n'est que superficiel, la rassura Jamel. On verra bien à la maison.
-Oh, à la maison...
A la maison, il y avait quelqu'un qui n'aimait pas vraiment la présence des animaux. Sa mère s'était évertuée des années durant à lui montrer que les chats et les chiens ne laissaient que des poils partout et qu'il n'était pas très judicieux d'en avoir à la maison. Ce n'était pas qu'elle n'aimait pas les animaux, au contraire. Mais elle avait toujours été maniaque, et toute présence de saleté la mettait hors d'elle. Alev avait un peu hérité de ces traits, elle qui tenait en horreur la poussière et qui en était même allergique. Mais entre l'absence de poil et le chat blessé, elle avait vite fait son choix.
La première heure, le visage de sa mère était passé de la joie à la colère. Alev s'était rapidement éclipsée dans sa chambre, laissant à son frère aîné le soin de présenter l'affaire et de prendre la défense du félin. Elle avait confiance en son grand frère, qui savait tempérer et calmer le jeu, lui qui faisait preuve d'une grande maturité. Elle, par contre, était une fille un peu trop passionnée, qui aimait défendre ses choix, et était même parfois un peu trop têtue. Finalement, les pourparlers furent terminé, et on choisit de la laisser s'occuper du chat le temps de quelques jours, pour qu'il se remette de ses blessures.
Pendant le premier jour, elle avait tout fait pour soigner la chatte, et au second jour, elle avait l'air de bien mieux se porter. Jamel avait eu raison, finalement, ce n'étaient que des blessures superficielles. Mais Alev avait peur de laisser la féline redevenir un chat errant pour qu'ensuite la clic d'imbéciles menée par Jawad revienne et finissent ce qu'ils avaient commencé avec elle. La jeune fille avait beau y réfléchir, et à part trouver quelqu'un qui saurait en prendre soin, elle n'avait trouvé aucune autre solution.
Alors bientôt, accompagnée de Jamel, qui avait l'air concerné par la situation, elle commença à faire du porte à porte, dans le voisinage. Les familles n'avaient pas l'air de tellement se préoccuper de l'animal, avançant qu'il y avait des tas de chats errants partout en ville. D'autres disaient en avoir assez d'eux, et certains disaient qu'il y avait des chats qui avaient décidé de mettre bas à leurs terrasses. On ne pouvait pas dire que la chatte était chanceuse.
Le temps s'écoulait bien trop vite à ses yeux, et bientôt, elle se rendit tant bien que mal compte que le délais que ses parents lui avaient donné était presque terminé. L'inquiétude montait et nouait son estomac à mesure que les jours passaient. Au dernier jour, cependant, un dernier espoir naquit, quand son père lui annonça qu'en allant au café dans lequel il se rendait habituellement, il avait parlé avec un ami qui vivait à l'autre bout de la ville, et qui était intéressé par cette histoire. Ce fut avec Jamel qu'Alev se rendit chez cet homme. Arrivés devant la porte, la chatte dans les bras, la peur au ventre de recevoir un nouveau refus, elle se tenait droite comme un i, tremblante. Finalement, la porte s'ouvrit sur une jeune femme, qui les accueillit avec un sourire.
-Cette petite est adorable ! Dit Narimen – car tel était son prénom – en caressant la féline entre les deux oreilles.
-Oui, moi aussi je trouve, répondit aussitôt Jamel.
-Et vous lui avez trouvé un nom ? Demanda-t-elle.
-Je n'y ai pas pensé ! Répondit Alev en secouant la tête, se sentant idiote.
-Oh, je sais ! Pourquoi pas Farah ?
-J'adore !
-Oui, moi aussi, répondit aussitôt Jamel en hochant la tête.
La discussion se prolongea encore quelques minutes, un moment agréable qui représentait un soulagement énorme pour Alev. La jeune fille promit à Narimen qu'elle reviendra pour revoir Farah, et Jamel, lui, avait l'air tout aussi motivé à accompagner sa petite sœur pour retrouver la chatte.
La jeune fille doutait bien que ce n'était pas pour cette raison qu'il tenait à vouloir revenir...
Mais ça, c'était une autre histoire !
Les garçons l'entouraient, ils l'encerclaient. Jawad, avec sa petite taille, ressemblait à un furet, et on aurait presque dit qu'il était en train de montrer les crocs. Sa bande de copains riaient. Ils pensaient dominer la situation, et, hélas, c'était bien le cas. La jeune fille la resserra contre elle. Autour d'eux, il y avait des tâches de sang, et ses vêtements aussi en avaient. La clic se rapprochait encore d'elle, et elle avait beau chercher une issue, Alev n'en trouvait aucune. Jawad rouvrit la bouche, aboyant comme un roquet :
-T'as d'la chance que t'es une fille ! Sinon on t'aurait déjà éclaté !
Bientôt, le cercle se fit plus petit, et l'un d'eux commença à tirer sur son bras. Mal à l'aise, l'animal blessé planta ses griffes dans le tissu de son gilet en feulant, les oreilles plaquées en arrière. Mais elle ne céda pas, continuant de serrer la chatte amochée contre elle, reculant en repoussant le garçon en faisant un grand geste de l'épaule.
-Lâche moi !
Comme si elle avait soudainement de l'influence sur eux, les garçons se reculèrent, une expression de terreur sur le visage. Jawad leva la tête, regardant quelque chose au dessus de lui, comme si la punition divine lui était venue. Ses copains firent de même, et l'un d'eux décida même de partir le premier sans même se la jouer protecteur envers les siens.
-On s'casse ! Ordonna le chef du groupe en carton pâte.
Alev se retourna, ne prêtant plus attention aux gamins qui détalaient face à l'individu qui était apparu. Ensuite, les deux personnes restantes prirent le chemin de la maison, alors que la chatte s'était apaisée.
-Tu as vu ce qu'ils lui ont fait ?! S'emporta-t-elle finalement, ne pouvant plus retenir sa colère.
-Peut-être que ce n'est que superficiel, la rassura Jamel. On verra bien à la maison.
-Oh, à la maison...
A la maison, il y avait quelqu'un qui n'aimait pas vraiment la présence des animaux. Sa mère s'était évertuée des années durant à lui montrer que les chats et les chiens ne laissaient que des poils partout et qu'il n'était pas très judicieux d'en avoir à la maison. Ce n'était pas qu'elle n'aimait pas les animaux, au contraire. Mais elle avait toujours été maniaque, et toute présence de saleté la mettait hors d'elle. Alev avait un peu hérité de ces traits, elle qui tenait en horreur la poussière et qui en était même allergique. Mais entre l'absence de poil et le chat blessé, elle avait vite fait son choix.
La première heure, le visage de sa mère était passé de la joie à la colère. Alev s'était rapidement éclipsée dans sa chambre, laissant à son frère aîné le soin de présenter l'affaire et de prendre la défense du félin. Elle avait confiance en son grand frère, qui savait tempérer et calmer le jeu, lui qui faisait preuve d'une grande maturité. Elle, par contre, était une fille un peu trop passionnée, qui aimait défendre ses choix, et était même parfois un peu trop têtue. Finalement, les pourparlers furent terminé, et on choisit de la laisser s'occuper du chat le temps de quelques jours, pour qu'il se remette de ses blessures.
Pendant le premier jour, elle avait tout fait pour soigner la chatte, et au second jour, elle avait l'air de bien mieux se porter. Jamel avait eu raison, finalement, ce n'étaient que des blessures superficielles. Mais Alev avait peur de laisser la féline redevenir un chat errant pour qu'ensuite la clic d'imbéciles menée par Jawad revienne et finissent ce qu'ils avaient commencé avec elle. La jeune fille avait beau y réfléchir, et à part trouver quelqu'un qui saurait en prendre soin, elle n'avait trouvé aucune autre solution.
Alors bientôt, accompagnée de Jamel, qui avait l'air concerné par la situation, elle commença à faire du porte à porte, dans le voisinage. Les familles n'avaient pas l'air de tellement se préoccuper de l'animal, avançant qu'il y avait des tas de chats errants partout en ville. D'autres disaient en avoir assez d'eux, et certains disaient qu'il y avait des chats qui avaient décidé de mettre bas à leurs terrasses. On ne pouvait pas dire que la chatte était chanceuse.
Le temps s'écoulait bien trop vite à ses yeux, et bientôt, elle se rendit tant bien que mal compte que le délais que ses parents lui avaient donné était presque terminé. L'inquiétude montait et nouait son estomac à mesure que les jours passaient. Au dernier jour, cependant, un dernier espoir naquit, quand son père lui annonça qu'en allant au café dans lequel il se rendait habituellement, il avait parlé avec un ami qui vivait à l'autre bout de la ville, et qui était intéressé par cette histoire. Ce fut avec Jamel qu'Alev se rendit chez cet homme. Arrivés devant la porte, la chatte dans les bras, la peur au ventre de recevoir un nouveau refus, elle se tenait droite comme un i, tremblante. Finalement, la porte s'ouvrit sur une jeune femme, qui les accueillit avec un sourire.
-Cette petite est adorable ! Dit Narimen – car tel était son prénom – en caressant la féline entre les deux oreilles.
-Oui, moi aussi je trouve, répondit aussitôt Jamel.
-Et vous lui avez trouvé un nom ? Demanda-t-elle.
-Je n'y ai pas pensé ! Répondit Alev en secouant la tête, se sentant idiote.
-Oh, je sais ! Pourquoi pas Farah ?
-J'adore !
-Oui, moi aussi, répondit aussitôt Jamel en hochant la tête.
La discussion se prolongea encore quelques minutes, un moment agréable qui représentait un soulagement énorme pour Alev. La jeune fille promit à Narimen qu'elle reviendra pour revoir Farah, et Jamel, lui, avait l'air tout aussi motivé à accompagner sa petite sœur pour retrouver la chatte.
La jeune fille doutait bien que ce n'était pas pour cette raison qu'il tenait à vouloir revenir...
Mais ça, c'était une autre histoire !
Alev cherche vos complexes en #b590db.
Canvas désire vous tuer en #8dbe6b.
Latrodectus tisse sa toile en #e04fc9.
- Code:
<transformation perso="Alev" />
- Code:
<transformation perso="Canvas" />
- Code:
<transformation perso ="Latrodectus">
Invité
Invité
Mer 25 Jan - 15:51
Elle la suivait à pas lents, même si elle n’était pas convaincue, même si elle avait l’impression que ce profond chagrin n’allait pas trouver une fin. Mais Dominica avait l’air confiante, et quand la vieille dame lui avait promis qu’elle trouverait son bonheur en la suivant, Anna Maria avait accepté de la suivre. Obéissante, la fillette lui emboîtait le pas, la tête basse, les yeux cernés. Elle avait du mal à trouver le sommeil, ces derniers temps, et les larmes qu’elle avait eu l’habitude de faire couler des heures durant ne sortaient plus de ses yeux, comme s’il n’y avait plus assez d’eau dans son corps pour qu’elle puisse exprimer sa tristesse. Dominica était restée secrète, et quand elle lui avait demandé où est-ce qu’elles allaient, elle ne lui avait rien dit de clair.
-Tu verras bien lorsque nous serons arrivées.
Un sourire était apparu en coin, sur son doux visage, lorsqu’elle avait énoncé cette phrase. La petite s’était laissé conduire, alors, vers ce lieu qui lui était encore inconnu et qu’elle essayait d’imaginer comme elle le pouvait. Finalement, elles arrivèrent devant la grande porte, massive, imposante. Anna Maria dut lever la tête pour pouvoir la contempler de toute sa hauteur ; elle faisait un peu peur, cette grande porte, on eut presque dit qu’elle allait l’écraser. A cette pensée, elle s’immobilisa, fixant la porte, les sourcils froncés. Dominica se pencha pour être à sa hauteur, toujours avec cet air apaisé et ce doux sourire qui réconfortait doucement son cœur brisé. L’aînée posa une main sur son épaule, d’un geste rassurant :
-N’aies aucune crainte, ma chérie. Nous sommes dans la maison du Seigneur.
Joignant le geste à la parole, la vieille dame lui prit la main, et enfin, elles entrèrent dans l’église. C’était en plein milieu de la journée, au beau milieu de la semaine, et la salle était vide. Les bancs s’allongeaient de chaque côté, et à certains endroits il y avait posé dessus ce grand livre qui devait être vraiment long et compliqué à lire, que les adultes appelaient la Bible. Elle était déjà entrée dans une église avec ses parents, mais elle était bien plus petite que celle dans laquelle elle se trouvait avec Dominica. Dans le plus grand des calmes, elles s’approchèrent d’un coin de la salle, dans lequel il y avait des bougies posées. Certaines étaient allumées, et d’autres étaient éteintes.
-Je vais allumer deux cierges ; une pour ta maman, et une pour ton papa.
-Pourquoi ?
-C’est pour le bien de leurs âmes.
Anna Maria regarda la vieille femme allumer les bougies en silence, immobile, et seuls ses yeux bougeaient pour suivre le mouvement des mains de Dominica, jusqu’à ce que deux nouvelles lumières apparaissent parmi les cierges déjà illuminés.
-A chaque fois que tu ne te sens pas bien, tu peux venir ici. Le Seigneur accepte toujours ceux qui ont besoin d’une lumière pour être guidé.
-D’accord… Mais… Je ne me sens pas mieux.
-Ca va prendre un peu de temps, Anna. Si je t’ai emmenée ici, c’est pour te montrer qu’ici, tu peux t’adresser au Seigneur, et lui demander ce que tu veux. Il exhaussera tes souhaits.
-Ah oui ? Mon papa et ma maman vont revenir ?
Tout à coup, le sourire de Dominica devint triste.
-Oh, ça non, ce n’est pas possible. Et tu sais pourquoi ? C’est parce que ton papa et ta maman sont sûrement auprès de lui, et qu’ils sont très heureux.
-Alors, est-ce que je peux aller là bas, avec eux ?
-Je pense que tu es encore un peu jeune. Mais quand ton tour viendra, tu pourras les rejoindre.
Voyant la déception dans le regard d’Anna Maria, elle ajouta :
-Mais tu peux demander au Seigneur de dire quelque chose à ton papa et ta maman. Sois sûre qu’ils t’entendront !
-Alors, je vais faire ça.
Un moment de silence suivi la conversation, et la vieille dame en profita, joignant les mains pieusement, entamant une prière muette. Anna Maria fit de même, fermant les yeux, se concentrant quelques instants. Un message à faire passer ? La fillette en avait un depuis ce triste jour, et maintenant qu’elle avait l’occasion de pouvoir parler à ses parents, elle allait enfin pouvoir le formuler.
Papa, Maman… Pourquoi vous m’avez abandonné ?
-Tu verras bien lorsque nous serons arrivées.
Un sourire était apparu en coin, sur son doux visage, lorsqu’elle avait énoncé cette phrase. La petite s’était laissé conduire, alors, vers ce lieu qui lui était encore inconnu et qu’elle essayait d’imaginer comme elle le pouvait. Finalement, elles arrivèrent devant la grande porte, massive, imposante. Anna Maria dut lever la tête pour pouvoir la contempler de toute sa hauteur ; elle faisait un peu peur, cette grande porte, on eut presque dit qu’elle allait l’écraser. A cette pensée, elle s’immobilisa, fixant la porte, les sourcils froncés. Dominica se pencha pour être à sa hauteur, toujours avec cet air apaisé et ce doux sourire qui réconfortait doucement son cœur brisé. L’aînée posa une main sur son épaule, d’un geste rassurant :
-N’aies aucune crainte, ma chérie. Nous sommes dans la maison du Seigneur.
Joignant le geste à la parole, la vieille dame lui prit la main, et enfin, elles entrèrent dans l’église. C’était en plein milieu de la journée, au beau milieu de la semaine, et la salle était vide. Les bancs s’allongeaient de chaque côté, et à certains endroits il y avait posé dessus ce grand livre qui devait être vraiment long et compliqué à lire, que les adultes appelaient la Bible. Elle était déjà entrée dans une église avec ses parents, mais elle était bien plus petite que celle dans laquelle elle se trouvait avec Dominica. Dans le plus grand des calmes, elles s’approchèrent d’un coin de la salle, dans lequel il y avait des bougies posées. Certaines étaient allumées, et d’autres étaient éteintes.
-Je vais allumer deux cierges ; une pour ta maman, et une pour ton papa.
-Pourquoi ?
-C’est pour le bien de leurs âmes.
Anna Maria regarda la vieille femme allumer les bougies en silence, immobile, et seuls ses yeux bougeaient pour suivre le mouvement des mains de Dominica, jusqu’à ce que deux nouvelles lumières apparaissent parmi les cierges déjà illuminés.
-A chaque fois que tu ne te sens pas bien, tu peux venir ici. Le Seigneur accepte toujours ceux qui ont besoin d’une lumière pour être guidé.
-D’accord… Mais… Je ne me sens pas mieux.
-Ca va prendre un peu de temps, Anna. Si je t’ai emmenée ici, c’est pour te montrer qu’ici, tu peux t’adresser au Seigneur, et lui demander ce que tu veux. Il exhaussera tes souhaits.
-Ah oui ? Mon papa et ma maman vont revenir ?
Tout à coup, le sourire de Dominica devint triste.
-Oh, ça non, ce n’est pas possible. Et tu sais pourquoi ? C’est parce que ton papa et ta maman sont sûrement auprès de lui, et qu’ils sont très heureux.
-Alors, est-ce que je peux aller là bas, avec eux ?
-Je pense que tu es encore un peu jeune. Mais quand ton tour viendra, tu pourras les rejoindre.
Voyant la déception dans le regard d’Anna Maria, elle ajouta :
-Mais tu peux demander au Seigneur de dire quelque chose à ton papa et ta maman. Sois sûre qu’ils t’entendront !
-Alors, je vais faire ça.
Un moment de silence suivi la conversation, et la vieille dame en profita, joignant les mains pieusement, entamant une prière muette. Anna Maria fit de même, fermant les yeux, se concentrant quelques instants. Un message à faire passer ? La fillette en avait un depuis ce triste jour, et maintenant qu’elle avait l’occasion de pouvoir parler à ses parents, elle allait enfin pouvoir le formuler.
Papa, Maman… Pourquoi vous m’avez abandonné ?
Invité
Invité
Mer 15 Mar - 23:18
-Je pense qu’on devrait s’arrêter là.
Ce fut la dernière phrase qu’il entendit d’elle. Il se l’était ressassé des heures durant, des jours durant, en se demandant comment il en était arrivé là. Et même si la réponse lui venait et lui revenait de manière claire, nette et précise dans son esprit, il la refusait catégoriquement, à chaque fois qu’elle parvenait à le percuter, rejetant à la fois la vérité et la réalité, se forçant à se voiler la face encore un peu, tant qu’il le pouvait encore… Pour mieux s’écrouler ensuite ? Il ne s’était même pas posé de question sur l’avenir, et pour ça aussi, il se refusait de le faire, s’entêtant à avancer à l’aveuglette en faisant taire la douleur lancinante qu’il était parvenu tant bien que mal à endormir tout au fond de son être. Fuir la réalité, c’était son domaine de prédilection, et sa famille lui avait toujours reproché ce côté-là. Les responsabilités, il les fuyait déjà comme la peste, depuis tout petit, à commencer par ranger ses jouets après les avoir sortis de la boîte à jouets. Plus tard, c’était son avenir scolaire qu’il ne faisait que remettre au lendemain, et à force de n’amasser que de mauvaises notes, il avait fini par n’obtenir que ce qu’il méritait, à savoir un métier au salaire assez bas, en plus d’un travail qui était assez pénible. Il avait fini par être chauffeur de taxi, c’était loin d’être le meilleur métier au monde, mais avec des heures supplémentaires, il parvenait à tenir le mois sans trop d’encombre. Lui n’avait jamais voulu faire face à la réalité, s’était toujours surpris à rêvasser plutôt qu’à envisager le monde avec un tant soit peu de sérieux. Parce que, en vérité, il ne voulait pas que la vérité lui revienne en plein visage, il ne voulait pas voir son lamentable reflet face au miroir. Rester dans le noir lui était plus confortable, plus agréable.
C’était tout le contraire, chez elle. Studieuse, rigoureuse, elle ne s’était jamais laissée aller comme il l’avait fait tout au long de son existence. Il l’avait admiré pour ces traits de sa personnalité, pour ces qualités qu’il n’avait pas, et qu’il ne cherchait même pas à avoir. Il s’était longtemps posé cette question, longtemps demandé pourquoi elle s’était intéressée à lui alors qu’elle pouvait avoir quelqu’un de bien meilleur. Pour lui, cela avait été une chance, peut-être celle de sa vie, de voir une personne comme elle lui prêtait autant d’attention. Jamais il n’en avait demandé autant, jamais il n’en avait reçu autant, et jamais cela arriverait une seconde fois, il en avait pris conscience, à un moment. Cela était arrivé trop tard, peut-être ? Aurait-il du réagir plus tôt ? Cela aurait-il changé quelque chose s’il l’avait fait ? Mais comment aurait-il pu le faire ? Et doucement les regrets refaisaient surface, doucement les barrières qu’il avait érigé dans sa tête pour s’empêcher d’émerger commençaient à s’effriter. Non. Il ne pouvait pas se le permettre. C’était toujours trop frais. C’était encore trop douloureux pour qu’il tente de le faire. C’était ridicule, de se sentir aussi faible, si vite, si brutalement. Il essayait de se dire que c’était logique, que ce n’était pas que de la faiblesse, il essayait de se le persuader, même s’il trouvait toujours sa situation risible. Ils avaient passé un long moment ensemble, c’était ce qu’il se répétait avant de fermer les yeux de nouveau. C’était quatre années partagées, ensemble, sans un moment de pause, une vie commune qu’il avait chéri, jusqu’à ce que les choses s’essoufflent. Pas un instant il avait songé que cela allait finir par prendre fin, pas un instant il s’était figuré qu’ils avançaient vers une impasse. Avait-il fermé les yeux durant le déclin ? Il ne serait pas surpris si c’était bien le cas, et il n’arrivait toujours pas à se figurer toute la vérité. Il préférait encore la cacher.
Il ne se faisait aucun souci, lorsqu’il pensait à elle. Il la savait intelligente. Elle avait toujours su se débrouiller d’elle-même, et il oserait même dire qu’il avait été un fardeau pendant tout ce temps. Dés qu’ils en avaient eu fini avec le lycée, elle avait trouvé un travail de caissière pour financer ses études. Lui, de son côté, n’avait pas autant de perspectives d’avenir, et avait trouvé quelques boulots sans l’espoir de poursuivre ses études. Et même si entre eux, le fossé était énorme, elle avait tenu à rester avec lui, à continuer à ses côtés, même si selon son entourage c’était la pire des idées. Quand il y repensait, il se demandait s’ils n’avaient pas eu raison dés le début. Elle avait continué d’avancer, alors que lui était resté au même niveau, sans faire de pas en avant, fusse-t-il minuscule. Il avait ressenti la même joie qu’elle lorsqu’elle lui avait annoncé de bonnes nouvelles, la même tristesse dans les moments les plus difficiles, et de la colère quand on s’en prenait à elle. Il avait ressenti toute une palette d’émotions, des plus vifs aux plus sombres, dans les meilleurs comme dans les pires moments.
Et maintenant, il se retrouvait sans elle. Parce qu’elle avait fini par se lasser de lui. Mais lui ne pouvait pas dire que cela était réciproque. Elle avait fini, à force de progresser et de le voir stagner, par se rendre compte de ce qu’il était vraiment, c’est-à-dire un type inutile. Un fardeau. Et elle l’avait laissé trainer à l’arrière, loin derrière elle, comme le boulet qu’il était. Cependant, il ne lui en voulait pas, et pourtant, ce n’était pas sans avoir essayé. A vrai dire, il commençait même à la comprendre, lorsqu’il croisait par hasard son reflet au miroir, quand il voyait ce visage vide juste en face de lui. Parce que c’était sûrement ce qu’elle avait du voir, un homme qui n’avait rien de particulier, un homme qui ne lui amènerait rien de bon, un homme qui ne méritait pas son amour. Il n’arrivait toujours pas à se rendre à l’évidence, masquant encore un peu cette dure vérité, désireux de redevenir ignorant de tout, tout comme il l’avait pu l’être avant, il y a très longtemps…
Irina était partie.
Ce fut la dernière phrase qu’il entendit d’elle. Il se l’était ressassé des heures durant, des jours durant, en se demandant comment il en était arrivé là. Et même si la réponse lui venait et lui revenait de manière claire, nette et précise dans son esprit, il la refusait catégoriquement, à chaque fois qu’elle parvenait à le percuter, rejetant à la fois la vérité et la réalité, se forçant à se voiler la face encore un peu, tant qu’il le pouvait encore… Pour mieux s’écrouler ensuite ? Il ne s’était même pas posé de question sur l’avenir, et pour ça aussi, il se refusait de le faire, s’entêtant à avancer à l’aveuglette en faisant taire la douleur lancinante qu’il était parvenu tant bien que mal à endormir tout au fond de son être. Fuir la réalité, c’était son domaine de prédilection, et sa famille lui avait toujours reproché ce côté-là. Les responsabilités, il les fuyait déjà comme la peste, depuis tout petit, à commencer par ranger ses jouets après les avoir sortis de la boîte à jouets. Plus tard, c’était son avenir scolaire qu’il ne faisait que remettre au lendemain, et à force de n’amasser que de mauvaises notes, il avait fini par n’obtenir que ce qu’il méritait, à savoir un métier au salaire assez bas, en plus d’un travail qui était assez pénible. Il avait fini par être chauffeur de taxi, c’était loin d’être le meilleur métier au monde, mais avec des heures supplémentaires, il parvenait à tenir le mois sans trop d’encombre. Lui n’avait jamais voulu faire face à la réalité, s’était toujours surpris à rêvasser plutôt qu’à envisager le monde avec un tant soit peu de sérieux. Parce que, en vérité, il ne voulait pas que la vérité lui revienne en plein visage, il ne voulait pas voir son lamentable reflet face au miroir. Rester dans le noir lui était plus confortable, plus agréable.
C’était tout le contraire, chez elle. Studieuse, rigoureuse, elle ne s’était jamais laissée aller comme il l’avait fait tout au long de son existence. Il l’avait admiré pour ces traits de sa personnalité, pour ces qualités qu’il n’avait pas, et qu’il ne cherchait même pas à avoir. Il s’était longtemps posé cette question, longtemps demandé pourquoi elle s’était intéressée à lui alors qu’elle pouvait avoir quelqu’un de bien meilleur. Pour lui, cela avait été une chance, peut-être celle de sa vie, de voir une personne comme elle lui prêtait autant d’attention. Jamais il n’en avait demandé autant, jamais il n’en avait reçu autant, et jamais cela arriverait une seconde fois, il en avait pris conscience, à un moment. Cela était arrivé trop tard, peut-être ? Aurait-il du réagir plus tôt ? Cela aurait-il changé quelque chose s’il l’avait fait ? Mais comment aurait-il pu le faire ? Et doucement les regrets refaisaient surface, doucement les barrières qu’il avait érigé dans sa tête pour s’empêcher d’émerger commençaient à s’effriter. Non. Il ne pouvait pas se le permettre. C’était toujours trop frais. C’était encore trop douloureux pour qu’il tente de le faire. C’était ridicule, de se sentir aussi faible, si vite, si brutalement. Il essayait de se dire que c’était logique, que ce n’était pas que de la faiblesse, il essayait de se le persuader, même s’il trouvait toujours sa situation risible. Ils avaient passé un long moment ensemble, c’était ce qu’il se répétait avant de fermer les yeux de nouveau. C’était quatre années partagées, ensemble, sans un moment de pause, une vie commune qu’il avait chéri, jusqu’à ce que les choses s’essoufflent. Pas un instant il avait songé que cela allait finir par prendre fin, pas un instant il s’était figuré qu’ils avançaient vers une impasse. Avait-il fermé les yeux durant le déclin ? Il ne serait pas surpris si c’était bien le cas, et il n’arrivait toujours pas à se figurer toute la vérité. Il préférait encore la cacher.
Il ne se faisait aucun souci, lorsqu’il pensait à elle. Il la savait intelligente. Elle avait toujours su se débrouiller d’elle-même, et il oserait même dire qu’il avait été un fardeau pendant tout ce temps. Dés qu’ils en avaient eu fini avec le lycée, elle avait trouvé un travail de caissière pour financer ses études. Lui, de son côté, n’avait pas autant de perspectives d’avenir, et avait trouvé quelques boulots sans l’espoir de poursuivre ses études. Et même si entre eux, le fossé était énorme, elle avait tenu à rester avec lui, à continuer à ses côtés, même si selon son entourage c’était la pire des idées. Quand il y repensait, il se demandait s’ils n’avaient pas eu raison dés le début. Elle avait continué d’avancer, alors que lui était resté au même niveau, sans faire de pas en avant, fusse-t-il minuscule. Il avait ressenti la même joie qu’elle lorsqu’elle lui avait annoncé de bonnes nouvelles, la même tristesse dans les moments les plus difficiles, et de la colère quand on s’en prenait à elle. Il avait ressenti toute une palette d’émotions, des plus vifs aux plus sombres, dans les meilleurs comme dans les pires moments.
Et maintenant, il se retrouvait sans elle. Parce qu’elle avait fini par se lasser de lui. Mais lui ne pouvait pas dire que cela était réciproque. Elle avait fini, à force de progresser et de le voir stagner, par se rendre compte de ce qu’il était vraiment, c’est-à-dire un type inutile. Un fardeau. Et elle l’avait laissé trainer à l’arrière, loin derrière elle, comme le boulet qu’il était. Cependant, il ne lui en voulait pas, et pourtant, ce n’était pas sans avoir essayé. A vrai dire, il commençait même à la comprendre, lorsqu’il croisait par hasard son reflet au miroir, quand il voyait ce visage vide juste en face de lui. Parce que c’était sûrement ce qu’elle avait du voir, un homme qui n’avait rien de particulier, un homme qui ne lui amènerait rien de bon, un homme qui ne méritait pas son amour. Il n’arrivait toujours pas à se rendre à l’évidence, masquant encore un peu cette dure vérité, désireux de redevenir ignorant de tout, tout comme il l’avait pu l’être avant, il y a très longtemps…
Irina était partie.
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