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Non, non, c'est bien plus beau lorsque c'est inutile !
Personnages : Kaoren, Penrose
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Date d'inscription : 22/09/2015
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Kaoren
Sam 2 Juil - 2:52
Mouais... Les côtelettes, c'est quand même plus savoureux.
Eh oui, il est un temps pour se démener et sauver sa peau dans l'Esquisse qui vous accable sans relâche, et il est un temps pour traiter de vrais sujets sérieux. Et pour ce faire, quel meilleur interlocuteur qu'un philosophe confirmé spécialiste sur la question ?
Kaoren et Tee, tous deux affalés sur le sofa, s'improvisaient une soirée "on fout rien dans le salon". Vous savez, avec la télé allumée, le restant de pizza, et les conversations sur la pluie et le beau temps. Non, vous voyez pas ? Normal, si vous vivez dans l'Esquisse, vous aussi, ça fait bien longtemps que ce genre de divertissement n'agrémente plus votre quotidien... On a tous, ou presque tous perdu nos loisirs, en perdant notre monde. Parce qu'on a tout perdu. Tout perdu, sauf la voix. Donc il est un loisir qu'on n'a pas perdu, et c'est la conversation. Alors on en est là. On converse tant qu'on peut, parce qu'on ne peut plus faire que ça. Et même si on ne peut plus donner sens à ce qu'on dit, on le dit quand même.
Sur ce plan-là, d'ailleurs, l'Esquisse s'est montrée plutôt fair-play, en offrant à chacun des Dessinateurs la faculté de se comprendre en toutes circonstances.
Enfin, il était question de... côtelettes, semble-t-il. Car en effet, les travers de porc ont beau laisser un goût succulent sous la dent au moment de rogner l'os, rien ne rachète la saveur durable et délicate d'une bonne côtelette parfumée aux herbes du terroir, le tout agrémenté d'un bon Cotignac d'Orléans arrosé d'un vin d'Olivet... C'était cependant un sujet qui prêtait à fort débat, avec un interlocuteur comme Tee, qui graille proprement tout ce qui lui passe sous le nez sans faire de réelle distinction entre un vol-au-vent de Carême à la bisque de cèpes et un tentacule à la guimauve trempé dans le sang d'un Cyantifique. Ou s'il y avait distinction, si même un goût plus acéré que les plus renommés critiques culinaires se cachait dans les papilles de ce personnage, disons qu'il ne le laissait pas paraître une fois assis à table.
Toutefois, Kaoren n'allait jamais obtenir la réponse à cette interrogation, car sitôt que le dit Tee commença à remuer les lèvres pour donner son avis sur la fameuse pièce de viande, l'attention des deux interlocuteurs se retourna vers l'écran, qui n'affichait plus son documentaire sur le néant et l'inconstance, mais dix lettres agencées pour former le mot :
~ RIBAMBELLE ~
Et quel mot ! L'un des plus grands mystères de l'Histoire de l'étymologie française, parfumé d'une connotation admise généralement comme burlesque.
Il ne t'a jamais amusé, toi, ce mot-ci ? "Ribambelle"... Les gens rient aux abois quand je daigne prononcer le mot "Parsembleu", mais voici un mot tout aussi ancien, dont les académies littéraires n'ont jamais été fichues de retracer l'origine, et pourtant, tout le monde l'utilise à tout bout de champ.
Vous savez ce qu'on fait, dans une soirée, quand on trouve un truc rigolo ? On l'épuise vite fait pour pouvoir passer à la suite.
"Oyez, oyez, messieurs-dames, l'histoire... d'une ribambelle de vaillants compagnons, qui s'en allèrent gaiement cueillir une ribambelle de champignons ! Ah quelle belle ribambelle embellissait ces bancs où bêlent les moribonds bels !"
Il en faut peuuu, pour être heureux...
Et tu vas voir que comme chaque terme un tant soit peu vieillot, tu trouveras un auteur pour l'utiliser à tort, évoquant une "ribambelle de nuages dans le ciel", ou encore une "ribambelle de saisons qui se suivirent au fil des années", voire ce fameux commentateur qui vous affirmera que "ce joueur a marqué une ribambelle de points au fil de sa carrière". Et comme on n'a jamais réussi à s'accorder correctement sur le mot, les mauvaises langues leur laisseront le bénéfice du doute. C'est toujours plus simple que de réfléchir à ce qu'on dit...
Et comme les loisirs, quand on est sympa, on les partage :
T'en penses quoi, toi ?
Eh oui, il est un temps pour se démener et sauver sa peau dans l'Esquisse qui vous accable sans relâche, et il est un temps pour traiter de vrais sujets sérieux. Et pour ce faire, quel meilleur interlocuteur qu'un philosophe confirmé spécialiste sur la question ?
Kaoren et Tee, tous deux affalés sur le sofa, s'improvisaient une soirée "on fout rien dans le salon". Vous savez, avec la télé allumée, le restant de pizza, et les conversations sur la pluie et le beau temps. Non, vous voyez pas ? Normal, si vous vivez dans l'Esquisse, vous aussi, ça fait bien longtemps que ce genre de divertissement n'agrémente plus votre quotidien... On a tous, ou presque tous perdu nos loisirs, en perdant notre monde. Parce qu'on a tout perdu. Tout perdu, sauf la voix. Donc il est un loisir qu'on n'a pas perdu, et c'est la conversation. Alors on en est là. On converse tant qu'on peut, parce qu'on ne peut plus faire que ça. Et même si on ne peut plus donner sens à ce qu'on dit, on le dit quand même.
Sur ce plan-là, d'ailleurs, l'Esquisse s'est montrée plutôt fair-play, en offrant à chacun des Dessinateurs la faculté de se comprendre en toutes circonstances.
Enfin, il était question de... côtelettes, semble-t-il. Car en effet, les travers de porc ont beau laisser un goût succulent sous la dent au moment de rogner l'os, rien ne rachète la saveur durable et délicate d'une bonne côtelette parfumée aux herbes du terroir, le tout agrémenté d'un bon Cotignac d'Orléans arrosé d'un vin d'Olivet... C'était cependant un sujet qui prêtait à fort débat, avec un interlocuteur comme Tee, qui graille proprement tout ce qui lui passe sous le nez sans faire de réelle distinction entre un vol-au-vent de Carême à la bisque de cèpes et un tentacule à la guimauve trempé dans le sang d'un Cyantifique. Ou s'il y avait distinction, si même un goût plus acéré que les plus renommés critiques culinaires se cachait dans les papilles de ce personnage, disons qu'il ne le laissait pas paraître une fois assis à table.
Toutefois, Kaoren n'allait jamais obtenir la réponse à cette interrogation, car sitôt que le dit Tee commença à remuer les lèvres pour donner son avis sur la fameuse pièce de viande, l'attention des deux interlocuteurs se retourna vers l'écran, qui n'affichait plus son documentaire sur le néant et l'inconstance, mais dix lettres agencées pour former le mot :
~ RIBAMBELLE ~
Et quel mot ! L'un des plus grands mystères de l'Histoire de l'étymologie française, parfumé d'une connotation admise généralement comme burlesque.
Il ne t'a jamais amusé, toi, ce mot-ci ? "Ribambelle"... Les gens rient aux abois quand je daigne prononcer le mot "Parsembleu", mais voici un mot tout aussi ancien, dont les académies littéraires n'ont jamais été fichues de retracer l'origine, et pourtant, tout le monde l'utilise à tout bout de champ.
Vous savez ce qu'on fait, dans une soirée, quand on trouve un truc rigolo ? On l'épuise vite fait pour pouvoir passer à la suite.
"Oyez, oyez, messieurs-dames, l'histoire... d'une ribambelle de vaillants compagnons, qui s'en allèrent gaiement cueillir une ribambelle de champignons ! Ah quelle belle ribambelle embellissait ces bancs où bêlent les moribonds bels !"
Il en faut peuuu, pour être heureux...
Et tu vas voir que comme chaque terme un tant soit peu vieillot, tu trouveras un auteur pour l'utiliser à tort, évoquant une "ribambelle de nuages dans le ciel", ou encore une "ribambelle de saisons qui se suivirent au fil des années", voire ce fameux commentateur qui vous affirmera que "ce joueur a marqué une ribambelle de points au fil de sa carrière". Et comme on n'a jamais réussi à s'accorder correctement sur le mot, les mauvaises langues leur laisseront le bénéfice du doute. C'est toujours plus simple que de réfléchir à ce qu'on dit...
Et comme les loisirs, quand on est sympa, on les partage :
T'en penses quoi, toi ?
- Spoiler:
- Tee m'a dit: "Toi, moi, songe, situation".
Eh bah voilà.
- Distinctions:
- Les tarty's du temps où ça s'appelait encore comme ça:
Invité
Invité
Sam 2 Juil - 12:07
Si le ciel avait pu me crier « bon appétit ! », aujourd’hui, armé de son éternel bleu grisé par quelques nuages épars et l’heure, il l’aurait fait… Mais quelles étaient les chances que les amas humides forment ces mots, quelle étaient les chances que moi, qui jetait mon regard par la fenêtre tandis que nous discutions autour d’une succulente pizza que j’avais recouvert d’une once de miel, puisse apercevoir une telle formation dans l’immensité glacée qu’était le ciel ? Aucune ? Une infinité ! Alors, j’observais, de mes yeux cernés, et attendait…
…
Le ciel traînait, aujourd’hui...
Mouais... Les côtelettes, c'est quand même plus savoureux.
Plus savoureux… N’avait-il pas apprécié cette goutte mielleuse ? Je nous voyais là, sur ce bon vieux sofa, étalés devant une télé, une pizza, y avait-il seulement plus savoureux ? Une glace… Tout cela manquait d’une glace ! Une touche de fraicheur, un onctueux goût glacé ravivant les neurones sous la chaleur écrasante, de quoi remettre la machine en marche, et éteindre de telles pensées !
Cependant, côtelettes… N’était-il pas meilleur de penser ribs, des côtes d’un plus grand gabarit ? Des ribs cuites au barbecue, voilà qui ferait un plat idéal en une telle soirée… Servis avec cette délicieuse sauce chocolatée caramélisant au cours de la cuisson, laissant finalement à la mâchoire un goût irréprochable et une petite touche craquante sur les contours de la peau ayant subi le plus dur de la cuisson, qui pourrait s’en plaindre ? Puis, au moment d’arracher à ses doigts les quelques restes de la sauce, l’on ne peut que ressentir un frisson parcourir l’échine... Je comptais bien partager une telle idée à mon camarade, et peut-être y rajouter quelque fruit de mer et tentacules, cependant, ma pensée fut interrompue par un mot… Différent ?
~ RIBAMBELLE ~
Et s’entreprit alors une suite de mots fuyant les lèvres de Kaoren, tandis que moi, le sourire aux lèvres, je penchais la tête pour l’écouter. Une ribambelle de mots se suivant, en quête d’oreilles au sein desquelles se déposer… Accompagnées de rimes et d’un petit théâtre, qui plus est !
J’avais faim…
Je m’emparais d’une miette de pizza trônant là, ne me jetant pas encore sur la dernière part, sachant que j’en aurais encore besoin dans quelques minutes. Puis je menais l’ongle de mon pouce à ma bouche, en retirant les quelques dernières saveurs encore coincées, écoutant toujours ce cher Kaoren qui maintenant m’offrait la parole.
T'en penses quoi, toi ?
Je marquais un temps de pause, laissant mon pouce coincé entre mes dents. Que pensais-je d’une ribambelle ? De l’utilisation commune d’anciens mots maintenant déchiquetés par la langue courante ? Je plongeais mon regard dans l’écran pixélisé de la télévision qui nous faisait face, et redressait alors mon dos sur le canapé, ne laissant pas pour autant mon pouce quitter sa place.
Un jour, j’avais cassé -par accident- le bord d’un de mes moules à pâte, le bout du bras d’un petit bonhomme… J’ai fait de même avec l’autre bout, et les pieds, tout en attachant le haut du moule pour qu’il ne se sépare pas, et… Sans aucun doute, c’était la ribambelle sablée la plus réussie de ma carrière !
Je pouffais.
User du terme dans son sens le plus simple est le plus enfantin, et l’enfantin est le langage le plus divertissant ! J’ai appris ce qu’était une ribambelle dans du papier, et quoi de plus succulent pour un enfant que de retrouver ce mot utilisé ainsi par des grands ? S’il y a « une ribambelle de nuages dans le ciel », alors pour le petit, les nuages se suivent de manière divertissante, ce qui va attirer son intérêt ! Il en va là de la même chose que d’un mélange excentrique résultant en une saveur exotique mais pas moins savoureuse…
Enfin, j’ôtais le pouce de sa position, pour à nouveau lui faire prendre la direction des miettes de la pizza.
Pourquoi s’embêter alors que tous y trouvent déjà un sens simple et commun ? Bien sûr, on peut toujours en tirer des ribambelles de métaphores sucrées, mais lorsque l’on parle du sens clair et précis du mot, l’intérêt du questionnement reste aussi fade qu’une pâte brisée achetée…
Cela ne m’empêcha pas de marmonner ensuite : Bien qu’elle n’en soit pas sans goût, cela étant…
Et encore, je menais les doigts de ma main droite à ma bouche, le regard cependant dirigé vers mon camarade…
…
Le ciel traînait, aujourd’hui...
Mouais... Les côtelettes, c'est quand même plus savoureux.
Plus savoureux… N’avait-il pas apprécié cette goutte mielleuse ? Je nous voyais là, sur ce bon vieux sofa, étalés devant une télé, une pizza, y avait-il seulement plus savoureux ? Une glace… Tout cela manquait d’une glace ! Une touche de fraicheur, un onctueux goût glacé ravivant les neurones sous la chaleur écrasante, de quoi remettre la machine en marche, et éteindre de telles pensées !
Cependant, côtelettes… N’était-il pas meilleur de penser ribs, des côtes d’un plus grand gabarit ? Des ribs cuites au barbecue, voilà qui ferait un plat idéal en une telle soirée… Servis avec cette délicieuse sauce chocolatée caramélisant au cours de la cuisson, laissant finalement à la mâchoire un goût irréprochable et une petite touche craquante sur les contours de la peau ayant subi le plus dur de la cuisson, qui pourrait s’en plaindre ? Puis, au moment d’arracher à ses doigts les quelques restes de la sauce, l’on ne peut que ressentir un frisson parcourir l’échine... Je comptais bien partager une telle idée à mon camarade, et peut-être y rajouter quelque fruit de mer et tentacules, cependant, ma pensée fut interrompue par un mot… Différent ?
~ RIBAMBELLE ~
Et s’entreprit alors une suite de mots fuyant les lèvres de Kaoren, tandis que moi, le sourire aux lèvres, je penchais la tête pour l’écouter. Une ribambelle de mots se suivant, en quête d’oreilles au sein desquelles se déposer… Accompagnées de rimes et d’un petit théâtre, qui plus est !
J’avais faim…
Je m’emparais d’une miette de pizza trônant là, ne me jetant pas encore sur la dernière part, sachant que j’en aurais encore besoin dans quelques minutes. Puis je menais l’ongle de mon pouce à ma bouche, en retirant les quelques dernières saveurs encore coincées, écoutant toujours ce cher Kaoren qui maintenant m’offrait la parole.
T'en penses quoi, toi ?
Je marquais un temps de pause, laissant mon pouce coincé entre mes dents. Que pensais-je d’une ribambelle ? De l’utilisation commune d’anciens mots maintenant déchiquetés par la langue courante ? Je plongeais mon regard dans l’écran pixélisé de la télévision qui nous faisait face, et redressait alors mon dos sur le canapé, ne laissant pas pour autant mon pouce quitter sa place.
Un jour, j’avais cassé -par accident- le bord d’un de mes moules à pâte, le bout du bras d’un petit bonhomme… J’ai fait de même avec l’autre bout, et les pieds, tout en attachant le haut du moule pour qu’il ne se sépare pas, et… Sans aucun doute, c’était la ribambelle sablée la plus réussie de ma carrière !
Je pouffais.
User du terme dans son sens le plus simple est le plus enfantin, et l’enfantin est le langage le plus divertissant ! J’ai appris ce qu’était une ribambelle dans du papier, et quoi de plus succulent pour un enfant que de retrouver ce mot utilisé ainsi par des grands ? S’il y a « une ribambelle de nuages dans le ciel », alors pour le petit, les nuages se suivent de manière divertissante, ce qui va attirer son intérêt ! Il en va là de la même chose que d’un mélange excentrique résultant en une saveur exotique mais pas moins savoureuse…
Enfin, j’ôtais le pouce de sa position, pour à nouveau lui faire prendre la direction des miettes de la pizza.
Pourquoi s’embêter alors que tous y trouvent déjà un sens simple et commun ? Bien sûr, on peut toujours en tirer des ribambelles de métaphores sucrées, mais lorsque l’on parle du sens clair et précis du mot, l’intérêt du questionnement reste aussi fade qu’une pâte brisée achetée…
Cela ne m’empêcha pas de marmonner ensuite : Bien qu’elle n’en soit pas sans goût, cela étant…
Et encore, je menais les doigts de ma main droite à ma bouche, le regard cependant dirigé vers mon camarade…
- Spoiler:
- T'as pas hésité à déformer le fofo, finalement XD
Non, non, c'est bien plus beau lorsque c'est inutile !
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Kaoren
Mar 5 Juil - 15:18
C'est un jour difficile, pour l'académisme, que celui où il rencontre Tee. Remarquez, le jour où on lui présenta le mot "Ribambelle" valait probablement le détour. Voir tous ces littéraires en réunion, débattant sur l'usage convenu de tel ou tel mot, des arguments volant par ci, très pertinents, d'ailleurs, des réponses enflammées par là, toutes aussi légitimes... Quand soudain, une fois que tout le monde s'est mis d'accord sur la dernière question, le planton chargé de l'ordre du jour annonce le mot suivant : "Ribambelle". Et là, c'est la panique. « Il existe, ce mot ? » , « Mais il vient d'où ? De quoi ? » , « Vous voulez pas simplement le virer du dictionnaire, qu'on gagne du temps ? »...
Ouais, ça valait certainement le détour.
Mais bon. Tant qu'à faire, on peut reconstituer ça ici, entre Dessinateurs Esquisséens. Certes, ç'aurait été plus amusant avec toute une foule d'esprits, mais celui de Tee comptait pour cinquante. Bien sûr, je n'entends pas là que... Tiens, ça pourrait être amusant, avec un schizophrène dans le lot. Mais nous nous contenterons ici d'un adepte affirmé de la langue et d'un féru confirmé de biscuits. À ce propos, ce dernier donnait son avis :
User du terme dans son sens le plus simple est le plus enfantin, et l’enfantin est le langage le plus divertissant !
Comment ? L'interlocuteur de Kaoren allait développant cette idée. Bon, ça lui laissait au moins le temps d'y réfléchir.
Le débat allait reposer sur l'essence des théories du langage de Wittgentstein, de l'importance des mots précis contre celle des mots flous, de si une ribambelle se doit de coller aux sens pour lesquels on a créé le mot, ou définir une suite de n'importe quoi, en laissant l'interprétation libre sur le sujet. La seconde solution, celle que défendait Tee, était tentante, à première vue, mais elle avait un impact dissimulé sous un couvert d'ergonomie : elle appauvrissait grandement les perspectives d'effets de style. Prenez le mot "Dessin". Que nous donne la définition précise du dictionnaire ? « Représentation d'objets, de personnages, de paysages, etc. sur une surface à l'aide d'un crayon, à la plume, au pinceau ou par tout autre instrument. » Et quelle serait la définition floue ? « Représentation de choses. » Comme ça, on peut l'attribuer à n'importe quoi, l'interprétation enfantine suffisant en l'occurrence à comprendre de quoi on parle. Mais, puisque Tee parlait tantôt de nuages, si nous parlions d'un dessin formé par les nuages dans le ciel ? Préféreriez-vous y entendre « La forme des nuages représente des choses. », ou « Les nuages sont la plume, le crayon, dessinant des personnages, des paysages, sur la feuille du ciel. » ? Si vous avez favorisé le premier choix, j'ai l'honneur de vous annoncer que votre nom signifie "thé" en allemand et que vous êtes de mauvaise foi. Sinon, vous aurez compris pourquoi la poésie est écrite d'un langage adulte.
Tiens, le magret a fini de parler. 'va falloir lui résumer ça à l'oral, maintenant.
"Pourquoi s'embêter ?", dis-tu. Parce qu'accepter le sens simple d'un mot revient à ternir sa connotation. C'est justement parce qu'on restreint son utilisation que le mot "ribambelle" évoque quelque chose de particulier. Certes, la ribambelle de nuages était un mauvais exemple... un très mauvais exemple, à vrai dire, puisque le rapprochement avec la ribambelle de papier peut souligner l'esprit nostalgique avec lequel on les regarde, tout ça... Mais je ne reviens pas sur mon avis pour autant. Le sens clair et précis n'est pas moins fade que le sens "simple et commun", et il est la base nécessaire aux figures de style qui permettent à un texte d'être plus évocateur qu'une expression didactique.
Soudain, une comparaison vint à l'esprit de Kaoren...
Prends cette pizza que nous partageons. Et si, plutôt que d'avoir le goût spécifique créé par chaque ingrédient qui la compose, elle avait un goût unique de "pizza", qu'elle partagerait avec toutes les autres pizzas du monde ? Ce serait nettement plus simple, on arriverait à la pizzeria, on annoncerait « Garçon ! Une pizza ! », et il nous la servirait. Et on mangerait toujours la même chose, qu'importe ce qu'il mettrait dedans. Et si toute la nourriture du monde partageait un goût unique de "nourriture" ? Encore plus simple ! Qu'on aille voir le fast-food ou les halles de Bocuse, on entrerait en commandant "De la bouffe !". Mieux ! Si toutes les choses du monde avaient le goût de "chose" ! Alors là, ce serait le top, on irait prendre de la terre, de la fiente, des paquets de mouchoirs ou encore des grille-pains, et on les mangerait en se disant "Miam, ce que j'aime les choses, moi !". Ce serait si simple ! Pourtant, l'idée m'est assurément moins charmante que l'Esquisse m'est claire.
Est-ce-que cet argument valait quoi que ce soit à l'avis d'un bouffe-tout, cependant ? Bah, qui sait ?
Ouais, ça valait certainement le détour.
Mais bon. Tant qu'à faire, on peut reconstituer ça ici, entre Dessinateurs Esquisséens. Certes, ç'aurait été plus amusant avec toute une foule d'esprits, mais celui de Tee comptait pour cinquante. Bien sûr, je n'entends pas là que... Tiens, ça pourrait être amusant, avec un schizophrène dans le lot. Mais nous nous contenterons ici d'un adepte affirmé de la langue et d'un féru confirmé de biscuits. À ce propos, ce dernier donnait son avis :
User du terme dans son sens le plus simple est le plus enfantin, et l’enfantin est le langage le plus divertissant !
Comment ? L'interlocuteur de Kaoren allait développant cette idée. Bon, ça lui laissait au moins le temps d'y réfléchir.
Le débat allait reposer sur l'essence des théories du langage de Wittgentstein, de l'importance des mots précis contre celle des mots flous, de si une ribambelle se doit de coller aux sens pour lesquels on a créé le mot, ou définir une suite de n'importe quoi, en laissant l'interprétation libre sur le sujet. La seconde solution, celle que défendait Tee, était tentante, à première vue, mais elle avait un impact dissimulé sous un couvert d'ergonomie : elle appauvrissait grandement les perspectives d'effets de style. Prenez le mot "Dessin". Que nous donne la définition précise du dictionnaire ? « Représentation d'objets, de personnages, de paysages, etc. sur une surface à l'aide d'un crayon, à la plume, au pinceau ou par tout autre instrument. » Et quelle serait la définition floue ? « Représentation de choses. » Comme ça, on peut l'attribuer à n'importe quoi, l'interprétation enfantine suffisant en l'occurrence à comprendre de quoi on parle. Mais, puisque Tee parlait tantôt de nuages, si nous parlions d'un dessin formé par les nuages dans le ciel ? Préféreriez-vous y entendre « La forme des nuages représente des choses. », ou « Les nuages sont la plume, le crayon, dessinant des personnages, des paysages, sur la feuille du ciel. » ? Si vous avez favorisé le premier choix, j'ai l'honneur de vous annoncer que votre nom signifie "thé" en allemand et que vous êtes de mauvaise foi. Sinon, vous aurez compris pourquoi la poésie est écrite d'un langage adulte.
Tiens, le magret a fini de parler. 'va falloir lui résumer ça à l'oral, maintenant.
"Pourquoi s'embêter ?", dis-tu. Parce qu'accepter le sens simple d'un mot revient à ternir sa connotation. C'est justement parce qu'on restreint son utilisation que le mot "ribambelle" évoque quelque chose de particulier. Certes, la ribambelle de nuages était un mauvais exemple... un très mauvais exemple, à vrai dire, puisque le rapprochement avec la ribambelle de papier peut souligner l'esprit nostalgique avec lequel on les regarde, tout ça... Mais je ne reviens pas sur mon avis pour autant. Le sens clair et précis n'est pas moins fade que le sens "simple et commun", et il est la base nécessaire aux figures de style qui permettent à un texte d'être plus évocateur qu'une expression didactique.
Soudain, une comparaison vint à l'esprit de Kaoren...
Prends cette pizza que nous partageons. Et si, plutôt que d'avoir le goût spécifique créé par chaque ingrédient qui la compose, elle avait un goût unique de "pizza", qu'elle partagerait avec toutes les autres pizzas du monde ? Ce serait nettement plus simple, on arriverait à la pizzeria, on annoncerait « Garçon ! Une pizza ! », et il nous la servirait. Et on mangerait toujours la même chose, qu'importe ce qu'il mettrait dedans. Et si toute la nourriture du monde partageait un goût unique de "nourriture" ? Encore plus simple ! Qu'on aille voir le fast-food ou les halles de Bocuse, on entrerait en commandant "De la bouffe !". Mieux ! Si toutes les choses du monde avaient le goût de "chose" ! Alors là, ce serait le top, on irait prendre de la terre, de la fiente, des paquets de mouchoirs ou encore des grille-pains, et on les mangerait en se disant "Miam, ce que j'aime les choses, moi !". Ce serait si simple ! Pourtant, l'idée m'est assurément moins charmante que l'Esquisse m'est claire.
Est-ce-que cet argument valait quoi que ce soit à l'avis d'un bouffe-tout, cependant ? Bah, qui sait ?
- Distinctions:
- Les tarty's du temps où ça s'appelait encore comme ça:
Invité
Invité
Mar 5 Juil - 23:05
Je l’écoutais, mon regard cerné plongé dans sa joue… J’entendais, et comprenais. Après tout, que serait une saveur, si elle ne pouvait se décrire elle-même d’une manière si spécifique et concise ? Cependant, les mots devinrent bien plus savoureux lorsqu’il pénétra mon domaine... Nul doute, je ne m’y attendais pas !
Il décrivait là une véritable apocalypse, et à l’écouter parler de nourritures, mes pupilles s’en détournèrent vers la pizza tandis que mon sourire ne laissait s’échapper que quelques infimes soubresauts de rire, ou plutôt, d'inaudibles pouffements. Était-ce là la fadeur écrasante qu’il trouvait au sens simple et commun, lui qui disait que le sens clair et précis ne l’était pas moins ?
Il en serait d’un monde vide où, par extension du sens, tout deviendrait comestible, d’un même goût unique, d’une saveur simple… Les choses se mangeraient, et les choses seraient tout ! Cependant… Tout serait tout, les choses seraient les choses, et les choses seraient tout. Quel plaisir alors à savoir tout comestible, si chaque chose est tout ? Penser qu’il existerait un unique ingrédient, avec une unique saveur, serait identique, et en cela, une telle possibilité serait une apocalypse. Où serait la joie de goûter les différentes saveurs, celle de savoir que tout se mange, et qu’il existe donc une infinité de goûts à explorer ? Comment ne pas se lasser d’un goût unique, que l’on ne peut mélanger ?
…
Comment pouvait-on pousser une comparaison aussi loin, pour finir par se perdre dans un extrême ?
Mon sourire aux lèvres, j’arrachais un morceau de la dernière part de pizza, la menant à mes lèvres pour tenter d’ôter de ma pensée cette effroyable image de mon esprit, ce tout en étalant mon avis sur celle-ci.
Un monde possédant une unique saveur, bien que tout y soit comestible, ne peut être qu’une fiction subissant le jugement dernier, et heureusement ! Plus aucun plaisir à goûter chaque aliment, orchestrer d’innombrables mélanges, si tout possède le même goût, quel intérêt ? La faim ne peut se satisfaire d’une telle aberration… Cependant…
Je menais le morceau à mes canines, en arrachant de minuscules bouts, petit à petit.
Cette apocalypse a autant lieu d’être au sein de cette conversation qu’un pneu sur notre pizza…
Et je continuais, lentement, à mâchouiller, regardant la dernière part, encore.
…
Non, un pneu restait une mauvaise idée… Le goût serait gâché.
Tout deviendrais simple, ennuyant, mais, dans les faits, d’une complexité absolue ! Si, en suivant un tel extrême, nous autres qui connaissions toutes les saveurs ne nous retrouvons plus qu’avec une unique de ces infinités que nous adorions, quelle serait la première chose qui nous viendrait à l’esprit, si ce n’est de toutes leur redonner vie ? Un univers ne peut vivre sans les multiples goûts qu’il a déjà connu, tout comme il en est pour les mots ! C’est pour cela que les goûts, tout comme les mots et leurs sens, ne tendront pas à dépérir, mais évoluer. Une ribambelle aura beau avoir eu un sens fixé, par extension nous tendrons à l’associer à ce qui lui est similaire, ce en conservant dans nos esprits ce qu’était, et est, une ribambelle.
J’avais depuis déjà quelques mots terminé mon cinquième de quart de part de pizza, la savourant dans mon discours. Et alors que j’en effaçais les dernières traces au bout de mes doigts, je concluais.
Le goût d’une orange sanguine n’éveillera certainement tes papilles que d’un simple mot qu’est « orange », et cela sachant qu’il existe cependant une infime différence entre le goût d’une orange, et d’une orange sanguine… Il en va de même pour l’esprit qui ne cherche, sur le moment, que le mot le plus parlant, le plus croustillant à l’oreille~ !
Je mordillais la peau de mon index, me laissant à nouveau tomber sur le dossier du sofa.
Tu la veux...?
Le regard clairement posé sur ce qu'il restait de notre dîner, je fis un bref geste de l'aile vers ce même repas.
Tout cela venait de raviver ma faim !
Il décrivait là une véritable apocalypse, et à l’écouter parler de nourritures, mes pupilles s’en détournèrent vers la pizza tandis que mon sourire ne laissait s’échapper que quelques infimes soubresauts de rire, ou plutôt, d'inaudibles pouffements. Était-ce là la fadeur écrasante qu’il trouvait au sens simple et commun, lui qui disait que le sens clair et précis ne l’était pas moins ?
Il en serait d’un monde vide où, par extension du sens, tout deviendrait comestible, d’un même goût unique, d’une saveur simple… Les choses se mangeraient, et les choses seraient tout ! Cependant… Tout serait tout, les choses seraient les choses, et les choses seraient tout. Quel plaisir alors à savoir tout comestible, si chaque chose est tout ? Penser qu’il existerait un unique ingrédient, avec une unique saveur, serait identique, et en cela, une telle possibilité serait une apocalypse. Où serait la joie de goûter les différentes saveurs, celle de savoir que tout se mange, et qu’il existe donc une infinité de goûts à explorer ? Comment ne pas se lasser d’un goût unique, que l’on ne peut mélanger ?
…
Comment pouvait-on pousser une comparaison aussi loin, pour finir par se perdre dans un extrême ?
Mon sourire aux lèvres, j’arrachais un morceau de la dernière part de pizza, la menant à mes lèvres pour tenter d’ôter de ma pensée cette effroyable image de mon esprit, ce tout en étalant mon avis sur celle-ci.
Un monde possédant une unique saveur, bien que tout y soit comestible, ne peut être qu’une fiction subissant le jugement dernier, et heureusement ! Plus aucun plaisir à goûter chaque aliment, orchestrer d’innombrables mélanges, si tout possède le même goût, quel intérêt ? La faim ne peut se satisfaire d’une telle aberration… Cependant…
Je menais le morceau à mes canines, en arrachant de minuscules bouts, petit à petit.
Cette apocalypse a autant lieu d’être au sein de cette conversation qu’un pneu sur notre pizza…
Et je continuais, lentement, à mâchouiller, regardant la dernière part, encore.
…
Non, un pneu restait une mauvaise idée… Le goût serait gâché.
Tout deviendrais simple, ennuyant, mais, dans les faits, d’une complexité absolue ! Si, en suivant un tel extrême, nous autres qui connaissions toutes les saveurs ne nous retrouvons plus qu’avec une unique de ces infinités que nous adorions, quelle serait la première chose qui nous viendrait à l’esprit, si ce n’est de toutes leur redonner vie ? Un univers ne peut vivre sans les multiples goûts qu’il a déjà connu, tout comme il en est pour les mots ! C’est pour cela que les goûts, tout comme les mots et leurs sens, ne tendront pas à dépérir, mais évoluer. Une ribambelle aura beau avoir eu un sens fixé, par extension nous tendrons à l’associer à ce qui lui est similaire, ce en conservant dans nos esprits ce qu’était, et est, une ribambelle.
J’avais depuis déjà quelques mots terminé mon cinquième de quart de part de pizza, la savourant dans mon discours. Et alors que j’en effaçais les dernières traces au bout de mes doigts, je concluais.
Le goût d’une orange sanguine n’éveillera certainement tes papilles que d’un simple mot qu’est « orange », et cela sachant qu’il existe cependant une infime différence entre le goût d’une orange, et d’une orange sanguine… Il en va de même pour l’esprit qui ne cherche, sur le moment, que le mot le plus parlant, le plus croustillant à l’oreille~ !
Je mordillais la peau de mon index, me laissant à nouveau tomber sur le dossier du sofa.
Tu la veux...?
Le regard clairement posé sur ce qu'il restait de notre dîner, je fis un bref geste de l'aile vers ce même repas.
Tout cela venait de raviver ma faim !
Non, non, c'est bien plus beau lorsque c'est inutile !
Personnages : Kaoren, Penrose
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Kaoren
Sam 23 Juil - 16:27
Ce qu'elle peut être risible, la dernière part d'une pizza... Autant, l'ouverture de la boîte, agrémentée des fumets qui s'en dégagent et de la vision d'un mets neuf et nouveau à déguster n'est jamais sans ouvrir l'appétit d'un grand coup de pied dans ses portes...
Autant, la dernière part, que vous n'observez qu'après avoir pris le temps de vous rappeler combien commun et médiocre est le goût qu'elle contient en goûtant ses sœurs tantôt, et dont l'ingurgitation aura pour seule fin celle du repas... Celle-là, vous perdrez pas grand-chose à la laisser.
C'est bon, tu peux la terminer.
Voici donc où l'on en était. La sanguine est une variété précise d'orange, comme la ribambelle est une variété précise de suite. Rien à ajouter, en fait.
Tu sais, en suivant ton exemple... prendre "ribambelle" comme synonyme de "suite" est aussi pertinent que "orange sanguine" comme synonyme de "orange", "orange" comme synonyme de "fruit", "fruit" comme synonyme de "aliment"... Tu m'arrêtes quand tu as compris le concept.
On ne peut pas. On ne peut simplement pas. Chaque ambiguïté créée par une génération peut devenir une perte de sens pour la suivante. Si l'on veut utiliser la connotation de "ribambelle" pour donner un aspect plus enfantin à une expression, il faut que cet objectif soit assez explicite. Mais si l'on se met à parler d'une "ribambelle de bouquins" sur une bibliothèque, l'enfant de la génération suivante pourra assimiler le mot "ribambelle" à une rangée de livres, et tous les textes qui l'évoquaient comme une frise de tapisserie perdront tout leur sens poétique. C'est parce qu'on a inventé l'écriture, gravure d'une pensée à visée pérenne, que l'on doit éviter de bouleverser notre langage...
En vérité, cela rappelait à Kaoren un tourment qui avait hanté son esprit dans sa jeunesse :
Connais-tu la chanson médiévale intitulée "Belle qui tiens ma vie" ? De son temps, ses paroles figuraient comme un modèle de romantisme et de poésie. Le premier couplet, à mon humble goût, l'est encore aujourd'hui.
Écoute donc :
Il se racla la gorge, et entama son air, en espérant ne pas le torturer autant qu'à son habitude.
« Belle qui tiens ma vie
Captive dans tes yeux,
Qui m'as l'âme ravie
D'un sourire gracieux,
Viens tôt me secourir,
Ou me faudra mourir... »
Rah, c'est pas forcément évident, avec une voix d'adolescent nouvellement acquise... Enfin, dans le débat, seules les paroles avaient une réelle importance.
C'est mignon, n'est-ce-pas ? Il est heureux que nous n'ayons en cinq siècles terni le sens d'aucun de ces vers. Maintenant, écoute les cinquième et sixième :
« Approche donc ma belle,
Approche-toi mon bien.
Ne me sois plus rebelle
Puisque mon cœur est tien.
Pour mon mal apaiser,
Donne-moi un baiser.
Je meurs mon angelette,
Je meurs en te baisant.
Ta bouche tant doucette
Va mon bien ravissant.
À ce coup mes esprits
Sont tous d'amour épris. »
Là, pas de souci, la mélodie faussée par le chant de Kaoren paraissait bien piètre préoccupation devant le massacre de ses paroles par le temps et les "évolutions".
Voilà où je veux en venir. Lorsqu'on entend cette chanson de nos jours, on n'est plus bien loin de l'acte illégal, si tu vois ce que je veux dire. Pourtant, à l'époque, c'était tendre, délicat...
Je prends volontairement un cas extrême, je me doute bien que ce n'est pas en faisant assimiler le mot "ribambelle" à une allée de HLM qu'on détruira nos poèmes... Mais on en ternira certains, un petit peu pour commencer, puis plus encore. "Ribambelle" peut très vite adopter un sens très large, et être utilisé dans des situations à des lieues de l'apprentissage enfantin. Et ce jour-là, on regrettera d'avoir laissé la langue aux mains d'illettrés.
Autant, la dernière part, que vous n'observez qu'après avoir pris le temps de vous rappeler combien commun et médiocre est le goût qu'elle contient en goûtant ses sœurs tantôt, et dont l'ingurgitation aura pour seule fin celle du repas... Celle-là, vous perdrez pas grand-chose à la laisser.
C'est bon, tu peux la terminer.
Voici donc où l'on en était. La sanguine est une variété précise d'orange, comme la ribambelle est une variété précise de suite. Rien à ajouter, en fait.
Tu sais, en suivant ton exemple... prendre "ribambelle" comme synonyme de "suite" est aussi pertinent que "orange sanguine" comme synonyme de "orange", "orange" comme synonyme de "fruit", "fruit" comme synonyme de "aliment"... Tu m'arrêtes quand tu as compris le concept.
On ne peut pas. On ne peut simplement pas. Chaque ambiguïté créée par une génération peut devenir une perte de sens pour la suivante. Si l'on veut utiliser la connotation de "ribambelle" pour donner un aspect plus enfantin à une expression, il faut que cet objectif soit assez explicite. Mais si l'on se met à parler d'une "ribambelle de bouquins" sur une bibliothèque, l'enfant de la génération suivante pourra assimiler le mot "ribambelle" à une rangée de livres, et tous les textes qui l'évoquaient comme une frise de tapisserie perdront tout leur sens poétique. C'est parce qu'on a inventé l'écriture, gravure d'une pensée à visée pérenne, que l'on doit éviter de bouleverser notre langage...
En vérité, cela rappelait à Kaoren un tourment qui avait hanté son esprit dans sa jeunesse :
Connais-tu la chanson médiévale intitulée "Belle qui tiens ma vie" ? De son temps, ses paroles figuraient comme un modèle de romantisme et de poésie. Le premier couplet, à mon humble goût, l'est encore aujourd'hui.
Écoute donc :
Il se racla la gorge, et entama son air, en espérant ne pas le torturer autant qu'à son habitude.
« Belle qui tiens ma vie
Captive dans tes yeux,
Qui m'as l'âme ravie
D'un sourire gracieux,
Viens tôt me secourir,
Ou me faudra mourir... »
Rah, c'est pas forcément évident, avec une voix d'adolescent nouvellement acquise... Enfin, dans le débat, seules les paroles avaient une réelle importance.
C'est mignon, n'est-ce-pas ? Il est heureux que nous n'ayons en cinq siècles terni le sens d'aucun de ces vers. Maintenant, écoute les cinquième et sixième :
« Approche donc ma belle,
Approche-toi mon bien.
Ne me sois plus rebelle
Puisque mon cœur est tien.
Pour mon mal apaiser,
Donne-moi un baiser.
Je meurs mon angelette,
Je meurs en te baisant.
Ta bouche tant doucette
Va mon bien ravissant.
À ce coup mes esprits
Sont tous d'amour épris. »
Là, pas de souci, la mélodie faussée par le chant de Kaoren paraissait bien piètre préoccupation devant le massacre de ses paroles par le temps et les "évolutions".
Voilà où je veux en venir. Lorsqu'on entend cette chanson de nos jours, on n'est plus bien loin de l'acte illégal, si tu vois ce que je veux dire. Pourtant, à l'époque, c'était tendre, délicat...
Je prends volontairement un cas extrême, je me doute bien que ce n'est pas en faisant assimiler le mot "ribambelle" à une allée de HLM qu'on détruira nos poèmes... Mais on en ternira certains, un petit peu pour commencer, puis plus encore. "Ribambelle" peut très vite adopter un sens très large, et être utilisé dans des situations à des lieues de l'apprentissage enfantin. Et ce jour-là, on regrettera d'avoir laissé la langue aux mains d'illettrés.
- Spoiler:
- Navré pour le temps de réponse, mais ce post, je m'y suis repris par trois fois au bas mot pour lui trouver une suite décente.
- Distinctions:
- Les tarty's du temps où ça s'appelait encore comme ça:
Invité
Invité
Sam 23 Juil - 23:00
La permission offerte, ou tout du moins, la part n’étant pas arrachée à ma portée, je m’en emparais avec entrain tout en laissant les mots successifs atteindre mes oreilles… A bien y penser, je devais m’estimer heureux d’être affublé de telles oreilles, ce contrairement à nos tendres et potentiels dirigeants qui eux ne possédaient que de simples canaux auditifs. Puis l’orange devint fruit ? Le canard devint animal ? Le sens se perdait avec la progéniture de l’animal, et la dernière part venait se perdre aux prises de ma mâchoire ?
Le sens risquait de devenir autre avec le sang suivant, mais là était le piège ! A bien l’écouter, il le dit de ses propres lèvres : Ce n’était pas un sang ferreux qui détenait le sens, mais un sang fait de colorants ne pouvant être dédiés à la cuisine.
Et je mordais encore mon met mêlant des goûts simplistes pour former l’harmonie commune à son genre, si appréciable, et alors je pensais à ce temps dont il était mention. Comment pouvait-on sans cesse penser ainsi, quel que l’esprit soit ?
Serait-ce le désordre, ou l’unité ? Quoi qu’il puisse en être, contrairement à l’onctueuse glace ne cessant de fondre sous l’effet d’un soleil d’été brûlant, nous, nous ne désirons pas la suivre, quelle qu’elle soit… N’est-ce pas une démonstration de notre égo ? Voilà des pensées ravivées par le grignotage et les paroles d’un poème qui fusait, là, embrassant mes tympans.
J’ai bien entendu, bien écouté, et tandis que du sucre se cassait sur le dos de certains, gaspillé, mes yeux captaient l’image d’un nouveau mot maintenant affiché à la place de son prédécesseur.
~STIGMATE~
Alors, mes mots volaient, dépourvus de la gêne qu’aurait pu provoquer la succulente part de pizza maintenant ingurgité dans son intégralité.
Il y a quelques siècles de cela, un plat cuisiné avec amour a été laissé sur une table, destiné à un grand banquet. Supposons ce plat infini, interminable ! Malgré l’appétit, je doute fort vouloir imposer à mes papilles et mon organisme les stigmates découlant d'une bouchée de ce plat de nos jours…
Inspiration, expiration. Avec joie, je me rendis compte que le goût de la dernière part était encore présent.
Loin de moi l’idée d’insulter un ancien poème ou d’oublier tes mots, car ils ne sont en rien faux ! Mais qu’est-ce que représente ce poème face à une glace dégoulinante sous un lourd soleil, laissant s’échapper son si agréable parfum de fraise ? Que sont les mots face à elle ? Après tout, ils n’en sont qu’un dessin, l’immortalisant dans ce qui est communément connu comme son instant de perfection, l’instant précédent sa fonte totale, la perte de sa forme arrondie si délicate… Ce qu’est cette glace, à cet instant, est alors piégé, inscrit a jamais sur le papier, une cicatrice indélébile !
Pause. Plus rien n’étais à ma portée pour grignoter…
Mais, finalement, n’est-ce pas l’égo qui crie à travers cette dernière pensée ?
Pause. Mes doigts ! Je les menais à ma bouche, encore, comme pour raviver le goût qui s’éteignait, lentement.
Pourquoi toujours se plaindre de l’inévitable en espérant l’irréalisable ? Seul le fruit ne peut pourrir, car il est mien, et cependant, il pourra bien pourrir pour toi ! Mais, s’il en est de ton fruit, alors il ne pourra pourrir, ce seulement si l’on parle de toi…
Voilà une manière de parler qui m’était plus commune ! Me repaître de la dernière part de notre plat m’avait certainement ramené sur terre après de tels discours…
Dès lors que le fruit se transmet, ce qui ne peut être que par des intermédiaires, il se voit obligé de perdre de sa chair, et donc de la dévoiler à la glace fondante que beaucoup renient tant ! Plutôt que de pleurer face au dépérissement inéluctable d’un fruit transmit, pourquoi ne pas en premier lieu admirer la simple possibilité de son transfert, et même, voir en sa moisissure comme une évolution créant une unité mêlée aux exotiques saveurs d’autres fruits innombrables, on ne peut plus juteux ? La moisissure du fruit d’un temps passé donne alors naissance à une salade délicatement parfumée, et le fruit n’a plus raison d’être, il ne peut être constant, celui à qui il était assigné n’étant plus.
…
Penser que l’entropie ne peut s’appliquer au fruit transmit, tout comme il en est pour les mots, est aussi illogique que le fait de la stigmatiser.
Je souriais, lui lançant un regard amusé.
Après tout, tu parles de ternir des mots passés, mais ces mots et leur constance ne sont-ils pas aussi ceux qui ternissent l’évolution omniprésente de notre temps ?
Le sens risquait de devenir autre avec le sang suivant, mais là était le piège ! A bien l’écouter, il le dit de ses propres lèvres : Ce n’était pas un sang ferreux qui détenait le sens, mais un sang fait de colorants ne pouvant être dédiés à la cuisine.
Et je mordais encore mon met mêlant des goûts simplistes pour former l’harmonie commune à son genre, si appréciable, et alors je pensais à ce temps dont il était mention. Comment pouvait-on sans cesse penser ainsi, quel que l’esprit soit ?
Serait-ce le désordre, ou l’unité ? Quoi qu’il puisse en être, contrairement à l’onctueuse glace ne cessant de fondre sous l’effet d’un soleil d’été brûlant, nous, nous ne désirons pas la suivre, quelle qu’elle soit… N’est-ce pas une démonstration de notre égo ? Voilà des pensées ravivées par le grignotage et les paroles d’un poème qui fusait, là, embrassant mes tympans.
J’ai bien entendu, bien écouté, et tandis que du sucre se cassait sur le dos de certains, gaspillé, mes yeux captaient l’image d’un nouveau mot maintenant affiché à la place de son prédécesseur.
~STIGMATE~
Alors, mes mots volaient, dépourvus de la gêne qu’aurait pu provoquer la succulente part de pizza maintenant ingurgité dans son intégralité.
Il y a quelques siècles de cela, un plat cuisiné avec amour a été laissé sur une table, destiné à un grand banquet. Supposons ce plat infini, interminable ! Malgré l’appétit, je doute fort vouloir imposer à mes papilles et mon organisme les stigmates découlant d'une bouchée de ce plat de nos jours…
Inspiration, expiration. Avec joie, je me rendis compte que le goût de la dernière part était encore présent.
Loin de moi l’idée d’insulter un ancien poème ou d’oublier tes mots, car ils ne sont en rien faux ! Mais qu’est-ce que représente ce poème face à une glace dégoulinante sous un lourd soleil, laissant s’échapper son si agréable parfum de fraise ? Que sont les mots face à elle ? Après tout, ils n’en sont qu’un dessin, l’immortalisant dans ce qui est communément connu comme son instant de perfection, l’instant précédent sa fonte totale, la perte de sa forme arrondie si délicate… Ce qu’est cette glace, à cet instant, est alors piégé, inscrit a jamais sur le papier, une cicatrice indélébile !
Pause. Plus rien n’étais à ma portée pour grignoter…
Mais, finalement, n’est-ce pas l’égo qui crie à travers cette dernière pensée ?
Pause. Mes doigts ! Je les menais à ma bouche, encore, comme pour raviver le goût qui s’éteignait, lentement.
Pourquoi toujours se plaindre de l’inévitable en espérant l’irréalisable ? Seul le fruit ne peut pourrir, car il est mien, et cependant, il pourra bien pourrir pour toi ! Mais, s’il en est de ton fruit, alors il ne pourra pourrir, ce seulement si l’on parle de toi…
Voilà une manière de parler qui m’était plus commune ! Me repaître de la dernière part de notre plat m’avait certainement ramené sur terre après de tels discours…
Dès lors que le fruit se transmet, ce qui ne peut être que par des intermédiaires, il se voit obligé de perdre de sa chair, et donc de la dévoiler à la glace fondante que beaucoup renient tant ! Plutôt que de pleurer face au dépérissement inéluctable d’un fruit transmit, pourquoi ne pas en premier lieu admirer la simple possibilité de son transfert, et même, voir en sa moisissure comme une évolution créant une unité mêlée aux exotiques saveurs d’autres fruits innombrables, on ne peut plus juteux ? La moisissure du fruit d’un temps passé donne alors naissance à une salade délicatement parfumée, et le fruit n’a plus raison d’être, il ne peut être constant, celui à qui il était assigné n’étant plus.
…
Penser que l’entropie ne peut s’appliquer au fruit transmit, tout comme il en est pour les mots, est aussi illogique que le fait de la stigmatiser.
Je souriais, lui lançant un regard amusé.
Après tout, tu parles de ternir des mots passés, mais ces mots et leur constance ne sont-ils pas aussi ceux qui ternissent l’évolution omniprésente de notre temps ?
Non, non, c'est bien plus beau lorsque c'est inutile !
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Kaoren
Lun 1 Aoû - 19:07
"Stigmate", ce mot titulaire du record national du plus grand nombre d'utilisation erronées, devant "Blasé" et "Paradigme"... Devinez qui venait de l'allouer à tort, en tant que synonyme de "douleur" ou "désagrément" ! Oui, celui-là même qui parlait de ribambelles de métaphores l'instant d'avant. Et on demandera encore à Kaoren quel genre d'argument peut le pousser à favoriser l'apprentissage de la langue par analyse plutôt que celui par imitation...
Cependant, malgré ces quelques entorses aux règles convenues de la langue, Tee avait souligné un point intéressant. Il était effectivement maladroit d'assimiler l'évolution de la pomme à celle de son dessin. Il était toutefois moins sot de les comparer, et c'était bel et bien dans cette direction qu'avançait le débat. Le mot désignant un objet doit il réviser son sens au fur et à mesure que l'objet est altéré ? Peut-on encore parler de "sens juste" d'un mot alors qu'il ne désigne qu'une idée altérable ?
Vous savez quoi ? Oui, on peut.
Qu'on se comprenne bien. Il existe une différence entre les stigmates frappant une crème glacée et celles marquant son essence platonicienne. Je ne reproche à personne de ne pas désigner un objet par un mot renfermant toutes ses exactes caractéristiques. Ce n'est pas le mot, qui doit correspondre à l'objet, mais l'inverse. Un mot est la représentation d'un concept. Ce concept est marqué d'une définition. Cette définition renferme les caractéristiques communes à tous les objets y correspondant, à savoir tous ceux que le mot sus-ci nommé peut désigner.
La connotation d'un mot est la première des caractéristiques communes de ses éléments qui nous vient à l'esprit lorsque on l'utilise. Certes, elle peut varier selon les utilisateurs, mais la langue défend de n'utiliser que la connotation à travers un mot. Par ailleurs, elle défend d'omettre ne serait-ce qu'une seule des propriétés du concept que l'on désigne.
Rien ne vaut l'exemple.
Avec des glaces, ça veut dire que tu peux appeler "glace" tout ce qui possède les propriétés de base d'une glace, qu'elle soit à la fraise, à la vanille, fondue, écrasée sur la tête du voisin, ou même déformée par son passage dans un accélérateur à particules encore que... . Mais tu ne peux pas appeler "glace à la menthe" une glace ne contenant pas ce parfum.
La moisissure du fruit que tu évoques n'a pas lieu d'être dans ce débat, car je ne parle pas des mots de « Belle qui tiens ma vie » comme d'un fruit frais. Je me moque bien qu'on m'en parle comme d'un fruit pourri, d'une pomme ou d'une grappe de raisin, quelle que soit sa couleur. Mais le monde ne l'évoque plus comme un fruit, et c'est cet unique outrage que je condamne. Oui, le mot "baiser" a toujours évoqué un acte d'amour, mais un acte très précis : Un acte qui reposait sur le principe de coller ses lèvres contre celles de sa mie. La connotation de ce mot aujourd'hui n'inclut même plus ceci. C'est une faute à l'utilisation d'un mot, rien de moins. Et cette faute est désormais un stigmate néfaste à son utilisation.
Toc, voilà comment on se sert de celui-ci.
L'évolution du sens d'une expression ou d'un mot peut sembler une bonne chose, de prime abord. Mais c'est une porte ouverte à l'oubli de l'original. Et l'oubli est nocif à l'Histoire, tout comme il l'est à l'avenir.
Et Kaoren continua de regarder le mot sur l'écran, commençant enfin à se demander d'où il pouvait sortir.
Cependant, malgré ces quelques entorses aux règles convenues de la langue, Tee avait souligné un point intéressant. Il était effectivement maladroit d'assimiler l'évolution de la pomme à celle de son dessin. Il était toutefois moins sot de les comparer, et c'était bel et bien dans cette direction qu'avançait le débat. Le mot désignant un objet doit il réviser son sens au fur et à mesure que l'objet est altéré ? Peut-on encore parler de "sens juste" d'un mot alors qu'il ne désigne qu'une idée altérable ?
Vous savez quoi ? Oui, on peut.
Qu'on se comprenne bien. Il existe une différence entre les stigmates frappant une crème glacée et celles marquant son essence platonicienne. Je ne reproche à personne de ne pas désigner un objet par un mot renfermant toutes ses exactes caractéristiques. Ce n'est pas le mot, qui doit correspondre à l'objet, mais l'inverse. Un mot est la représentation d'un concept. Ce concept est marqué d'une définition. Cette définition renferme les caractéristiques communes à tous les objets y correspondant, à savoir tous ceux que le mot sus-ci nommé peut désigner.
La connotation d'un mot est la première des caractéristiques communes de ses éléments qui nous vient à l'esprit lorsque on l'utilise. Certes, elle peut varier selon les utilisateurs, mais la langue défend de n'utiliser que la connotation à travers un mot. Par ailleurs, elle défend d'omettre ne serait-ce qu'une seule des propriétés du concept que l'on désigne.
Rien ne vaut l'exemple.
Avec des glaces, ça veut dire que tu peux appeler "glace" tout ce qui possède les propriétés de base d'une glace, qu'elle soit à la fraise, à la vanille, fondue, écrasée sur la tête du voisin, ou même déformée par son passage dans un accélérateur à particules encore que... . Mais tu ne peux pas appeler "glace à la menthe" une glace ne contenant pas ce parfum.
La moisissure du fruit que tu évoques n'a pas lieu d'être dans ce débat, car je ne parle pas des mots de « Belle qui tiens ma vie » comme d'un fruit frais. Je me moque bien qu'on m'en parle comme d'un fruit pourri, d'une pomme ou d'une grappe de raisin, quelle que soit sa couleur. Mais le monde ne l'évoque plus comme un fruit, et c'est cet unique outrage que je condamne. Oui, le mot "baiser" a toujours évoqué un acte d'amour, mais un acte très précis : Un acte qui reposait sur le principe de coller ses lèvres contre celles de sa mie. La connotation de ce mot aujourd'hui n'inclut même plus ceci. C'est une faute à l'utilisation d'un mot, rien de moins. Et cette faute est désormais un stigmate néfaste à son utilisation.
Toc, voilà comment on se sert de celui-ci.
L'évolution du sens d'une expression ou d'un mot peut sembler une bonne chose, de prime abord. Mais c'est une porte ouverte à l'oubli de l'original. Et l'oubli est nocif à l'Histoire, tout comme il l'est à l'avenir.
Et Kaoren continua de regarder le mot sur l'écran, commençant enfin à se demander d'où il pouvait sortir.
- Distinctions:
- Les tarty's du temps où ça s'appelait encore comme ça:
Invité
Invité
Sam 6 Aoû - 21:17
A nouveau, les paroles volaient, s’éparpillaient à la manière des innombrables grains colorés formant la garniture sucrée d’un onctueux gâteau au glaçage encore frais… Mais, y avait-il seulement en nos mots une once de sucre ? Il en allait de comparaisons d’un même goût, de comparaisons cependant dénuées de leur essence…
Cette glace, trompeuse, n’était en rien notre ciel.
Un vert absurde venait de suivre la fraise, et le bleu éclatant qui traversait la fenêtre n’était le souvenir d’aucun fruit… Etait-ce là une forme de fatigue qui ralentissait ma pensée, et me rendait dénué d’action ?
…
Nous étions bêtement assis, à tergiverser sans jouer, à blablater sans raison ni déraison, et mes paroles, plus tôt, me semblèrent soudain presque aussi censées que celles que mon partenaire prononçait. Trop longues, trop étalées, des phrases d’une confiture monotone, terne…
Et des pensées suivant la même recette.
…
L’oubli est nocif à l’avenir… ?
…
Tenterait-on de nous faire oublier ?
Mon esprit grésillait tel le café se faisant moudre sous le poids des mots et des idées, notre ciel conservait sa couleur trompeuse, et cette ignoble pizza au goût de pizza continuait de tracer son chemin jusqu’au fin fond de mes organes. Le grain perdu venait d’être retrouvé : l’action !
Un sourire taquin aux lèvres, je me dressais sur mes deux jambes en poussant sur mon bras valide et ce qui se disait être notre canapé. La glace fondait, et nous, abasourdis par le gourmet, mimions l’incompréhension ! Suivant alors mon premier acte d’un mouvement aussi inattendu que le serait un piment au sein d’un doux carré de chocolat au lait, d’une simple impulsion, je posais mon pied dénudé sur ce qui se disait être notre table basse, ce avant d’y poser le second.
« L’oubli nuit à la glace, mais à qui nuirait donc la glace entachée de l’oubli ? »
Ecartant et déployant bras et aile, je mimais sans raison le funambule, la tête légèrement penchée. J’effectuais un pas, puis un autre, à quelques centimètres à peine de ce qui se disait être le carton de ce qui se disait être notre pizza. De dos à Kaoren, je ne pouvais cacher mon éternel sourire à l’écran qui nous faisait face.
L’écran se joue-t-il de l’avenir ?
« Si la fraise devient menthe, le sens n’est plus, mais y a-t-il seulement un sens lorsqu’il est mention d’une menthe bleutée ? Avouez-le, parts de pizza et canapés ne sauront me répondre !»
Subitement, je tournais sur moi-même, maintenant face à ce qui se disait être mon compagnon.
« C’est là le sel de la raison, l’étouffement que provoque l’oubli ! »
Avec une certaine brusquerie, je descendais de ce qui se disait être notre table, orchestrant alors un à un des pas en direction de la fenêtre. Mes lèvres s’exprimant en route, je laissais mes yeux dévorer la scène, avide du seul condiment qui manquait à ces lieux.
« Et l’oubli, l’étouffement, l’ennui, tous sont les fruits de la fadeur du sens. »
Depuis quand la menthe se teinte-t-elle de bleu ?
Je triturais ma joue tout en grignotant ma délicieuse aile d’une moue légèrement détachée, le regard cherchant maintenant à englober l’immensité de cette menthe trompeuse.
« Enfin, à quoi bon de longs discours, lorsque le contenant est la parfaite description de l’aliment, lorsque la fadeur du lieu dévoile celle des mots prononcés en son sein… ?»
…
De mauvais souvenirs.
« L’ennui… »
Et alors revenait, aux bords de mes lèvres, mon éternel sourire.
Cette glace, trompeuse, n’était en rien notre ciel.
Un vert absurde venait de suivre la fraise, et le bleu éclatant qui traversait la fenêtre n’était le souvenir d’aucun fruit… Etait-ce là une forme de fatigue qui ralentissait ma pensée, et me rendait dénué d’action ?
…
Nous étions bêtement assis, à tergiverser sans jouer, à blablater sans raison ni déraison, et mes paroles, plus tôt, me semblèrent soudain presque aussi censées que celles que mon partenaire prononçait. Trop longues, trop étalées, des phrases d’une confiture monotone, terne…
Et des pensées suivant la même recette.
…
L’oubli est nocif à l’avenir… ?
…
Tenterait-on de nous faire oublier ?
Mon esprit grésillait tel le café se faisant moudre sous le poids des mots et des idées, notre ciel conservait sa couleur trompeuse, et cette ignoble pizza au goût de pizza continuait de tracer son chemin jusqu’au fin fond de mes organes. Le grain perdu venait d’être retrouvé : l’action !
Un sourire taquin aux lèvres, je me dressais sur mes deux jambes en poussant sur mon bras valide et ce qui se disait être notre canapé. La glace fondait, et nous, abasourdis par le gourmet, mimions l’incompréhension ! Suivant alors mon premier acte d’un mouvement aussi inattendu que le serait un piment au sein d’un doux carré de chocolat au lait, d’une simple impulsion, je posais mon pied dénudé sur ce qui se disait être notre table basse, ce avant d’y poser le second.
« L’oubli nuit à la glace, mais à qui nuirait donc la glace entachée de l’oubli ? »
Ecartant et déployant bras et aile, je mimais sans raison le funambule, la tête légèrement penchée. J’effectuais un pas, puis un autre, à quelques centimètres à peine de ce qui se disait être le carton de ce qui se disait être notre pizza. De dos à Kaoren, je ne pouvais cacher mon éternel sourire à l’écran qui nous faisait face.
L’écran se joue-t-il de l’avenir ?
« Si la fraise devient menthe, le sens n’est plus, mais y a-t-il seulement un sens lorsqu’il est mention d’une menthe bleutée ? Avouez-le, parts de pizza et canapés ne sauront me répondre !»
Subitement, je tournais sur moi-même, maintenant face à ce qui se disait être mon compagnon.
« C’est là le sel de la raison, l’étouffement que provoque l’oubli ! »
Avec une certaine brusquerie, je descendais de ce qui se disait être notre table, orchestrant alors un à un des pas en direction de la fenêtre. Mes lèvres s’exprimant en route, je laissais mes yeux dévorer la scène, avide du seul condiment qui manquait à ces lieux.
« Et l’oubli, l’étouffement, l’ennui, tous sont les fruits de la fadeur du sens. »
Depuis quand la menthe se teinte-t-elle de bleu ?
Je triturais ma joue tout en grignotant ma délicieuse aile d’une moue légèrement détachée, le regard cherchant maintenant à englober l’immensité de cette menthe trompeuse.
« Enfin, à quoi bon de longs discours, lorsque le contenant est la parfaite description de l’aliment, lorsque la fadeur du lieu dévoile celle des mots prononcés en son sein… ?»
…
De mauvais souvenirs.
« L’ennui… »
Et alors revenait, aux bords de mes lèvres, mon éternel sourire.
Non, non, c'est bien plus beau lorsque c'est inutile !
Personnages : Kaoren, Penrose
Messages : 645
Date d'inscription : 22/09/2015
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Kaoren
Ven 17 Fév - 14:48
Le débat était infernal. Bon, l'enfer a du bon, mais là, Kaoren était trop crevé pour aller le chercher. Alors il continuait de subir des questions accomplissant le miracle de paraître à la fois rhétoriques et existentielles. Mais lui ne les entendait pas de cette oreille, et il cherchait encore des réponses qui ne soient ni évidentes, ni contestables. Cela demandait un effort qui lui paraissait non seulement herculéen, mais aussi ingrat, à constater la facilité avec laquelle son interlocuteur semblait lui répondre... et son sourire incessant.
« Je conteste, encore une fois. »
Kaoren continuait d'observer l'écran, afin d'y trouver une nouvelle comparaison pour illustrer l'idée qui venait de germer dans son esprit massacré par la fatigue et l'odeur de graillon.
« Le contenant dont tu parles ne peut pas décrire l'aliment parfaitement sans stimuler des idées pré-formatées chez son observateur... ou goûteur. »
Il désigna l'écran.
« Ceci n'est pas une plaque sur laquelle apparaissent régulièrement des images, pas plus qu'une orange n'est une boule orange. Et ce n'est pas ce que j'y vois, car j'ai appris ce dont il s'agissait. J'avais des idées pré-conçues avant mon observation. »
À trop parler, Kaoren commençait à avoir soif. Il devait rester des bières, quelque part dans cet aria qu'on appelait tantôt un salon. Hum... Peut-être que finir son argumentation avant de charger la mule s'avérait plus constructif, en fait.
« Et les idées, à l'époque dans laquelle nous sommes nés, sont fondées sur les mots que l'on nous a enseignés. C'est comme ça, on ne l'a pas choisi. »
Comme monsieur le morfale semblait préférer les choses aux mots, il était temps d'ajouter un nouvel exemple. Kaoren attrapa le couteau à pizza et s'écorcha légèrement un doigt – pas trop, quand même.
« Tiens. C'est une blessure, ou un stigmate ? »
Bon, il n'avait pas trouvé d'illustration moins sanglante... mais encore une fois, son esprit n'était pas au top de ses capacités.
« Je conteste, encore une fois. »
Kaoren continuait d'observer l'écran, afin d'y trouver une nouvelle comparaison pour illustrer l'idée qui venait de germer dans son esprit massacré par la fatigue et l'odeur de graillon.
« Le contenant dont tu parles ne peut pas décrire l'aliment parfaitement sans stimuler des idées pré-formatées chez son observateur... ou goûteur. »
Il désigna l'écran.
« Ceci n'est pas une plaque sur laquelle apparaissent régulièrement des images, pas plus qu'une orange n'est une boule orange. Et ce n'est pas ce que j'y vois, car j'ai appris ce dont il s'agissait. J'avais des idées pré-conçues avant mon observation. »
À trop parler, Kaoren commençait à avoir soif. Il devait rester des bières, quelque part dans cet aria qu'on appelait tantôt un salon. Hum... Peut-être que finir son argumentation avant de charger la mule s'avérait plus constructif, en fait.
« Et les idées, à l'époque dans laquelle nous sommes nés, sont fondées sur les mots que l'on nous a enseignés. C'est comme ça, on ne l'a pas choisi. »
Comme monsieur le morfale semblait préférer les choses aux mots, il était temps d'ajouter un nouvel exemple. Kaoren attrapa le couteau à pizza et s'écorcha légèrement un doigt – pas trop, quand même.
« Tiens. C'est une blessure, ou un stigmate ? »
Bon, il n'avait pas trouvé d'illustration moins sanglante... mais encore une fois, son esprit n'était pas au top de ses capacités.
- HRP:
- Ok, six mois pour ça, c'est pas sérieux. Mais on s'en contentera, hum.
Si vous cherchez mon perfectionnisme, il est lui-même parti chercher Watson.
- Distinctions:
- Les tarty's du temps où ça s'appelait encore comme ça:
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