L'environnement  dans lequel nous évoluons est tout à fait fascinant si on s'y intéresse d'un peu plus près, d'un point de vue moléculaire. Les électrons font la cour aux protons pendant que les neutrons tiennent la chandelle, parties intégrantes des corps premiers que sont les atomes, assurant la cohésion de la matière de part cette interaction électromagnétique. Ces briques façonnent notre monde et même l'Homme. Mais en même temps c'est plus complexe et plus vaste que cela. Ce sont divers procédés qui se mettent en place et qui font tourner la machine. C'est cette soif de connaissances, cette envie de comprendre, qui lança notre chère Pénélope dans le grand bain de la science.

Dotée d'un esprit rationnel, il lui serait impensable de démontrer ne serait-ce qu'un théorème autrement que par la science ; après tout, si une chose existe cela ne peut pas être l'oeuvre du hasard. Relativement "calme" et solitaire, Pénélope n'accorde que très peu d'importance aux autres qui ne sont qu'un frein à son génie – selon elle, en réalité ils ne font que l'éviter puisqu'elle est bien trop dérangée et parle une langue que peu de monde comprend. La demoiselle a toujours voulu vieillir plus rapidement ou développer une concoction capable d'une telle prouesse, son âge ayant toujours été un frein pour ses recherches et le partage de celles-ci puisqu'on lui accorde trop peu de crédit. Cependant, ces rêves continuent de la suivre: réussir l'impossible.

« Expérience n°1636, essai n°42 : La plante est violacée, présence de bétacyanines. Échec. Essai avec une nouvelle paire de plantes ; les spécimens mutés n°32 et 49. » enregistre-t-elle sur son dictaphone. Pénélope n'essaie pas de trouver un remède pour le sida ou autre maladie présumée incurable, mais bien de faire pousser une plante rose chewing-gum jusqu'au feuillage. Inutile ? Peut-être, mais rien ne peut arrêter sa créativité et ce genre de projet lui permet de se relaxer en s'exerçant aux mutations génétiques. Dans le futur elle tentera d'associer le goût à la couleur de la plante qui sait, parce qu'il faut avouer que c'est quand même franchement classe. (Note de Pénélope : Un jour, j'arriverais aussi à réaliser cela sur mes cheveux rose chewing-gum !!) Sa ténacité restera quelque chose qu'on ne pourra pas lui enlever.

La scientifique se jette dans son lit, fixant le tableau périodique des éléments peint sur son plafond. « C'est bientôt la rentrée, j'ai pas envie de retourner à la fac avec ces incompétents, soupire-t-elle. Je veux continuer mes expériences et devenir LA MEILLEURE SCIENTIFIQUE DE TOUS LES TEMPS MUAHAHAH. » Elle tousse et reprend sa respiration. « La science est le passé, le présent, le futur, s'ils ne peuvent pas le comprendre... Eh bien tant pis, je comprendrais et changerais le monde SEULE s'il le faut, hmpf. » Pénélope finit par s'endormir – en blouse à quoi bon se changer après tout, pensant à d'autres croisements de plantes qui la mèneraient à son but.

Lorsqu'elle ouvre les yeux, ce n'est pas son tableau périodique des éléments qui l'accueille mais un ciel trop étrange, trop terrifiant pour être qualifié de « normal ». Pénélope ne porte que trop peu d'attention au monde des rêves bien trop irrationnel pour elle mais celui-ci semble réel, trop réel. Toujours allongée, elle arrache du sol ce qui lui caressait la joue. « DE LA CELLULOSE, C'EST DE LA CELLULOSE ! » s'écrie-t-elle à la vue de ce qui pourrait s'apparenter à de l'herbe rougeâtre. Elle prend une profonde inspiration et se redresse afin de scruter l'horizon. « Bon, visiblement ce n'est pas la Ter- AÏE ! Et malgré ce que je voudrais croire, cela ne semble pas non plus être un rêve ou un cauchemar, mâchouillant une mèche de cheveux elle continue, et ce n'est pas non plus un monde où mes cheveux se sont changés en chewing-gum. »

Au premier abord, elle semble aux côtés d'une pseudo-base, non loin d'une ville aux bâtiments éventrés. Pénélope s'inspecte et soupire. « Qu'est-ce que je fiche ici ? Je suis entière, normalement constituée et de la végétation semble m'entourer... Un sourire se dessine sur son visage, ai-je été envoyée ici pour percer tous les mystères qui habitent ce monde ? AHAHAHAHA on aurait alors reconnu mon génie ! Ce n'est qu'un test afin de déterminer si je peux rejoindre les grands noms des sciences ! BIEN, passons aux choses sérieuses. » C'est à ce moment qu'elle décide de s'appeler Cellulose pour toute la durée de son séjour ici, afin de ne pas mélanger le rationnel et le présumé irrationnel.

La demoiselle glisse la main dans la poche de sa blouse pour attraper son stylo mais évidemment, il est tombé sur le sol. Elle s'agenouille pour le reprendre et il glisse sur le côté. Perplexe, Pénélope fait un pas sur le côté et tente une nouvelle fois de l'attraper mais une substance rose en sort et finit par emprisonner Pénélope à l'intérieur de celle-ci. « Mmmmh un chewing-gum, quelle originalité. Je ne savais pas que mon stylo était capable de faire ça. C'EST UN TEST AUSSI, C'EST ÇA. Bien joué, mais vous ne m'aurez pas, je n'ai qu'à attendre que les élastomères perdent de leur élasticité, il ne me restera qu'à arracher la pâte qu'il restera et toc ! » dit-elle, fixant le ciel d'un regard déterminé.

Pénélope roule, toujours dans sa prison de chewing-gum, sur quelques mètres afin de s'approcher de la-dite base vue précédemment. Durant son périple de quelques minutes, un marshmallow a faillit la renverser, des fruits se sont battus et un flamant rose allait la pourchasser avant qu'il ne se fasse couper les plumes par une paire de ciseaux. « Franchement, où est-ce qu'ils ont trouvé ce monde ? Cela risque d'être très intéressant scientifiquement,j'espère qu'ils ont prévu mon matériel. J'AIME LES CHALLENGES HÉHÉ. » Dans tous les cas, il était certain que son habitude à s'exclamer pour rien était plus qu'irritante.

Un groupement de personnes attise sa curiosité et elle s'approche afin de savoir de quoi il est en découle. « La présence d'autochtones est tout à fait fascinante. » se dit-elle. Elle serait donc dans... L'Esquisse ? Pénélope ne se rappelle pas de ce nom dans ses cours de géographie, elle se contente de hausser les épaules car cela n'a jamais été son fort. Cependant elle ne peut pas s'empêcher de pouffer lorsqu'elle entend le mot « cyantifiques ». Ces hurluberlus prétendent participer à une quelconque science ? Bien sûr. Pénélope se ressaisit et se concentre de nouveau, décidée à découvrir ce qu'il se trame ici.

La scientifique est perdue dans ses pensées. Pardon, on en peut pas en sortir ? C'est une blague hein ? Ces objets animés que j'ai vu en arrivant c'était la faune ? CELA EST TOUT À FAIT FASCINANT – oui il lui arrive de crier dans sa tête. J'ai compris en fait, je suis la sauveuse qui a été envoyée pour les aider à résoudre tout leurs problèmes grâce au pouvoir de LA SCIENCE. Elle lève un poing vers le ciel sans vraiment l'avoir voulu et le baisse aussitôt, espérant ne pas s'être trop faite remarquée pour son arrivée. Pénélope était trop perdue dans ses divagations, persuadée d'être une pseudo-super-héroïne-de-la-science, pour comprendre l'ampleur de la situation.

C'est décidé, après avoir écouté en diagonale ce que ce prétendu « cyantifique » avait à dire, Pénélope est déterminée à devenir une logisticienne de l'ombre pour préparer une stratégie redoutable tout en étudiant ce terrain qui lui est inconnu, elle est certaine de pouvoir tout prouver et démontrer grâce à la science sans l'aide des autres qui ne sont que de vulgaires boulets.

« La théorie, c'est quand on sait tout et que rien ne fonctionne. La pratique, c'est quand tout fonctionne et que personne ne sait pourquoi. Ici, nous avons réuni théorie et pratique: Rien ne fonctionne... et personne ne sait pourquoi ! » – Albert Einstein