[Cirque] Journée portes ouvertes chez les cyantifiques

Entre la réunion de ces hommes en blouses suspects, l'altercation des deux inconnus dans le jardin et le repaire du club toujours désespérément désert, Ziza pensait pouvoir affirmer sans se tromper que cette journée s'annonçait aussi joyeuse que la précédente. Enfin, tant qu'elle ne s'achevait pas de la même manière, elle n'allait pas venir s'en plaindre... Voguer à travers les couloirs de la base à la recherche d'une occupation ne la dérangeait nullement tant qu'elle était à l'abri des regards d'un certain rouquin à lunettes...

D'ailleurs, elle se demandait ce qu'il pouvait bien être en train de faire pendant ce temps. Aux dernières nouvelles, il devait organiser une réunion avec les autres "cerveaux" de la base, probablement encore beaucoup de parlotte pour pas grand chose... Dans le pire des cas, il pourrait toujours compter sur ses incroyables talents de philanthrope pour mener les choses à bien. Ou se rabattre sur les chips pour évacuer sa frustration dans la nourriture, au choix.

Si on lui avait dit un jour que Al serait une des premières personnes à qui elle essayerait de se confier dans l'Esquisse, elle aurait éclaté de rire.
...Foutue porte.

En parlant de porte, celle qui se dressait devant-elle ne lui était certainement pas familière. Elle avait beau s'être rendue au cirque à plusieurs reprises, elle n'avait jamais remarqué l'existence  d'un tel passage. Cela ressemblait à une porte dérobée, une sorte de passage secret... Elle était probablement restée dissimulée les fois présentes, le cas contraire, elle s'en serait souvenue.  Cette porte entrebâillée dégageait une telle impression de mystère qu'il était difficile de l'ignorer, et l'atmosphère lugubre du chapiteau ne faisait que renforcer son caractère énigmatique.

Peut-être que ce passage avait un quelconque rapport avec celui de l'aquarium ? Maintenant qu'elle y réfléchissait, il lui semblait bien avoir aperçu une pastille colorée au niveau du cirque, sur le carnélium... Cette porte était peut-être un autre accès à l'étrange sous-terrain qu'elle avait exploré la veille en compagnie d'Imogen et Emi...

Il fallait qu'elle aille le vérifier...

Elle s'engouffra dans le passage sans plus d'hésitations.

Après tout, que pouvait-il lui arriver de mal ?

Résumé:

L'état d'esprit actuel d'Ervin pouvait se résumer facilement : "Enfin seul !". Depuis le temps qu'il cherchait à échapper à Iris ... Mais alarmée par son sixième sens -probablement un truc comme "le sens du devoir"- ou les antennes d'alien qu'elle devait cacher sous ses cheveux, elle se débrouillait toujours pour apparaître dans les pire moments. Le problème s'était finalement résolu de lui-même, puisqu'Iris avait quitté le Manoir. Où, pourquoi ? Aucune idée. Ervin croyait vaguement se rappeler qu'elle le lui avait dit ... Mais il s'en fichait tellement qu'il n'avait retenu que l'idée principale. L'espèce de pot de miel -version mielleuse du pot de colle- qui le poursuivait en permanence depuis des jours avait finalement mis les voiles de lui-même. Ervin avait donc pu faire de même, en toute allégresse. Pour un peu, il serait parti en sautillant.
Il fallait avouer qu'elle était douée. Par un mélange subtilement dosé de chantage affectif, de naïveté frôlant la stupidité et d'obstination acharnée, elle se débrouillait -il ignorait encore exactement comment- pour le faire culpabiliser -lui ! Culpabiliser !- à l'idée de partir. Enfin, tant qu'elle était physiquement là, en tous cas. Si elle s'imaginait qu'il allait l'attendre comme un bon petit chien, elle se fourrait le doigt dans l'oeil jusqu'à la pointe des cheveux.
Ainsi Ervin s'était-il retrouvé dans la Base. Le bâtiment l'intriguait, et il était à présent en train de l'explorer consciencieusement, à la recherche de quelque chose d'intéressant, éventuellement un livre ... Il aurait dû faire comme Mark, et se balader avec son exemplaire de poche des Fleurs du Mal ... Pourquoi n'avait-il pas de bonnes idées comme ça, lui ?
Repenser à Mark lui rappela sa discussion avec le stupide rouquin qui lui servait probablement de petit copain à présent. Plutôt que les Fleurs du Mal, il aurait dû emporter le vieux et gigantesque dictionnaire de la bibliothèque familiale. C'était probablement une plaie à transporter, mais ça devait faire une arme redoutable, et il aurait pu s'en servir pour assommer Pythagore. Quoique, Iris l'en aurait sûrement empêché ... Même dans son imagination, il fallait qu'elle vienne tout gâcher.
Perdu dans ses pensées, Ervin était entré dans une pièce au hasard. Il jeta un rapide coup d'oeil à ce qui ressemblait à l'intérieur d'un chapiteau. Dans une pièce. Très bien.
Il se retint d'éternuer -il y avait beaucoup trop de poussière dans cette pièce- et aperçut, du coin de l'oeil, une jeune fille -du moins, cela ressemblait à une jeune fille ... mais c'était peut-être un serial killer dans le corps d'une jeune fille, après tout- se faufiler derrière une porte, au fond de la pièce. Il ne savait pas où menait cette porte, mais ça n'avait pas l'air très accueillant. Apparemment, elle ouvrait sur un escalier qui descendait sous terre. Le genre de truc glauque où les personnages de films d'horreur vont toujours. Inutile de préciser ce qui leur arrive ensuite.
Allons bon. Est-ce que ses pieds étaient en train de le diriger vers ladite porte ? Ervin se sentit terriblement bafoué. Qu'était-il advenu du jeune homme fier et solitaire qu'il avait été, un jour ? Iris avait probablement volé son âme.
Il soupira et entra à son tour. Puisqu'apparemment, il était en train de devenir quelqu'un d'intègre, il allait faire sa foutue BA du jour, mais vite, qu'on en finisse.

Résumé: