[Jour 12 - Pas très loin de la bibliothèque mais assez proche du manoir aussi] Tête à tête sous un ciel rose

« Je... Merci. »

Mark faillit lâcher la main de Pythagore, par réflexe.

« T'aurais peut-être plus de chances que moi, vu qu'il prend soin de m'éviter... »

« Si je le vois, je l'attrape et je le lâche plus. »

Résumé:

- Si je le vois, je l'attrape et je le lâche plus.

La pensée de Mark agrippant Thalès lui arracha un nouveau sourire, cette fois plus sincère.

- Je ne suis pas sûr que tu tiennes vraiment à rester longtemps avec lui, cela dit. reprit-il d'un ton mi-sérieux, mi-amusé.

Ce n'était pas forcément une bonne idée.

- Je veux dire, c'est mon frère mais... L'Esquisse l'a un peu... perturbé.

Perturbé... Ce terme en était presque mignon.
On pouvait dire que lui, Pythagore, était perturbé.
Thalès, lui, était détruit.

Résumé:

« Je ne suis pas sûr que tu tiennes vraiment à rester longtemps avec lui, cela dit. »

« Woaw, clashe pas ton frère comme ça enfin. »

« Je veux dire, c'est mon frère mais... L'Esquisse l'a un peu... perturbé. »

Mark mit son autre main devant sa bouche.

« Mince, j'espère qu'Ervin n'a pas été trop perturbé par ce monde ! Déjà qu'il l'était avant ... » lâcha-t-il sur un ton presque sérieux avant de laisser échapper un éclat de rire.

Résumé:

- Mince, j'espère qu'Ervin n'a pas été trop perturbé par ce monde ! Déjà qu'il l'était avant... lança Mark en riant.

Il eut un petit rire nerveux. Dans des circonstances normales la phrase de Mark l'aurait amusé, mais dans le cas présent il se sentait plus gêné qu'autre chose...

- Tant qu'il ne découpe pas des gens... lâcha-t-il d'un ton anodin.

Il se tourna vers Mark pour observer sa réaction, haussant les épaules d'un air résigné.

Résumé:

« Tant qu'il ne découpe pas des gens... » répondit platement le rouquin.

Mark sentit qu'il avait plus ou moins fait une gaffe.
Il lâcha précipitamment la main de Pythagore -zut, il la tenait encore depuis tout ce temps ?!- et rougit légèrement.

« J ... Je suis désolé, je ... Je pensais pas que c'était à ce point. »

Autant pour l'humour ...

Résumé:

Pythagore avait complètement oublié qu'ils se tenaient la main jusqu'à ce que Mark ne la lâche en rougissant.

- J ... Je suis désolé, je ... Je pensais pas que c'était à ce point. s'excusa-t-il, embarrassé.

Il le croyait directement sans s'en étonner, sans en paraître effrayé ?

- C'est pas grave, tu ne pouvais pas savoir...

Et puis, il fallait l'avouer, Pythagore l'avait un peu provoqué... Il n'aurait pas dû annoncer les choses aussi brusquement. Un silence s'était installé entre les deux compagnons, trop gênés pour oser prendre la parole le premier.

- Dans le temps, on s'était installé dans une sorte d'hôpital pour secourir les gens... commença soudainement Pythagore, rompant le silence.

Il en avait trop dit à Mark pour ne pas lui en avouer plus... Il reprit d'un ton détaché, fixant l'horizon.

- Mais Thalès ne pouvait pas supporter l'Esquisse. Je crois qu'au fond c'était lui qui souffrait le plus de ce changement... Ce monde était trop illogique pour lui, trop fou, il…

Il se stoppa. Il ne parvenait pas à mettre des mots sur cette vérité qu'il refusait d'admettre ; son frère lui-même était devenu fou.

- Et je n'ai strictement rien fait. murmura-t-il d'une voix étranglée.

Résumé:

« C'est pas grave, tu ne pouvais pas savoir... »

Mark grimaça. Il ne pouvait pas savoir, mais une bourde restait une bourde.

« Dans le temps, on s'était installé dans une sorte d'hôpital pour secourir les gens... »

Une pause, puis :

« Mais Thalès ne pouvait pas supporter l'Esquisse. Je crois qu'au fond c'était lui qui souffrait le plus de ce changement... Ce monde était trop illogique pour lui, trop fou, il… »

Mark n'osait pas regarder Pythagore. Il ignorait que le jeune homme avait vécu ce genre de choses. Et il ne peut s'empêcher de penser à Ervin. Que ferait-il si son frère devenait fou, lui aussi ? Comment réagirait-il ?

« Et je n'ai strictement rien fait. » termina Pythagore dans un souffle.

Mark crut sincèrement qu'il allait se mettre à pleurer. Il reprit sa main dans la sienne et la serra pour montrer qu'il était avec lui. Sans vraiment oser le regarder en face.

Résumé:

Il avait la gorgée serrée et l'envie de disparaitre dans un coin. Mark, à ses côtés, ne savait que répondre. Il ne pouvait que le comprendre, il le connaissait à peine et lui confiait soudainement ses soucis... À sa place, il n'aurait pas su réagir non plus.

Il sentit une légère pression exercée sur sa main. Mark l'avait de nouveau saisie, probablement en signe de soutien. Il regardait ses deux mains posées l'une sur l'autre, se souvenant des paroles de Mark quelques minutes plus tôt. Pythagore prit une grande inspiration, pour tenter de se calmer et remettre ses idées en place.

- Pardon... Je ne devrais pas t'ennuyer avec tout ça... s'excusa-t-il, la boule au ventre.

Il ne savait pas trop ce qui lui avait pris. Il émettait d'habitude bien plus de réserve, n'aimant pas gêner les gens avec ses propres problèmes.

- Changeons un peu de sujet, reprit-il en essayant d'adopter un ton décontracé. Même s'il préfère Baudelaire, tu t'entends bien avec ton frère... Ervin, si je ne me trompe pas ?

Il avait besoin de penser à autre chose.

Résumé:

« Pardon... Je ne devrais pas t'ennuyer avec tout ça... »

Mark voulut lui dire que non, il ne l'ennuyait pas, mais il n'eut pas le temps, Pythagore enchaînait déjà sur autre chose.

« Changeons un peu de sujet. Même s'il préfère Baudelaire, tu t'entends bien avec ton frère... Ervin, si je ne me trompe pas ? »

Le jeune homme se rendit compte qu'à nouveau il tenait la main de Pythagore, et la lâcha en essayant de paraître naturel, légèrement rougissant.

« Oui. On faisait énormément de choses ensemble. Une fois, on est partis se promener en ville en pleine nuit, pour voir. Notre mère nous a salement engueulés quand elle s'en est rendue compte. »

Mark finit sa phrase dans un grand sourire, visiblement très fier de lui.

« Quand je dis "énormément de choses", je veux bien sûr dire "énormément de conneries". » précisa-t-il.

Résumé:

Quand Mark lâcha sa main précipitamment, Pythagore s'empourpra à son tour. Il avait encore oublié qu'il lui avait prise à peine quelques secondes plus tôt.

- Oui. On faisait énormément de choses ensemble, raconta finalement le jeune homme. Une fois, on est partis se promener en ville en pleine nuit, pour voir. Notre mère nous a salement engueulés quand elle s'en est rendue compte. ...Quand je dis "énormément de choses", je veux bien sûr dire "énormément de conneries".

Il affichait un large sourire, l'air d'être particulièrement fier de cette anecdote. Pythagore, l'imaginait bien en enfant un peu turbulent ou adolescent se croyant dans une phase rebelle, prêt à faire les quatre cents coups... Même si, en l’occurrence, "les conneries" de Mark et d'Ervin ne semblaient pas bien méchantes...

- C'était la première fois de ta vie que tu sortais dehors après 21h ? C'était comment ? lança Pythagore, reprenant son sourire moqueur.

Résumé:

« C'était la première fois de ta vie que tu sortais dehors après 21h ? C'était comment ? »

« Je t'emmerde. »

Résumé:

Euclide le susceptible était de retour, blessé dans son orgueil.

- Sois pas vexé, je plaisantais ! répondit Pythagore en se retenant de rire.

Il réfléchit à ce qu'il pourrait lui raconter à son tour, quitte à lui donner l'occasion de se venger.

- Qu'est-ce que je pourrais te raconter, moi... Mon frère et moi, les conneries, c'était pas trop notre genre... soupira-t-il.

Il fit un effort, puisant dans les restes de sa mémoires pour mettre la main sur un détail, un événement sortant un peu de l'ordinaire qu'il pourrait évoquer.

- Une fois, quand on était petit, commença-t-il, on avait piqué le carnet de rendez-vous de notre père qui était médecin... On s'en était servi pour faire des "dessins scientifiques"... Bon, des fleurs et des bonhommes bâtons, quoi. Mais, le pire, c'est que comme nos parents avaient retrouvé le cahier dans la chambre de Théo, c'était le seul à s'être fait disputer !

Et, sa phrase à peine finie, il réalisa tout à coup qu'il venait de se souvenir du vrai nom de Thalès.
Théo.

Résumé:

« Sois pas vexé, je plaisantais ! »

Evidemment, quand Mark tentait de plaisanter ça ne passait pas, mais quand Pythagore le faisait, il fallait rire ...

« Qu'est-ce que je pourrais te raconter, moi... Mon frère et moi, les conneries, c'était pas trop notre genre... »

Tu m'étonnes, songea Mark.

« Une fois, quand on était petit, on avait piqué le carnet de rendez-vous de notre père qui était médecin... On s'en était servi pour faire des "dessins scientifiques"... Bon, des fleurs et des bonhommes bâtons, quoi. Mais, le pire, c'est que comme nos parents avaient retrouvé le cahier dans la chambre de Théo, c'était le seul à s'être fait disputer ! »

Mark tiqua.

« Théo ? Tu m'avais pas dit Thalès ? »

A voir la tête de Pythagore, il y avait anguille sous roche.

Résumé:

- Théo ? Tu m'avais pas dit Thalès ?

Mince, si même Euclide l'avait remarqué, il devait vraiment avoir l'air perturbé.

- Si... Mais je viens juste de m'en souvenir. Il s'appelait Théo.

Il reporta son attention sur un point fixe dans le lointain et répétant ce nom inlassablement dans son esprit... Thalès était Théo et Pythagore était...

Impossible de se rappeler.
Il frappa le sol de son poing, frustré.

Il aurait espéré qu'un souvenir en débloque un autre, mais ce n'était visiblement pas le cas. Il avait beau se creuser la tête, il n'arrivait pas à mettre la main sur son vrai nom, pas plus que sur son nom de famille.

Résumé:

« Si... Mais je viens juste de m'en souvenir. Il s'appelait Théo. »

Pythagore sembla réfléchir, puis frappa le sol de son poing avec violence.

Mark se sentait plus ou moins dépassé par les événements. Il tenta une approche subtile.

ׂ« Je suis pas un expert en problèmes de mémoire, mais il me semble que se démolir la main n'est pas tout à fait une solution ... »

Il se pencha vers Pythagore.

« Plus sérieusement, Pythagore, c'est pas la peine d'en arriver là, tu vas te faire mal pour rien. »

Résumé:

Réfléchis, réfléchis, réfléchis... Ces souvenirs viennent bien de quelque part !

Et il fouillait dans sa mémoire sans relâche à la recherche de la moindre piste, pensait jusqu'à l'écœurement, jusqu'à ce que son cerveau ne puisse plus le supporter.

ׂ- Je suis pas un expert en problèmes de mémoire, mais il me semble que se démolir la main n'est pas tout à fait une solution...

La voix du jeune homme le ramena à la réalité. Il releva la tête vers Mark, qui se penchait vers lui au même moment...

- Plus sérieusement, Pythagore, c'est pas la peine d'en arriver là, tu vas te faire mal pour rien.

Il relâcha son poing douloureux, soupirant... À trop s'emporter, il avait juste récolté des douleurs aux articulations. Il se sentait bête, à se donner ainsi en spectacle... Il agissait bizarrement ces derniers temps, de manière plus impulsive, plus affectée par ses sentiments peut-être. Cela ne lui ressemblait pas...

- T'as raison... déclara-t-il d'une voix lente. Et merci.

Merci de le supporter, de bien vouloir essayer de le raisonner ou de le consoler sans qu'il n'ait rien demandé ou mériter.

- Mais du coup tu m'as toujours pas dit ce que tu avais ressenti en t'affranchissant avec Ervin de la dictature parentale !

Il n'avait pas trouvé moyen plus subtile pour détourner le sujet, non.

Résumé:

« T'as raison... Et merci. »

Mark se recula, presque mal à l'aise.

« Mais du coup tu m'as toujours pas dit ce que tu avais ressenti en t'affranchissant avec Ervin de la dictature parentale ! »

Mark ne broncha pas au brutal changement de sujet. Il comprenait.

« Tu sais, il y a des manières plus subtiles de réclamer un coup de poing ... » rétorqua-t-il, tout en sachant bien qu'il ne frapperait pas Pythagore.
Ça faisait trop mal au poing, putain.

Résumé:

- Tu sais, il y a des manières plus subtiles de réclamer un coup de poing... répondit Mark.

Subtilité ? Non, ça ne lui évoquait définitivement rien...

- Non merci, je me suis déjà suffisamment défoncé la main à cause de celui que j'ai donné contre le sol tout à l'heure... répliqua-t-il en montrant à Mark sa paume encore écarlate.

Et le pire, c'était qu'il avait encore mal.

Résumé:

« Non merci, je me suis déjà suffisamment défoncé la main à cause de celui que j'ai donné contre le sol tout à l'heure... »

Mark leva les yeux au ciel.

« En même temps, quel idiot irait essayer d'assommer le sol ? »

Résumé:

- Et quel idiot irait continuer de discuter tranquillement avec un idiot qui essaye d'assommer le sol ? répondit-il du tac au tac.

Cela faisait déjà un moment qu'ils s'étaient assis côte à côte, mais il lui semblait qu'ils étaient là depuis une éternité. En l'espace de quelques minutes il était passé du rire à la rage en passant par la gêne...

- On bouge ? proposa-t-il d'un ton neutre.

Il n'aimait pas rester inactif trop longtemps. Ne rien faire lui laissait trop de temps pour remuer ses idées noires...

Résumé:

« Et quel idiot irait continuer de discuter tranquillement avec un idiot qui essaye d'assommer le sol ? »

« Ok, j'ai compris, on est tous les deux idiots. »

« On bouge ? »

Mark hocha la tête et se leva, s'étirant comme un chat.

« Tu as une idée en tête, ou on y va à l'aveugle ? »

Résumé:

Pythagore se leva à son tour, rangeant le livre de Mark dans la poche de son sac.

- Tu as une idée en tête, ou on y va à l'aveugle ?

Il retint toutes les idées de jeux de mots douteux sur les aveugles qui lui virent à l'esprit et opta pour une réponse plus sobre.

- À l'aveugle, c'est plus drôle... On ne sait jamais sur quoi on peut tomber.

Et au fond, ce n'était peut-être pas une si bonne chose...

Résumé:

« À l'aveugle, c'est plus drôle... On ne sait jamais sur quoi on peut tomber. »

« Tendances suicidaires. Je note. »

Les deux compères se mirent en marche ...

Résumé: