Au début, tout allait bien. Bon, certes, le ciel rose, l'herbe ... colorée, et les meubles qui bougent, c'était étrange. Mais pas plus que dans un trip. Mark avait testé, une fois. Ça faisait un peu le même effet, au final. Rien de très alarmant, donc.
Et puis il y avait eu le camembert. Bleu. GIGANTESQUE. Et qui, en sus, lui avant foncé dessus, l'air vindicatif. Mark avait failli lui laisser sa peau. Tch. Encore un coup des français.
Puis, au camembert bleu avaient succédé le lit à baldaquin et sa couette meurtrière, et le canard à rayures armé d'un gros, très gros pique à brochette. Et là, Mark avait décidé que trop, c'était trop. Alors il s'était dirigé vers la ville qu'il voyait au loin. Là, il avait croisé beaucoup moins de monstres. Alors il avait pu souffler un peu. Et repenser à comment il était arrivé là.

À la base, c'était la faute d'Ervin. Son imbécile de petit frère avait disparu. L'instant d'avant, il était avec lui, et puis il était parti aux toilettes. On ne l'avait plus jamais revu. Et non, de toute évidence, il n'était pas simplement tombé dans la cuvette. La vie, ça marche pas comme ça.
Alors pendant quelques jours, Mark avait cherché. Cet idiot d'Ervin ne serait pas simplement parti sans prévenir,  et d'un autre côté il n'avait aucune raison de fuguer. Pour un peu, Mark en arrivait presque à croire qu'il s'était téléporté.
Ce qui était bien, c'était qu'il avait vite pu en faire l'expérience. Deux secondes plus tard, il se retrouvait le nez dans l'herbe. Bleue, l'herbe.

La ville était tout de même plus accueillante. Le jeune homme avait fini par se résoudre à appeler "ville" cet assemblage hétéroclite de bâtiments de différents styles, différentes époques et ... différents niveaux d'effondrement. Si elle paraissait vide à première vue, il lui était arrivé plusieurs fois de croiser quelqu'un. La plupart avaient l'air humains, mais Mark entrevoyait parfois, de loin, des cornes, des griffes ou des couleurs de peau insolites. Quand ça n'était pas plus bizarre. Il avait donc décidé de ne pas trop s'approcher de ces soi-disant humains. on n'était jamais trop prudents.
Après trois jours de survie -il crevait de faim, mais depuis qu'il avait failli se rendre malade en essayant de manger une pomme à l'air parfaitement normal, il préférait ne toucher à rien-, il avait fini par remarquer un mouvement de foule à la périphérie de la ville. Intrigué, il avait suivi, oubliant sa résolution de se tenir éloigné des "humains".
Le discours tenu par les cyantifiques rebelles eut deux conséquences sur Mark. Premièrement, il comprit que pour survivre, s'associer avec ce qui étaient bien, malgré les apparences, des humains normaux, était la clé. Deuxièmement, il y avait une forte probabilité pour qu'Ervin se trouve ici, dans ce monde voire, qui sait, dans cette ville. Il n'avait plus qu'à le trouver.