Il s'était réveillé, contemplant le ciel violacé de ce monde. Qui était-il ? Quel était cet endroit bizarre ? Des images défilaient sur toute l'étendue céleste, et tout lui paraissait normal. Et si le ciel lui faisait un dessin ? Genre, pour tout lui expliquer. Ce serait pas mal, dans le genre. A sa grande surprise, ce fut ce que le ciel fit. Volontairement, ou involontairement, il n'en savait rien, mais il comprit que le ciel lui envoyait des messages. Ses iris jaunes contemplèrent sa mémoire, et il s'imbiba de cette palette de souvenirs qui  n'appartenait qu'à lui.

Et non, il n'était pas Alexander, cet homme lâche, égoïste, peureux et stupide, qui passait son temps à mentir, dans cette illusion qu'était la Terre. Jamais il ne vécut sa vie en Roumanie, dans un sombre village, à travailler durement pour se nourrir. Non, il n'avait jamais menti pour fuir ses responsabilités, et jamais il ne se mit à fumer de l'herbe, juste une fois, pour essayer, avec quelques amis. Cet homme n'était qu'inexistant, juste une idiotie crée par son imagination démesurée.
Il n'avait donc jamais atterri par hasard dans l'Esquisse. Il n'avait jamais eu peur de son monde, et ne s'était jamais défilé lâchement face à des caleçons mangeurs d'hommes, avant de trouver d'autres gens de la "Terre" en Ville. Il ne s'était jamais senti inutile en essayant de les aider pour essayer de s'intégrer, et jamais il n'eut pleuré en regrettant cet autre monde imaginaire. Jamais il n'eut la peur de sa vie en tombant par hasard dans une tempête. Et il ne s'était jamais cogné nul part au niveau de la tête.

Non, il n'était pas cet homme nuisible.

Il était natif de l'Esquisse. Il n'avait jamais quitté ce monde, et il s'y était même plu depuis la première seconde de sa vie. Il n'avait jamais aimé, ni accepté la présence de ces Dessinateurs, et encore moins des Cyantifiques. Sa vie avait toujours été tranquille, à part quelques disputes avec des bananes fuschia, ou quelques tempêtes un peu violentes. Tout avait basculé le Jour où ils entrèrent, ces humains. Le Jour où Canvas, car tel était son nom, s'aperçut qu'ils polluaient l'Esquisse de part leur simple présence. Le Jour où sa mère, Folie, en eut assez de tous les voir ici.

Oui, tout lui revient, clair comme de l'aquarelle. Le tableau est refait. Maintenant, il doit reprendre les armes, ce qu'il avait commencé. Il doit vaincre tout ceux qui font du mal à l'Esquisse.

Même si pour cela, il devra tuer ces humains qui lui ressemblent un peu, quand même.