« Tout s'est effondré, tout. Ma ville, droite et fière, s'érigeait au dessus de tous et de tout, mais maintenant, elle n'est plus que ruines et désolation. Mes murs se sont écroulés, mon sol s'est affaissé, et il y a peu de temps de cela, même, un blob de purée violette étant venu repeindre la grande place de sa mélasse immonde.

Je ne peux l'accepter.

Ma ville, mon oeuvre, ainsi insultée? Ma communauté, ainsi dispersée? Il ne peut être d'ordre sans Léviathan, et cette créature, il m'est donné de la représenter à nouveau au sein de ce monde, comme il en a été dans des temps anciens. Ma réputation ne se laissera pas étouffer par la folie de ces objets, mes habitants seront de nouveau à ma botte, comme ils l'ont été, et doivent encore l'être. Rien ne m'échappera, et personne ne saura se lever au dessus de moi!

Je serais à nouveau la représentation de l'être supérieur aimant que tous adorent, et cela, ils ne pourront me l'ôter. »


Blobs de purée, attaques d'objets et tremblements de terres avaient beau s'être attaqués à la ville, Clotaire, indécrotable, a su survivre aux évènements. Après tout, qui de mieux placé que le Maire de la ville lui-même pour en connaître les multiples cachettes? Et n'allez pas croire que Monsieur le Maire se soit simplement caché dans une salle secrète sous une maisonnée, non, il s'est combattu. Monsieur le Maire a combattu pour sa survie, se tenant le ventre afin de ne pas user de trop de ses rations entreposées dans sa salle dérobée, affrontant le temps afin de ne pas perdre patience, se battant sans cesse contre les ardeurs qui l'attirait vers le combat physique pour la protection de ses citoyens. Monsieur le Maire, pour vous, s'est préservé! N'est-ce pas un honneur qu'il a fait là à sa ville?

Il n'y a aucune honte au fait de se cacher, car de ce fait, Clotaire a pu s'occuper de sa personne, entretenir son physique a l'aide du matériel indispensable à disposition dans sa cache, trouver de nouvelles idées afin de contrer les pseudos-instances religieuses profanatoires qui, aujourd'hui, n'existent plus, mais peuvent à tout moment refaire surface. Une chose, surtout, est le fait qu'il ai su se décider.

Ce jour où la ville s'est mise à trembler, le sol à se parsemer de trous, Monsieur le Maire, sa chevelure rougeoyante au vent, s'est prononcé.

« Je ne peux l'accepter. »

Il n'en était pas là du fait que sa cache souterraine en était devenue comblée de roches en tout genre, mais bien du fait qu'il se devait d'agir face à ce désastre que sa ville subissait. S'il n'y avait plus de sol, que le pavé disparaissait, reconstruire la ville sur ses bases allait se présenter comme tâche bien peu aisée...

Il fallait alors à Monsieur le Maire trouver le responsable, lui faire prendre conscience de son acte, et tout remettre en ordre. Ordre avec lui à sa tête, bien sûr.


Et ainsi, Clotaire Delange s'en allait marcher dans les rues de sa ville comme il l'avait fait de nombreuses journées, acclamé par ses fidèles habitants. Pensez-vous donc, aujourd'hui, que Monsieur le Maire se sent empli d'une certaine solitude... Plus de foule, de masse pour prôner son règn-- son élection présidentielle encore embryonnaire!

Mais rassurez-vous, Monsieur le Maire n'est pas seul. Aujourd'hui encore, il est accompagné de son plus fidèle Pudding: Charles. Pudding chocolat-fraise muet arrivant jusqu'au bassin de Clotaire, Charles est un pudding de marque qui a su se démarquer des autres de par sa loyauté telle que l'appel de Folie n'a su le toucher. Peut-être du fait qu'il ai été humain, par le passé, ce que personne hors Clotaire ne sait. D'ailleurs, Charles n'est pas même le véritable nom de Charles, et s'il en a eu un véritable, son Maire l'a de toute manière oublié...


Vêtu de son long manteau rouge orné d'un nœud noir d'une classe inégalable au dos, Monsieur le Maire s'aventurait donc enfin à nouveau dans les rues détruites de sa ville chérie. Il avait enfilé ses gants noirs qui savaient lui donner une once de prestance supplémentaire, son veston d'un marron clair et sa chemise blanche de marque qui mettaient en valeur son physique, et, bien sûr, ses incontournables escarpins rouges et noirs couplés à son nœud papillon rayé de stries rouges et blanches qui lui offraient toute son excentricité.

Une Voix? Des hommes de science mal orthographiés?

Rien ne pourrait l'arrêter, car il en était là de sa destinée.