Once upon a time ...
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Mer 25 Fév - 22:34
Ervin
- #1 Mark:
- 9 octobre 20XX. Il pleut sur Berlin. Une pluie froide et forte, qui vous fouette le visage et vous trempe de la tête aux pieds en quelque minutes à peine. Les gens sont tous barricadés chez eux, bien au chaud et au sec. Tous sauf deux.
« Rahhh, mais attends-moi ! » crie Ervin.
Le garçon devant lui réduit un peu son allure pour se tourner vers lui.
Mark, 21 ans, grand et mince, les yeux ocre et le sourire sarcastique, faisait la fierté de sa famille. Il faut dire que la famille en question n'avait pas tout à fait les même standards que toutes les autres familles. Mark fumait, traînait dans les rues la nuit et n'hésitait pas à se battre contre ceux qui auraient le malheur de se mettre sur son chemin. A se battre violemment. Mais heureusement pour lui, il avait aussi du flair pour éviter les ennuis avec la police. Avec sa silhouette féline, sa peau pâle et sa cicatrice sur la mâchoire, Mark attirait les regards de beaucoup de jeune filles nourries à Twilight. Et leur brisait le coeur tout aussi facilement. Bref, Mark était un connard en puissance (mais un connard classieux tout de même). Ervin l'admirait beaucoup.
« Allez, petit frère, on y est presque. » lui lance-t-il avec son éternel sourire amusé, ce sourire qu'il réserve exclusivement aux membres de sa famille, et plus précisément à son frère.
« Dis-moi où on va, et peut-être que je ferais un effort pour accélérer. »
« Tsk tsk. Surprise. Tu sera pas déçu, fais-moi confiance. »
Et Ervin lui fait confiance. Comme toujours.
Il montent un escalier étroit, coincé entre deux bâtiments couverts de mousse, et finalement débouchent sur une sorte de placette aux allures de balcon. La ville toute entière s'étend au-delà de la rambarde rouillée, déroulant ses rues et ses toits sous le ciel gris-bleu.
Il ne pleut plus. Le soleil sort timidement de derrière les nuages, transformant chaque goutte d'eau eu diamant étincelant. Le lierre qui ronge les bâtiments se transforme alors en une parure de reine.
Ervin ouvre grand les yeux pour graver chaque détail dans sa mémoire.
« Je te l'avais bien dit. » lâche Mark en allant s'appuyer sur la fine rambarde, sans le moindre doute quant à sa solidité.
Sans répondre, Ervin vient simplement se placer à côté de lui, sans lâcher le panorama des yeux. C'était incroyable comme la Nature pouvait transformer une bête ville grise et sale en un décor surnaturel, presque magique.
Quand je pense à tous ces idiots qui sont scotchés devant leur télé en ce moment. Ça vaut bien la peine de braver les éléments.
Mark était un connard. Mais Mark était un connard instruit, qui aimait la poésie autant que la baston. Et ce décor, sans nul doute, était un véritable poème. Oui, Ervin était fier d'avoir un tel frère.
- #2 Wolf:
- « Alors, c'est à cette heure-ci que vous rentrez ? »
La voix autoritaire retentit dans l'entrée. Ervin et Mark rentrèrent le cou dans les épaules, par réflexe. Et se retournèrent dans un bel ensemble.
Le patriarche de la famille Schwarz se tenait devant eux. En caleçon.
« Mais qu'est-ce que c'est que ces jeunes qui traînent en ville la nuit ? La nuit, c'est fait pour dormir, ventrebleu ! »
Puis il sourit.
« Haha, je déconne. Alors, lança-t-il en passant un bras autour des épaules de Mark, qu'est-ce que vous avez fait de beau ? Vous êtes allés voir des filles ? »
Mark plissa les yeux.
« Ervin est mineur, Tonton. Je ne vais certainement pas l'emmener voir des putes. »
« Même si j'étais majeur, je n'irai pas les voir. A moins qu'on m'en trouve une qui sache réciter du Baudelaire. Ou du Shakespeare, à la rigueur. »
Et les deux frères de ricaner comme des imbéciles.
Ils avaient eu de la chance. L'oncle Wolf n'était pas du genre à les sermonner pour ça. Après tout, il avait fait le même genre de conneries dans son enfance. Non, le vrai problème, ç'aurait été que leur mère leur tombe dessus. Parce que ni Ervin, ni Mark ne se seraient risqués à la mettre en colère. Silke Anneliese n'était pas un membre de la famille Schwarz pour rien, et malgré ses tendances étouffantes de mère poule, elle arrivait même à terrifier ses propres frères, qui tiendraient pourtant tête à un groupe entier de gangsters sans ciller. Ervin aurait bien voulu hériter de ce côté autoritaire. Malheureusement, il n'arrivait même pas à se faire obéir de ses cousins, de 11 et 8 ans.
« Ah ben mon gars, si tu cherches une fille qui puisse te réciter de la poésie, t'es mal barré. » ricana Wolf, dont le niveau intellectuel ne dépassait visiblement pas celui de ses neveux. « Y'en a que dans notre famille. Mais y m'semble que la consanguinité c'est interdit par la loi ... »
«Tu comptais le marier à qui, précisément ? Ta fille ou ta femme ? »
« Sale gosse, va ! Mais qui c'est qui t'as élevé ? On jurerait que c'est moi ! » s'esclaffa-t-il, avant de les pousser vers le couloir. « Allez, filez ! Et que je n'vous reprenne pas à rentrer avant 2h du matin, galopins ! »
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Castor
Sam 11 Avr - 22:58
Striky
- Merry Xmas ! :
- 25 décembre 20XX
Michaël, 8 ans et demi, est assis devant le sapin, frétillant d'impatience. Il observe les paquets, les soupèse, regarde les noms écrits dessus. Il utilise toute son imagination pour essayer de deviner ce qu'ils contiennent.
Celui-là, c'est un bouquin pour papa ... Celui-là, il est à mummy ... peut-être un bijou ? Ah, celui-là, c'est un des miens. J'espère que c'est le déguisement !
Enfin, toute la famille est là : les grands-parents, les parents, les oncles, les tantes, les cousins, les cousines, et même le chat. Michaël et les autres enfants se jettent sur les cadeaux, comme des piranhas sur un morceau de viande (ce qui est dégueulasse). Les autres déchirent le papier avec impatience, mais Michaël détache délicatement le scotch, déplie le papier et, doucement, laisse l'objet de son désir se dévoiler. C'est comme manger quelque chose qu'on aime : il vaut mieux savourer l'instant.
Le papier cadeau découvre une énorme boîte en carton. Michaël l'ouvre, elle contient une autre boîte. Puis une autre. Et une autre. Alors que l'enfant s'agace, les adultes derrière rient sous cape. Finalement, la dernière boîte est toute petite. Michaël sait que ça ne sera pas son déguisement de Superman ... Déçu, il ouvre quand même.
Il écarquille les yeux.
Dans le fond de la boîte, il y a un enchevêtrement de ficelles et d'objets non identifiables.
Il ne comprend pas.
Alors sa mère se lève, lui prend doucement la boîte des mains et sort l'enchevêtrement. Délicatement, elle le démêle, noeud après noeud. Sous le regard émerveillé de Michaël, la boule de fils devient une guirlande d'étincelles. On croirait que quelqu'un était allé décrocher des étoiles pour les enfiler sur un fil d'or.
« With this, your room's never going to be dark and frightening again. You can sleep quietly, the stars will watch over you.»
Michaël prend sa mère dans ses bras. Il n'a jamais dit qu'il avait peur de dormir dans le noir. Comment l'a-t-elle su ?
Peu importe, c'est la meilleure maman du monde.
- Perdu dans un couloir sombre :
- 4 septembre 20XX
Premier jour de classe, premier jour au collège. Michaël a déjà réussi l'exploit de se perdre.
Pas ma faute, cet endroit est énorme ! se dit-il.
Mais ça ne change rien au fait que la sonnerie a retenti il y a déjà dix minutes, et qu'il est incapable de retrouver sa classe. Le couloir où il se trouve est désespérément désert, personne pour le renseigner.
Ils pourraient nous donner un plan. Je crois que je pourrais errer des mois ici sans jamais retrouver la sortie.
Aussitôt a-t-il pensé cela qu'il arrive devant la sortie. Ce qui lui est totalement inutile, à l'heure actuelle.
« Euh ... »
Michaël pousse un cri (d'une virilité incontestable).
... Non, c'est juste une fille. Toute petite, avec des cheveux roux et bouclés, et de grosses lunettes. Elle est plutôt mignonne, d'ailleurs. Mais son sac a l'air plus gros qu'elle.
« Toi aussi tu es perdu ? »
Michaël hoche la tête. A bien y réfléchir, il l'a déjà vue, cette fille. Il lui semble bien qu'elle est dans la même classe que lui. Ouf, au moins il n'est pas seul dans cette galère.
« C'est bête ... j'avais l'intention de suivre le reste de la classe pour pas me perdre, mais des garçons m'embêtaient, alors j'ai voulu m'éloigner quelques minutes, mais ... entre temps, tout le monde était déjà parti ... »
Michaël fronce les sourcils.
« Quoi ? Des garçons t'embêtent ? Mais, c'est, euh, c'est MECHANT. »
« Non mais c'est pas grave, j'ai l'habitude hein. »
« Mais non enfin ! Il faut le dire aux profs ! Non, mieux ! Je vais te protéger, moi ! »
La fillette jaugea Michaël, son physique de crevette anorexique, ses fins cheveux blonds et les trente centimètres qu'il avait de plus qu'elle, et ... euh, on ne sait pas trop pourquoi, mais elle se dit que, bah, pourquoi pas.
« Ok ! lança-t-elle avec un grand sourire. Moi c'est Eva. »
« Et moi Michaël ! Dis, tu- »
« POURQUOI VOUS N'ÊTES PAS EN COURS ? » hurla le CPE dans leur dos.
Avant même que les deux enfants aient pu bredouiller la moindre excuse, ils se firent reconduire droit à leur classe, accompagnés de moult hurlements et menaces.
Striky parle en #d44242.
- Concours N°3:
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Sam 11 Avr - 23:04
Albin
- Menacer les élèves, c'est toujours drôle :
- « Bonjour, asseyez-vous, sortez vos livres à la page 13405. Je plaisante, bien sûr, vos livres n'ont pas plus de 1000 pages. »
Lebland adresse un sourire torve à sa classe. Il adorait les secondes. Ils étaient tellement crédules.
« Je pourrais vous faire un résumé du programme, mais je sais que vous en avez rien à cirer. »
Un élève lève la main.
« Oui, un candidat pour aller expliquer le programme ? »
« Euh, non en fait, bafouilla l'élève, je voulais juste savoir si on allait disséquer des trucs ... »
« Oui : un coeur de boeuf, un oeil de cheval, et un poumon d'élève. D'autres questions ? »
Echanges de regards dans la classe. Faut-il rire ?
Lebland se marre intérieurement. Sont mignons.
« Bref, je suis Albin Lebland, et si vous voulez vous z'avez qu'à m'appeler Le Chat. Comme la lessive. Je pourrais vous l'interdire, mais vos camarades de première et terminale le font déjà, et j'ai la flemme de vous punir pour un truc aussi idiot, alors faites-vous plaisir. »
Re-échange de regards. Les élèves commencent sûrement à se poser des questions sur la santé mentale de leur prof de SVT.
« Vous prenez un classeur, un cahier, un bloc-notes, ou même un bloc de post-it pour vos cours, je m'en fiche complètement, c'est votre problème. Bien sûr, vous aurez besoin d'une blouse. Et si vous faites les cons en TP, je dessinerai des Bisounours dessus. Je suis terriblement sérieux. »
Quelques rires dans la salle. Ah quand même. Sont lents à la détente.
« On va commencer par quelques rappels. »
Il leur distribue une feuille recto verso, couverte de questions.
« Vous avez dix minutes. Et si j'en vois un qui copie sur son voisin, je me ferai un plaisir de lui expliquer le saut en parachute sans parachute. »
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Mar 5 Avr - 0:33
Turner
- #1 Désespoir:
Pour une fois, l'inspiration était là.
Il la sentait. Cette envie de peindre qui lui picotait le bout des doigts. Cette excitation. Cette fois, il arriverait à quelque chose. Cette fois, il arriverait à tirer une oeuvre de son propre esprit.
Courant presque, il se dirigea vers son atelier. En un rien de temps, il rassembla son matériel. Pinceaux, couleurs, toiles... Il voyait bien une peinture assez petite. Quelque chose de discret, mais qui saurait porter, comme un secret, tous les détails de son imagination. Il choisit sa toile.
Les couleurs s'étalaient devant lui lorsqu'il fermait les yeux. Du bleu. Du violet. Une autre teinte, tirant plus vers le mauve. Une touche de vert-gris pour rehausse la chaleur de l'ensemble. Il fit quelques mélanges.
Il était prêt. Il se sentait prêt. Comment aurait-il pu en être autrement, alors que la sensation était si forte, si entière ? Si forte et si entière qu'il aurait été prêt à croire qu'un dieu le poussait vers son chevalet. Qui avait dit que les artistes étaient les messagers de Dieu ?
Il se lança dans une rapide esquisse pour ne pas partir à l'aveugle. Il savait ce qu'il voulait. Un paysage comme un visage, simple et naturel lorsque pris dans son ensemble, mais complexe et magnifique si l'on regardait les détails. Il avait voulu la toile petite pour que cette dimension complexe ne soit appréciable que si l'on prenait le temps d'observer la peinture. Comme il fallait le faire avec le visage de chacun. Comme il aimait le faire avec le visage de chacun. Il voulait que les gens observent comme il le faisait.
Il traça un trait. Puis deux. Doucement d'abord, comme pour ne pas briser la magie qui semblait le mener dans sa tâche, puis de plus en plus vite, avec de plus en plus d'assurance. Il savait ce qu'il faisait. Il peignait depuis si longtemps déjà. Cela lui était naturel. Il sentait littéralement la peinture prendre vie sous son pinceau. Chaque détail, il le ressentait au plus profond de lui. Chaque trait était un battement de cœur. Chaque couleur une veine, transportant la vie dans toute la peinture. Chaque forme un oeil vers un univers magique, irréel, surréel même. Cela lui était naturel.
Cela aurait dû lui être naturel.
Alors pourquoi ce trait n'était-il pas comme il le souhaitait ? Pourquoi cette forme était-elle si maladroite ? Pourquoi cette couleur était-elle aussi vide ?
Pourquoi était-il aussi vide ?
Il jeta violemment son pinceau contre la toile, la couvrant d'une balafre bleu roi. Il lui semblait soudain qu'elle le jugeait.
Regarde-toi, semblait-elle dire. Tu n'arrives même pas à me faire vivre. Tu n'as pas su me créer réellement. Je suis incomplète, et je le resterai. Tout comme toi.
Il renversa le chevalet.
Il ne savait pas créer. Il ne savait que recopier.
Qu'est-ce qui lui manquait ? Pourquoi était-il aussi vide ? Pourquoi était-il aussi vide ?
Soudain accablé de désespoir, il se laissa tomber à genoux.
- #2 April:
« Si un jour je trouve l'inspiration, ça sera en peignant l'un de vous deux. »
April releva la tête, un sourire surpris sur le visage.
« Garde la pose.
- Pardon. »
Elle rit puis reprit la pose. Assise sur la chaise, un genou replié sous le menton, elle portait comme seul vêtement une fine chaîne en or. April posait souvent pour lui, depuis plus d'un an. Elle et son frère Aaron étaient les deux seules personnes dont il acceptait la présence au sein de son atelier. Et dans son entourage.
« Adam... »
« Deux minutes, j'ai bientôt fini. »
April était très belle, songea-t-il en la détaillant. Elle lui avait toujours fait penser à une renarde. Fine et rousse. Et maligne, bien sûr.
Il aimait tout particulièrement sa peau. Blanche, parsemée de taches de rousseur comme autant d'étoiles. Une fois, il avait trouvé la constellation d'Orion dans son dos.
« Voilà. »
April saisit le peignoir qui était posé non loin et le revêtit, avant de s'approcher pour voir le résultat. Elle observa la toile quelques instants, silencieuse.
Elle fut surprise, comme chaque fois, de voir à quel point Adam était doué. Il avait parfaitement réussi à rendre l'effet du rayon de lumière dorée qui tombait sur ses épaules et ses cheveux. La lumière semblait la nimber d'un halo, non, d'une auréole douce et chaleureuse. Dans un sens, elle ne parvenait pas à se reconnaître dans la jeune femme du tableau.
« ... Quoi ?
- Rien, souffla-t-elle, c'est beau...
- Peut-être. Mais ce n'est pas beau artistiquement parlant.
- Non, Adam, on en a déjà parlé ! Tu es trop dur avec toi-même ! Tes toiles sont belles, pourquoi tu ne peux pas l'admettre ?!
- Je ne vois pas pourquoi tu t'énerves. J'ai le droit d'avoir un avis.
-Oui, mais tu ne te rends pas compte à quel point tu te trompes ?! Rah, tu m'énerves ! »
Elle sortit en trombe de l'atelier. Dans la lumière de la fin d'après-midi, ses cheveux roux prenaient des éclats dorés.
- #3 Aaron:
« April est énervée, tu sais.
- Je sais.
- Bien. »
Aaron fouilla dans son sac, l'air de vouloir meubler plus que de chercher quelque chose en particulier.
« Elle t'aime, tu sais...
- Je sais.
- Bien. »
Il entortilla une mèche de cheveux autour de son index. Il semblait mal à l'aise. Si bien qu'Adam faillit partir, pour l'épargner.
« Moi aussi...
- Je sais.
- Oh... Bien. »
Aaron semblait à court d'idées pour se donner une contenance. Il finit par regarder son interlocuteur dans les yeux, enfin.
« Je me doute de ta réponse, mais je voulais savoir...
- Je ne t'aime pas, Aaron. Pas vraiment. Pas comme ça.
- Oui, évidemment. Désolé.
- Ne t'excuse pas. »
Le rouquin, comme sa jumelle, lui rappelait un renard. Tout aussi roux, et tout aussi fin. Et malin aussi, même s'il possédait encore une certaine naïveté, contrairement à April.
« B-bon, euh, changeons de sujet, d'accord ? April m'a dit que tu lui avais dit...
- Que ça serait en vous peignant que je trouverai l'inspiration, un jour.
- Oui, voilà. Ça.
- Et ?
- Je ne savais pas trop comment je pourrais faire pour t'aider à trouver l'inspiration, alors à la place je t'ai acheté un parfait au citron. »
Il fouilla à nouveau dans son sac et en sortit une boîte.
« Désolé, je l'ai mis sou Tupperware pour pouvoir le transporter facilement. Mais sinon il est frais.
- Oh... Merci. »
Adam lui-même ne pouvait pas résister à son dessert préféré.
- #4 Futur alternatif:
(Tiré de la Mosaïque du Futur.)
Tout irait bien.
C'était ce que se disaient April et Aaron. Ce qu'il essayaient de croire. Adam avait toujours été sombre et difficile à comprendre, mais il avait, un but qu'il n'abandonnait pas. Il n'y avait pas de raison que tout dérape, il n'y en avait jamais eu, et pourtant..._____________________
Turner ouvrit les yeux sur un ciel rose et une prairie aux tons bleutés. Incrédule, il regarda la peinture qui se trouvait sous ses yeux. Il ne la connaissait pas. Il n'avait jamais peint ceci. D'ailleurs, ce n'était pas son trait.
Émergeant petit à petit, il regarda autour de lui. Et s'immobilisa brusquement. Il était dans son atelier. Son atelier du monde réel. Son cœur s'arrêta un instant. Avant de repartir dans une course effrénée. Il se précipita vers la fenêtre et ouvrit les volets en grand. Le ciel grisâtre le narguait de sa banalité. Pas de rose. Pas de couleurs pas d'écrans pas d'images pas de formes mouvantes rien. Rien. Un ciel gris. Normal. Terrien.
Il fit volte-face. Pas un de ses tableaux ne se trouvait dans la pièce. Pas un de ses tableaux de l'Esquisse. Tous les autres -les échecs- lui faisaient face, comme une assemblée de juges impitoyables. Il ouvrit sa sacoche et sortit son carnet en toute hâte. Les pages étaient toutes parfaitement vierges. Le carnet était neuf. Les tubes de peinture qu'il avait confectionnés là-bas à base de végétaux ou d'objets avaient disparu. Plus aucune preuve de l'Esquisse ne demeurait. A moins que...
Le souffle court, anxieux, terrifié, même, Turner se saisit d'un pinceau. Il prit une toile blanche qui se trouvait dans un coin de la pièce et la posa sur son chevalet. Lentement, il sortit des tubes de peintures, effectua quelques rapides mélanges.
Il posa un premier trait. Tremblant presque, il commença à peindre.
Sa main tremblait franchement, à présent. Il fit quelques pas en arrière. Regarda son travail.
Plus aucune preuve de l'Esquisse ne demeurait. Pas même l'inspiration presque magique qu'elle lui avait donné.
« Non. »
Son murmure sonnait comme un gémissement. Il ne pouvait pas vivre sans ça.
« Non. Non, non, non, NON ! »
Il jeta son pinceau contre la toile et se laissa tomber à genoux, le visage dans les mains, comme il l'avait si souvent fait auparavant.
Il ne pouvait pas vivre sans peinture. Sans inspiration. Il ne pouvait plus. Pas après l'avoir expérimentée. Pas après l'Esquisse. Il ne pouvait plus.
« Adam ? »
La voix résonna dans contre la porte de l'atelier. Ouvrant une brèche dans l'esprit de Turner, déchaînant un flot de souvenirs dans son esprit.
Aaron ouvrit la porte.
« Ah, tu étais là... Ça fait dix minutes qu'on te cherche, je commençais à croire que tu étais parti à pieds... »
Il vint s'accroupir à côté de Turner
« Hé, ça ne va pas ? »
Turner retira lentement ses mains de son visage et regarda Aaron dans ses yeux.
« Un jour, tu as dis que votre amour, à toi et April, pourrait me suffire, dans cette vie, pour peu que je l'admette.
- Oui... ?
- Ça a peut-être été vrai, un jour. Plus aujourd'hui. »
Il se leva et se dirigea vers ses tableaux, posés à même le sol, appuyés contre le mur, et les uns contre les autres, comme un troupeau de brebis effrayées, collées les unes aux autres pour mieux faire face au danger.
« Ne dis pas ça, tu me fais peur... Hé, qu'est-ce que tu fais ? »
Adam -car il n'était plus Turner, à présent, il était redevenu le médiocre jeune homme qu'était Adam- craqua une allumette et la jeta au milieu du troupeau de brebis. Calmement, comme déconnecté de la réalité, il regarda une flamme naître, et commencer à grandir.
Pour un peu, il aurait ri de voir ces toiles, qu'Aaron et April avaient toujours considéré comme des chefs-d’œuvre, disparaître avec autant de facilité. Une allumette et plus rien.
Mais il n'avait plus envie de rire, même avec cynisme.
Le rire est le propre de l'Homme, dit-on. Parfait, alors, il n'était plus un homme.
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