KAHEL ✝ We could be immortals

Description

Avant l'"accident", Kahel avait toujours été le genre de garçon qui aimait rester dans le coin d'une salle lors d'une réunion de famille pour pouvoir siroter son cidre de glace tranquille, en lançant d'effroyables regards aux jeunes cousins qui osait s'approcher du grand Kahel. Kahel détestait la joie, tout ce qui était mignon. Tout ce qui comptait pour lui, c'était d'avoir l'air le plus mort possible. Il enchaînait les tatouages l'un après l'autre, les piercings vinrent par la suite. Un cercle vicieux. La vie lui semblait vide, en gros, comme tous ces jeunes de 20-25 ans qui sortent du collège et ne savent que faire de leurs vies. Il n'arrive pas à voir la lumière au bout du tunnel, pour lui, la vie, c'est tourner en rond, tourner en rond, tourner en rond, et prier pour qu'une occasion s'offre devant lui. Qu'elle tombe du ciel, bim bam boum, comme par magie. En gros, il n’était pas très bien dans sa tête. Comme c'est triste, pauvre de lui. Oh, on va vous dire, le monde s'en foutait, et même lui s'en foutait trop pour pouvoir faire pitié. Il avançait en rampant, mais il avançait, c'est bien ce qui compte, non? Même ses parents, qui se faisait un sang d'encre pour leur fils unique auparavant, avait fini par abandonner la guerre envers cette tristesse typique des jeunes garçons de son âge. Oh, et puis, ça va bien finir par passer, un jour! Heureusement, ils n'ont pas eu à ne pas s'en faire bien longtemps, car du jour au lendemain, leur fils était disparu.

Disparu?
Disparu.

Encore une fois, la magie entre en jeu.
C'est étrange quand même, que ton fils se promène dehors, et qu'il ne revienne jamais. Tu commences à croire aux aliens, toi.


Qu'est-ce qu'il fout ici, Kahel? Les couleurs, elles sont aveuglantes, mais d'un autre côté, elles sont agréables...On aimerait pouvoir leur parler, à ses couleurs, comme elles nous parlent, d'un certain sens. Le jeune garçon, étant encore trop sonné pour évaluer la gravité de la situation, se contenta donc de sourire à l'herbe d'un vert éclatant, un rire discret montant dans sa gorge, rire qu'il fut taire aussitôt qu'il décida de faire son entrée en scène. Il ferma les yeux à nouveau, ne bougeant pas d'un pouce. Il avait l'impression que s'il bougeait, ne serait-ce qu'un seul doigt, il allait tomber dans un trou, comme Alice. Alors il ne bougea pas. Il resta là, immobile, autant intellectuellement que physiquement. Il était bien, là, le vide dans sa tête, la chaleur douce entourant tout son être. Il se laissa aller dans les bras de Morphée, une fois de plus, sauf que cette fois-ci, pour la première fois depuis des années, son sourire était tendu jusqu'aux oreilles.

Trois heures plus tard, il se réveilla, et cette fois-ci, quelque chose le frappa. Le ciel. Sa couleur. N'était-il pas violet avant que Kahel s'était laissé aller dans le monde des rêves? Désormais, ce ciel portait une couleur orangée. Il se releva, croisa les jambes pour pouvoir avoir une position plus confortable que la précédente, et se mit à regarder autour de lui. Quelque chose ne tournait pas rond, dans tout ce paysage. Cet écosystème...il n'était pas comme celui qu'on voyait dans les livres de Science, à l'école. Il se sentait en hauteur, pouvant voir les toits de toutes sortes: bonbons, chocolats, plastique, bouteilles de pepsi, il y avait absolument de tout. Un vrai conte de fée, digne d'Hansel et Gretel. Il se leva délicatement, avant de voir une ville décimée sous ses yeux. Lorsqu'il fit les premiers pas, il remarqua les multiples ruines qui envahissaient cette ville qui avait été florissante auparavant, Kahel pensa. Devrait-il avoir peur de tout ce qu'il a vu, ressenti et entendu -certes, pas grand-chose-? Kahel était trop émerveillé devant l'originalité de la chose qu'il n'avait pas le temps d'être sur ses gardes. Il se sentait comme un homme nouveau. Non- il était un homme nouveau. Il était un homme nouveau, mais il sentait un creux dans sa mémoire, de la brume qui essayait de cacher quelque chose, mais quoi exactement? Il secoua vivement la tête avant de descendre le bâtiment en ruine sur lequel il avait "atterri" pour se regarder dans une mince flaque d'eau pourpre. Il fronça les sourcils en remarquant ses yeux. Il se souvenait de ses nombreux tatouages un peu partout sur son corps, de ses multiples piercings lui donnant un air plus qu'horripilant, mais ses yeux, non. Il resta de marbre. Il ne voulait pas faire peur. Il ne voulait plus faire peur. Il passa ses mains sur son visage plusieurs fois, alors que des larmes jaillirent de ses yeux autrefois normaux. Il voulait crier de tous ses poumons, mais il n'en était incapable. Il ne pouvait pas. Quelque chose lui en empêchait. La peur? L'euphorie? L'effroi? Il ne savait pas, il ne savait plus, il n'a jamais su.  Il resta dans cette position quelques minutes, à sécher ses larmes, puis décida de partir à la recherche de quelqu'un, quelque chose, qui pourrait bien lui expliquer la situation.
Il s'était pincé l'avant-bras, ça n'avait pas marché.
Qu'est-ce qui pourrait bien le réveiller de ce cauchemar paradisiaque?

Il marcha, en essayant d'ignorer les multiples voix autour de lui. Il n'y avait personne, alors comment pouvait-il....?