Anatole, ou la paranoïa incarnée

Description

Cela faisait plusieurs heures que le vieil homme était assis en tailleur devant un hangar délabré. Tout à coup, il se leva et commença à marcher dans la ville. L’air pensif, il vagabondait en quête d’informations supplémentaires sur le monde où il se trouvait. Il se trouvait apparemment dans une ville en ruines, dominée par un ciel rosé et étrange. Alors qu’il passait devant une énième décombre, il crut voir s’agiter quelque chose dans l’ombre. Il pressa le pas et tourna dans une ruelle adjacente. Un bruit le fit sursauter. Dorénavant certain qu’il était poursuivi, il se mit à courir en zigzaguant à travers les ruines. Il finit son sprint en se cachant derrière ce qui semblait un reste de cheminée et attendit prudemment. Après un certain temps, il sortit de sa cachette de fortune, regarda brièvement autour de lui, puis par dépit s’assis sur le foyer éteint. Il essaya de se rappeler les précédents événements.

Il vivait dans un petit village à l’écart du monde moderne et technologique. De nature très peureuse, il était un phénomène là où il vivait. Le moindre craquement, le moindre mouvement, et il s’imaginait les pires interprétations. Il habitait dans une petite maison, en bordure du village, avec la compagnie d’un âne. Les autres personnes du village les voyaient si souvent ensemble qu’ils avaient appelé les deux Anatole, symbole de stupidité. En effet, les deux compères étaient allés tellement loin dans leur paranoïa que cela en devenait risible. Ils furent reconnus comme les deux idiots du village.
Un jour, un événement quelconque lui avait fait particulièrement peur l’avait poussé à partir du village. En état de stress intense, il s’était réfugié dans un temple abandonné. Il était longtemps resté à l’intérieur, paralysé par un danger imaginaire. Puis, un jour, il s’était réveillé, déterminé à sortir de cet état. Il avait ouvert les portes du bâtiment qui le logeait depuis plusieurs semaines et s’était retrouvé dans la ville en ruines, dans un monde inconnu.
La différence avec le monde qu’il connaissait auparavant était minime, ou du moins il ne s’en souciait pas. Le ciel rose était certes étrange, et il avait l'impression que tout dans ce monde, lui en voulait, mais c'était le cadet de ses soucis. Il était resté tellement longtemps dans ce temple...
Il était de ceux qui pensent en premier aux choses importantes pour eux-mêmes. Dans ce cas, la priorité était de subsister.
Ainsi, sortant de ses pensées, il se leva et décida d’explorer un peu plus la ville pour se nourrir et s’abreuver.