Cela faisait quelques temps, peut-être quelques jours, semaines, voire des mois qu'il était là. Dans ce monde étrange, Septembre avait pris ses marques dans cet endroit burlesque et avait su s'y habituer.

Mais un jour, une chose énorme s'est produite. Il s'est retrouvé, sans vraiment savoir pourquoi, dans un oeuf volant gigantesque et a perdu la conscience dans une salle noire énigmatique.

Avant de se réveiller avec un choc immense, tel qu'il perdit ses sens. Il venait de tomber de l'oeuf. Il ne savait pas pourquoi, mais il n'avait pas le temps de réfléchir.

Son corps tout entier se tordait dans la douleur. Son corps tout entier était atteint d'une si vive douleur que le coeur du pauvre dessinateur allait certainement lâcher. Son corps tout entier n'arrivait pas à ressentir quoi que ce soit, à part de la douleur.

Et là, un choc encore plus immense.

L'oeuf, au-dessus de lui, explosait. Littéralement.

C'était comme la fin du monde.

Le corps de Septembre fut pris de violentes convulsions, si douloureuses qu'il sentait ses membres se disloquer.

Une énorme, monstrueuse, titanesque tempête.

Le monde s'écroulait.

Tout était noir. Tout. Il ne voyait plus rien, ne sentait plus rien, ne vivait plus rien. Sa conscience peinait à se maintenir éveillée.

Et là, dans ce monde qui s'écroulait, dans cette douleur incroyable, dans ce noir apocalyptique, dans cette vie faite d'illusions, de malheur, de danger, de joie, le gamin fanfaron cessa d'exister.

Enfin, pas tout à fait. Le petit blond, d'ordinaire si actif, était comme mort. Mais ce n'était qu'un somme. Au bout de quelques jours, ou peut-être de quelques heures, Septembre se réveilla.

Mais ... Il n'était plus Septembre.

Son corps tout entier avait changé.

Ses cheveux si blonds, qui reflétaient sa joie de vivre, s'étaient métamorphosés en cheveux noirs, la couleur de la nuit. Ses yeux d'émeraude, qui le rendaient si précieux, étaient devenus noirs comme la nuit qui s'était abattu jadis dans l'Esquisse. Il avait grandi, considérablement grandi.

Mais, le pire ... Son bras droit n'était plus humain. Il s'était recouvert d'écailles couleur d'ébène, et ses doigts avaient laissé place à de longues griffes tranchantes. Telles celles d'un dragon.

Ce fut un choc pour le pauvre dessinateur. Il était aux bords d'un précipice profond, que l'on peut appeler le désespoir. Voire la mort.

Son organisme tenta d'éviter que son corps frêle ne succombe aux émotions multiples qui habitaient le corps de feu Septembre. Ainsi, sa personnalité changea après un évanouissement bref.

Il avait gardé son âme d'enfant. Mais, à un point où on pouvait vraiment croire être en face d'un gamin de huit ans. Il était naïf, innocent, avait perdu la notion de danger, de discrétion et du mal. Soudain, il ne prêtait plus attention au monde dangereux qui l'entourait ni même à lui-même. Son corps, à cause de la tempête, était devenu frêle, car il avait survécu de peu à l'énorme tempête.

Bien sûr, un certain traumatisme était resté gravé en lui. Il ne savait pas pourquoi, mais il se refusait tout contact humain, ou même vivant. Il préféra s'isoler dans les ruines où il s'était réveillé. Mais pourtant, il perçut cela comme une malédiction : il voulait vraiment avoir des amis, quelqu'un pour le soutenir, car il ne se remettait pas du choc d'avoir un nouveau corps. Mais son organisme, lui, ne voulait pas. Il était trop fragile, et devait éviter de rentrer en contact avec quoi que ce soit.

Mais, dans un élan ultime, Septembre se donna un nouveau nom, non sans regrets. Il tira définitivement un trait sur son ancienne vie dont il ne lui restait que quelques souvenirs.

Robyn.

Voilà sa nouvelle identité.