Play ▬ Tout ce qui est petit est mignon ? Haha.

Oh, quel bel enfant. Avec ses cheveux de neige, ses grands yeux bleus, et ses traits fins. Il est tout délicat, avec une peau de porcelaine, comme une jolie poupée. C'est une fragile petite fleur en devenir, qu'il faut chérir et protéger. Et puis, ne dit-on pas que tout ce qui est petit est mignon ?

Haha.

Non.
Définitivement pas.

Play n'est pas mignon.
Play est l'archétype même du sale gosse.

Tout ce qu'il y a de plus irritant chez un enfant, concentré en un seul et même être. Un petit cauchemar au grand sourire éblouissant. Oh, et d'ailleurs, il est au courant pour sa gueule d'ange. Parfaitement au courant. Il n'hésitera pas un seul instant à en jouer. Comme tout le reste. Tout pour faire de votre quotidien, déjà bien assez agité, un enfer. Farces et mauvais tours. Pièges et détours. Calembours et jeux de mots. Ce petit n'a pas la langue dans sa poche, et n'hésitera pas un seul instant. Tout est bon dans le cochon... pour vous pourrir l'existence. Même son jouet préféré, ce joli yoyo, n'est qu'une torture de plus. Bruyant et particulièrement éclairant. Il aveugle et agresse en un seul et même temps. Et il est habile, le loustic. Il saute et s'esquive, plus vite que son ombre. Glisse quelques billes sous vos pieds, pour assurer sa fuite. Ricane depuis son perchoir, qu'il a atteint comme un petit singe, en voyant votre chute. Et vous lance ensuite quelques joyeusetés à la tête. Parfois littéralement. Toujours aussi ricanant. Une véritable plaie sur pattes.

Si seulement ce n'était que quelques caprices d'enfant.
Play, une fois que l'amusement ne pétille plus, a un regard un peu vide et angoissant. Et des attitudes qui le trahissent. Pas juste comme un gamin vif et particulièrement intelligent pour son âge. Intelligent, il l'est peut-être un peu trop. Intelligent comme le serait quelqu'un de bien plus grand. Avec des mots et des ricanements amers. Le doute se sème comme des milliers de poussières dans le vent. Qu'est-ce qu'il était réellement, avant ? Ha. En voilà une donnée intéressante. Play aimerait bien la connaître également.

Depuis son réveil, au milieu d'un tas de décombres, Play ne sait plus rien. Un skateboard serré dans ses bras, il a juste ouvert les yeux et contemplé le ciel. Gris et noir. Embrouillé et sale. Parfois vaguement d'un rose dégoulinant, presque agonisant. Puis il s'est relevé, spontanément. Comme un enfant plein d'énergie. Il a dévalé les gravats. Et il s'est mis à marcher.

Puis il a vu son reflet dans une flaque.
Et il n'a strictement rien ressenti.

Juste un sentiment d'erreur. Rien n'était à lui, dans ce reflet. Sauf une chose. Ses yeux. C'était un coup au cœur, un appel envers son âme. Ses yeux étaient à lui. Et c'était tout ce qu'il avait. Tout ce qui lui restait. Ce monde. Ses vêtements, son allure, ses cheveux, sa peau même. Rien de tout ça n'évoquait quoi que ce soit. Juste une sinistre mascarade. Une farce ô combien amère. Rongé par le doute et étouffé par ce sentiment de perte, seul au milieu de ruines aussi vides que lui, Play décida juste de se détourner. Il ferma les yeux et s'éloigna de cette image faussée. Il était là, il vivait et respirait. Alors il allait être cet enfant aux cheveux blancs que lui renvoyait son reflet. Et c'était tout.

Mais ce n'était pas tout. Play est toujours aussi étouffé, déchiré par ce néant, cette plaie béante qui suinte sur son cœur même. Il hurle de douleur, à l'intérieur. Alors pour s'apaiser un peu, il a décidé de faire un jeu. Un immense et gigantesque jeu.

L'Esquisse. C'est son jeu. Vous êtes les joueurs.
Il est le Player Killer.

Play ne cherche pas à gagner la partie. Juste à vous empêcher de le faire.