Visions blanches
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Lhûn
Sam 10 Fév - 22:21
Tout est blanc.
Le ciel.
Le sable.
La pierre.
La terre.
Le sel.
Le vent.
Je lève mes mains.
Devant mes yeux éblouis.
Blanches.
Presque transparentes.
Presque invisibles.
Presque lumineuses.
Un monde blanc.
Comme moi.
Comme lui.
Un monde sans fin.
Un monde sans vie.
Je ferme les yeux.
Paupières blanches.
Silence.
Où suis-je ?
Qu'est-il ?
Qui suis-je ?
Je marche.
Yeux clos.
Pieds nus.
Sans savoir où je vais.
Sans savoir où je peux aller.
Sans savoir où je veux aller.
Incertain.
Déphasé.
Libre.
Perdu.
Je respire.
Je frissonne.
J'ai chaud.
J'ai froid.
J'ai soif.
Je tombe.
Perles humides.
Duvet froissé.
Boules de coton.
Chute amortie.
Sur elles.
Par elles.
Elles m'accueillent.
Elles me reccueillent.
M'offrent de l'ombre.
A boire. A manger.
Manne brumeuse au goût de miel.
Créatures inertes.
Etranges.
Silencieuses, vivantes.
Je suis opaque.
Animé, complexe.
Etrange.
Dans le silence, je les comprends.
Elles me comprennent.
Alors elles me guident.
Me portent.
Vers mes semblables.
Vers mon semblable.
Un homme blond.
Accompagné.
Museau indécis.
Curieux.
Plongé dans les corps nuageux de mon escorte.
Un homme blond.
Tout aussi perdu que moi.
Ce qui l'a approché ne ressemble en rien à des pas.
Il n'est pas seul.
Mais il ne me voit pas.
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Pearl
Dim 3 Mar - 11:03
Tout est noir. L'obscurité m'enveloppe comme à son habitude, une constante dans mon monde sans vision. Sous mes pieds dénudés, je ressens la caresse douce et légère du coton, éveillant une sensation de confort. À mes côtés, Nour, ma fidèle félirenarde, s'amuse dans cet environnement, ses éternuements sporadiques trahissant la chatouille des fibres cotonneuses sur son museau. Un rire s'échappe de moi devant son air faussement offensé. Ces promenades sont pour elle une bouffée d'air frais, loin de l'atmosphère étouffante de la Ville, essentielles à son bien-être.
L'Esquisse, dans ses murmures et parfums, dévoile ses secrets, bien au-delà de ce que les yeux peuvent voir. Les récits des explorateurs, évoquant des paysages d'une beauté étrange et merveilleuse, s'enrichissent de ma propre expérience : celle des sons, des odeurs, et des textures. Ce monde a tant à offrir, au-delà de son visage visible.
La texture du sol change sous mes pas, passant d'une chaleur presque brûlante à une douceur accueillante, enveloppante. Une brise légère me frôle le visage, et dans mon esprit, je vois Nour jouant avec les flocons de coton emportés par le vent. Une senteur délicatement sucrée vient titiller mes narines, et le calme règne, seulement perturbé par les jappements joyeux de Nour.
Nour devient soudainement alerte, son comportement oscillant entre la curiosité et une certaine réserve. Elle se déplace avec hésitation entre moi et… quelque chose, ou quelqu'un d'autre.
Je la caresse doucement pour la rassurer. Ce qu'elle perçoit – et peut-être voit – ne lui est manifestement pas familier. Les visiteurs sont rares dans ces contrées, et les explorateurs habituels se font connaître par leur bruit bien avant leur approche, me permettant habituellement de les esquiver.
Guidé par Nour, je m'avance prudemment vers l'origine de son intérêt. Je m'arrête lorsque, s'installant confortablement dans le coton, elle renifle l'air. Il semble y avoir une présence ici, bien que je ne perçoive aucun son. Une effluve subtile et déplacée me parvient, évoquant peut-être des plumes humides sous la pluie – l'indice d'une présence humaine, suppose-je.
"Bonjour, y a-t-il quelqu'un ?"
L'Esquisse, dans ses murmures et parfums, dévoile ses secrets, bien au-delà de ce que les yeux peuvent voir. Les récits des explorateurs, évoquant des paysages d'une beauté étrange et merveilleuse, s'enrichissent de ma propre expérience : celle des sons, des odeurs, et des textures. Ce monde a tant à offrir, au-delà de son visage visible.
La texture du sol change sous mes pas, passant d'une chaleur presque brûlante à une douceur accueillante, enveloppante. Une brise légère me frôle le visage, et dans mon esprit, je vois Nour jouant avec les flocons de coton emportés par le vent. Une senteur délicatement sucrée vient titiller mes narines, et le calme règne, seulement perturbé par les jappements joyeux de Nour.
Nour devient soudainement alerte, son comportement oscillant entre la curiosité et une certaine réserve. Elle se déplace avec hésitation entre moi et… quelque chose, ou quelqu'un d'autre.
Je la caresse doucement pour la rassurer. Ce qu'elle perçoit – et peut-être voit – ne lui est manifestement pas familier. Les visiteurs sont rares dans ces contrées, et les explorateurs habituels se font connaître par leur bruit bien avant leur approche, me permettant habituellement de les esquiver.
Guidé par Nour, je m'avance prudemment vers l'origine de son intérêt. Je m'arrête lorsque, s'installant confortablement dans le coton, elle renifle l'air. Il semble y avoir une présence ici, bien que je ne perçoive aucun son. Une effluve subtile et déplacée me parvient, évoquant peut-être des plumes humides sous la pluie – l'indice d'une présence humaine, suppose-je.
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Lhûn
Lun 4 Mar - 19:26
Alors que ses yeux lui font défaut.
Face à l'inconnu.
Face à lui.
Face à moi.
Il ne me connait pas.
Il ne me voit pas.
Sa voix est douce.
Calme.
Assurée.
Malgré l'incertitude.
Une voix.
Que je ne possède pas.
Vide et éphémère.
Un son.
Frappe claire. De mes doigts sur ma paume.
Une réponse.
Une affirmation. Une confirmation.
Note feutrée.
Plus légère que ma volonté.
Soutenu par des boules duveteuses.
Amicales.
Silencieuses.
Egalement curieuses.
Un brin facétieuses.
Mes jambes me portent.
Mes jambes peuvent me porter.
Je me redresse.
Je m'échappe.
De leur appui.
En silence.
Pas amorti par le coton.
Face à lui.
Mais je me souviens.
Tous n'aiment pas être touchés.
Alors je me retiens.
A nouveau.
Une frappe ténue.
Rompant le silence.
Devant lui.
J'existe.
Dans l'instant.
Pour l'instant.
Il ne me voit pas.
Il m'entend.
Devant lui.
S'il le souhaite.
A portée de main.
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Pearl
Ven 19 Avr - 11:50
Un bruit sec répond à ma question. Oui, quelqu'un est ici, mais il semble qu'il ne désire pas, ou ne peut pas, parler. Immobile, je tente d'évaluer la situation sans précipitation. Si un danger immédiat menaçait, Nour aurait signalé sa présence avec plus d'insistance.
Encore un claquement, celui-ci nettement plus proche. Presque à portée de main, en fait. Un frisson d'anticipation me parcourt alors que je me tiens prêt à toute éventualité, mais toujours guidé par le calme apparent de Nour qui ne montre aucun signe d'agressivité. La curiosité pique ma conscience — qui pourrait bien se trouver là, devant moi, communiquant seulement par ces claquements succincts et mystérieux ?
"Peux-tu parler ?" Je lance doucement, percevant un léger frémissement de l'air devant moi – un autre signe de sa présence, un peu plus de chaleur dans l'air frais.
Nous devons être très proches maintenant. J'étends ma main, l'air hésitant mais invitant, comme pour suggérer une poignée de main plutôt qu'un geste brusque.
"Je ne te vois pas, mais si tu veux, on pourrait se saluer," je propose, la main toujours tendue dans le vide devant moi, espérant un contact, une connexion. "C'est comme ça que je 'vois' les gens ici," j'ajoute, un sourire dans la voix, tentant de mettre à l'aise l'inconnu silencieux devant moi.
Encore un claquement, celui-ci nettement plus proche. Presque à portée de main, en fait. Un frisson d'anticipation me parcourt alors que je me tiens prêt à toute éventualité, mais toujours guidé par le calme apparent de Nour qui ne montre aucun signe d'agressivité. La curiosité pique ma conscience — qui pourrait bien se trouver là, devant moi, communiquant seulement par ces claquements succincts et mystérieux ?
"Peux-tu parler ?" Je lance doucement, percevant un léger frémissement de l'air devant moi – un autre signe de sa présence, un peu plus de chaleur dans l'air frais.
Nous devons être très proches maintenant. J'étends ma main, l'air hésitant mais invitant, comme pour suggérer une poignée de main plutôt qu'un geste brusque.
"Je ne te vois pas, mais si tu veux, on pourrait se saluer," je propose, la main toujours tendue dans le vide devant moi, espérant un contact, une connexion. "C'est comme ça que je 'vois' les gens ici," j'ajoute, un sourire dans la voix, tentant de mettre à l'aise l'inconnu silencieux devant moi.
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Lhûn
Mer 8 Mai - 19:31
Face à sa question.
Souffle véniel.
En guise de réponse.
Est-ce une réponse ?
Puis-je y répondre ?
Deux doigts contre ma paume.
Deux petits sons.
Comme une négation.
Je ferme les yeux.
Pour ressentir.
Un instant.
Des odeurs. Des sons.
Comme lui.
Sans lumière.
Duvet dans mon dos.
Ouate dans mes jambes.
Frôlement contre ma peau.
Equilibre précaire.
Je respire.
Mouvement dans l’atmosphère.
Chaleur et émotion.
Léger froissement de tissu.
Et sa voix.
Mes yeux s’ouvrent sur sa main.
Suspendue dans l’air.
Dans le temps.
Ouverte.
Vers moi.
J’existe.
D’une autre façon.
Devant lui.
Pour lui.
A travers lui.
Faible sourire sur mes lèvres.
Le voit-il ?
Le ressent-il ?
Mes doigts contre les siens.
Délicatesse.
Discrétion.
Prévenance.
Avant de toucher sa paume.
Poignée de main.
Douce et tranquille.
Confirmation.
Pour lui.
Pour lui.
Pour moi.
J'existe.
Le voit-il ?
Le ressent-il ?
Lui aussi, sourit.
Amabilité. Sensibilité. Bienvenue.
Maintenant je le sais.
Maintenant il me voit.
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Pearl
Sam 17 Aoû - 19:50
Un frisson me traverse lorsque sa main effleure la mienne. Ce contact, bien que réel, me déstabilise. Il est... différent. Les sensations qui en émanent sont indescriptibles, comme si ma perception de la chaleur et du froid s’entremêlait dans une confusion étrange. Nous sommes là, ensemble, présents l'un face à l'autre, mais quelque chose le distingue.
Il reste silencieux, et moi, je demeure aveugle. Beaucoup penseraient que toute communication entre nous est vouée à l’échec, mais je sais, et il doit le savoir, la communication peut passer par bien des chemins. Notre échange sera peut-être plus complexe, plus difficile que celui d’une conversation banale entre deux personnes croisées au marché. Mais il existe, et il existera, je le sais, je le veux.
Je ne sais rien de lui, pourtant je ressens une envie irrépressible de le connaître, de comprendre ce qui l’a mené ici, dans cet endroit si isolé. Il m'intrigue, ce n'est pas seulement son mutisme qui le rend unique. Même dans cet univers déjà singulier qu’est l’Esquisse, il semble briller d’une autre lumière, celle de la différence, qui a toujours quelque chose de fascinant, presque miraculeux.
« Je m’appelle Cécilien. »
Ses doigts glissent lentement le long de ma main, laissant une douce chaleur se diffuser sur ma paume. Puis, il y a cette poignée de main—légère, presque délicate, mais suffisante pour établir un lien. Je sens qu’il m’écoute, qu’il est là, présent. Il connaît mon nom maintenant, mais le sien m’échappe encore. Peut-être ne le saurai-je jamais. Est-ce si important ?
« C’est magnifique ici. L’air est pur, le calme apaisant, les odeurs sont un enchantement, et la sensation du sol sous mes pieds est tout simplement incroyable. J’aime m’éloigner du tumulte de la Ville, explorer la nature et découvrir tout ce qu’elle a à offrir. »
S’il reste muet, alors je parlerai pour deux. Si mes mots ne lui conviennent pas, il partira, libre de me laisser seul avec mes pensées. Mais peut-être, juste peut-être, trouverons-nous un équilibre dans ce partage étrange.
« Voudrais-tu te joindre à moi dans cette balade, découvrir ensemble les secrets de ce lieu ? »
Il reste silencieux, et moi, je demeure aveugle. Beaucoup penseraient que toute communication entre nous est vouée à l’échec, mais je sais, et il doit le savoir, la communication peut passer par bien des chemins. Notre échange sera peut-être plus complexe, plus difficile que celui d’une conversation banale entre deux personnes croisées au marché. Mais il existe, et il existera, je le sais, je le veux.
Je ne sais rien de lui, pourtant je ressens une envie irrépressible de le connaître, de comprendre ce qui l’a mené ici, dans cet endroit si isolé. Il m'intrigue, ce n'est pas seulement son mutisme qui le rend unique. Même dans cet univers déjà singulier qu’est l’Esquisse, il semble briller d’une autre lumière, celle de la différence, qui a toujours quelque chose de fascinant, presque miraculeux.
« Je m’appelle Cécilien. »
Ses doigts glissent lentement le long de ma main, laissant une douce chaleur se diffuser sur ma paume. Puis, il y a cette poignée de main—légère, presque délicate, mais suffisante pour établir un lien. Je sens qu’il m’écoute, qu’il est là, présent. Il connaît mon nom maintenant, mais le sien m’échappe encore. Peut-être ne le saurai-je jamais. Est-ce si important ?
« C’est magnifique ici. L’air est pur, le calme apaisant, les odeurs sont un enchantement, et la sensation du sol sous mes pieds est tout simplement incroyable. J’aime m’éloigner du tumulte de la Ville, explorer la nature et découvrir tout ce qu’elle a à offrir. »
S’il reste muet, alors je parlerai pour deux. Si mes mots ne lui conviennent pas, il partira, libre de me laisser seul avec mes pensées. Mais peut-être, juste peut-être, trouverons-nous un équilibre dans ce partage étrange.
« Voudrais-tu te joindre à moi dans cette balade, découvrir ensemble les secrets de ce lieu ? »
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Lhûn
Lun 23 Sep - 23:50
Il me donne son nom.
La mienne est restée blanche.
Je relève les yeux.
Cécilien.
Un aveugle.
Doté d'une vision bien plus vaste.
Voit-il le futur ?
Me verra-t-il toujours ?
Ses doigts se resserrent autour des miens.
Légèreté.
Tranquillité.
Confiance.
Il accepte.
Ma présence.
Mon silence.
Velours contre mes jambes de coton.
Tête exploratrice.
Museau curieux.
Assurance.
Franchise.
A l'image de son maître.
Des mots.
Sur une sensation.
Sur une envie.
D'ouverture.
De sérénité.
D'espace.
De découverte.
Douceur.
Sous la plante de nos pieds.
Au creux de nos mains.
Dans sa voix.
Je souris.
Mains jointes.
Pensées unies.
Je hoche la tête.
Comme je l'ai appris.
Il ne le voit pas.
Certitude.
Son sourire en témoigne.
Il le devine.
Ni aube, ni crépuscule.
Il ne le sait pas.
Un pas, pourtant.
Vers l'avenir.
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