Stephen Young

Description

Mon arrivée ici fut bouleversante, angoissante, déstabilisante mais surtout revigorante. Pourquoi voudrais-je retourner dans le vide qu’était ma vie ?! Pour le calme lorsque les objets ne peuvent agir autrement que ce pour quoi ils sont faits ? Pour le ciel peut-être bleu mais loin d’être aussi inspirant ou rigolo ? Ici, fini cette vie qui me tuait à petit feu. Plus question de rester enfermé dans une chambre, dans un petit appartement, seul avec une ville aseptisée pour décors. C’est ma chance de revivre et je ne laisserais pas ces vieux os dire leurs mots ! C’est moi le maître de mon corps. Tout est bon pour une aventure par ici. Et quoi de mieux pour explorer qu’un groupe de gens ! Il y en a qui font des manières un peu, toutefois, je sais qu’ils sont bien contents que je sois là pour dynamiser le tout. Et je ne parle pas de grabataire, non merci !

Quant à ma famille, elle ne me manque pas plus qu’avant. Attention, j’aime mes enfants. Toutefois ici, ou à Sidney, c’est la même distance au final. Je ne suis pas doué pour les relations de loin. Eux non plus faut croire. C’est ma femme qui faisait le lien… Pas de regret, ils ont raison de faire leur vie ! Je ne vais pas me faire prier pour faire de même. Pas la peine de se poser dix-milles questions du pourquoi du comment, juste profiter. Pas besoin non plus de mesurer le temps, je n’ai pas ma montre, celle qui m’a accompagné pendant près de quarante ans. Je ne sais pas si je l’ai perdue dans le voyage ou si je ne l’avais pas avant de partir. Mais au final, ce n’est pas plus mal.

Mais ça ne dit pas comment je suis arrivé ici, ou du moins quelle fut la transition si on peut appeler ça comme ça. J’ai commencé par ouvrir les yeux sur des dessins, ou le ciel, c’est la même chose même si je ne le savais pas encore. Naturellement, je les ai refermé puis ré-ouvert plusieurs fois. Toutefois rien ne changeait, pas dans le fond, les images ne semblaient tenir en place. Absorbé par ces dessins qui oscillaient entre vieux westerns et héros de grandes épopées, je mis un moment à remarquer que j’étais allongé dans un endroit tout aussi déconcertant que la voûte céleste : un champ d’éolienne ! Ou un verger puisque ce sont des arbres ? Voilà que je pinaille sur des détails sans intérêt ! Qu’est-ce j’ai fait alors ? J’avoue que je ne m’en souviens plus très bien. Oui, bon d’accord, c’est surtout que je n’ai pas très envie de le dire. J’ai de nouveau fermé les yeux et essayé de faire abstraction de mon dos qui râlait d’être ainsi exposé au sol dur. Peut-être que si je m’endormais j’ouvrirais les yeux dans mon lit et non dans ce tapis d’herbe ? Du moins c’était mon hypothèse à ce moment là, ça me semblait très censé et le plus sûr à ce moment.

Heureusement, ce ne fut pas le cas ! J’étais trop déboussolé pour me rendre compte de ma chance ! Stupide moi. Après un temps indéfinissable, je n’ai plus ma montre ne l’oublions pas, je me suis avoué vaincu autant que j’en ai eu marre. Doucement, je me suis d’abord assis grinçant à peine. Le plus proche de ces arbres-éoliennes devait faire à peine un mètre cinquante, je pouvais clairement discerner ses fruits. Naturellement, j’ai essayé d’en attraper un, voir si ça se mangeait. Eh bien, oui ! Les éoliers se mangent donc, faut bien leur donner un nom. Et c’est pas mauvais. Enfin, ce n’était pas ça qui allait m’occuper bien longtemps ou déterminer ce que j’allais faire. Un intermède goûteux qui me permit de reprendre mes esprits mais rien de plus. Comme visiblement, yeux ouverts ou yeux fermés, j’étais toujours ici autant partir voir ce que ce « ici » comportait. Un petit ruisseau, des écureuils parlants, des îles flottantes ? Pas le dessert, hein !  

Plus j’avançais le long du chemin plus j’avais d’entrain. Je me surpris même à siffloter aléatoirement. Au bout d’un certain nombre de pas, inconnus aussi - mon esprit était bien trop occupé à émettre des hypothèses, ou à se poser des questions, ou à regarder absolument, pour être aussi terre à terre que ça - j’arrivais à la Ville. Ça pour le coup, je ne l’avais pas vu venir. Pourtant il y avait un champ d’éolienne alors c’est normal qu’il y ait des gens ? Bref, en bon touriste/étranger qui se respecte je regardais tout l’air un peu perdu. Mais je n’ai pas attendu qu’on vienne me parler ! J’attrapais un petit jeune pour le questionner : en commençant par demander s’il connaissait l’anglais. Bien sûr, il me rit au nez. Je ne lâchais pas pour autant ni ne m’énervais. En fait, j’avais plutôt le sourire aux lèvres et je compris la cause de son hilarité quand il me répondit que tout le monde comprenait tout le monde ici, que c’était comme ça. Après il fit la supposition bien avisé que j’étais nouveau ici et m’indiqua la direction de l’Hôtel. Mais je n’avais pas dit mon dernier mot ! Comme je n’avais aucune envie d’aller m’enfermer, je lui demandais ce qu’il y avait d’autre à voir dans le coin outre le champ. J’aurais pu lui poser bien d’autres questions je suppose, mais c’était la plus intéressante !  

Le champ d’éolienne, ça me parlait, j’en avais déjà vu un petit bout. Par contre je fus ravi d’apprendre l’existence du labyrinthe et de vastes étendues encore inexplorées ou du moins pas connues de tous. Bien que le premier endroit dont il me parla, à part l’hôtel, fut la bibliothèque. J’ignore pourquoi, comme si j’étais ici pour lire ! Ça ne m’intéressais pas du tout ! J’aurai pu le questionner plus mais garder du mystère, c’est pas plus mal.

Après avoir libéré le jeune, je suis allé à l’hôtel pour voir ce que ça donnait. Rien de bien intéressant, certes ils offraient le gîte et le couvert mais avec quels voisins de chambrés ! Des gens mous qui avaient l’air de vouloir se faire à l’endroit en restant à l’intérieur, quel non sens ! Aucune chance que je reste ici, ou que je m’associe à ces gens. C’est bon, j’avais donné ces quelques dernières années à ne rien faire, à passer des journées improductives : c’est bien trop ennuyeux. Dés la première journée je décidais donc de me balader, d’abord dans la ville, faisant connaissance avec des groupes de jeunes qui me proposèrent différents logements après avoir bien demandé, j’eus même l’occasion d’observer des Objets qu’ils avaient récupérés ou qui étaient simplement là. Le mieux fut le troisième jour où j’arrivais à trouver un petit groupe de trois personnes, un peu plus ancien que moi dans ce monde il me semble, pour camper du côté du champ d’éolienne.  

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