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[Avenue orientée vers la Base] Principe de symétrie des curieux.

Kaoren
Non, non, c'est bien plus beau lorsque c'est inutile !
Personnages : Kaoren, Penrose
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Kaoren
Dim 24 Jan - 23:21
À la base, Kaoren. Tu y trouveras des gens aspirant à aider les nouveaux arrivants à tenir le cap dans cette folie... que dis-je ? La péninsule ! N'importe quelle rive du continent de la raison satisferait tous ces pauvres hères déambulant dans la rue, mais qui peut prétendre traverser l'océan de démence les en séparant ? Personne... Peut-être y a-t-il quelqu'un à la tête de la Base, le capitaine du bateau voguant sur ces eaux folles, qui promet à son équipage de les mener à port sain, sans n'y croire goutte... Certains de ses compagnons y placent une confiance dure comme le fer, car rien d'autre ne leur paraît comme une issue. D'autres tentent d'entraîner une mutinerie, prétendant savoir mieux s'orienter.  Mais au final, on est tous là, et on ne voir que de l'eau dans tous les sens. On obéit aux lois des tempêtes, et on prie pour aller dans la bonne direction. Et quand on a perdu la foi, on prie pour qu'il existe une bonne direction...

Sang bleu, quelle belle métaphore venait de germer dans l'esprit de Kaoren ! En se pavanant dans les rues, ce n'était pas la découverte de nouveaux murs, qui retenait son attention... Plutôt celle d'un nouveau sol, d'un nouveau ciel, et d'un nouveau personnage. Il mettait les pieds dans une cité où rien ne faisait sens à tête reposée, mais dès qu'il s'y lançait à corps perdu, il pouvait simplement se dire: "Ceci est une ville." Les incohérences allaient et venaient, les Sceptiques de la Grèce Antique l'auraient plongé dans un lac de cigüe pour avoir osé proférer que ce qui l'entourait s'apparentât seulement à une bourgade, et pourtant, dès le premier regard, il pouvait simplement se dire: "Ceci est une ville." Une journée à partager avec ce monde, cette "Esquisse", comme l'appellent les gens d'ici, et l'absurde lui devint familier. Il en tirait même naturellement des métaphores.
Ce n'était pas la Lune, et il n'était pas Cyrano. C'était un nouveau monde, et il était un homme de lettres français. C'était le tome deux, et il en était le nouveau personnage. Ou peut-être un protagoniste secondaire. Pourquoi serait-ce lui, le héros qui sauvera ce peuple exilé des voix qui les hantent et des tourments qui les accablent ? Est-ce-qu'il le voulait, d'ailleurs ? Peu lui chalait, lui qui voulait simplement écrire cette histoire. En tant que mémoire du premier acteur, éloge d'un champion ou journal des évènements, les lettres qu'il en tirerait étaient assurément destinées à receler un fond splendide. La forme, il l'embellirait dans l'encre.

Cette promenade dans l'avenue réveillait les sens les plus poétiques de Kaoren. D'où lui était venue la misanthropie de laquelle il fit preuve avec tous ses interlocuteurs, jusqu'ici ? Probablement le choc... Face à l'inconnu se réveille la peur, instinct animal et naturel. Pendant un instant, il était devenu comme tous ceux de la meute. Un égoïste, une bête cherchant sa nourriture, et rivalisant avec ses frères et sœurs pour chaque miette. Comment un univers de folie put-il le ramener aux prémices d'une raison bestiale, plutôt que de l'élever plus haut encore vers l'admiration de la beauté et la contemplation de l'inutile ?
Aucunement et sans raison, voilà tout. Un bête moment d'égarement, rien de plus.
Et il était temps de corriger cette erreur !

Apprends comme si tu devais vivre éternellement, et vis comme si tu devais mourir demain ! Saisis cette beauté qui t'entoure pour mieux l'admirer, et admire-la pour mourir comblé !

Kaoren marqua un arrêt dans son chemin. La Base attendra. L'instant était solennel. Il se découvrait une façon de lire un univers, il en apprenait les figures de style... Et il imaginait la couleur de l'encre qui les tracerait.
Dans cette apothéose de passions et d'ambitions, il alla se dresser sur un banc, puis contempla d'un regard neuf la splendeur des jardins de sa nouvelle Lune...

...

La vérité, c'est qu'il se tenait sur une structure aussi semblable à un banc que peut l'être une poubelle, qu'il observait des ruines à la forme moins intelligible encore que la bouteille de Klein, et qu'il avait l'air aussi mentalement atteint qu'un septuagénaire dansant une valse en solitaire dans une salle d'exposition pour quiconque passerait par l'avenue.
Et, tout naturellement, cette avenue comptant justement parmi celles qui conduisaient à la Base, il n'était pas rare qu'on l'emprunte...


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Dernière édition par Kaoren le Lun 25 Jan - 15:27, édité 1 fois


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Lun 25 Jan - 8:25
Elle se laissait porter par un fleuve incongru. Passée par des canaux, déviée par les rivières, celle qui disait se nommer Trenca en était arrivée à arpenter l'une des grandes artères de la Ville. Mais il n'y avait de fait ni fleuve, ni artère - et peut-être bien qu'il n'y avait pas de Ville non plus. Elle n'avait pourtant pas idée d'une cité qu'elle aurait pu connaître mieux que celle-ci, n'est-ce pas ? Alors peu importait au final que tout ne soit que ruine et que les bâtiments s'écroulent, elle les admirait un par un au même titre que s'ils s'étaient fièrement tenus. Ils étaient de tendres roseaux sur la berge, ou bien des cailloux affalés sur le côté. Dans tous les cas, passé le premier étonnement, il était certain que l'on passait par ici sans jamais les voir, comme en témoignaient les quelques silhouettes qu'elle avait pu croiser.

Elle-même n'était pas motivée pour se lancer dans une nouvelle exploration - et surtout pas seule. Peut-être commençait-elle à douter des merveilles de l'Esquisse ? À remettre en cause le seul but dans la vie qu'elle avait trouvé, c'est-à-dire gonfler sa mémoire de paysages et de rencontres ? Ah, non, elle finirait certainement par y revenir, puisque c'était bien la seule réalité qui l'attendait. Mais elle n'était pas d'humeur et bifurquait, marchant là où l'absence de sécurité était la moins flagrante, vadrouillant des iris jusqu'à s'arrêter puis repartir.

Puis, alors qu'elle pensait bien être la seule à faire preuve d'autant d'insouciance à l'heure où la mort de tous est annoncée, elle aperçut une chevelure rouge accompagnée d'un visage inconnu et pour le moins singulier. À vrai dire, parlant de singularités, Trenca avait déjà croisé bien pire - n'avait-elle pas côtoyé un long moment une jeune femme à la main remplacée par une aile de chauve-souris, ou bien encre une adolescente de la taille d'une pomme ? Avoir les cheveux rouges et être figé dans un endroit où il n'y aurait rien d'autre à faire que passer, ce n'était pas suffisant pour être original dans un tel monde - et en fait, c'était plutôt la pose qui plaisait à Trenca.

Ou plutôt, qui lui fit hoqueter quelque rire succinct, alors qu'elle se trouvait à quelques mètres du bonhomme, adolescent dont elle n'aurait su déterminer s'il était perdu, décidé, fou ou comique. Rien ne l'empêchait après tout d'être les quatre à la fois. C'était en tout cas trop curieux pour qu'elle passe à côté, et alors qu'elle s'était demandé si elle devait continuer ou courir après Titus son avidité lui revenait au visage.

« Serait-ce un spectacle ? » demanda-t-elle, avec un certain second degré, avant de s'asseoir là même où se dressait l'inconnu, simplement pour confirmer qu'il n'y avait rien parmi les roseaux qui attirât son attention.


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Kaoren
Lun 25 Jan - 15:27
Serait-ce un spectacle ? Qui sait ? Une grande pièce de théâtre dont chacun est un acteur... C'est ce que Shakespeare disait de sa Terre, mais s'il avait pu voir la façon dont le destin joue avec ses marionnettes sous ce rideau rose, peut-être aurait-il ré-évalué sa vision...

Même cette jeune fille qui venait de s'installer lui semblait mieux appréhender la question qu'il n'y était parvenu jusqu'ici. Un spectacle... Une prestation de raison sans logique, et tous ici n'en seraient que spectateurs... Si l'Esquisse avait été la création d'un être pensant, voulant briser les chaînes du rationalisme de quelques prisonniers d'un monde préhensible pour leur prouver que tout peut se tenir sans être lié, que les causalités ne sont pas universelles, enfin, que rien ne justifie d'avoir à prouver la beauté. De l'art contemporain. S'il était un géniteur, c'était un artiste. Un artiste contemporain. L'un de ceux qui brisent les codes pour s'affermir en tant que tels. Ils altèrent votre perception du beau pour y ranger leurs œuvres. On apprenait à Kaoren à se détacher de la cohérence pour mieux applaudir la création. Quelle nature lui donner, d'ailleurs ? Était-ce une fresque de décors perdus peints sur ciel rose ? Ou plutôt la structure, l'architecture d'une cathédrale d'illogisme, représentation plus fidèle du sacré et du divin que toutes les romanes et toutes les gothiques ? Était-ce encore une symphonie à la démence, bercée par les soupirs des perdus, harmonisée par les pleurs des désespérés, et rythmée par le vacarme des tempêtes ? Était-ce même un poème, puisque l'essence platonicienne de chaque objet de ce monde semblait aussi claire qu'un mot, mais qu'ensemble mêlés, ils formaient un tout aussi étrangement formulé qu'un vers, et portaient le fond d'un texte richissime sous une forme ravissante ?
Ou enfin, était-ce... ?

Un spectacle... un divertissement offert au public. Oui, probablement... Un spectacle, ou une exposition. Ou même un concert...

Kaoren adressa enfin un regard à la jeune fille qui venait de lui proposer sa vision des choses. Elle semblait prête à l'écouter disserter pendant des heures sur ce sujet... La fameuse élève de l'amphi' qui vous pose une question en quatre mots, mais d'une pertinence telle qu'il vous faut le reste de la séance pour y répondre proprement. Le moment que les étudiants adorent, quand le cours s'écarte du programme pour débattre sur tous les points de vue jaillissant des quatre coins de la salle. Et dans ces moments-là, Kaoren jouait le jeu, bien sûr. Tant d'élèves dorment en cours quand il faut se forcer à chercher des qualités aux morceaux de John Cage qu'un instant d'attention se doit d'être saisi et transformé en une expérience enrichissante, pour l'audience comme pour le maître. Et la voilà, cette occasion. La petite pleine d'imagination qui ne vient pas demander le pourquoi ou le comment, mais proposer de rêver en sa compagnie...

Je ne sais pas auquel des sept arts rattacher ce qui nous entoure, mais j'affirme que c'est un chef-d’œuvre.

« L'art est ce qui rend la vie plus intéressante que l'art... »

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Mer 27 Jan - 18:00
En réponse à cette question qui aurait pourtant dû être si bénigne, le jeune homme avait pourtant semblé hésiter légèrement avant d'acquiescer. Jusqu'où s'étendait exactement la scène du spectacle auquel elle était en train d'assister dans ces décombres ? Un mètre ou deux, une rue, une Ville, l'horizon ? Elle pourrait le trouver légèrement étrange mais qui était-elle - et où se trouvait-elle - pour pouvoir réellement penser une chose pareille ? Ils n'étaient pas moins ordinaires que la situation actuelle, ils n'étaient pas plus fous que ce bâtiment dont les fenêtres formaient des motifs géométriques complexes aux rebords faits d'ambre - et même pas plus décalés de la réalité que la réalité en question se détachait de la logique ! Trenca y songeait et quelques images alors lui revenaient. Elle avait vu des tableaux aux fresques détaillées disposés dans une immense galerie au sol fait de damier, pris en photo une pyramide de verre adjacente à une vieille construction. Elle était allée au cinéma et se remémorait - seulement de manière assez vague et diffuse - un air qu'elle avait apprécié. Comment ranger en effet un monde tel que celui-ci dans une catégorie ?

« Mais de quoi exactement est-ce un chef d'oeuvre ? »

Elle ignorait naturellement si elle avait quelque connaissance que ce soit en art, ou même si elle s'y intéressait. Après tout, on ne pouvait pas demander à un tas d'informations aussi vague qu'une mémoire recomposée de tirer des définitions et des phrases exactes. Ou bien, pour raisonner autrement, dire exactement si elle aimait l'art ou pas était-il seulement possible ou désirable ? Mieux valait encore s'affranchir des lignes toutes tracées, c'était une belle façon de survivre ! Pour autant, et si elle avait posé la question à cette personne qui visiblement était prête à continuer ses explications, il n'était pas question de savoir si elle avait du goût, si elle n'en avait pas, s'ils étaient d'accord sur la notion de chef d'oeuvre ou s'ils ne l'étaient pas ; c'est pourquoi elle formula autrement son propos.


« Je veux dire.. Est-ce que vous appréciez le paysage, l'incohérence, ou est-ce plutôt le décalage évident qui existe entre nous et ces deux choses ? »

C'était peut-être encore une dernière possibilité. Celle qui crevait parfois les yeux à Trenca, lorsqu'elle croisait les yeux de certaines personnes. Ceux qui venaient d'arriver.

« Est-ce parce que vous vous souvenez, et que pour vous cet endroit n'est pas le vrai monde, que vous en faites un chef d'oeuvre alors que vous pouvez.. y mourir ? »

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Kaoren
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Kaoren
Ven 29 Jan - 23:57
« Est-ce que vous appréciez le paysage, l'incohérence, ou est-ce plutôt le décalage évident qui existe entre nous et ces deux choses ? »

C'était bien ainsi qu'était découpée la toile. Au premier plan, les habitants, mis en évidence, personnages formant le sens du récit et tâchant de le faire avancer. Au second, l'incohérence, leur antagoniste, plus ancré dans le décor, et figurant à travers tout ce qui se présente comme dangereux pour les aventuriers : les Objets, les Tempêtes, et pourquoi pas, les fameux "Cyantifiques". Enfin vient l'arrière-plan, la Plaine, la Ville, la Base, et enfin le Ciel. La scène, celle sur laquelle s'incruste le second plan, et celle à laquelle le premier plan veut échapper.

Quelles étaient donc les réussites de l’œuvre ?
Le paysage ? Le fond musical du morceau, le cadre spatio-temporel du récit, l'arrière-plan du tableau, les jardins entourant l'édifice... C'est ce que verra le spectateur sans y laisser traîner son attention. On attend de cette partie d'être évocatrice sans être porteuse de sens. Le Ciel d'Esquisse est rose et pourvu d'images en désordre, la Ville est utilisée en ruines et ses murs sont un patchwork de structures aléatoires, la Plaine est un support pour des assemblages d'ustensiles artificiels formant un décor naturel... Nul ne peut y trouver un sens, même enfoui très profond, et à tous yeux apparaît ostensiblement l'incohérence. Le paysage est parfait.
L'incohérence, justement, la concentration d'absurdité... Ce sont les percussions et les cordes frappées qui rythment la mélodie, les personnages secondaires portant les péripéties, les motifs répétés ornant les bases du monument... C'est exactement à cela que doivent ressembler les épreuves de ce monde: Des évènements similaires se produisant encore et encore, norme à travers laquelle se démarqueront les porteurs du premier plan: Les solos instrumentaux, les personnages principaux, les grandes façades... Tous ces éléments se confrontant au même second plan, et s'en démarquant chacun à leur manière. Les Objets, les Tempêtes, et l'atmosphère démente sont nos adversaires communs, à tous. Nul n'est privilégié, nul n'est pénalisé. L'incohérence est parfaite.
Quant à nous... Nous sommes les acteurs, et il ne tient qu'à nous de parfaire notre part.

« Est-ce parce que vous vous souvenez, et que pour vous cet endroit n'est pas le vrai monde, que vous en faites un chef d’œuvre alors que vous pouvez.. y mourir ? »

Bien sûr, il fallait la comparaison avec sa Terre natale pour souligner les perfections de ce nouveau sol. Si Kaoren était né dans l'Esquisse et avait découvert un nouveau monde régi par la rationalité à trente-et-un ans, sa réaction aurait probablement été la même. Un décor évoquant l'ordre sans que ses détails ne signifient quoi que ce soit, une nouvelle palette de dangers et d'évènements à braver, quoique la raison puisse aider à affronter ceux-ci... Et enfin, les personnages. Des personnages aux traits logiquement répartis selon des critères génétiques très précis et un aléatoire beaucoup plus prévisible. Une toile académiste qu'il étudierait après trente-et-un ans de vie dans un monde aux couleurs du fauvisme.

« Bien sûr. Tout cela à la fois. Ce monde est une œuvre d'art, tout comme l'était le nôtre avant que nous le quittions. Et s'il fallait retirer à ce dernier tout ce qui n'est pas indispensable à sa qualité d’œuvre, je pense que le résultat ressemblerait exactement à ce qui t'entoure. Pourquoi faudrait-il que toutes les maisons aient la même forme, puisque ce tas de décombres à l'architecture irrationnelle nous apparaît évidemment comme une ville ? Pourquoi le ciel devrait-il être uni quand le chaos est aussi figuratif que le néant ?

Le décalage et l'incohérence n'embellissent pas plus l’œuvre qu'une pâle et logique copie de notre Terre, et ce n'est pas ce que j'admire. C'est seulement ce qui m'amène à réfléchir sur ce tout dans lequel nous marchons, et réveillent mes sens d'analyste là où le berceau dans lequel j'ai vécu ne me suscite plus une seule question. Admirer l'incohérence ici, c'est admirer les mathématiques chez nous. Certains ont pris le temps d'y réfléchir et d'explorer ce domaine avec grande passion, mais nombreux sont ceux qui voient tout cela comme une évidence, et n'en admirent pas la perfection.
»

Cette dernière phrase portait une dimension orgueilleuse, d'autant que Kaoren n'était pas sûr de la catégorie à laquelle il pouvait se rattacher... Mais parce qu'il n'y avait pas dédié sa vocation, lui fallait-il se priver de faire l'éloge d'un domaine ? Cyrano de Bergerac fut-il jamais philosophe reconnu, lui qui vantait les visions qu'offraient les pensées de Socrate ?
Mais trêve de tergiversions, Kaoren n'avait pas tout à fait répondu à une partie de la question que lui avait adressée son auditrice, et cette dernière semblait s'apprêter à revenir sur ce dernier point...

La mort.

« Mais bien sûr, je redoute la mort... et je ne te demanderai évidemment jamais de t'extasier devant cette perspective. Nous la craignons, et c'est bien normal, c'est humain. Mais nos passions sont ce qui nous anime. Je me souviens avoir lu dans un essai philosophique dont le nom de l'auteur m'échappe totalement une théorie selon laquelle le plaisir de l'Homme est uniquement issu de la suscitation de nos passions, et que chaque sentiment était issu d'une combinaison de plusieurs des cinq passions primaires: la Colère, la Peur, la Douleur, la Tristesse et l'Amour. Je ne suis pas d'accord avec la présence de la Douleur dans cette théorie, mais en dehors de ça, j'aime beaucoup me servir de cette idée pour concrétiser ce qu'on peut attendre de l'art. Le point commun entre une toile aux couleurs chaudes et vives sur mise en scène désordonnée et un morceau de musique joué fortissimo et soutenu lourdement par les basses, c'est que chacune de ces œuvres font jaillir la violence, et pincent notre sentiment de colère. En fait, il est tout à fait légitime aussi que l'insolente incohérence constante de ce monde suscite l'énervement chez la plupart des habitants de l'Esquisse, s'il s'agit bel et bien d'une œuvre d'art. Et si tu es d'accord avec tout cela, tu comprendras facilement qu'il est tout aussi légitime que ce monde nous présente le danger d'y mourir pour exhorter nos peurs. »

Brrr... La dernière phrase ressemblait à celle d'un curé qui vous dirait: « Si le mal n'existait pas, le bien n'existerait pas non plus. N'oubliez pas que les voies du seigneur sont impénétrables. »

« Mais je reconnais qu'une fois morts, on ne sentira plus rien... et je n'aime pas bien l'idée... »

Voilà, avec un peu de chance, ça rattraperait.

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Dernière édition par Kaoren le Lun 15 Fév - 18:52, édité 1 fois


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Lun 8 Fév - 20:59
Il semblait à Trenca que dès qu'elle posait le doigt sur une idée, un concept, ou même un simple état d'âme, son interlocuteur était prêt à se lancer dans de longs et passionnants soliloques. Elle attrapait quelques fleurs, et voici que le jeune homme aux cheveux rouges en faisait une immense et verdoyante forêt dont les recoins pouvaient être vastes, intrigants, enchanteurs, ou plein de mots encore. Ou peut-être l'emmenait-il sur une barque, longeant un fleuve dont elle n'avait d'abord vu qu'un maigre ruisseau, agitant la rame de chaque côté pour avancer plus vite. Tandis qu'il lui laissait tout le loisir de regarder autour, depuis le fond de leur maigre bateau - ou tandis qu'il la guidait sur le sentier de cette forêt qu'il semblait déjà connaître et qu'elle le suivait -, elle se prenait à tendre la main pour saisir les oiseaux qui venaient s'y poser.

« Je vois, je crois… »

Oh, ce n'était qu'une façon imagée de dire que Trenca laissait venir à elle tout un tas d'idées, saisissant chacune des paroles qui lui glissaient sur la main - les empoignant même ! Il n'était pas certain qu'elle aimât l'art, ou même qu'elle s'y intéressât, mais quelque chose grandissait décidément tout au fond d'elle. Elle savait que cette personne qui dévorait souvenirs et pensées, c'était un bout d'elle, un bout qui ne savait ni son nom ni quoi que ce soit lui appartenant mais qui avait soif de tout ce qu'une pensée pouvait avaler.

« Il vaut mieux être en tout cas rempli de quelque chose que totalement vide, n'est-ce pas ? Si personne ne détestait ni n'aimait cette endroit.. » lui répondit-elle, lorsqu'il évoqua cette idée que l'Esquisse avait quelque chose à susciter.

Mais on pouvait boire du poison ou se noyer dans une oasis. Elle avait hoché mollement la tête à sa dernière affirmation. S'ils allaient au bout du fleuve, il n'y aurait rien d'autre que ces énormes vagues promptes à les écraser. Et dans ce cas-là, il n'y avait plus possibilité de nager. Il ne fallait pas trop admirer la force de l'eau, quand bien même ses manifestations étaient sublimes. Une réflexion lui vint alors - ce genre de réflexion d'une simplicité affligeante.

« C'est ici que se situe la raison ; là où il n'y en a pas, justement. osa-t-elle si soudainement suggérer, sans réellement émettre de certitude. Vous sembliez un peu étrange, mais vous n'avez pas l'air fou. »

Elle détourna les yeux. Ce n'était peut-être pas. La meilleure façon de dire ce qu'elle pensait, mais il y avait là ce fond de vérité. Cette vérité où elle s'était arrêtée pour voir un spectacle, un "quelque chose" de simplement curieux, mais ils accomplissaient un chemin... qui n'avait presque pas à rougir face à celui qui l'avait menée, elle-même, au phare un jour auparavant.

« Enfin, vous êtes encore loin derrière certains. »

Cette vérité ou elle savait maintenant, et de façon totalement ironique, qu'un monde peut être un chef d'oeuvre sans que cela ne l'empêche d'être en même temps un mortel enfer. Et qu'elle n'était pas la seule à le penser, au milieu de tous ces gens rompus et écorchés. On peut être fasciné par la hache de notre bourreau, même lorsque celle-ci s'apprête à descendre… et que l'on fera tout pour l'arrêter.


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Kaoren
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Kaoren
Lun 15 Fév - 18:28
« Vous sembliez un peu étrange, mais vous n'avez pas l'air fou. »

...

« Enfin, vous êtes encore loin derrière certains. »

...

Être comparé à un fou... Même pour l'en éloigner, frappait Kaoren d'un trait impitoyable ; et comme pour tenter de le dissimuler, il recouvrit ses yeux d'une main close. C'est quoi, un « fou » ? C'est le mot qui le dérangeait.

Qui est le fou de qui ? Kaoren connaissait les siens, et n'y comptait pas, ni son comportement ne l'y rattachait. Le fou établit sa sagesse sur des incohérences, intrinsèques ou par rapport à ses observations. Et dans ce monde, comment comparer la logique de nos songes à celle du monde qui nous entoure ? Le critère de folie était-il devenu l'abandon des axiomes considérés « raisonnables » dans le vieux monde ? L'approbation du changement ? La force de renier ses convictions devant l'évidence ? Et où se situait donc la raison ? N'était-il pas logique de se pousser à comprendre cette Esquisse ? N'était-ce pas la base la plus élémentaire de la science ? Se fondre à la folie semblait raison, se fondre à la folie semblait démence.
Qui est le fou de l'Esquisse ? Kaoren ne comptait pas connaître les siens, car ce comportement l'y rattacherait. Si dans ce monde, le sage suit son fou, qui est le plus fou des deux ?

Au nom de quoi Kaoren n'était-il pas fou ? Et au nom de quoi avait-il eu l'air étrange ?

Bien sûr, ce n'étaient que deux phrases en l'air proférées par une passante qui s'était assurément formé une autre vision de la chose, donc comment la blâmer ? Elle s'était certainement basée sur la vision de la folie qu'on lui avait enseignée quand elle était gamine, et elle l'appliquait sans se demander s'il fallait se le permettre ici, dans l'Esquisse... Bien sûr, à force que chaque homme sur Terre détermine la raison en appréhendant son concept, au fil des générations, leurs descendants se mirent à considérer l'esprit rationnel comme celui qui se comportait comme les autres. Évidemment, puisque les autres avaient appris à concevoir cette fameuse raison. Donc un homme qui se tenait debout sur un banc à contempler les ruines, et qui appuyait son exaltation sur un discours inhabituel dans une société où chacun voyait la folie comme un détachement par rapport à une norme... Fatalement, il finirait traité de fou. Mais ici, la raison était différente. Elle était nouvelle. C'était le retour à la première génération, celle qui devait poser une définition de la sagesse, de sorte à ce que les suivantes puissent la prendre comme modèle. Mais cette première génération ne pouvait prendre pour modèle la première génération d'un autre monde, et c'était manifestement ce que faisait son interlocutrice. Et c'était même assurément ce que feraient la quasi-totalité des habitants de ce monde, puisqu'ils n'avaient jamais appris à faire autrement. Et lorsque leur étrange personnage se met à justifier avec des idées claires et distinctes, ça les rassure. Parce qu'ils comprennent alors qu'ils n'avaient aucune raison de s'attacher à leurs préjugés.
Alors comment la blâmer ? Elle ne l'avait pas insulté, Kaoren s'était lancé seul dans ses propos pour y trouver son injure... Et maintenant, il se sentait offensé. Et il ne devait pas le lui faire remarquer, non pas de peur qu'elle se sente coupable, mais surtout parce qu'elle ne l'était aucunement...

« Loin derrière les autres... Je suppose, si tu considères que... »

Elle le regardait toujours de ses petits yeux attentifs, et prêts à encaisser une dissertation supplémentaire. Mais cette fois-ci, développer le sujet avec elle impliquait de développer les raisons pour lesquelles il avait mal pris ses dernières phrases, risquer qu'elle ne les saisisse, et justifier par conséquent l'offense.
Il était temps de changer de sujet.

« Bah, je vais encore m'égarer dans ma philosophie, et je me connais assez bien pour savoir que ça pourrait durer jusqu'à la nuit... Et il faut encore que j'aille voir cette fameuse "Base". »

Et, tant qu'à faire :

« Tu la connais un peu, d'ailleurs ? »

« Pas vraiment, je voulais justement y faire un tour. »

« Eh bien, je propose de t'accompagner, ça nous fera à chacun la conversation. »

De toute façon, Kaoren, descend de ce banc. T'as l'air d'un fou, là.

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Sam 27 Fév - 15:15
Allons bon. L'autre en cheveux au moins faisait la conversation. Ce petit est d'un silencieux… Enfin. Je ne devrais même pas me plaindre, s'il l'avait trop ouvert, je pense que chien ou pas, je l'aurais claqué contre un mur. Comme l'autre souris jaune débile.
On avance. Doucement. Je flippe dès qu'il y a un bruit suspect, mais tout va bien. Cette avenue est plutôt large, il sera simple de courir pour sa vie. En larguant l'autre, oui. Rien à faire, chacun pour sa vie.

Devant nous, des gens. Alléluia. Je vais peut-être pouvoir refiler ce gos-- Attendez. C'est pas l'autre abruti ?! Il devait pas aller directement à la base ce demeuré ? Attends bouge pas, j'accélère le pas.

« Eh bien. Ça va fort vers la base à ce que je vois. »

Il était sur un banc en plus. Sur un banc. Debout. Quel abruti. Il s'est bien fait voir devant la minette là comme un idiot. C'est pas tellement que ça me concerne mais. Je déteste quand ça se passe pas comme prévu. J'voulais pas revoir sa tronche AVANT d'arriver à la base.

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Sam 27 Fév - 18:24
Inu trottinait un peu derrière Sacha, luttant entre sa demande de ne pas trop le coller et sa terreur le poussant à se réfugier dans les jupons du jeune homme. Il doutait que ledit jeune homme apprécierait qu'il attrape le bout de sa veste, aussi il se retint. Et se retrouva seul avec ses pensées. Il ne comprenait pas ce qu'il faisait là, ni comment il y était arrivé, encore moins où était ce "là" et sûrement pas comment rentrer. Et surtout, surtout... Qu'était ce "Kapi", hantant sa chevelure?... Il secoua la tête. Histoire de se changer les idées, il observa le paysage. Son opinion oscilla entre rêve éveillé et cauchemar morbide. Finalement, les pensées, c'était bien...

   Soudain, il heurta Sacha, qui s'était brusquement arrêté. Heureusement, trop concentré par ce qu'il voyait devant lui, il ne sembla pas s'en formaliser. Aussi Inu pointa légèrement le bout de son nez, tout en restant caché autant que possible. Il vit un homme dans la force de l'âge aux cheveux rouge, ce qu'il trouva étrange. Puis il relativisa, évidemment. Et une femme, sans doute plus jeune. Apparemment, Sacha connaissait l'un d'entre eux... La cachette providentielle d'Inu accéléra soudainement, et le petit garçon dut faire de même s'il ne voulait pas soudainement se retrouver debout à la vue de tout le monde. Il parvint à rester dans le sillage de Sacha, et pour son plus grand soulagement, Kapi ne souhaitait pas faire son apparition. Du moins, pas pour le moment...



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Dim 28 Fév - 12:40
Ce post ne sert à rien, je préviens. Mais au moins j'aurai posté.

Cette fois, Trenca était surprise. Alors qu'ils s'étaient volontiers engouffrés dans un nouveau fleuve à chaque fois que l'occasion s'était présentée, voilà que le guide lui-même interrompait le trajet. Ne rêverait-elle pas de lui crier subitement « Continuez, je vous en prie ! » ? Ne voulait-elle pas la voir, cette philosophie qui pouvait durer jusqu'à la nuit ? D'autant que même s'ils marchaient vers la Base, rien ne les empêchaient de poursuivre leur discussion en marchant.

Alors pourquoi le spectacle s'arrêtait-il ?
Tout en acquiesçant la proposition, c'était à elle de rester songeuse. De chercher les pièces qui manquaient encore au puzzle. De repenser, encore une fois, ce qu'il avait dit. Mais alors qu'elle réfléchissait elle se perdait, de nouveau ce tourbillons d'images qu'elle connaissait bien l'envahissait et ne lui apportait aucune réponse claire. Tout comme l'art pouvait conduire à plusieurs interprétations…

Non, au lieu de se contenter d'hypothèses, il lui fallait une réponse précise. Pourquoi le bateau s'arrêtait-il en si bon chemin ? Elle eut simplement le temps d'écarter les lèvres pour poser cette question si ingénue.

Avant qu'une autre voix masculine ne perce le silence. Le temps de leur arrêt, quelqu'un s'était approché d'eux, un jeune homme aux cheveux noirs et aux yeux rouges. Les motifs sur sa tenue lui rappelaient… quelque chose… Peut-être un vague air familier, mais impossible à identifier tant il y avait d'images qui pouvaient lui donner cette idée-là ? En tout cas, il n'était pas venu par curiosité. Il fixait l'homme debout sur son banc et s'adressait certainement à lui.

Plutôt observatrice, Trenca s'était purement et simplement tue, reportant plutôt son regard sur.. L'autre individu qui accompagnait le nouvel arrivant. Ou plutôt, se cachait derrière son dos. Plus jeune, des cheveux très longs, fuyant. Son petit frère ? Elle n'avait jamais vu de frères dans ce monde, alors cette idée lui inspirait tout un tas de nouvelles idées. Si bien que son regard, certes assez bienveillant, n'avait pas dévié de sa trajectoire. Et que ses lèvres étaient restées définitivement closes.

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Kaoren
Non, non, c'est bien plus beau lorsque c'est inutile !
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Kaoren
Lun 29 Fév - 0:49
Décidément, cette avenue était plus peuplée que Kaoren n'aurait pu l'imaginer en venant jouer les statues sur le banc. Enfin, il n'avait jamais dit non à un peu plus de compagnie, quand bien même ce fut...
Oh, vertudieu...

« Eh bien. Ça va fort vers la base à ce que je vois. »

C'était... fatal, en fait. Manifestement, le râleur à casquette avait décelé une autre petite f... euh... un autre petit garçon dans la détresse, donc il était logique qu'il l'amène à cette fameuse Base. Et après le petit intermède "De rerum Esquisseum", ça lui laissait le temps de les rattraper pour revenir à "L'Esquisse pour les nuls"...
Naturellement, à chaque fatalité vient son dilemme. En l'occurrence: Réconciliation ? Pas réconciliation ? Semblant de réconciliation ? Ou au moins abroger les menaces à l'encontre des parties génitales d'autrui ?
Et naturellement, à chaque dilemme vient sa fatalité. Parce que les issues n'avaient pas tellement évolué, depuis la dernière fois. La présence d'une dame favorise une défense par les armes de l'honneur, et celle d'un enfant manifestement impressionnable, par celles de la raison. Alors quoi ? Retenter un zeugme salvateur ?

Comment départager ? Réflexe de héros tragique, Kaoren tourna le regard vers le chœur: celui-là qui ne fait pas avancer l'histoire, mais qui aide le héros à exprimer ce qu'il garde enfoui en lui. Aujourd'hui, c'était la dame qui l'incarnait. Qui mieux qu'elle avait jusqu'ici exhorté son sens d'historien de l'art alors qu'il se terrait devant l'effrayante théogonie qu'il devait étudier ? Le destin semblait l'avoir faite Céphise... Mais en ce monde, l'on trouvait plus d'Oreste que d'Andromaque, et peut-être Kaoren était-il de ceux qui s'escortent d'un Pylade... Cependant...
Le chœur lui avait adressé un regard admiratif à chaque métaphore... Le chœur l'avait lentement tiré de ses impétueuses pulsions... Et maintenant, le chœur fixait l'enfant. Pas de doute, c'était Céphise, prise de pitié pour Astyanax. Et encore une fois, elle le rappelait à la raison. Était-ce sagesse, que de négliger l'enfant pour un semblant d'honneur ? Certainement pas... Andromaque avait pris l'autre décision...
Et elle a fini reine du patelin, s'il vous plaît !

Les faits sont là. Il était venu l'heure des excuses. Du messager à Achille, d'avoir voulu le suivre et porter ses armes. De Phèdre à Hippolyte, de n'avoir voulu admettre qu'ils pouvaient se voir autrement qu'en ennemis. De Cyrano à Roxane, de l'avoir pensée assez sotte pour n'accorder son jugement qu'à l'apparence.
Brrr... Constat amer, ces trois personnages meurent à la fin de leur scène... Mauvais signe...

Inspirant un grand coup, Kaoren prit enfin la parole laissée vacante:

« Désolé... J'ai eu un coup de sang devant... tout ce monde. »

Il releva les yeux vers la majesté du Ciel d'Esquisse, celle des étendues inaltérées de...
Non, temps mort, sur les envolées lyriques. Termine tes excuses d'abord. Et descends de ce banc !
Kaoren s'exécuta... ou plutôt, il exécuta l'ordre de... lui ? Manifestement... Enfin, il descendit du banc et conclut:

« Et désolé pour tout à l'heure... c'est pas facile de perdre la face devant un inconnu. »

Évidemment, cette phrase se référait à son propre état d'esprit de tout à l'heure, quand seule sa fierté le guidait.
Enfin, non... pas "évidemment".

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Lun 29 Fév - 16:10
Un silence. Personne ne semble réagir tout de suite. Sérieusement. Action là ! Oh !
Ah ! L'autre prend une grande inspiration, sans doute va-t-il repartir dans des paroles étranges qui valideront ma théorie selon laquelle il est fou. Et débi---

« Désolé... J'ai eu un coup de sang devant... tout ce monde. »


Pardon ?
Attends. Quoi ?

« Et désolé pour tout à l'heure... c'est pas facile de perdre la face devant un inconnu. »

Il a été échangé entre temps ou… C'est le même gamin roux de tout à l'heure ? La fille l'a fait changé d'avis ? C'est une ensorceleuse ? Non, je suis ridicule. Mais se méfier quand même. On sait jamais.

« Excuses acceptées. »

Ne pas faire de remouds maintenant. Pas tout de suite. C'est chiant de toujours hurler.

« Tu n'es pas si gamin, finalement. »

C'est un compliment. S'il hurle, j'me casse. Oh d'ailleurs, je vais pas attendre qu'il hurle. Je pointe le larmoyant derrière moi et fais comprendre mon intention.

« J'amène le gosse à la base. Si vous voulez suivre le mouvement, faites le. »

Et je n'attends aucune réponse avant de recommencer ma marche.
Trop de monde. Sérieux. Je rentre, je trouve un coin tranquille et je m'y pose. Point.

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Mar 1 Mar - 22:21
Inu ne comprenait pas grand chose à la situation. Pour l'instant, la seule chose importante était que personne ne faisait vraiment attention à lui, ce qui lui convenait. Enfin, jusqu'au moment où Sacha le pointa du doigt, amenant par réflexe tous les regards sur lui et le pétrifiant sur place. Célébrité de courte durée cela dit, puisque le jeune homme partit immédiatement d'un bon pied en direction de sa destination. Ce qu'Inu ne vit pas, trop occupé à se cacher les yeux. Et c'est ainsi que Kapi, son sens parfait du timing et sa grave voix décharnée intervinrent.

-Hé, vise moi la couleur des cheveux de ce type!! C'est d'un RIDICULE!

    Inu sursauta et commença à paniquer. Il venait de remarquer qu'il n'avait plus nul part où se cacher. Bien évidemment, il n'y avait derrière cette intervention qu'une pure volonté d'embêter le petit Inu au possible. Ainsi, Kapi garda sa forme de cheveux normal et n'apparut pas, laissant le quiproquo s'installer.



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Kaoren
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Kaoren
Jeu 10 Mar - 22:40
« Hé, vise moi la couleur des cheveux de ce type!! C'est d'un RIDICULE! »

Comment !?
L'insulte au physique... Le nez. Il avait jeté un gant à son nez. Il avait tourné au ridicule sa chevelure.
Une toison brillante d'un ton de rubis.
Que dis-je, de rubis ? C'était un incendie !
C'était l'offense à éviter...
« Tourne les yeux !
Tourne ou dis-moi pourquoi tu railles mes cheveux !
»
Fol.
« Qu'ont-ils d'étonnant ? »
L'enfant chut en panique.
« Sont-ils d'une couleur déjugeant la physique !? »
Pauvre fol.
« Ou brillants de lueurs insensées !? »
Pas.
« Y distingue-t-on des tons mal nuancés !? »
Un.
« Ou si quelque mèche indécemment s'y voit,
Qu'ont-ils d'original ?
»
Mot.
« Fais lever ta voix !
Dis-moi ce qu'elle cache ! En est-elle capable !?
Préfère les aveux au silence coupable !
»

Le pauvre garçon gardait mieux pour lui ses mots que sa terreur, et Kaoren commença à prendre conscience de ce qu'il faisait, et du point jusque auquel c'était absurde. Dans son dos, celle à qui il avait démontré qu'il était capable d'établir une raison plus cohérente que celle du plus fort et celui à qui il s'était excusé à l'instant de sa violente témérité devaient maintenant avoir révisé leur vision à son sujet. Et les yeux terrifiés que baissait la victime de sa rage manifestaient une telle innocence qu'il devenait invraisemblable de la gronder. Et pourtant, revoilà Kaoren à plagier les colères de son idole, et hurler pour trois mots sur son apparence.

Malgré ce constat amer, son esprit ne se calma qu'à moitié... Un mot désobligeant de plus, et il ne saurait plus tempérer de sitôt.

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Sam 12 Mar - 22:34
« Hé, vise moi la couleur des cheveux de ce type!! C'est d'un RIDICULE! »

… Putain Kapi. Non quoi. Non. Ce type va encore partir au quart de tour… Dire qu'on aurait pu être tranquille et aller vers la base…
Non, il faut que ce truc ouvre la gueule. Je me retourne pour constater rapidement les dégâts, c'est pile à ce moment qu'il se met à hurler sur le gosse qui n'a même rien fait. Je souffle lorsqu'il a enfin finis de crier, je sais qu'il en a encore à revendre, j'espère juste qu'il va pas continuer à l'ouvrir, le truc dans les cheveux.

« A--- Tch. »

J'allais l'ouvrir. J'allais défendre le gosse. Mais à quoi bon ? Ça sert à rien et ce n'est pas moi de faire quoi que ce soit. J'en ai rien à foutre. Surtout pour se faire avoir par la suite. C'est mort. Qu'ils se démerdent. J'me casse. J'me casse vraiment. Démerdez-vous.
Démerdez-vous.

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Dim 27 Mar - 15:28
Trenca ignorait bien pourquoi l'homme au spectacle et à la barque métaphorique s'était tourné vers elle avant de prendre la parole pour s'excuser auprès du nouvel arrivant. L'avait-elle seulement vu ? En tous les cas, l'échange qui s'en suivit lui parut être important sans pour autant qu'elle en change son rôle de spectatrice. C'était justement parce qu'il se passait quelque chose d'aussi curieux qu'elle examinait les deux interlocuteurs - et le troisième être silencieux, l'enfant - et reconstituait elle-même le puzzle.

Et tout ça aurait pu chaudement se finir par un mouvement en quatuor jusqu'à la Base, bras dessus dessous avec un coucher de soleil et de la belle musique… Pourtant. Quelques secondes plus tard, la jeune femme écarquillait les yeux face à la réplique du gamin et l'homme au banc se lançait dans de rapides tirades pour contrer celui qui avait osé critiquer ses cheveux.

À ce stade, il est facile d'imaginer ce qui sortit finalement des lèvres désormais ouvertes de Trenca.

Un rire.
Franc et soudain, juste à temps couvert par sa main blanche alors qu'elle trouvait la situation particulièrement amusante.

Pendant ce temps-là, le jeune à la casquette était parti en quêtes de meilleurs lendemains sans les prévenir. Bien décidée à rester avec ces trois personnes qu'elle jugeait, pour chacune, être intéressante à sa façon, elle notifia les deux autres :

« Je crois qu'on devrait se dépêcher… et pour ces cheveux, tu auras certainement l'occasion de croiser bien pire. »

Après avoir souri à l'enfant et osé un dernier ricanement, elle commença à se diriger vers le fuyard, bien décidée à le rejoindre. Et à lui demander son nom un jour.

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