[Non loin de la Base] Le sens du devoir.

C'était d'un pas nerveux que le médecin sortit de la Base. Le pli soucieux sur son front diaphane semblait si bien ancré qu'on pouvait se demander s'il allait disparaître un jour. Pas pour l'instant, c'était certain. Depuis la réunion - et même avant -, Marshall avait beaucoup de choses à faire. Il était l'une des rares personnes compétentes pour soigner les diverses blessures des dessinateurs - et il fallait bien admettre que certains manquaient cruellement de prudence. Le poids des responsabilités lui pesait lourdement sur les épaules, pourtant il trouvait encore la force de marcher. C'était son devoir, après tout. Et le devoir était désormais, pour lui, sa seule raison d'existence. Étrangement, c'était bien la seule chose qui donnait de l'assurance à ce grand homme mince si réservé d'ordinaire. Il était pourtant incapable de dire si cela le rendait véritablement heureux - il n'y avait sans doute jamais songé.

Armé d'une trousse de secours gracieusement donnée par Wilkins, Marshall avait décidé de partir à la découverte des alentours de la Base. Il n'avait pas encore reconnu l'endroit où il s'était éveillé, mais la rencontre qu'il avait fait là-bas le dissuadait fort d'oser partir à sa recherche. À la place, il préférait aller vérifier si, par hasard, quelqu'un ne se serait pas blessé dans les environs, incapable de se relever. Ce fut quelques minutes plus tard que son intuition s'avéra être la bonne. Un homme blond aux yeux masqués par des lunettes de soleil mises de travers sur son nez était allongé là, immobile. Ni une, ni deux, Marshall s'approcha précipitamment de lui et s'agenouilla. Il lui prit doucement le poignet et le pressa.

« Monsieur ? Monsieur, vous m'entendez ? »

Il lui secoua doucement l'épaule en répétant son appel, inquiet, puis se mit en quête d'une éventuelle respiration en approchant son visage.

Résumé:

HRP:

Scotwill était resté un long moment inconscient par terre, personne ne devait passer par ici ou alors ne l'avait remarqué, ce qui n'était pas plus mal car qui sait ce qu'on aurait pu lui faire pendant ce temps.  Cela aurait eu pour effet de l'énervé encore plus enfin si rien de grave ne lui arrivait.
Après un moment dans la noirceur total, quelque chose vint éclaircir son sommeil, l'image d'une jeune fille apparu devant lui, comme s'il s'agissait d'un rêve. Le blond aurait pu reconnaître ce visage entre mille, il s'agissait de Rémilia, sa bien-aimée. Elle se tenait debout, mais n'affichait pas le sourire qu'avait l'habitude de voir Cathy, son air était beaucoup plus grave.

"C'est fini maintenant, je ne veux plus te voir, laisse moi tranquille."

Au début il ne comprit pas trop ce qui ce passait, il ne pouvait ni bouger ni même parler et elle se tenait là devant lui.

« Je me sens tellement mieux depuis que tu n'es plus là, tu ne sais pas à quel point ça fait du bien de ne plus devoir te supporter. »

Il n'en revenait pas que de telle paroles puissent sortir de la bouche de Rémilia, même s'il s'agissait d'un rêve, ou plutôt d'un cauchemar, entendre ce genre de chose de la personne que l'on aime fait mal. Il voulait se débattre, la faire taire, mais rien ne se passait, aucun son ne sortait de sa voix et son corps ne voulait bouger.

« Tu me dégoûtes, hors de ma vue Cathy... »

D'un coup il commença à sentir son corps bougeait, comme si on le secouait. L'image et la voix de Rémilia commençaient à disparaître peu à peu, jusqu'au moment où il sentit comme du vent sur son visage qui le réveilla.  Il releva la tête d'un coup et regarda autour de lui précipitamment.

« Rémi- »

Dans la hâte, sa tête vint se heurter à quelque chose ce qui lui raviva la douleur du coup précédemment reçu. Scotwill s'écarta de la chose contre laquelle il venait de se cogner, il s'agissait d'un homme en blouse. Le blond prit quelque seconde pour reprendre ses esprits et aussi pour regarder un peu plus en détails contre qu'il venait de se cogner. L'homme en blouse avait tout de normal si ce n'est sa couleur de cheveux qui faisait penser à de l'argent.

« T'es malade ou quoi, tu veux m'ache- »

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase que la douleur s'amplifia, comme pour l’empêcher de parler. Le blond voulut essayer de se relever mais la douleur était trop forte, le choc précédemment reçu n'avait fait qu'empirer les choses.

« Aïe, aïe, aïe ma tête... »

Marshall n'aurait jamais pensé que son visage allait, d'un seul coup, être aussi proche de celui de l'autre - bien trop à son goût. Lorsque leurs fronts se rencontrèrent dans un bruit sourd, le médecin recula brusquement, surpris. Alors ça, c'était inattendu. Perturbé, il ne détacha cependant pas son regard bleu de l'inconnu. La familiarité de ce dernier l'étonna un peu, lui qui était habitué à être vouvoyé par tout le monde - même dans l'Esquisse - mais il n'en fit rien. Il se souciait plutôt de la grimace de douleur qui assaillit le blond l'instant d'après. Il s'approcha de nouveau de lui et passa doucement une main dans son dos.

« Faites doucement. Je suis médecin, surtout... ne bougez pas trop vite. »

Il glissa un regard sur le reste de son corps. Il ne semblait pas blessé autre part, mais il valait mieux s'en assurer. Non, il semblait simplement sonné - ce qui était parfaitement compréhensible.

« Vous avez vraiment très mal ? Où, précisément ? Ça a l'air d'avoir été un sacré choc, vous savez ce qui vous a fait ça ? »

Un objet devait sans doute être à l'origine de son mal, mais ce devait être une petite chose bien inoffensive. Marshall avait l'impression de ne connaître que trop bien les dangers de l'Esquisse depuis qu'il était arrivé et son propre état s'en ressentait. Il avait pris soin de bien masquer les griffures rougeâtres qui parsemaient son épiderme pâle par des bandages recouverts de vêtements neufs et d'une blouse blanche. Sa tenue impeccable et aseptisée le faisait ressembler de loin à un cyantifique, fait qui le rendait plutôt mal à l'aise ; au moins, l'on pouvait reconnaître facilement sa profession.

Résumé:

HRP:

Cathy ne voulait pas que le soi disant médecin l'approche. Après ce qu'il venait de se passer et le coup en traître reçu encore plus tôt, le blond commençait à devenir parano sur les bords.
D'habitude Scotwill n'aurait jamais accepté qu'un homme soit aussi près de lui, mais cette fois il n'avait pas trop le choix. Cathy grommela deux trois choses incompréhensibles puis releva les yeux vers l'homme en blouse.

« J'ai l'air d'aller bien peut-être ? »

Le blond commença à douter de la véritable profession de l'homme en blouse, se disant que c'était évident qu'il avait mal à la tête et qu'il ne s'agissait pas d'une simple migraine.

« À la tête, ce n'est pas évident ? Et non, je ne sais pas qui a fait ça, j'ai juste eu le temps de voir la personne partir avant de tomber dans les pommes. »

Pendant un instant Cathy oublia la douleur, il devait sûrement s'agir du type avec la règle pensa-t-il.  C'est vrai que le blond n'avait pas été de main morte avec lui, mais il l'avait même mérité.
Cependant son idée de partir à sa recherche s'effondra quand il vit la lumière qui provenait de dehors. Son visage se décomposa en même temps que son idée tombée à l'eau et que la douleur revenait peu à peu. Même s'il retrouvait la personne, Scotwill n'était pas état de s'occuper de lui. Cathy se releva, non sans difficulté et demanda avec l'amabilité qu'on lui connaît :

« Tu connais personnes qui se bat avec une règle par hasard, j'ai un compte à régler avec lui puis si tu es vraiment médecin, tu attends quoi pour me soigner ? »

Resumé:

Marshall afficha un sourire gêné à la réponse de l’homme, bouche bée. Il se doutait que recevoir un coup sur la tête ne mettait pas de bonne humeur. Mais l’impolitesse se devait toujours d’être facultative, n’est-ce pas ? Le médecin déglutit. Il n’était pas du genre à vouloir envenimer la situation. Rester professionnel, c’était la moindre des choses.

Il écouta attentivement son explication et eut un léger recul de surprise. Jamais encore il n’avait entendu parler d’un dessinateur attaquant un autre. Les cyantifiques étaient, pour lui, des spécimens à part.

« Je n’ai vu personne avec une règle. Désolé. »

Sa dernière phrase l’avait vexé, mais il avait l’habitude de la désobligeance de certains patients. Marshall se leva à son tour, épousseta sa blouse et ajouta :

« Il fallait bien que je voie si vous aviez encore toute votre tête. »

Le médecin ouvrit sa sacoche. Ses outils étaient rangés avec une précision géométrique, presque trop parfaite. Bien alignés, dans le rang, à l’image de leur propriétaire. Marshall sortit des bandelettes et un onguent.

« Je vais vous masser là où ça fait mal. Après, on ira à la Base. C’est un refuge pour tout le monde, en quelque sorte. »

C’était non négociable. Il était hors de question qu’il laisse repartir ce jeune homme après l’avoir soigné. Il plongea sa main dans l’onguent, puis se plaça derrière l’inconnu pour lui masser doucement la tête.

« Je m’appelle Marshall. Votre nom ? »

Résumé: