[Jour 12 - Pas très loin de la bibliothèque mais assez proche du manoir aussi] Tête à tête sous un ciel rose

Ils atteignirent la porte et parvinrent à enfin sortir après avoir traversé l'étroit couloir en sens inverse. Mark se laissa tomber au sol tandis que Pythagore tentait de reprendre sa respiration, tout deux fatigués par l'effort qu'ils avaient dû fournir.

- Je ne mettrai plus jamais les pieds dans une bibliothèque... grinça le rouquin.

Il s'assit aux côtés de Mark, les yeux tournés vers le ciel vif brouillé d'images. Il avait ressenti un certain soulagement en apercevant cette lumière, en pouvant respirer de nouveau à l'air libre. Il espérait sincèrement qu'ils pourraient souffler un peu, rester plus de dix minutes dans un même endroit sans se faire attaquer par un objet passant dans le coin ou par l'esprit qui contrôlait les lieux...

- Dis, commença-t-il, d'un ton un peu nerveux. Ça ressemble à quoi, le vrai monde ?

Il ne quittait pas le ciel des yeux, trop gêné par sa question pour croiser le regard de Mark.

- Enfin, je veux dire... reprit-il, essayant de se justifier. Ça a l'air bête dit comme ça mais j'oublie peu à peu... Quand tu vois ce ciel tous les jours, tu finis par oublier que le précédent était bleu...

Cela avait d'abord était son nom et quelques détails ; le numéro de sa maison dans sa rue, les musiques qu'il aimait, la couleur des murs de sa chambre... Puis tout avait commencé à s'effacer, le visage de ses parents, les noms de ses amis, toutes les petites habitudes de son ancienne vie qui avaient été remplacées par un vague instinct de survie.

Et encore maintenant, il oubliait.

Résumé:

« Je ne mettrai plus jamais les pieds dans une bibliothèque... »

« C'est ce qu'on verra ... » lâcha Mark avec un sourire.

Pythagore vint s'asseoir à côté de lui, comme s'ils se connaissaient depuis 10 ans. Cela dit, c'était un peu l'impression que Mark avait. L'idée qu'ils ne s'étaient rencontré qu'une ou deux heures plus tôt lui paraissait étrange.

« Dis » commença le rouquin. Quelque chose dans le ton de sa voix poussa Mark à relever la tête et à écouter de toutes ses oreilles -qui n'étaient toujours qu'au nombre de deux, Dieu merci !

« Ça ressemble à quoi, le vrai monde ? »

La question paraissait absurde. Le vrai monde, n'en venait-il pas lui aussi ?

« Enfin, je veux dire... Ça a l'air bête dit comme ça mais j'oublie peu à peu... Quand tu vois ce ciel tous les jours, tu finis par oublier que le précédent était bleu... »

Mark resta silencieux quelques secondes, le temps de digérer l'information. Oublier, comme ça, sa vie passée lui semblait impossible. Inconcevable. Et en même temps, l'idée que cela fût possible lui était insupportable. Il ne pouvait pas, il refusait d'oublier.
Ce sont mes souvenirs qui font de moi ce que je suis. La pensée fusa dans son cerveau, lumineuse.
Ne lui avait-on pas toujours dit qu'il avait une excellente mémoire ? Il n'oublierait pas. Rien. Il resterait lui-même.

« ... Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Que je te raconte ? » demanda-t-il, incertain.

Résumé:

Mark resta silencieux quelques secondes avant de répondre. Pythagore détacha son regard du ciel pour se tourner vers lui, attendant sa réaction.

- ... Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Que je te raconte ? demanda-t-il l'air hésitant.

Il réfléchit. Difficile de savoir ce qu'il aurait aimé connaître, étant donné qu'il ne pouvait pas savoir ce qu'il avait oublié. Il ne pouvait pas interroger Mark sur son ancienne ville, sa famille ou ses amis, il ne savait strictement rien de sa vie et n'allait pas pouvoir la deviner à sa place. Peut-être devait-il lui demander des renseignements sur l'organisation logique de l'ancien monde, ou sur ses souvenirs pâles du soleil, des saisons singulières et le temps régulier ? Cela restait vague, et ils tourneraient rapidement en rond autour de tels sujets...

- Je sais pas trop... avoua Pythagore, marquant une pause. Si ça ne te dérange pas, est-ce que tu pourrais me parler un peu de toi, de ton quotidien avant... ça ?

Il avait envie d'en savoir plus sur le jeune homme assis près de lui, et son récit lui permettrait peut-être de se remémorer quelques fragments de son passé. Mark avait parlé de son frère, et il se demandait à quoi il pouvait ressembler. S'il était convaincu qu'il se trouvait aussi dans l'Esquisse, Pythagore se demandait s'il n'aurait pas pu l'avoir déjà croisé par hasard...

Cela ne faisait que quelques heures qu'il avait rencontré Mark et il se sentait déjà étrangement proche, probablement plus qu'il ne l'avait jamais été de quelqu'un depuis l'Esquisse.

Résumé:

« Je sais pas trop... Si ça ne te dérange pas, est-ce que tu pourrais me parler un peu de toi, de ton quotidien avant... ça ? »

Mark réfléchit un instant. Il hésitait à mettre sa vie à nu comme ça. Certes, Pythagore ne lui demandait pas de lui raconter tout en détail, mais tout de même. Il n'aimait pas tellement parler de lui en général.

Je n'aime pas parler tout court, en général. Pourtant, ça ne me dérange pas de parler avec Pythagore, remarqua-t-il.

... Oh et puis, après tout, ça ne lui coûtait pas grand-chose.

« Bon, euh, je viens d'une famille de dingues ... » commença-t-il, hésitant.

Résumé:

- Bon, euh, je viens d'une famille de dingues... commença-t-il après un court silence.

Pythagore se mit à rire doucement. Quelque part, cela ne l'étonnait pas que la famille de Mark soit un peu spéciale, au vu du fort caractère dont il avait hérité.

- Non seulement ta famille est riche mais en plus elle est dingue ? Ça promet ! lui lança-t-il, sourire aux lèvres.

Il attendait la suite, curieux d'en savoir un plus sur lui.

Résumé:

Pythagore se mit à rire.

Il se fout de moi ou ... ?

« Non seulement ta famille est riche mais en plus elle est dingue ? Ça promet ! »

« ... Qu'est-ce qui te fait dire que ma famille est riche ? »

Résumé:

- ... Qu'est-ce qui te fait dire que ma famille est riche ?

La manière dont tu montes sur tes grands chevaux dès qu'on te taquine un peu ?
Il ne se risqua pas à lancer une pique supplémentaire, sinon ils étaient repartis pour des heures...

- À la bibliothèque tu as parlé d'un château... Si ta famille a les moyens de l'entretenir, je suppose donc qu'elle n'est pas pauvre. s'expliqua-t-il. Je me trompe ?

Résumé:

« À la bibliothèque tu as parlé d'un château... Si ta famille a le moyen de l'entretenir, je suppose donc qu'elle n'est pas pauvre. Je me trompe ? »

« ... Ah merde, j'ai dit ça ? Je m'en souviens même pas ... »

Résumé:

- Alzheimer précoce ? Voilà qui est fâcheux... Ou peut-être que la présence de tous ces livres t'avait ébloui au point que tu en oublies tout le reste ?

Il ne pouvait décidément par rester sérieux plus de dix secondes en présence de Mark.

« Alzheimer précoce ? Voilà qui est fâcheux... Ou peut-être que la présence de tous ces livres t'avait ébloui au point que tu en oublies tout le reste ? »

« ... Tais-toi ou je te laisse mariner dans tes restes de souvenirs. »

Résumé:

- Tss... Ne compte pas sur moi pour plus d'informations sur l'Esquisse si tu te montres toujours aussi aimable, Euclide. lança-t-il avec une pointe de sarcasme dans la voix.

C'était sorti tout seul. Après réflexion, il n'aurait peut-être pas dû répliquer... Il ne voulait pas se laisser faire, mais il aimerait en entendre plus au sujet de Mark, et ce n'était pas comme ça qu'il allait se confier.

- Mais pour en revenir à ta famille, dingue dans quel sens, donc ?

« Tss... Ne compte pas sur moi pour plus d'informations sur l'Esquisse si tu te montres toujours aussi aimable, Euclide. »

...

« Mais pour en revenir à ta famille, dingue dans quel sens, donc ? »

« Tu peux me repasser mon livre deux minutes ? »

Pythagore lui tendit le livre, Mark s'en saisit ... en lui en assena un grand coup sur la tête.

« Stupide roux. »

Résumé:

- Tu peux me repasser mon livre deux minutes ?

Pythagore lui tendit l'exemplaire des Contemplations récemment prêté, un peu surpris par sa demande. Il avait encore éludé sa questi... AÏE !

Euclide venait de le frapper ? Avec un livre ? Il ne releva pas le "stupide roux" et se contenta de répondre à son acte...

- Un peu de respect pour ce pauvre Victor Hugo voyons ! Après avoir jeté des livres sans vergogne dans la bibliothèque, voilà que tu t'en sers pour frapper ? As-tu donc perdu toute dignité littéraire ?

Oui, il parlait bien de dignité littéraire... Venant de Pythagore, cela sonnait presque comique.

- Rassure-moi, ton frère, il te ressemble ou pas ?

« Un peu de respect pour ce pauvre Victor Hugo voyons ! Après avoir jeté des livres sans vergogne dans la bibliothèque, voilà que tu t'en sers pour frapper ? As-tu donc perdu toute dignité littéraire ? »

« C'est Victor Hugo lui-même qui t'a puni pour ton idiotie. Tu devrais être honoré. »

Mark vérifia tout de même que le livre était intact, savait-on jamais.

« Rassure-moi, ton frère, il te ressemble ou pas ? »

« Oui. Enfin, non. Enfin, ça dépend. »

Il ouvrit le livre et le feuilleta distraitement.

« Physiquement, il me ressemble pas mal, ouais. Mentalement ... il adore les livres aussi. Mais il préfère Baudelaire. » lâcha-t-il finalement avec un air qui semblait signifier que c'était là une hérésie totale.

« Je veux dire, Baudelaire est un poète de génie aussi, mais ... Victor Hugo, quoi ! » ajouta-t-il en montrant le livre, comme pour le prouver.

Il recommença à le feuilleter, sans chercher de poème en particulier.

Résumé:

Ils étaient là, assis au milieu des décombres de la ville à plaisanter et parler de leur vie comme si de rien n'était. Il s'était accoutumé à la solitude, habitué aux discussions sombres ou dénuée de sens, aux airs désespérés peints sur les visages.
Parler avec Mark était en quelque sorte comme une bouffée d'air frais.

- Oui. Enfin, non. Enfin, ça dépend. Physiquement, il me ressemble pas mal, ouais. Mentalement ... il adore les livres aussi. Mais il préfère Baudelaire. répondit le jeune homme tout en examinant son précieux.

Pythagore resta silencieux. En considérant le ton que Mark avait employé, on pouvait croire qu'il s'agissait d'une très mauvaise chose... bien qu'il ne sache pas vraiment pourquoi.

- Je veux dire, Baudelaire est un poète de génie aussi, mais ... Victor Hugo, quoi ! s'expliqua-t-il avant de se replonger dans ses Contemplations.

Il sourit encore, se retenant de pouffer à la vue des yeux brillants de Mark. Il allait finir par mal le prendre, si ce n'était pas déjà fait.

- Si tu le dis... répondit-il en haussant les épaules. Il va falloir que je lise ces poèmes pour comprendre, je pense.

En tout cas, il ne devait pas déjà avoir croisé le frère de Mark. S'il lui ressemblait physiquement et mentalement, il l'aurait remarqué...

Il jeta un regard au jeune homme, qui continuait de feuilleter machinalement le livre entre ses mains. À vrai dire, il ne voyait personnellement pas de grande différence entre Baudelaire et Hugo. Ce n'était à ses yeux que des noms de vieux écrivains et poètes français, soit plus ou moins la même chose.

- Pour tout te dire, j'ai pas trop d'avis sur la question. Mon truc à moi ce serait plutôt les sciences...

Le dernier mot de sa phrase avait retenti un peu plus faiblement que les autres, et on aurait presque put percevoir un léger tremblement dans sa voix. Son regard se perdit de nouveau dans les images colorées du ciel.

Résumé:

« Si tu le dis... Il va falloir que je lise ces poèmes pour comprendre, je pense »

Mark se stoppa à une page précise.

« Pour tout te dire, j'ai pas trop d'avis sur la question. Mon truc à moi ce serait plutôt les sciences... »

« Je n'aime pas les sciences. Trop concret. Qu'est-ce qu'il y a à dire sur une équation ? Une fois que tu l'as résolue ? C'est une équation, c'est tout. Des chiffres côte à côte. Alors qu'en littérature, tu peux rêver, imaginer, voyager. Surtout en poésie. Les mots ne sont pas que des mots, comme les chiffres ne sont que des chiffres. Les mots contiennent eux-même tout un univers de sens et de connotations, et de souvenirs, et d'émotions. »

Il se stoppa un instant. Puis :

« Les mots sont comme des sacs, ils prennent la forme de ce qu'on met dedans. Je ne sais plus qui a dit ça mais il touche sacrément juste. »

Résumé:

Sciences, science, cyance...
Mark le tira de ses pensées.

- Je n'aime pas les sciences. Trop concret. Qu'est-ce qu'il y a à dire sur une équation ? Une fois que tu l'as résolue ? C'est une équation, c'est tout. Des chiffres côte à côte. Alors qu'en littérature, tu peux rêver, imaginer, voyager. Surtout en poésie. Les mots ne sont pas que des mots, comme les chiffres ne sont que des chiffres. Les mots contiennent eux-même tout un univers de sens et de connotations, et de souvenirs, et d'émotions. Les mots sont comme des sacs, ils prennent la forme de ce qu'on met dedans. Je ne sais plus qui a dit ça mais il touche sacrément juste.

- Je te trouve bien réducteur, rétorqua Pythagore. Un chiffre n'est rarement rien d'autre qu'un chiffre ; c'est une valeur, une donnée, un fait, un outil. La science c'est le savoir, la clé pour la compréhension du monde qui nous entoure. Certes, c'est concret, mais c'est là tout l'intérêt de la chose. Les sciences sont utiles, elles apportent le progrès. La médecine, par exemple...

Il se stoppa, laissant sa phrase en suspens. Des images de l'hôpital venaient de ressurgir dans son esprit, le plongeant dans un profond malaise. Il déglutit et reprit, essayant d'ignorer les souvenirs qui continuaient de l'assaillir.

- Et puis, il peut y avoir une certaine poésie dans les sciences... Se rendre compte que notre corps représente à lui tout seul un écosystème entier pour des milliards de bactéries, puis se perdre dans les immensités de l'univers pour lesquelles nous représentons bien moins qu'un grain de poussière... Cela laisse songeur.

Ne surtout pas penser à ça.

Résumé:

« Je te trouve bien réducteur. Un chiffre n'est rarement rien d'autre qu'un chiffre ; c'est une valeur, une donnée, un fait, un outil. La science c'est le savoir, la clé pour la compréhension du monde qui nous entoure. Certes, c'est concret, mais c'est là tout l'intérêt de la chose. Les sciences sont utiles, elles apportent le progrès. La médecine, par exemple... Et puis, il peut y avoir une certaine poésie dans les sciences... Se rendre compte que notre corps représente à lui tout seul un écosystème entier pour des milliards de bactéries, puis se perdre dans les immensités de l'univers pour lesquelles nous représentons bien moins qu'un grain de poussière... Cela laisse songeur. »

« Je n'ai jamais dit que les sciences étaient inutiles. Juste que ça me touchait pas. Et je t'avoue que je me fiche bien de savoir combien de bactéries il y a dans mon corps ou de planètes dans l'univers ... »

Mark ferma son livre et le tendit de nouveau à Pythagore. Lorsque celui-ci le saisit, il attrapa sa main et la regarda, plaçant la sienne à côté pour la comparer, silencieux.

Résumé:

Il entendit la réponse de Mark résonner comme un bruit lointain, un son dénué de sens. Il ne voulait pas se souvenir de ça, mais plus il essayait de l'ignorer, plus ça insistait.

Le ciel rose, l'hôpital, et Thalès qui...

Un bruit sec attira son attention. Mark venait de refermer son livre et lui tendait l'ouvrage, l'invitant à le récupérer. Pythagore l'attrapa distraitement, la main secouée de légers tremblements.

Mark saisit soudainement sa main, et plaçant la sienne côte à côte, l'examina. Le rouquin le dévisagea, fronçant les sourcils.

- …Tu peux m'expliquer ce que tu fais ? l'interrogea le rouquin après un long silence.

Il ne comprenait pas exactement ce qu'était censé signifier ce geste.

Spoiler:

« …Tu peux m'expliquer ce que tu fais ? »

Mark émit un petit rire. Puis se rendant compte que Pythagore risquait de mal le prendre il s'expliqua.

« Quand on était gosses, ma mère prenait nos mains à mon frère et moi et nous montrait les différences qu'elle voyait. Elle était peintre, alors elle aimait regarder les corps des gens, surtout les parties qu'on ne regarde pas assez. Comme les mains. »

Il releva la tête et regarda Pythagore d'un air hésitant entre la moquerie et le calme serein.

« Pourquoi, tu veux que je te rende ta main ? Je vais pas te la voler. »

Résumé:

Mark se mit à rire devant Pythagore, perplexe.

- Quand on était gosses, ma mère prenait nos mains à mon frère et moi et nous montrait les différences qu'elle voyait. Elle était peintre, alors elle aimait regarder les corps des gens, surtout les parties qu'on ne regarde pas assez. Comme les mains. expliqua-t-il.

Il sourit et examina à son tour les deux mains juxtaposées. La peau de Mark était plus foncée, plus bronzée que la sienne, en meilleur état, aussi. Sa main semblait plus pâle, plus frêle, plus abîmée.

À quoi ressemblerait la main de Thalès aujourd'hui ?
Elle aussi serait probablement usée, brisée, blanche...
Blanche et tachetée de rouge.

- Pourquoi, tu veux que je te rende ta main ? Je vais pas te la voler. lança Mark.

Une main et un filet rouge qui ruisselait entre ses doigts...
Pythagore fut saisit d'un haut-le-cœur. Il se tourna vers Mark, tentant de se concentrer pour ne rien laisser paraître.

- Écoute, quand un garçon me prend la main, je suis en droit de me poser des questions... répliqua-t-il d'un ton qui se voulait moqueur.

Résumé:

« Écoute, quand un garçon me prend la main, je suis en droit de me poser des questions... »

Pythagore essayait de plaisanter, mais Mark avait bien vu le haut-le-coeur qui l'avait saisi juste avant. Tout comme il avait vu sa main trembler.
Il n'était pas dupe.
Quelque chose n'allait pas.

Il le regarda droit dans les yeux.

« Si tu ne te sens pas bien, tu peux me le dire. » dit-il sur un ton qu'il rendit aussi lisse que possible.

Il raffermit sa prise sur la main de Pythagore.

Résumé:

Mark le scruta d'un regard sérieux. La pression sur sa main se fit un peu plus forte.

- Si tu ne te sens pas bien, tu peux me le dire.

Lui dire ? Parler de ça ? Le simple fait d'évoquer la chose avec quelqu'un ne lui serait jamais venu à l'esprit. Se confier à quelqu'un... Ce n'était déjà pas dans ses habitudes du temps de l'autre monde, alors depuis l'Esquisse...

Pourtant, quelque part, cette idée le tentait. Il ne connaissait pas Mark depuis bien longtemps, mais peut-être était-ce justement pour ça ? Échanger quelques mots avec lui pourrait peut-être le soulager un peu...

- C'est rien... Juste de mauvais souvenirs...

Pour la première fois, il ressentait le besoin de se livrer.

- Disons que... Mon frère et moi sommes en froid depuis notre dernière rencontre, à cause de... de certains événements. lâcha-t-il finalement d'un ton grave.

Certains événements incluant, entre autres, le fait qu'il commence à découper ses patients.

- Et je... J'aurais dû l'aider.

Au lieu de détourner le regard. Au lieu de jouer les imbéciles.

Résumé:

« C'est rien... Juste de mauvais souvenirs... »

Ça n'étonnait pas Mark. L'Esquisse n'était visiblement pas le meilleur endroit pour se forger de bons souvenirs.

« Disons que... Mon frère et moi sommes en froid depuis notre dernière rencontre, à cause de... de certains événements. »

Mark n'avait jamais eu de problème avec son frère. Il n'avait pas de mode d'emploi à proposer à Pythagore.

« Et je... J'aurais dû l'aider. »

« Je t'aiderai à le chercher. »

Il ne lâcha pas sa main.

Résumé:

- Je t'aiderai à le chercher.

Il se redressa et fixa les deux iris dorées de Mark.

- Je... Merci. répondit-il, un peu perturbé.

Ils étaient là, main dans la main et il ne trouvait rien de mieux à dire.

- T'aurais peut-être plus de chances que moi, vu qu'il prend soin de m'éviter... lança-t-il avec un faible sourire.

Au fond, il le savait. Si Thalès était parti, ce n'était pas qu'à cause des cyantifiques... et s'il n'arrivait pas à le retrouver, ce n'était pas qu'à cause d'un mauvais hasard.

Résumé: