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[Au milieu de la Ville] dans la monotonie d'une journée ordinaire...

Anonymous
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Ven 12 Juin - 11:41
Spoiler:

Après tant d’efforts, Juliette finit tout de même par s’arrêter. En effet, elle n’avait pour le coup plus de voix, et le monde dansait en gondolant autour d’elle. Mais surtout, un mur autrefois porteur avait stoppé net son cheminement façon tonneau de Donkey Kong, la gratifiant, en plus du phénoménal tournis qui commençait à poindre, d’un spectaculaire coup sur son petit crâne fragile de mammifère. Elle était donc là, sur le dos, battant maladroitement l’air vicié de vieille poussière de plâtre de ses courtaudes pattes de monotrème, complètement stone.

Elle parvint finalement à relever mollement la tête. Mais sonnée qu’elle était, elle en arrivait tout de même à voir un ciel rose pâle au passage, avec de trépignant nuages jaune vif. Elle cligna des yeux, peu sûre que le plafond d’une quelconque pièce de sa maison ait été un jour d’une couleur si… typée. Il faut dire que sa mère détestait tout ce qui s’approchait de la connotation ‘petite fille’, elle qui avait été élevé entourée de trois grands garçons et torturée aux petites robes légères et rubanées  de rose bonbon, turquoise et mauve.
Bien sûr, Juliette ne partageait pas l’aversion de sa mère, enfin dans la limite du raisonnable, mais cette digression ne résolvait pas son problème immédiat, à savoir un horizon rose, nuageux, avec des ronds jaune criards se dandinant.

Elle cligna encore des yeux. Des… smileys ? Elle pencha la tête du mieux qu’elle put, c’est-à-dire pas de beaucoup. Non, cela restait des smiley souriants qui sautillaient sur un écran représentant un ciel, mais rose. Certes des mignons émoticônes représentant la joie, le bonheur et un message universel de paix ; mais des putains de connerie de smiley quand même ! Elle aurait voulu se prendre la tête entre les mains, mais elle savait déjà ne pas pouvoir. Elle avait envie de crier, mais sa gorge était au bord de la mutinerie. Alors elle se contenta de caquer du bec avec mépris, ce qui fit disparaître les bouilles poussin.

Et par tous les poneys de l’univers, un bec ?! Mais qu’était-elle ? Elle hurla de la seule façon encore disponible, mentalement. Elle en profita pour également trépigner, casser des trucs et casser la figure à tout le monde, histoire de passer ses nerfs, qui a défaut de craquer se résignaient à se tendre encore et encore, sans doutes jusqu’à ce qu’elle explose et s’auto-détruise. Ou se réveille. Ou… bref que tout redevienne normal. Stable. Calme.

Un grand pan de mur eut raison de sa fureur, vu qu’il lui écrabouilla la caboche et l’assomma pour de bon.


H.R.P. : Comme ça, vous venez quand vous voulez, vous dansez la Macarena sur son corps si vous voulez, m'en fiche j'attends !

Résumé (pour les flemmards):
Anna
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Anna
Sam 13 Juin - 23:31
Bouleversée par les derniers événements, le cerveau embrumé, j'avais décidé de m'écarter un peu du yacht, de tout le monde. J'avais besoin de réfléchir, seule, avec pour seules compagnes les armes que je possédais. Ma dégaine de guerrière ne devait pas être très rassurante pour quiconque ne me connaissait pas, ou n'était pas sûr que j'étais censée le protéger.

Les bras croisés, les armes pendantes le long de mes flancs et de mes hanches, ainsi que dans mon dos, j'avançai les yeux dans le vague, sans vraiment savoir où j'allais. Je reconnaissais cette ville. Il pouvait bien s'agir d'une autre, après tout l'Esquisse était un monde vaste et je doutais fort d'avoir exploré ses moindres parcelles. Mais je pouvais distinguer les anciennes lignes des toits de la cité détruite. J'étais même tombée sur ma propre maison tombée en lambeaux de pierre - c'était une fusée impossible à démarrer. Bizarrement, je ne ressentais pas vraiment de tristesse. Je n'avais pas vécu bien longtemps dans cette ville, et rien de ce qu'elle m'inspirait n'était joyeux. Rien que des souvenirs macabres au goût âcre du sang inutilement versé.

Mes pas hasardeux me conduisirent bientôt à une dizaine de mètres d'un mur immense quoique délabré. Tiens, qu'est-ce que c'était là-bas ? Un petit animal rose, totalement perdu on dirait... Il valait sans doute mieux rester éloigné. Il avait beau être mignon, cet ornithorynque - ou du moins, ça semblait en être un - pouvait attaquer à tout moment. Ce qui était étonnant, par contre, c'était son comportement. Comme s'il avait une conscience. Normalement, il aurait déjà dû se jeter sur moi et m'attaquer sans relâche jusqu'à ce que je le neutralise. Les objets n'avaient aucun instinct de survie - juste l'instinct de tuer. Du coup, je me demandais si cet ornithorynque n'était pas tout simplement un malheureux dessinateur que l'Esquisse n'avait pas raté.

C'est décidé, autant s'en approcher. De toute manière, contre moi il ne pouvait pas grand-chose. Je marchai à vive allure vers lui, quand soudain un pan du mur vint s'éclater sur sa tête pour le laisser à terre, assommé. Mince ! Est-ce qu'il avait été tué ? Je courus vers lui et posai ma main sur sa poitrine toute douce. Son cœur battait encore. Devais-je être soulagée pour autant ? Mon autre main vint se placer sur sa tête pour la caresser doucement.

« Est-ce que tu peux te réveiller ? »

Résumé:


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Anonymous
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Lun 15 Juin - 11:02
Le temps s’écoulait lentement, si lentement...  Trèèèèèès lentement… Trop lentement à vrai dire.  Ses paupières étaient lourdes. Si lourdes… Et sa tête…  Une voix ?

Juliette et sa première cuite, cela avait été quelque chose. En même temps, elle avait onze ans, allait bientôt rentrer en sixième,  un père plus préoccupé par sa belle-sœur sous filtre’ alcoolémie-positive’ et des cousins idiots en pleine adolescence ingrate. C’était pourtant l’anniversaire d’un quelconque arrière-grand-papy qui avait subi la guerre et se battait désormais avec de sombres dégénérescences, mais c’était surtout pour les plus grands l’occasion de se revoir,  boire un bon coup ensemble et oublier les tracas quotidiens. Juliette, du haut de sa petite taille d’adolescente à peine formée, trouvait ce monde trop liquoreux, étrange, abscond. Elle ne se préoccupait pas outre mesure de voir les adultes régresser et peinait à suivre les dérives paillardes de ses cousins, précautionneusement protégée dans un papier-bulle d’amour maternel de toutes ces ‘chose’, apparemment incorrectes pour sa jeune oreille. Le fait était qu’elle aurait aimé avoir un décodeur ce jour-là, car elle peinait à comprendre le rapport entre un représentant des félidés femelle, des rires gras et des mots inconnus de son vocabulaire. Tout ce qu’elle savait, c’est que certains de ces termes étaient étiquetés « mauvais »  par maman, car elle avait fait les gros yeux quand le tonton affalé sur sa chaise avait commencé une devinette avec ces mots, avant d’ostensiblement rappeler que Juliette, de seulement onze ans , était à table.

Mais en cette nuit qui s’annonçait folle en déconvenues, petits secrets gueulés de vive voix et tapage nocturne au chant du coq, Juliette, pleine de malice toute candide, voulait s’enivrer de l’infamie de ce vocabulaire proscrit, se salir enfin comme une grande qu’elle croyait devenir, et comprendre enfin les noirs secrets qui se cachaient sous le dialecte codé des adultes. Alors elle demanda, de sa voix malhabile de petite fille, à ses cousins de l’initier. Un regard échangé entre eux et, avant qu’elle n’ait eu ce frisson salvateur qui l’aurait fait reculé devant la lueur démoniaque dans leurs yeux d’adolescents blasés, ils lui tendirent un verre au contenu inconnu et qui transpirait une odeur reconnaissable entre mille, mais encore méconnue de Juliette, qui l’associait plus volontiers au coq au vin de sa mère et à la cave qu’à la torpeur délicieuse de l’ivresse. Sous leurs ordres carnassiers, elle but le liquide d’une traite, se brûlant presque la gorge au passage. Les larmes aux yeux, elle dut en reprendre un autre, puis un autre, puis un autre…

Elle ouvrit enfin les yeux. Sa tête semblait peser des tonnes et lui faisait un mal de chien. Des étincelles dansaient partout où elle voulait regarder et sa vision était encore un peu floue. Sa maison s’était écroulée ? Elle était entourée de gravats et l’air était saturé de poussière. Elle toussota, la voix rauque. Espérons qu’elle n’ait pas avalé quelque chose pendant l’accident ! Elle remua faiblement un bras, qui avait l’air si lourd… Puis un autre. Un peu tourneboulée et ayant peur de s’être cassée un truc quelconque, elle entreprit de faire un état des lieux plus poussés. Mais sa tête refusait stoïquement de tourner plus que de raison et ne laissait voir qu’un truc grisâtre, griffu et quelques touffes roses de poil. Elle cessa l’exercice sur-le-champ, sans doute encore très étourdie pour ne pas reconnaître une peluche rouge blanchie de poussière ou un jouet quelconque.

C’est alors qu’elle vit, ou plutôt sentit une présence. C’était de taille humaine, avec du vert, de la couleur peau et d’autres couleurs futiles. Un être humain. C’est tout ce qui comptait.

Aidez-moi…
Parvint-elle à articuler mollement, avec un franc accent nasillard. Sa voix était définitivement enrouée, bien plus grave que d’habitude.

Ma maison s’est écroulée ?

Reprit-elle avec une pointe plus aigue, sous-tendant une panique naissante dans son ventre dont elle ne comprenait ni la cause ni l’utilité.

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Anna
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Anna
Mer 17 Juin - 21:51
Enfin, les yeux de l'animal s'ouvrirent. Deux petites billes sombres où se reflétaient l'incertitude et la peur. Pas de doute, cette petite bête n'appartenait pas à l'Esquisse. Son air affolé me laissait penser qu'elle ne devait pas être là depuis très longtemps... ou, pire, qu'elle venait tout juste d'arriver. Et je n'étais sans doute pas la meilleure personne pour rassurer qui que ce soit.

« Aidez-moi... »

Sa voix était enrouée et rauque comme si elle avait énormément crié, mais je parvins tout de même à distinguer une voix féminine. Je clignai des yeux, puis hochai la tête en souriant. Je vais quand même faire de mon mieux pour la rassurer.

« T'inquiète pas, tu n'es pas toute seule. Il y a d'autres personnes comme moi dans le coin. On ne va pas te laisser tomber. »

Lorsqu'elle m'évoqua sa maison, je haussai un sourcil. Cela me confortait encore plus dans l'idée qu'elle venait tout juste de débarquer. Elle n'avait vraiment pas eu de chance, la pauvre ! Mon visage se figea dans une moue désolée, tandis que je lui répondis :

« Non. Ce n'est pas ta maison, ici. Je suis désolée... »

La gêne formait une boule dans ma gorge. C'était toujours difficile d'expliquer à quelqu'un qu'il n'était plus chez lui, qu'il était constamment en danger de mort et que les chances de retrouver sa maison étaient vraiment très minces... Je ne savais pas assez de choses sur l'Esquisse pour en être sûre. Toujours avec cette boule dans la gorge, j'ajoutai :

« Je m'appelle Annabelle. Tu es là depuis longtemps ? »

Il fallait peut-être que je demande cela à cette pauvre bête avant de lui expliquer dans quelle situation totalement folle et désespérée elle s'était retrouvée. Je me demandais même si elle s'était rendue compte à quel point son corps avait changé.

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Anonymous
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Jeu 18 Juin - 11:10
L’inconnue, car un timbre pareil présageait une consœur, lui répondit négativement. Elle continua en se présentant sous le nom d’Annabelle, mais Juliette s’en ficha pas mal.

En effet, le ton résolument désolé de cette interlocutrice, sa dégaine au demeurant peu banale –était-ce des couteaux ces choses à sa taille? –et surtout cette boule coincée dans sa gorge lui faisait remonter de bien vilains souvenirs. Des souvenirs malheureusement si proche que la jeune fille eut à nouveau une folle envie de se faire entendre jusqu’en Asie. Du moins si elle était toujours en Europe de l’Ouest.

Je dormais…

Abasourdie par ce flot d’information, essayant de raccrocher les wagons ‘situation présente’ , ‘souvenirs très proches’ et ‘avant tout ça’ avec de la super-glue et des raisonnements foireux, elle ne put qu’exprimer cette banalité, autant pour répondre à cette Annabelle que pour se rassurer elle-même.

Elle regarda à nouveau autour d’elle. Ce n’était que ruines, destruction et désolation. Au milieu, une jeune fille aux cheveux verts, la regardant tristement, armée de couteaux de cuisine et d’une arme à feu. Etait-ce la guerre ? Elle voulut demander, mais se ravisa, émettant un petit bruit d’hésitation comique, dans une autre situation du moins. Une simple réflexion suffisait à comprendre pourquoi.

Elle semblait pourvue de griffes palmées, et le sang bleuté encore frais d’un fruit exotique dégénéré en poissaient quelques-unes. Sa morsure même pulsait doucement à la base de son cou, bien qu’elle ne semblât pas avoir fait de dégâts. Un bec également, et possiblement de la fourrure d’une couleur improbable, la constituait. Elle était beaucoup plus petite que d’habitude au vu  de la hauteur où se trouvait la tête de son interlocutrice par rapport à elle, qui frôlait clairement le sol, avait une démarche pataude, du moins ses possibilités de fuite étaient loin de celle d’une antilope d’après ce qu’elle avait essayé d’accomplir,  et en plus elle était parfaitement  incapable de savoir où elle était, à part dans une bâtisse abandonnée avec une femme en pleine possession de ses moyens humains et armée.  Si la situation pouvait être pire, elle risquait de devoir vraiment y mettre du sien.

Je me suis fait mordre par un ananas…

Le ton était résolument las. Le trop-plein d’informations avait eu raison de son incompréhension. Elle paniquerait plus tard, quand elle comprendrait pourquoi. Au pire, elle mourrait avant. Après tout, on ne lui avait pas appris à être courageuse.

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Anna
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Anna
Mar 23 Juin - 21:22
Laissant l’ornithorynque regarder autour d’elle, j’observai rapidement les alentours afin de repérer d’éventuels ennemis. Pas l’ombre d’un seul. C’en était presque inquiétant. Jamais je n’avais connu cette ville aussi calme. Je me souvenais encore de l’effervescence qui la prenait éternellement lorsque nous, dessinateurs, passions notre temps à nous émerveiller devant l’Esquisse et à nous retrouver les uns chez les autres de manière totalement impromptue. Je me souvenais aussi de la panique lorsque pour la première fois, cette voix qui nous suivait encore s’était manifestée de la manière la plus violente et la plus cruelle qui soit. Et maintenant, voilà qu’elle se pointait comme une fleur et se proposait de nous aider. J’aurais bien voulu ruminer tout ça dans mon coin, mais encore une fois, cela n’était plus possible.

J’écoutai en silence la voix plaintive de l’animal, sans trop savoir quoi répondre. Je devais faire de mon mieux pour la rassurer, peut-être la convaincre de la ramener à la Base pour la soigner. Ce filet bleuâtre sur sa fourrure rose ne m’inspirait pas du tout confiance. Elle s’était fait mordre par un objet, un ananas. Et si cette morsure était empoisonnée ? Il était possible que cette morsure ait des conséquences dramatiques… N’osant pas toucher la blessure, je lui demandai :

« Ça ne te dérange pas si je te porte ? On ira plus vite comme ça, il faut te faire soigner au plus vite. Tu te sens mal ? À part la douleur, je veux dire… »

Je n’étais pas assez douée en médecine pour déceler les symptômes les plus discrets d’une éventuelle infection. C’était pourtant le plus urgent… Du moins, de ce que j’en pensais. La petite avait l’air trop perdue pour que je lui explique en long et en large où elle était. Il valait mieux qu’elle soit bien éveillée et, surtout, dans un état à peu près calme et sain pour tout comprendre et ne pas paniquer trop vite.

« Comment tu t’appelles ? » ajoutai-je d’une voix plus douce.

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Jeu 25 Juin - 12:04
Ça ne te dérange pas si je te porte ? On ira plus vite comme ça, il faut te faire soigner au plus vite. Tu te sens mal ? À part la douleur, je veux dire…

Juliette hocha vaguement la tête. En d’autres occasions, elle aurait dit non, marquée qu’elle était par les horribles histoires que racontait ce présentateur d’émission choc, à grands coups de ‘crime jamais résolu’, ‘personne n’aurait pensé que c’était lui ’ et autres ‘ la jeune fille l’avait suivi sans méfiance ‘, que sa mère l’obligeait à regarder, au cas où sa fille n’aurait pas compris que suivre les inconnus c’était mal.

Mais dans sa situation, que lui importait que la demoiselle ci-présente soit une dangereuse tueuse en série qui allait la violer, l’égorger et manger ses organes ? Au pire, mal lui en prendrait, car elle était peut-être devenue non comestible. Et puis… C’était une femme, voyons ! Et c’était connu et reconnu que les femmes ne tuaient que très rarement sans raison, préférant largement les revanches perfides et douloureuses, et que de toutes façons, elles préféraient le poison. Allez savoir pourquoi ! Juliette elle-même trouvait cela illogique, parce que tant qu’à faire payer son camarade de classe de dénigrer sa série préférée, autant que ce soit en l’éventrant après torture, pas juste en le faisant comater  puis mourir doucement.

Mais de toutes façons, ce genre de considérations étaient un peu futiles dans le contexte, puisque Juliette ne se voyait même pas le courage de refuser cette aide providentielle. Ni l’énergie de vraiment réfléchir à ce qu’il allait advenir d’elle dans les prochaines heures. Si elle était toujours vivante dans l’heure prochaine, elle aviserait à ce moment-là. Et dans l’espoir, mince, qu’elle voit la fin de cette journée abominable, elle commencerait peut-être à réfléchir posément. Peut-être.

Une deuxième interrogation était de savoir si elle se sentait mal. Bien sûr que oui, elle avait mal ! Elle s’était fait mordre par un p****n de c*****d d’ananas OGM ! Et elle était dans un p****n de b****l de corps de bestiole incapable de survivre trois p****ns de secondes ! Alors oui, elle ne se sentait pas très bien ! Et en plus, une c*****e aux cheveux verts avec des p****ns  de couteaux de malade la regardait, avec ses questions à la c*n !
Voilà ce que Juliette, ou quiconque, aurait pensé. Mais tout d’abord sa maman lui avait appris que les gros mots c’est pas beau, et jurer comme un charretier ne changerait pas son affaire, mais surtout elle était lasse, mais lasse de tout ceci… Elle voulait juste fermer les yeux et que cela s’arrête.  Vite. Elle se contenta de cligner des yeux.

Comment tu t’appelles ?

Lui demanda son interlocutrice d’une voix douce.

Juliette.

Lâcha-t-elle dans un souffle.

Juliette Lebourgeois.

Elle tenta tant bien que mal de poser son regard désabusé dans  celui d’Annabelle. Qu’avait-elle donc fait à la vie pour qu’elle se venge de cette manière ? Où était-elle ?

On n’est pas en France, hein ?

Ni en Europe, n’est-ce pas ?


Elle en avait tellement assez de toute cette mascarade.

Est-on seulement encore sur la planète Terre ?

Demanda-t-elle plus à l’infinité de l’air poussiéreux plus qu’à Annabelle. Si seulement cela pouvait s’arrêter…

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Anna
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Anna
Jeu 25 Juin - 17:20
Lorsque l’animal rose hocha la tête, le regard dans le vague, je ne me fis pas attendre pour passer doucement mes mains en dessous de son corps et de la porter comme je le ferais avec un chaton – même si pour le coup ledit chaton était plus gros. Sa fourrure était toute douce, mais l’idée d’en profiter comme si c’était un animal de compagnie me mettait mal à l’aise ; quoiqu’on en dise, c’était avant tout un être humain. Prenant garde à ne pas toucher la blessure, j’avançai dans la direction opposée. Il n’était plus temps pour la réflexion ; il fallait agir, et vite.

Juliette, qu’elle s’appelait. C’était un joli nom. Cela me faisait penser qu’il y avait longtemps que je n’avais pas entendu de nom à consonance française dans le coin. Même si on se comprenait tous, ça nous ajoutait un point commun en plus du fait qu’on s’était retrouvés dans une belle galère et qu’on tentait tant bien que mal de s’en sortir. Je continuai à avancer, pendant qu’elle me posait d’autres questions. Ah, ça allait être difficile à entendre… mais mentir en lui disant que c’était un rêve ou ce genre de choses n’allait que faire tout empirer. Autant être honnête.

« Ça ne va pas être facile à entendre… Nous ne sommes ni en France, ni en Europe. Sur Terre, je ne crois pas… C’est compliqué. Nous sommes dans un monde qui s’appelle l’Esquisse. Et on n’a pas encore trouvé la sortie. C’est ce monde qui est à l’origine de la couleur de mes cheveux et de… ton apparence. »

J’avalai ma salive, anxieuse. Même si j’étais là depuis bien plus longtemps que la plupart des personnes que je connaissais, je me rendais compte que j’avais toujours la tête remplie d’incertitudes. Beaucoup trop de nœuds dans cette histoire étaient difficiles, voire impossibles à défaire en l’état actuel. J’avais bien envie de comprendre et je me doutais que les cyantifiques qui nous accompagnaient devaient en savoir un peu plus, mais je n’arrivais pas à leur faire confiance. Les derniers souvenirs que j’avais partagés avec eux n’arrangeaient pas du tout les choses et j’aurais préféré ne jamais les revoir…

« Tu peux toujours penser que c’est un mauvais rêve, mais ce n’est pas le cas. Aussi dingue que cela puisse paraître, tout ce que tu as vu et ressenti est réel. » ajoutai-je.

Je m’attendais à ce que Juliette me pose la question. Autant y répondre tout de suite, et prier intérieurement qu’elle ne se mette pas à paniquer.

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Ven 26 Juin - 8:57
Juliette soupira pensivement. Annabelle, qui entre temps l’avait soulevé hors du sol dur et inhospitalier, confirmait ses appréhensions : elles, car sa consœur était dans le même fichu bateau, étaient sur une terre au nom simple, mais énigmatique, et surtout à dix mille lieues du moindre lieu connu. Et le pack d’arrivée comprenait apparemment aussi la métamorphose. Génial.

Ayant eu un début de réponse, un petit bout de Juliette, certes riquiqui, mais un bout quand même, décida qu’il était enfin temps de réfléchir. Après tout, portée telle un chaton inoffensif, elle n’avait pas grand-chose d’autre à faire.
L’ananas enragé, et de surcroît les amis métalliques de sa camarade soulignaient une contrée aux habitants pas forcément aussi amicaux qu’on aurait voulu qu’ils soient. Des ruines arrangeaient le tableau post-apocalyptique. Mais malgré tout, les transformations semblaient aléatoires, puisqu’Annabelle avait seulement récolté une chevelure au coloris punk quand Juliette remportait le gros lot de changement total. Par quels mécanismes cela se mettait-il en place ? Par morceau, ce qui signifiait que Annabelle était là depuis moins longtemps ? Ou inversement, l’apparence première revenait-elle d’elle-même ? Qui pouvait donc choisir ainsi le chemin vers lequel leur corps allait ?

Les questions existentielles se bousculaient dans la caboche de la jeune fille, dopée aux élucubrations niaises de ses séries animées préférées, dont le point d’honneur était de faire des situations grotesques qui se résolvaient par une logique parfois approximatives. Mais bon, quand on veut prôner l’amour du prochain et le partage, casser la figure à coup de bazooka au premier despote venu, c’était moyen, et scénariser un danger mortel dans une œuvre destinée au jeune public, cela passait par justement des transformations idiotes au mécanisme aléatoire et retors, métaphore subtilement grossière d’une maladie ou une idéologie.

Mais n’oublions pas que Juliette avait déjà quatorze ans, et qu’en bon adulte en devenir, elle laissait de côté tout ce qui se rapprochait du puéril quand il le fallait. Bon, là cela l’aurait aidé grandement, mais tant pis.
A la place, Juliette fit ce que tout adulte normalement constitué ferait, c’est-à-dire paniquer et s’appesantir sur son triste sort. Elle commença donc à s’agiter en  couinant lamentablement des paroles entrecoupées de sanglots nasillards, du genre ‘pourquoi ? ‘ ‘noooon’ et autres expressions parfaitement futiles, mais libératoires. Et à gigoter de la sorte, elle finit par glisser des bras d’Annabelle, se réceptionnant avec magnificence sur le dos, qui se mit à avoir la bonne idée de lui faire un mal de chien.

La tête, le cou, le dos maintenant… Elle oublia toutes convenances et préoccupations et se mit à râler sur tout le monde entre deux larmes. Mais heureusement, les préoccupations, ici Esquisse et son humour, vit le bon moment pour se rappeler à elle, sous la forme d’une figurine étrange.

Cela avait vaguement la forme d’un huit, avec un gros corps rond rouge avec des flocons de neige bleus, et une plus petite boule parée des mêmes motifs, soudée dessus au tiers, vraisemblablement une tête, au vu du large disque beige au milieu, surmonté d’un petit triangle vermillon  placée sous deux grands yeux noirs stylisés. Quelques traits hâtifs châtains semblaient figurer des cheveux.

Juliette resta bouche bée devant l’ouvrage qui  avait l’air d’avoir été peint et verni avec beaucoup d’adresse. Les flocons eux-mêmes criaient de vérité, mêlant en fait un camaïeu de bleu et quelques touches subtiles de blanc, faisant tout de suite penser à l’hiver, surtout rehaussés par ce rouge uniforme. Quel travail cela avait-il dû être ! pensa-t-elle bêtement. Bah oui, cela pouvait, une poupée russe de cinq mètres de haut…  Mais quand on est Esquisse, rien n’est impossible.



HRP:

Résumé:
Anonymous
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Sam 27 Juin - 1:03
Le bruit des éboulements ne cessait, et la seconde qui précédait, encore, un mur avoisinant cédait. Monsieur le Maire entendait sa ville geindre, se plaindre, et les cris de celle-ci arrivaient à ses oreilles tels les pleurs d'un enfant à son géniteur. Dans sa toute grande bonté, il se disait devoir agir. Sa personne avait été conservée tout ce temps, mais qu'était-il alors si ses électeurs n'étaient plus, si sa ville cédait aux infernaux objets? Sa cache qui lui avait permit d'ainsi survivre de nombreuses journées était certes maintenant comblée de rochers, mais là n'était qu'une raison moindre de sa sortie, l'on ne pouvait nier tout l'intérêt qu'il portait à sa tendre ville maintenant désolée.

Et que pouvait-il y faire, si ce n'était chercher le fautif? Accompagné de son plus fidèle Pudding, Charles, Monsieur le Maire s'en était ainsi en allé à la quête de l'hurluberlu sur qui la faute se devait d'être rejetée. Mais de cette sortie forc-- parfaitement volontaire, Clotaire comptait aussi attirer à lui l'amour de la populace restante. Car oui, s'il en était encore d'une attaque, cela devait être réponse d'une résistance. Le sol s'était effondré, les objets, sans cesse, venaient et partaient, tout était sans dessus-dessous: la guerre continuait.

Monsieur le Maire, ses talons claquant sur le pavé, ne pouvait donc s'empêcher de s'exclamer sans gêne.

« Regarde donc ce désastre, Charles, pourrait-on seulement le décrire par les mots? Damné soit celui -ou celle- qui a osé s'en prendre ainsi à moi, et à nous! Nous lui ferons comprendre de notre hargne ce qu'il en est de s'en prendre ainsi à ma personne, à ma ville! »

D'un mouvement de pied bien placé, Clotaire envoya voler un caillou violet qui ne s'arrêta qu'au bout de cinq faibles rebonds. Où allait-il, accompagné de son Pudding? Il n'en avait aucune idée, et ce même s'il reconnaissait chaque coin de rue délabrée qu'il passait dans sa marche hâtive que Charles, silencieux, n'avait aucun mal à suivre. Trouver le responsable était tout ce qui important à Monsieur le Maire. N'était-ce pas là preuve qu'il savait prendre ses responsabilités d'une poigne forte, quelques jours seulement après le début de tout cela?

« Le temps ne saura faire passer cet affront comme il en avait été pour le vol de sucettes nougatisées aux groseilles! »

Et ainsi Monsieur le Maire démontrait à Charles son imposante détermination tout en marchant. Le Pudding en émit même un faible cri de stupeur, proche d'un "bllbllbl" d'effroi. En effet, si tout cela dépassait la fameuse affaire du vol des sucettes nougatisées aux groseilles sur le tableau des priorités de Monsieur le Maire, il y avait de quoi prendre peur (un terme qui, nous le rappelons, est tout relatif).

« L'instance suprême que je symbolise saura mettre un terme à la stupidité notoire qui a osé ainsi se monter contre m--... »

Croisement.

Objet géant.

Demi-tour.

« ... Contre moi. »

La rue bloquée par une poupée russe géante, Monsieur le Maire avait décidé dans un acte de courage de faire demi-tour, ce afin de contourner la menace à l'aide d'une stratégie sans précèdent: Le changement de rue. Charles, suffisamment intelligent pour comprendre la stratégie, se contenta de suivre son Maire, comme s'il n'avait rien vu. Bon, stupide comme il était, il n'avait rien vu. Mais là n'était pas le sujet.

Clotaire emprunta alors un autre croisement, arrivant dans une nouvelle rue offrant une vue imprenable sur la poupée russe. Plus important que cela, cependant, était l'étrange personne qui se trouvait là, les cheveux d'un vert brillant au vent.

"Étrange personne"? Monsieur le Maire ne pouvait donner de telles appellations à ses semblables... Électeur potentiel était plus approprié. Ou plutôt, en ce cas, électrice potentielle.

Ne pouvant plus attendre et n'ayant pas connu le contact humain / la gloire depuis un certain temps, Clotaire se dirigea sans hésiter vers l'inconnue, lui offrant un sourire des plus charmeurs dès son entrée en scène. A moins de dix mètres d'elle, déjà, il lui adressa la parole de la manière la plus assurée qui soit, le bas de sa longue veste rouge volant dans son mouvements, ses gants noirs tendus et déployés vers son auditoire:

« Je ne pensais plus trouver d'âme vivante ici bas, voilà que vous me remontez le moral! »

Orchestrant ensuite une infime -très infime- révérence en cessant de se rapprocher (ainsi, l'inconnue serait la cible première de l'objet, ne niez pas l'ingéniosité), Monsieur le Maire reprit ses mots:

« Laissez moi donc me présenter, Clotaire Delange, actuel Maire de la ville dans laquelle vous posez les pieds, mais Monsieur le Maire sera une appellation préférable. »

Et pendant que Clotaire se présentait, Charles, dans son intelligence raffinée, manqua d'écraser de son délicieux goût chocolat-fraise la créature violette mais consciente qui se trouvait non loin, non repérée aussi bien par le Pudding que par le Maire, ce dernier étant bien trop occupé à captiver l'attention d'une potentielle électrice.


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Anna
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Anna
Mar 30 Juin - 19:05
Soudain, Juliette se mit à couiner et à pleurer en se débattant. Ah, non, pourquoi faisait-elle ça ? Si cela continuait, elle finirait par... tomber. Et c'est ce qu'elle fit, à l'instant. Sur le dos. Inquiète, je m'accroupis et essayai de la rassurer, quand elle changea brusquement d'expression, passant du désespoir à la surprise - ou peut-être à la curiosité. Perplexe, je suivis son regard avant de me lever d'un bond. Une poupée russe géante avait surgi à quelques pas de nous.

« Reste derrière moi, ordonnai-je. Elle peut être vraiment dangereuse. »

Le ton de ma voix était passé de la douceur à l'anxiété. J'ai sans doute du lui paraître un peu sèche, mais l'apparition d'un objet m'inquiétait toujours, quel qu'il soit. D'autant plus que cette poupée devait cacher quatre ou cinq petites sœurs dans son ventre. Toujours plus d'ennemis en perspective. Même si elle n'avait pas montré d'intention de nous attaquer, le combat était toujours inévitable, quel que soit le combattant qui l'engageait.

Je voulus empoigner le fusil lance-objets attaché derrière mon dos, mais mon geste fut stoppé par l'entente d'autres bruits de pas. Je fis brusquement volte-face vers l'intrus, prête à dégainer, avant de me raviser. C'était un homme, plutôt grand, à la splendide chevelure rouge et aux vêtements de la même couleur. Il portait des chaussures à talon, aussi. Pourquoi pas. Ce n'était pas très pratique pour s'enfuir, par contre. Ce qui m'intriguait le plus, c'était sa façon de parler... et de se présenter. Monsieur le Maire ? Allons donc. Je l'aurais peut-être cru dans le passé, avant le massacre sur la Grand-Place... Avant que, totalement désespérée, je ne me jette dans les bras de la première personne pouvant faire office de guide dans ces terres désolées... Aussi, ce dénommé Clotaire Delange ne m'inspirait pas confiance. Mais il restait un être humain. Accompagné d'une sorte de gâteau.

« Annabelle Roziers. » lui répondis-je simplement, souriant.

Je posai un regard suspicieux sur le pudding, avant de poursuivre :

« Vous pourriez ramener votre truc avec vous ? Il est en train d'écraser mon amie. Il faudrait que vous restiez derrière moi vous aussi, à moins que vous ne soyez armé ? Il faut qu'on se débarrasse de cette poupée russe avant qu'elle ne nous mette en danger. »

Sans rien ajouter, je me tournai à nouveau vers ma cible, fusil en main. Je l'armai avec précaution, puis visai son ventre. Ainsi, j'avais plus de chance d'atteindre toutes les poupées. Je pliai les genoux pour ne pas être entraînée par le recul, et tirai.

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Anonymous
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Mer 1 Juil - 9:31
Reste derrière moi, elle peut être vraiment dangereuse.

Ordonna Annabelle. Surprise, Juliette sursauta devant ce ton sec et peu appréciable. Elle jeta un œil à la guerrière puis au jouet géant. Et se fit engloutir une partie de la tête en glapissant faiblement ce qu’il lui restait d’air.

Le coupable semblait se trouver être un gâteau de semoule… Ou du riz au lait ? Bref, quelque chose de plutôt humide et spongieux, pour le plus grand bonheur de Juliette. Néanmoins, elle se réjouit à moitié, car ses poumons allaient commencer à crier famine et elle n’allait pas tarder à inspirer, matière spongieuse ou pas. Elle devait surtout se calmer et penser à autre chose… Tiens, un souvenir de sa petite enfance !

Le soleil brillait à son zénith, la plage piaillait joyeusement, encore peu informée que sortir le nez dehors avant 16h est très dangereux et entraîne un risque accru de dessèchement, érythème solaire et visite chez l’oncologue. L’élément aqueux déjà appelait de sa douce voix Juliette, qui s’ébattait au côté de son Radeau de la Méduse improvisée, qui au commun des adultes ressemblait à s’y méprendre à un bête matelas gonflable blanc. Sa meilleure amie, qu’elle venait de rencontrer à trois brasses de là (vous connaissez les enfants, ça se lierait d’amitié avec n’importe quoi), se trouvait être une prébubère s’ennuyant ferme. Si Juliette avait eu plus de sagesse et de recul, mais à son âge on n’en a point, elle aurait facilement déduit que sa consœur avait tout sauf envie de barboter avec une gamine à peine sortie de ses couches. L’après-midi passait, et Jordan, le beau gosse du coin, aussi. Ni une ni deux, la jeune fille lâcha Radeau et apprentie naufragée pour rejoindre le beauf en maturation. Juliette vit le ciel, puis l’eau, puis la surface, le plancher sablonneux, puis le matelas. Puis le sable. Et toujours le matelas. Elle comprit quand ses poumons la forcèrent à ouvrir la bouche qu’elle allait rester longtemps, très longtemps dans l’eau à ce rythme. Malheureusement, le matelas était trop lourd à décoller de l’eau.

Ayant fermé les yeux pour se concentrer, Juliette les ouvrit brusquement ; tout ce qui lui était venue à l’esprit, c’était sa noyade ? Ô joie de l’esprit humain ! Fallait-il forcément penser à sa perte en circonstances si dangereuses ?

Un coup de feu réveilla complètement notre amie, la forçant à enfin respirer. Un grand Boum résonna, puis d’autres coups de feu, un peu pressants.

Tout de même, elle ne se rappelait pas avoir été aussi forte en apnée inopinée ! Entre ça et la fourrure, les griffes palmées, le bec… Elle était devenue un super animal, bien que court sur pattes et peu adapté au premier abord, comme un mystère primitif mais puissant de l’évo…

ORNITHORYNQUE !!

Se mit-elle à crier. Mais oui, elle était un ornithorynque ! Rose certes, mais un ornithorynque. Et diable, ce goût chocolat-fraise était d’un rafraîchissant et d’une délicatesse ! Cela tombait bien, elle avait un petit creux. Presque inconsciemment, elle planta ses griffes dans la masse moelleuse et odorante qui souillait sa merveille de fourrure et commença à la picorer du plus grand bout de bec qu'elle pouvait.

Dans son émerveillement, elle avait arraché un brave morceau au petit pudding à moitié avachi sur elle, et qui maintenant balbutiait des bllbbll aigus.

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Folie d'Esquisse
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Folie d'Esquisse
Mer 1 Juil - 23:56

Les tirs du fusil d'Annabelle percent la carapace boisée de la poupée russe. Celle-ci, ébranlée dans sa stature, tangue et s'écrase sur le côté dans un bruit fracassant. C'est sans compter sur ce qui se cachait dans ce gigantesque cheval de Troie.
Une demi-dizaine de poupée de taille raisonnable (un mètre) se dirigent vers vous en rebondissant, bien décidées à encercler ce petit groupe... Serez-vous effrayé par leurs nombreuses ecchymoses, ou au contraire encouragés par l'état lamentable de votre ennemi ?



Les poupées n'ont aucun moyen de vous attaquer, mais elles vont vers vous et vous poursuivront si vous tentez de fuir. Si vous ne bougez pas, elles s'agiteront autour de vous et plus particulièrement autour d'Anna, comme des mouches. ♥




(Merci à Ara' pour la super signature ♥)
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Lun 6 Juil - 16:56
« Annabelle Roziers. »

Nul doute que Monsieur le Maire fera son possible pour se rappeler de ce nom et de ce visage... L'arme à feu qu'il n'avait pas remarqué plus tôt pouvait se dévoiler utile, et celle qui la tenait, cette "Annabelle", pouvait l'être tout autant... Pour ses élections, bien entendu! Ainsi, un faible sourire aux lèvres, s'appuyant plus de son poids sur une jambe que de l'autre, Clotaire considérait celle qui lui faisait face, engrangeant certainement dans son esprit une suite de raisonnement pouvant lui venir en aide dans un futur proche. Cela étant, il en avait presque oublié la présence de la poupée russe géante.

« Vous pourriez ramener votre truc avec vous ? Il est en train d'écraser mon amie. Il faudrait que vous restiez derrière moi vous aussi, à moins que vous ne soyez armé ? Il faut qu'on se débarrasse de cette poupée russe avant qu'elle ne nous mette en danger. »

Son amie? Monsieur le Maire ne voulait certainement pas porter atteinte aux amies d'une telle personne, et ainsi se devait-il, comme il le fit, de rappeler Charles au pied d'un simple tapotement de main sur sa cuisse sans même lui porter le moindre regard, donnant en même temps sa réponse à la seconde question posée et complétant son ordre envers Charles .

« Malheureusement, je me suis vu dépouillé de mon artillerie il y a peu... Charles, viens ici. »

Ce à quoi le Pudding ne répondit qu'en secouant vivement sa masse gluante tandis que Clotaire, ayant ramené sa main sous son menton et se tenant le bras pour obtenir une position des plus agréables, admirait la cadence de tir d'Annabelle. Sa position de tir semblait adéquate, sa précision non à déplorer... Il devait s'en faire une alliée, pour utiliser le terme le plus mélioratif. Si jamais la demoiselle venait à se lever contre la campagne de Monsieur de Maire, il serait là un ennemi bien difficile à faire disparaître... Et un tel soutien potentiel n'était en rien à perdre.

Ainsi, les tirs arrivant à percer la coque de la poupée russe et celle-ci s'écrasant au sol, un gloussement amusé s'échappa de la gorge de Clotaire, mais ne pu se répéter face à ce qu'il entendit par la suite.

ORNITHORYNQUE !!

Les sourcils fins de Clotaire se froncèrent, son sourire se transforma en une moue hargneuse et son ton s'éleva tandis qu'il se retournait vers le pudding et cette fameuse "amie" partiellement écrasée sous celui-ci.

« CHARLES, ICI! »

La pudding, blessé, se vit obligé d'obéir dans de faibles blblbl aigus, se rapprochant de son maire qui, de suite, alla poser ses coudes sur lui en guise de punition, bien qu'aussi afin de mieux observer l'amie plus tôt mise en danger. Une petite chose, violette... Et pas si vilaine... Enfin, magnifique! Monsieur le Maire ne pouvait se permettre de penser en partant du bas pour ses potentiels électeurs, allons.

Ne cherchant alors pas d'explication plus poussée, Clotaire afficha une mine enjoué, posant sa tête dans le creux de ses mains et appuyant ainsi plus de ses coudes sur le Pudding qui ne cessait de geindre à coup de blblbl.

« Veuillez excuser cette petite merveille, il lui arrive de ne pas avoir toute sa tête par moments... »

Un peu comme ses électeurs, pensa-t-il. Attendez, Monsieur le maire, penser cela? Vous avez dû mal lire, voyons, c'est là chose impossible...

« Au cas où vous ne l'auriez pas entendu -ce que vous auriez dû faire-, je suis Clotaire Delange, mais ce sera Monsieur le Maire pour vous. »

Au bout de quelques secondes, Clotaire arriva tout de même à remarquer l'imposant morceau de pudding qui se trouvait là, chose qui lui fit bien vite ravaler sa salive. Comment avait-on pu ainsi oser s'en prendre à SON Pudding? Une correction aurait été à donner, mais l'arme se trouvait dans les mains de cette Annabelle qui n'était encore qu'à deux ou trois pas d'eux. Tentant donc de se contenir dans un soupir, il s'adressa au spécimen qui se trouvait au sol en portant à nouveau son regard dans sa direction.

« Considérons que nous sommes quittes, pour le moment... Quel est votre nom, si tant est que vous en ayez un? »

Et tandis que Clotaire, à moitié penché sur Charles, portait toute son attention à cette nouvelle créature auxquelles de nouvelles lois permettront le vote, il ne remarquait pas les six nouvelles poupées russes qui s'approchaient d'eux. De toute manière, ces choses ne pouvaient pas voter, alors, quel intérêt?


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Anna
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Anna
Ven 10 Juil - 14:32
Mes mains se crispèrent sur mon fusil. Mince. Les balles que j’avais tirées n’avaient pas été assez puissantes pour anéantir les cinq autres poupées russes qui venaient de sortir des entrailles de leur grande sœur. D’autant plus que l’homme excentrique aux cheveux rouges était dépourvu d’arme. Comment avait-il pu survivre jusque-là ? Pouvait-on se garder en vie en fuyant indéfiniment ? À long terme, cela me paraissait vraiment risqué. Je me contentai d’un soupir las et me retournai vers mes nouvelles ennemies, tenant fermement le canon. Même si je devais le faire toute seule, j’étais bien décidée à ne pas me laisser faire écraser par ces demoiselles en bois.

« Vous devriez vous mettre à l’abri, alors, rétorquai-je à l’attention de Clotaire. Monsieur le Maire. » ajoutai-je sans grande conviction.

Je jetai un regard inquiet à Juliette. J’espérais qu’elle n’avait rien en plus de sa blessure. Je déverrouillai la crosse pour placer des munitions dans le fusil, puis collai ma tête contre mon épaule, le regard fixé sur le viseur. Les écorchures boisées sur leurs figures figées leur donnaient un aspect morbide. Je tirai plusieurs fois sur chacune d’entre elles, espérant atteindre leur point faible. Du coin de l’œil, je surveillai la grande poupée affalée sur le flanc, immobile. Impossible de savoir si elle était encore en vie, et même si elle ne cachait pas d’autres objets potentiellement dangereux dans son ventre.

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Anonymous
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Ven 24 Juil - 13:13
Le délectable dessert s'enfuit des griffes de Juliette d'un grand bond , non sans y laisser un bon morceau dégoulinant qui aiguillonnait
encore plus l'appétit grandissant de notre amie.

Maugréant de cette mésaventure, elle se tortilla et découvrit enfin le nouveau venu, se pretendant maire, bien qu'il fut clair qu'il n'était qu'un punk métalleux metrosexuel.

La mère de Juliette lui avait bien appris à se méfier des gens à la chevelure bariolée, " des délinquants tout juste bons à rater leur vie et embêter les braves gens. Ne jamais les frequenter. ", des hommes aux longs cheveux " ces asociaux malpropres qui se droguent et vont finir alcooliques à vingt ans ", des efféminés "qui peuvent devenir violents : regarde le bazar qu'ils mettent des qu'ils sortent. ", mais surtout des politiciens "tous des salauds" ; néanmoins elle avait toujours trouvé que sa génitrice avait tendance à exagérer pour la protéger.

Et on était dans un monde où elle-même était un mammifère ovipare flashy, donc sous l'accoutrement ridicule de ce Clotaire se cachait peut-être un costume-cravate et un vieil homme ringard.

Et puis surtout, cet inconnu tenait sous le bras sa proie délicieuse.

Pourriez-vous me donner ce que vous tenez sous le coude, Monsieur le Maire ?  

dit- elle d'une voix douce et mielleuse. Si elle voulait ce dessert, autant y mettre les formes.

Vous auriez toute ma gratitude !

... Et je voterais pour vous...


Elle avait faim. Elle voulait cette nourriture.

Et d'abord je l'ai vu la première

Gromella-t-elle dans sa fourrure. Elle avait faim. Très faim.


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