[Jour 12] Ça fera toujours un con de moins.

« Quand tout part en eau de boudin, petit, ris un bon coup, c'est tout ce qui reste à faire ... »

« Moi, je demande que ça. Mais bizarrement, j'ai pas très envie. » répondit Mark au panneau publicitaire sur pattes de la taille d'un labrador qui venait de lui balancer insolemment cette citation -Gaston Saint-Langers, pensa Mark- au visage. D'un coup de pied rageur, il envoya valser le panneau. En espérant que celui-ci ne ramènerait pas des renforts pour se venger. Il savait qu'il prenait un risque, mais putain, ça défoulait.

Deux jours qu'il était là, quoi que fut ce "là". De ce qu'il en savait, "là" était un ciel mille fois plus psychédélique que n'importe quel trip, c'était une plaine à l'herbe anormalement PAS verte, c'était une ville hétéroclite et détruite, c'était une hordes de choses variées, improbables et dangereuses. Surtout dangereuses. Et surtout improbables. Bref, c'était un peu le pire mélange de tous les pires ingrédients qui peuvent composer un endroit. Un cauchemar.

Pour couronner le tout, Mark était seul. Terriblement seul. Ervin, introuvable. Les humains, improbables. Les objets, inapprochables. Sans oublier qu'il crevait de faim. La première et dernière chose qu'il avait essayé de manger -une pomme à l'air parfaitement inoffensif et immobile, bref, normale- lui avait fait vomir ses tripes, voire plus. Nous n'entrerons pas dans les détails pour des raisons de pudeur évidentes.

En résumé : c'était la merde.

Et cette saleté de panneau qui venait effrontément lui agiter sa citation sous le nez, c'était trop. Et comme disent les grands esprit, "trop, c'est trop". D'où le coup de pied. C'est vrai, quoi, y'en avait marre.

Fatigué de râler -ça ne lui arrivait pas souvent, contrairement à Ervin-, Mark s'assit en tailleur par terre. Et si un de ces foutus trucs gigotant venait lui trancher la tête par derrière, tant pis. Ou plutôt, tant mieux. Ça ferait toujours un con de moins, et il pourrait reposer en paix.

Résumé:

Cela faisait bien longtemps qu’il errait dans la ville à la recherche de Thalès… Il n’avait pas la moindre idée du nombre de journées qui s’étaient écoulées depuis cette si longue nuit. Du temps de l’hôpital, Thalès et lui avaient bien essayé de mesurer le temps. Au début ils comptaient les jours, chacun de ces maudits jours pendant lesquels ils tentaient de sortir de ce monde. Ils auraient compté les secondes, s’ils l’avaient pu, mais la tâche semblait difficile dans un endroit où les seules horloges que l’on pouvait croiser avaient des tendances carnivores… Mais il fut bientôt évident que la journée n’étaient pas une unité fiable dans les contrée de l’Esquisse. La nuit allait et venait sans respecter un intervalle régulier. Du sablier à l’horloge à eau, ils avaient alors de poser leurs propres règles, leur propre mesure… Ce fut un nouvel échec, rien ne fonctionnait. L’Esquisse se jouait d’eux, comme toujours.

Cela faisait quelques temps que la grande tempête s’était déchaînée.
Cela faisait trop longtemps qu’il n’avait pas vu Thalès.
Cela une éternité qu’il était ici.
Qu’y avait-il, déjà, avant ? … Oh, après tout, peu importe…

Survivre, aider les gens, le retrouver et enfin sortir. C’était les seules choses auxquelles il devait penser à présent. Sans ces objectifs et les quelques minutes de conversations avec toutes les personnes qui s’étaient trouvées sur son chemin, il y a longtemps qu’il serait devenu fou.

- Oh la la j’ai une faim de garde-robe ! Eh, toi là-bas ! Oui, toi, le gueux qui marmonne tout seul ! Tu veux bien montrer ne serait-ce qu’un peu d’utilité dans ta vie et me servir d’en-cas ?
Pythagore haussa les sourcils. Ce placard semblait peu commode et avait le verbe haut. D’habitude, les objets ne lui demandaient pas son avis avant de l’attaquer. Avec un peu de chance, pour une fois, il arriverait à s’en sortir sans avoir à user de violence.
- Moi ? Oh, vous savez, ce serait volontiers mais je doute que ce soit une bonne idée… Vous ne savez donc pas que les roux ne sont pas comestible pour les meubles ? L’autre jour une chaise m’a mordu le doigt, ça lui a valu une belle indigestion… Non, franchement, à votre place, j’irais plutôt croquer quelqu’un d’autre. Enfin, vous faites ce que vous voulez, hein…
Le placard se laissa convaincre et poursuivit sa route, déçu.

Quelques ruelles délabrées plus loin, le jeune homme aperçut une autre forme de vie, ou du moins le dos de ce qui paraissait être un humain. Pythagore s’approcha, posant une fois encore la même question.

- Excusez-moi, mais vous n’auriez pas croisé mon frère ? On ne peut pas le rater, il a des yeux dorés et des cheveux blancs…

Combien de temps allait-il rester coincé ici ? Est-ce qu'il avait la moindre chance de retrouver Ervin ? Et d'ailleurs, est-ce qu'Ervin était au moins ici ?
Le cerveau en ébullition, Mark ne nota pas les légers bruits de pas qui résonnèrent dans son dos.

« Excusez-moi, mais vous n’auriez pas croisé mon frère ? On ne peut pas le rater, il a des yeux dorés et des cheveux blancs… »

Mark sursauta. Et se mordit la langue.
Après avoir poussé un vague glougloutement de douleur et traité le nouveau venu -car oui, dieu merci, il ne s'agissait pas d'un objet- de tous les noms d'oiseaux, il crachota vaguement un peu de sang et se calma enfin.

« Désolé. Je t'avais pas vu arriver. Tu disais ? »

Ne vous méprenez pas. Mark n'avait pas oublié sa résolution de ne pas s'approcher de ces soi-disant humains. Simplement, si c'était un objet à l'air humain qui lui tendait un piège, il n'était pas sûr de s'en sortir en fuyant simplement. Alors autant faire semblant de tomber dans le panneau.

Résumé:

Le dos auquel il s’adressait sursauta, se dressant et pivotant brusquement jusqu’à ce que la tête qui l’accompagnait soit visible du rouquin. Le jeune homme qui lui faisait maintenant face cracha quelques gouttes de sangs.

- Désolé. Je t'avais pas vu arriver. Tu disais ? dit-il en essayant de reprendre contenance.
- Pardon, je ne voulais pas te faire peur, s'excusa le rouquin, gêné. Je cherche mon frère jumeau, Thalès, et je voulais savoir si tu ne l'avais pas aperçu par hasard. On peut difficilement le manquer, il a les cheveux blancs et les yeux dorés.

Il dévisagea son interlocuteur. Il lui donnait une vingtaine d'année, il paraissait un peu plus vieux que lui. Il semblait avoir plutôt bien échappé aux mauvais tours de l'Esquisse, puisque son apparence était tout ce qu'il y avait de plus normal. Bien sûr, il était possible qu'il soit dans le corps différent de celui qu'il avait autrefois, ou que des détails comme la couleur de cheveux ou son teint de peau eut été changés, mais rien de grave. S'il on mettait de côté ses cicatrices au visage, il avait plutôt l'air en bonne santé, pour un dessinateur. Soit il était compétent -ce dont Pythagore doutait, vu la manière dont il avait failli s'étrangler quelques secondes plus tôt-, soit il avait beaucoup de chance. Dans tous les cas, cela faisait longtemps que le jeune homme n'avait pas pu parler avec un autre être humain. Les objets cherchant rarement à faire la causette, il était plutôt content de pouvoir échanger quelques mots.

- Au fait, je ne me suis pas présenté, je m'appelle Pythagore.... Enfin, je crois. Ça fait trop longtemps que je suis là pour que j'en sois sûr... Et toi, tu te souviens de ton nom ?

« Pardon, je ne voulais pas te faire peur. »

Raté. Essaie encore.

«Je cherche mon frère jumeau, Thalès, et je voulais savoir si tu ne l'avais pas aperçu par hasard. On peut difficilement le manquer, il a les cheveux blancs et les yeux dorés. »

... C'était le sport national du coin, de faire disparaître les frères des gens ? Fallait prévenir. Mark serait ravi de participer.

« Ha, toi aussi ? » grinça-t-il.

«Au fait, je ne me suis pas présenté, je m'appelle Pythagore.... Enfin, je crois. Ça fait trop longtemps que je suis là pour que j'en sois sûr... Et toi, tu te souviens de ton nom ? »

Il y avait deux problèmes avec cette phrase. 1) Qui leur avait donné leurs noms, aux frangins ? Et 2) C'était quoi cette question ? Y'avait une épidémie d'amnésie dans le coin ?
Mark retint une très forte envie de se cogner la tête contre un mur et se contenta d'un soupir.

« J'hésite entre Descartes et Euclide. Tu préfères quoi ? » lança-t-il sur un ton ironique.

Résumé:

- J'hésite entre Descartes et Euclide. Tu préfères quoi ?

Pythagore eut un petit rire, cela faisait bien longtemps que quelqu'un s'était étonné de son prénom, encore plus qu'on l'avait fait de manière ironique. Les gens d'ici n'étaient pas surpris pour si peu, la personne qu'il avait en face de lui n'avait pas dû rencontrer grand monde avant lui...

- Euclide, répliqua-t-il sur le ton même cynique. Tu as les mêmes yeux que lui.

Euclide et Descartes... Il fouilla sa mémoire, essayant de remettre quelques mots sur ces noms qui sonnaient familiers. Ça devait dater de l'ancien monde... Oui, c'était des mathématiciens, il en était sûr... De vagues notions lui revenaient maintenant.

- S'appeler Descartes dans un monde si désordonné, ça sonnerait bien trop ironique, tu ne crois pas ? soupira-t-il.

De la logique ou de la raison ? Descartes devait se retourner dans sa tombe à chaque fois qu'on évoquait l'Esquisse...

- Et donc, tu disais que tu paumé ton frère, toi aussi ? C'est un fort comme coïncidence, quand même...

« Euclide. Tu as les mêmes yeux que lui. »

... C'était un sarcasme, là ? Oui, oui c'était un sarcasme.  ...On ne savait jamais.

« S'appeler Descartes dans un monde si désordonné, ça sonnerait bien trop ironique, tu ne crois pas ? »

... C'était de l'humour, ça ? Grands dieux, il n'allait pas aller loin avec ce pauvre type. De toutes façons, s'appeler Pythagore, c'était déjà un crime en soi.

« Et donc, tu disais que tu paumé ton frère, toi aussi ? C'est un fort comme coïncidence, quand même... »

« Coincidence ? I think not ... » marmonna Mark.

Il n'avait aucune envie de traîner avec ce mec. Qui savait ce qui se cachait sous l'apparence banale de ce rouquin ? Tout était fou dans ce monde, il n'y avait aucune raison pour qu'il n'en soit pas de même avec les autochtones.

Résumé:

Les réactions et la mine refrognée d'Euclide avaient quelque chose de comique, et Pythagore dut se mordre les lèvres pour éviter de rire encore. Il ne voulait pas passer pour un imbécile auprès du jeune homme, ou du moins pas plus qu'il ne l'était déjà.

- Coincidence ? I think not... marmonna Euclide d'un ton qui marquait clairement son désintérêt.

Il voulait se débarrasser de lui ? Très bien. Il allait se faire un plaisir de poursuivre cette conversation, quitte à parler tout seul s'il le fallait.

- Ça fait combien de temps que t'es ici... enfin, je veux dire dans ce monde ? Parce que t'as pas l'air d'être assez habitué aux choses loufoques pour être un ancien.

Ce qui n'était pas plus mal. Cela faisait du bien de parler avec quelqu'un sain d'esprit, pour une fois. Les gens sensés se faisaient de plus en plus rare.

- Et puis, vu ta réaction à mon arrivée, tu n'as pas l'air d'avoir développé de très bon réflexes de survie non plus...

C'était purement gratuit. Peut-être que comme ça, il arriverait à le faire réagir d'une manière ou d'une autre.

Résumé:

« Ça fait combien de temps que t'es ici... enfin, je veux dire dans ce monde ? Parce que t'as pas l'air d'être assez habitué aux choses loufoques pour être un ancien. »

"Choses loufoques", hein ?
Bel euphémisme, mon cher, pensa Mark.

« Et puis, vu ta réaction à mon arrivée, tu n'as pas l'air d'avoir développé de très bon réflexes de survie non plus... »

... Là, c'était la guerre.

« Ok, alors déjà 1) je te permets pas, 2) je t'emmerde et 3) ça te va bien de dire ça, Monsieur je-me-précipite-sur-le premier-truc-qui-bouge-à-la-ronde. »

Résumé:

Pour le faire réagir, c'était réussi. Le petit Euclide s'emportait vite !

- Ok, alors déjà 1) je te permets pas, 2) je t'emmerde et 3) ça te va bien de dire ça, Monsieur je-me-précipite-sur-le premier-truc-qui-bouge-à-la-ronde.
- Dommage que le premier truc qui bougeait à la ronde, c'était toi, en l'occurence...

Le rouquin lui adressa un sourire narquois. Visiblement, il répondait plus facilement quand son égo était touché.

- En fait, pour un mec qui se la joue ténébreux sarcastique, tu es plutôt susceptible, Euclide.

Il avait l'impression de revivre une discussion avec Thalès dans l'ancien monde. C'était plutôt amusant, en fait.

Résumé:

« Dommage que le premier truc qui bougeait à la ronde, c'était toi, en l'occurence... »

Oui, dommage ... VRAIMENT DOMMAGE ...

« En fait, pour un mec qui se la joue ténébreux sarcastique, tu es plutôt susceptible, Euclide. »

... Très bien. Il voulait la jouer comme ça. Très bien.
Mark se força à desserrer les poings et retint un sourire carnassier. Très bien.
On allait s'amuser.

« Tu sais, Pythagore, tu devrais te teindre les cheveux. Je suis sûr que ça se voit à des kilomètres à la ronde. Ça brille dans le noir, aussi ? Je peux voir ? »

Résumé:

Euclide sourit à son tour, pour la première fois depuis le début de leur échange. Il y avait du progrès ! Ce n'était certes, pas un sourire amical, mais ça valait mieux que le visage blasé qu'il affichait quelques secondes plus tôt.

- Tu sais, Pythagore, tu devrais te teindre les cheveux. Je suis sûr que ça se voit à des kilomètres à la ronde. Ça brille dans le noir, aussi ? Je peux voir ?

Pythagore se mit à rire. Ça ne volait pas bien haut, il aurait du mal à répondre à ça sans s'enfoncer lui aussi...

- Malheureusement non, mes cheveux ne sont pas fluorescents... Pour ce qui est de se voir à des kilomètres à la ronde par contre, c'est pas faux. Enfin, c'est pas pour autant que j'irais me teindre les cheveux, je préfère rester avec mes cheveux roux qu'avec tes cheveux noir... Combinés avec ta coupe ton air grognon, on dirait un émo...

Résumé:

« Malheureusement non, mes cheveux ne sont pas fluorescents... Pour ce qui est de se voir à des kilomètres à la ronde par contre, c'est pas faux. Enfin, c'est pas pour autant que j'irais me teindre les cheveux, je préfère rester avec mes cheveux roux qu'avec tes cheveux noir... Combinés avec ta coupe ton air grognon, on dirait un émo... »

Un nemo ? pensa Mark en ricanant intérieurement, comme l'imbécile qu'il pouvait être.

« Admettons. Mais moi, au moins, je ne défie pas les lois de la gravité avec. » lâcha-t-il dans un sourire presque aimable.

« Et je suis là depuis hier. Au temps pour l'ancienneté. »

Résumé:

- Admettons. Mais moi, au moins, je ne défie pas les lois de la gravité avec.
- Eh bien, crois le ou non, mais en plus je n'utilise pas de gel ! répliqua Pythagore.

Il aurait bien ajouté quelques remarques sur le côté absurde de parler de gravité ou autre loi physique dans l'Esquisse, mais sa dernière allusion du même genre n'avait pas eu beaucoup d'effet...

- Et je suis là depuis hier. Au temps pour l'ancienneté.

Eh bien voilà ! Il s'ouvrait enfin un peu ! S'il était là depuis hier, ça pouvait expliquer sa méfiance et son côté renfermé qu'il avait eu d'abord... Pythagore eut un regard compatissant envers le jeune homme. Les premiers jours étaient toujours les plus durs, c'était ceux où on se heurtait pour la première fois à cette nouvelle réalité.

- Juste depuis hier ? T'as du en baver toute la journée, alors...

Le premier jour, il était avec lui. Ils croyaient encore qu'ils pouvaient sortir, ils cherchaient naïvement la sortie.

- Je suis là depuis des mois, des années peut-être ? Tu vas t'en rendre compte rapidement, mais le temps c'est très relatif ici... C'est comme tout, c'est flou, abstrait, incompréhensible. Des fois on a l'impression que les jours durent des semaine, des fois quelques minutes... Et c'est pas la folie ambiante des lieux qui arrange les choses.

Résumé:

« Juste depuis hier ? T'as du en baver toute la journée, alors... » lâcha Pythagore avec un regard de compassion.

Mark lui jeta un regard noir en retour. Pas question qu'il se fasse prendre en pitié par ça.

« Je suis là depuis des mois, des années peut-être ? Tu vas t'en rendre compte rapidement, mais le temps c'est très relatif ici... C'est comme tout, c'est flou, abstrait, incompréhensible. Des fois on a l'impression que les jours durent des semaine, des fois quelques minutes... Et c'est pas la folie ambiante des lieux qui arrange les choses. »

« Ha, c'est pour ça que j'ai l'impression de traîner ici depuis des semaines ? Chouette. On va se marrer, je le sens ... »

Résumé:

Euclide ne semblait pas particulièrement apprécier son élan de compassion, tant pis pour lui.

- Ha, c'est pour ça que j'ai l'impression de traîner ici depuis des semaines ? Chouette. On va se marrer, je le sens...

Il ne croit pas si bien dire, hein ? On s'amuse si bien...

- Ah, et si c'était que ça... répondit-il. Et si je te disais qu'on est coincé ici sans avoir aucune véritable piste de sortie, que tous les objets et même parfois des bâtiments tentent de te bouffer, qu'il y a des tempête qui apparaissent aléatoirement un peu partout et que tu risques de perdre tes souvenirs de l'ancien monde petit à petit et par la même occasion, ta lucidité. Le summum du fun, non ?

Il y avait dans ses propos un mélange d'agacement, de sarcasme et d'amertume, un dégoût de ce monde absurde qu'il avait tenté de refouler jusqu'alors.

- Eh bien, bienvenue dans l'Esquisse ! C'est le petit nom affectueux qu'on donne à cette prison colorée.

Résumé:

« Ah, et si c'était que ça... Et si je te disais qu'on est coincé ici sans avoir aucune véritable piste de sortie, que tous les objets et même parfois des bâtiments tentent de te bouffer, qu'il y a des tempête qui apparaissent aléatoirement un peu partout et que tu risques de perdre tes souvenirs de l'ancien monde petit à petit et par la même occasion, ta lucidité. Le summum du fun, non ? Eh bien, bienvenue dans l'Esquisse ! C'est le petit nom affectueux qu'on donne à cette prison colorée. »

Mark jeta un regard surpris à son interlocuteur.

« Si tu as besoin d'une séance de psychologie, je suis là. Ça a pas l'air de très bien aller, là-dedans. » sourit-il en tapotant le torse de Pythagore, au niveau du coeur.

Résumé:

- Si tu as besoin d'une séance de psychologie, je suis là. Ça a pas l'air de très bien aller, là-dedans.

Génial, voilà qu'Euclide le prenait pour un fou. Une séance de psychologie ? C'est sûr qu'il en aurait bien besoin... Pas sûr qu'une seule suffise, d'ailleurs.

- Dans le fond je serais pas contre, Euclide, je deviens complètement taré. C'est pas comme ça que je vais avoir l'air convainquant en parlant de lucidité !

Il soupira encore, le regard vague. Thalès avait-il encore gardé la raison ?

- Quand tu disais que tu avais perdu ton frère, c'était avant ou après être arrivé ici ?

Résumé:

« Dans le fond je serais pas contre, Euclide, je deviens complètement taré. C'est pas comme ça que je vais avoir l'air convainquant en parlant de lucidité ! »

« Mark. » lâcha "Euclide" avant même de se rendre compte qu'il le faisait.

Wow, qu'est-ce que tu fais, mon gars ? Ce type, tu le connais depuis cinq minutes, top chrono. Il a même dit que tu avais l'air emo. En plus, il s'appelle Pythagore.

« Quand tu disais que tu avais perdu ton frère, c'était avant ou après être arrivé ici ? »

Mark se fit la remarque que Pythagore avait une certaine capacité à le surprendre à chacun de ses brusques changements de sujet.

« Avant. Mais je suis certain qu'il est ici. »

Résumé:

Euclide s'appelait donc Mark ? Dommage, il fallait renoncer à son petit surnom de mathématicien... Il lui allait bien, pourtant.

- Avant. Mais je suis certain qu'il est ici.
- Comment tu peux en être si sûr ? demanda-t-il, surpris.

S'il ne l'avait pas croisé où s'il n'était pas venu avec lui, les chances étaient faibles... Se retrouver réuni avec une connaissance dans l'Esquisse n'était pas impossible, mais ce type de cas restait rare.

Et alors ? Il avait beau été transporté avec Thalès, il en était au même point que lui. Seul.

Résumé:

« Comment tu peux en être si sûr ? »

« Euh »

Mark s'interrompit, le regard fixé sur un point derrière Pythagore.

« Qu'est-ce que c'est que cette HORREUR ??? »

Un oeil. Un oeil de la taille d'un chaton. Un PUTAIN DE GLOBE OCULAIRE avec des AILES.
Il arriva par-derrière Pythagore en voletant et, comme pris d'une folie meurtrière, il entreprit de lui foncer dessus, se cognant dans son dos de toutes ses forces (c'est à dire pas grand-chose) de façon répétitive.

Résumé:

- Euh.

Pythagore n'eut pas le temps de faire un commentaire ironique sur la pertinence de cette réponse qu'il ressentit un choc violent dans le dos, puis un deuxième, et un troisième. Ce n'était pas assez puissant pour le blesser sérieusement, mais assez pour qu'il manque de perdre l'équilibre en se retournant.

- Qu'est-ce que c'est que cette HORREUR ??? s'exclama Mark, qui heureusement était trop concentré sur la chose pour l'avoir vu trébucher.

Cette horreur, c'était un œil. Un œil qui volait avec des ailes qui auraient pu appartenir à un pigeon géant. En tout cas, s'il n'était pas dangereux à proprement parler, il était extrêmement agressif. Il fallait faire attention. Se retenant d'émettre le moins de jeux de mots de mauvais goût sur la chose qui leur faisait face, Pythagore dégaina son fidèle pistolet à eau. Il visa l'œil qui fonçait une nouvelle fois en sa direction et projeta une salve d'acide coloré.

L'œil poussa un cri de douleur -comment ? mystère...- et se laissa tomber lourdement au sol. Il cligna jusqu'à rester complètement fermé, sa paupière laissant échapper de grosses larmes qui roulèrent sur le sol.

- Vaudrait mieux pas traîner dans le coin, on est mal barré si ce truc a des amis !

Et après, on ose dire que la ville est un endroit sûr !

Résumé:

Pythagore dégaina un pistolet à eau -à eau ?!- et tira sur l'objet. Ça ne devait pas être de l'eau, parce que l’œil alla mollement s'écraser au sol en poussant un cri -Mark ignorait que les yeux possédaient des cordes vocales.

« Vaudrait mieux pas traîner dans le coin, on est mal barré si ce truc a des amis ! »

Pour une fois, Mark était 100% d'accord avec lui.
Il avisa un bâtiment proche qui semblait suffisamment solide, et surtout n'était apparemment pas fermé, comme en attestait sa solide porte en chêne grande ouverte.

« On n'a qu'à aller là-dedans. ».

Sans même attendre l'approbation de Pythagore -qui le suivit, de toutes façons-, il s'y dirigea à grandes enjambées. Une fois à l'intérieur, il ferma la lourde porte et, constatant avec joie qu'elle pouvait être bloquée avec une grosse planche en bois, il verrouilla derrière eux -au cas où les objets sauraient ouvrir les portes.

Résumé:

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