Sacha - "Si je croise pikachu, je le cogne."

Description

Il était resté là, assis sur ce sol le dos appuyé contre un mur effondré d’une boulangerie, la tête enfouie dans ses bras entourant ses genoux. Il n’avait pas bougé de là depuis que ce monde était devenu plus hostile. Ce n’est pas tellement la solitude qu’il craignait, c’était surtout les objets et le fait de mourir ici. Il ne voulait pas. Non pas qu’il veuille rester en ce monde, mais il ne veut pas trépasser avant d’avoir pu au moins mettre le poing dans la figure de Pikachu.

Il avait courut le plus loin possible de toute cette tourmente. De ces objets devenus encore plus fous, du vent déchainé, du sol se dérobant à chacun de ses pas, il croyait avoir signé son arrêt de mort. Il était là, seul, s’échappant à grandes enjambées, il était loin l’adolescent fier, presque hautain, considérant les autres comme des nuisances. A ce moment là, il avait souhaité que quelqu’un soit avec lui pour au moins distraire les objets, le temps qu’il s’enfuie.

Non, pas quelqu’un pour l’accompagner, encore moins pour l’aider… Sacha est misanthrope, il vous déteste. Tous autant que vous êtes. Moins il vous voit, mieux il se porte. Pourtant, isolé comme il est, une présence, ne serait-ce qu’infime, le rassurerait. Sa solitude était bien plus marquée, comme un poids lourd sur ses épaules. Tellement forte qu’il n’avait pas encore levé les yeux. Il n’avait pas envie de constater un lieu totalement désert.

S’il était le seul survivant, contre qui pourrait-il balancer des piques ? Contre qui s’énerver ? A qui donnera-t-il ses argument pour prouver n’est pas cet autre Sacha, le dresseur de pokémon ? A qui pourra-t-il faire comprendre qu’il ne savait même pas l’existence de ces bestioles jusque là ? Quoi que ces deux dernières choses, il peut s’en passer.

Sacha, c’est un adolescent qui a eu une console mais qui n’a jamais entendu parler des pokémon. C’est un garçon un peu coupé de la réalité au point d’ignorer une tendance mondiale. C’est le genre de personne à ne pas s’intéresser à une chose qui l’est pour une autre. C’est le type solitaire à qui on a envie de parler par pitié mais où finalement on se prend une réflexion piquante dans la figure.

Jusqu’ici, il n’avait pas croisé beaucoup de monde, mais assez pour lui faire comprendre que même ici, les gens étaient totalement inintéressants. Ils l’énervaient tout autant que dans son monde. A une chose près. Son surnom était Sacha, il était habillé de rouge et blanc. Il n’en fallait pas plus pour que tout le monde le vanne avec cette histoire de pokémon. Une sombre histoire de bestioles pseudo-mignonnes qu’il faut attraper pour faire des duels contre d’autres « dresseurs » avec l’aide de ces bêbêtes. N’est-ce pas complètement stupide ?

Et si cela ne pouvait pas être assez, Sacha apprit l’existence de Pikachu. Oui, la souris jaune là. Enfin lui ne sait pas à quoi il ressemble de base, mais il sait que ce… type est à sa recherche. Parce que les personnes qui le croisaient lui en parlaient. « Alors, tu as retrouvé ton pokémon ? » - « Tu as perdu ton animal de compagnie ? » - « Pikachu te cherche ! Pourquoi tu ne l’as toujours pas retrouvé ?! » et il en passe des meilleurs. Bref, il n’a jamais vu ce type, ne sait pas à quoi il ressemble – ne sait même pas si celui-ci sait à quoi ressemble Sacha – mais il le déteste encore plus que les autres. C’est principalement sa faute s’il est encore moins tranquille ! Il s’est juré depuis la première fois qu’on lui en a parlé que le jour où il trouvera ce Pika-chose, il entendra parler du pays et il se mangera un de ces coups de poings monumental ! Minimum !

Mais aujourd’hui, petit être fragile, seul, si Pikachu venait, comment réagirait-il ? Il ne sait pas. Sans doute lui crierait-il dessus mais sans plus. Le super coup de la mort attendrait. Là, recroquevillé ainsi, peut-être ne réagirait-il pas de la même manière. La tempête, oh il en avait vu, de loin. Jamais d’aussi grosses. C’est la première fois qu’il eu si peur. Peut-être que tout cela va venir contredire ce qui est écris plus haut. Très certainement même. Mais une présence, là, maintenant ne le déplairait pas. Quelqu’un qui s’inquiéterait de sa santé, savoir s’il va bien… Mais il ne l’admettra jamais. Oh ça non. Parce qu’il est têtu en plus. Et il se dira que se sera surement la seule et dernière fois qu’il souhaitera ça !

Mais il se releva finalement, après toute une journée à trembloter comme une feuille dans son coin, il se mit debout aussi droit que sa condition physique lui accordait. Son pantalon était dépouillé en dessous de son genou, plus quelques trous au dessus, sa veste rouge n’était plus, laissant que son tee-shirt d’un blanc salit par son sang et d’autres substances esquisséennes. Les yeux fatigués, le corps écorché, les jambes fragiles et les bras impuissants, Sacha ne savait quoi faire après tout ça. La boulangerie ne ressemblait à rien et il se dit que plus grand-chose doit tenir debout.

Serait-il le seul survivant ici ? Cette idée l’angoissait. Etrangement. Lui qui a toujours voulu qu’on le laisse seul. Mais la présence d’autres prouvait qu’il y avait des humains ici, ou qu’il en était lui-même un. Qu’il n’était pas le seul dans cette galère. Il les hait, mais c’est ce qui le fait tenir, le fait resté lui-même. C’est ce qui le relit à son monde. Alors il ère à la recherche de personnes, tout en les fuyant. Situation spéciale, étrange et contradictoire. C’était sa situation.