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Épreuve 5 - Équipes B et D [ ♥ ♣ ]

Folie d'Esquisse
Messages : 1044
Date d'inscription : 24/06/2012
Folie d'Esquisse
Ven 22 Mar - 23:46

Épreuve n°5 - L'épopée


Alors que vous effectuez un trajet qui n’a plus de secrets pour vous tant vous l’avez fait et refait dans votre vie, le destin décide de vous surprendre en posant sur le chemin toutes les embûches dont il est capable pour vous en détourner. Votre trajet de routine devient subitement une épopée riche en péripéties qu’il vous faudra braver si vous souhaitez atteindre votre destination !



Nous rappelons que les forums devant poster sur ce sujet sont les suivants : Damned Town, Epicarena, Four Seasons, Hikari Sekai, Kobe High School, La Sérénissime, Metro, Tasty Tales, Terrae, Shingeki no Kyojin Rebirth et Why....
Pour les autres, c'est par ici

Rappel du fonctionnement:


Quelques petites consignes :

  • En début de post (uniquement dans le premier post s'il s'agit d'un mini-RP), nous vous invitons à présenter sommairement votre univers et votre personnage de manière à nous fournir assez d'éléments pour tout comprendre.
  • Les mises en page sont autorisées, mais nous comptons sur vous pour faire attention à la lisibilité en évitant les couleurs/polices illisibles et les tailles d'écriture en-dessous de celle par défaut. Si vous avez un doute, vous pouvez venir faire des tests sur ce sujet et demander des avis sur la shoutbox.
  • Si vous voulez avoir votre avatar qui s'affiche joliment à gauche, vous pouvez utiliser la balise de transformation :
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Anonymous
Cataldo Lagioia (LS)
Invité
Sam 23 Mar - 4:23


Bonjour à tous. Je me présente, Cataldo Lagioia, champion de la Sérénissime. Vous m'avez déjà croisé en tant que Catullo Zenone sur les précédentes éditions.
Cataldo est un savant turinois, exilé à Venise après que son assistant, le 8e, soit décédé accidentellement comme les 7 précédents. Il est brillant, mais très distrait et maladroit. Myope, il égare souvent ses bésicles, l'ancêtre des lunettes de vue moderne, et souffre d'une hypocondrie chronique.
Voici mon texte.


Le savant turinois vivait entre la ville de Venise où il avait son atelier, et Torcello, où il possédait une jolie petite maison. Il fallait bien ça pour qu'il ait accepté de retourner là-bas de temps en temps. Et pour cause... Cela faisait des décennies que la ville de Torcello avait vu son port envasé. Comme les eaux de la lagune y étaient devenues impraticables, la ville avait périclité, et les habitants avaient peu à peu déserté la cité, où ne vivaient désormais plus qu'une poignée d'habitants. C'en était arrivé à un point tel que les autorités vénitiennes avaient du instituer un décret pour éviter que les habitants des villes alentours ne viennent piller les anciens palais laissés à l'abandon pour y récupérer le marbre.

Cataldo vivait dans une charmante petite maison, au charme pittoresque, à deux bons kilomètres de Torcello, et à quelques dizaines de mètres de l'eau, avec un petit débarcadère en bois où il gardait sa barque amarrée. Il fallait juste faire abstraction des nuées de moustiques, des couleuvres, des broussailles épineuses et des zones marécageuses où l'on pouvait facilement laisser une botte si l'on avait simplement le malheur de marcher là où il ne fallait pas. Dans le coin, des "là où il ne fallait pas", il y en avait un sacré paquet.

Après une semaine riche en événements sans grande importance, il arriva au samedi matin, et il sortit de l'Académie des Sciences de Venise en rajustant ses bésicles sur son nez. Sa petite semaine était belle et bien finie, et il allait rentrer à Torcello, de l'autre côté des eaux de la lagune. Il se dirigea donc vers les quais des Zattere, pas bien loin, là où il avait amarré sa barque quelques jours plus tôt. Il portait un balluchon assez pesant dans lequel il ramenait son linge de la semaine, ainsi que quelques victuailles, et des biscuits pour son petit goûter. La journée avait mal commencé quand la jeune et jolie marchande de biscuits qui était toujours très gentille avait été remplacée par sa cousine, une grosse dondon qui avait plus de poil au menton que lui, et des bras plus gros que ses cuisses.

Pire encore, quand il avait commandé ses petits biscuits à la cannelle, la cousine de la gentille marchande qui s'appelait Gertrude lui avait répondu qu'il n'y en avait plus, et il avait dû se contenter de sablés qui ne lui disaient rien qui vaillent. Surtout que la grosse Gertrude n'arrêtait jamais de se gratter le nez, et qu'en ce début de printemps, les miasmes se transmettaient bien. Il redoutait d'attraper un gros rhume. Parce que sortant de Gertrude, ça ne pouvait pas être un petit rhume.

C'est en songeant au désarroi ressenti en s'acquittant du prix de ses sablés qu'il arriva sur les quais. Il rechercha du regard sa barque, et se planta une main sur la hanche, l'autre main tenant le bâton au bout duquel était son balluchon plein de biscuits sablés pour s'appuyer dessus. Elle n'était plus là sa barque. Quelqu'un aurait-il osé lui piquer sa jolie petite barque? Il se gratta la tête en regardant d'un œil suspicieux les employés du port et les marins de tout poil qui traînaient dans le coin, à la recherche d'un potentiel fautif. Il leur trouva vite à tous des têtes de parfaits coupables, et il remonta lentement les quais à la recherche d'un gars avec un air encore plus coupable que les autres. C'est ainsi qu'il retrouva sa barque, amarrée environ deux cent mètres plus loin. Le gros navire à côté duquel elle était au départ avait juste changé de place.

Tout heureux, il gambada jusqu'à son embarcation, et jeta son baluchon dedans avant de s'y asseoir pour empoigner son aviron et l'embrasser tant il était content de retrouver sa petite barque. Et là, ce fut le drame. Dans le même temps où il comprenait qu'il avait fait une cruelle erreur en lançant son baluchon avec ses biscuits sablés sans cannelle dedans, et qu'il avait dû en casser, une énorme écharde se détacha de sa rame pour se planter dans le bout de son nez alors qu'il l'embrassait. En louchant à cause de l'écharde plantée dans son pif, le turinois s'agita et lança son aviron pour doucement prendre le petit bout de bois pointu, et le retirer de son nez meurtri d'un coup sec, en prenant garde de ne pas le casser.

Et bien sûr, cette petite saloperie d'écharde se cassa aux deux tiers avant qu'il ait pu la retirer complètement. En poussant un cri aigu et en agitant les mains de façon grotesque pour signifier sa douleur, le savant dut user de ses ongles pour choper le tout petit bout restant, et l'extraire en tirant d'un coup sec. Ca faisait un mal de chien, et il en avait les larmes aux yeux. Il retira donc ses bésicles pour les poser devant lui dans le fond de la barque, et du revers de sa main, essuya ses yeux larmoyants, et se mit à tâtonner pour retrouver ses bésicles. C'est alors qu'une grosse voix se fit entendre à côté de lui.

"Et alors?! Tu peux pas garder tes affaires sur ta barque le rouquin?!"

Complètement myope sans ses bésicles, le turinois sursauta, et vit une forme toute floue qui semblait agiter ses gros bras, avec au bout deux grosses mains, dont une semblait brandir sa rame de façon menaçante. Le plus innocemment du monde, il se retourna, et saisit sa deuxième rame en protestant.

"Ah non, c'est pas à moi. La mienne est là. Au revoir."

Il se mit à pagayer rapidement pour s'éloigner, mais la barque était toujours amarrée, et il mit bien dix secondes avant de comprendre qu'il faisait du surplace sans avoir remis ses bésicles. La gêne ressentie alors fit virer son teint pâle au cramoisi, et il se leva pour détacher le cordage qui le retenait. Ce faisant, il posa le pied sur ses verres de vue et un "crac" lui indiqua qu'il venait de retrouver ses bésicles, qui se trouvaient sous son soulier. A tâtons, il dénoua l'amarre, se rassit en reprenant ses bésicles et les mit sur son nez. Elles étaient tordues, et un des verres était bel et bien brisé.

Cherchant ensuite son aviron, il vit celui qu'il avait laissé sur la barque d'à côté. Le gars était tourné, et il était grand, costaud, et vraiment pas beau. Innocemment et discrètement, il se pencha, et posa la main sur le manche de la rame. Il allait la tirer doucement quand le gorille se redressa d'un coup. Cataldo sursauta et tira d'un coup sa rame vers lui. Il frappa au passage pile dans l'entrejambe du gros costaud qui se plia en deux et tomba à la flotte, devant le turinois stupéfait.

Ce dernier se mit aussitôt à ramer frénétiquement, et cette fois il s'éloigna du quai tandis que le primate mouillé et mal luné avec les parties meurtries l'abreuvait d'un copieux chapelet d'injures. Il se retourna alors pour lui tirer la langue, et c'est là qu'il vit que le gros costaud essayait de le poursuivre en nageant. Il se remit à ramer frénétiquement, la peur dans les entrailles, et s'éloigna rapidement des Zattere en transpirant à grosses gouttes.

A mi-chemin environ de Torcello, il sentit que des gouttes de pluie commençaient à tomber. Il était parti avec le beau temps, et n'était pas du tout équipé pour affronter la pluie. Sensible à l'humidité, son nez se mit à couler, et il sortit son mouchoir pour se moucher bruyamment avant de se résoudre à défaire son balluchon pour en sortir une chemise sale qu'il jeta sur sa tête comme un manteau pour se protéger un peu.

C'est alors qu'il se rendit compte qu'il avait une petite fringale. Mais il était prévoyant. C'est pour ça qu'à chaque fois qu'il quittait Venise pour rentrer chez lui, il passait par le Marché du Rialto et achetait des biscuits à la cannelle à Maddalena, la gentille marchande. Tout heureux, il ouvrit le petit paquet de tissu qu'il emportait toujours, mais son sourire se figea. Ce n'étaient pas les savoureux biscuits à la cannelle qu'il aimait. C'étaient les sablés de Gertrude! Et en plus, il avait lancé son baluchon tout à l'heure, et ils étaient tout cassés!

Avec une mine contrite, le nez qui coule et des yeux larmoyants, mal protégés par une chemise sale posée sur sa tête qui se gorgeait d'humidité, Cataldo regardait tristement ces petits biscuits en miettes, en se laissant dériver sous la plus vers Torcello.
Anonymous
Håkan Hjortursson
Invité
Sam 23 Mar - 16:55

Spoiler:

Ma conscience s'éveille peu à peu, le bruit ambiant venant me titiller les tympans. Le son des pas précipités des élèves en retard, le bruissement des vêtements et le souffle du vent au travers d'une fenêtre mal fermée. Pourtant, au lieu de me lever immédiatement, je profite de ce moment, les yeux fermés et bercés par la lumière perçant mes paupières. Après tout, n'ayant aucun rendez-vous, cours, loisir ou autres horaires à respecter.. Cette journée allait être, comme toutes les autres depuis quelque temps, sous le signe de l'ennui. Alors autant profiter du profitable.
Dans ma tête, je me met alors à visualiser ce que je pourrais aller faire.. Prendre une douche semblerait être le premier choix, mais en même temps, mon estomac semble commencer à s'auto-digérer et un détour pour le réfectoire pourrait s'avérer salvateur. Et puis, au pire, un heure aussi matinale, presque personne ne sera là. Il me faudrait juste passer par les sempiternels longs couloirs plus ou moins peuplés d'élèves aux joues rougies par la course.. Je n'aime pas les jeunes.. Enfin, les plus jeunes que moi. Ils ont tendance à me taper sur le système.. Mais là n'est pas la question.
Mon choix fait, j'ouvre enfin les yeux et me décide à soulever ma carcasse du lit non sans rechigner. Saluant Igor le porte manteau en félicitant ses courbes boisées, je m'habille de mes vêtements de la veille et me dirige vers la sortie du dortoir à dos de poney. Bien aimablement, je remercie l'équidé qui se trouvait être en fait un chat avec des sabots et m'engouffre dans le couloir.

Complètement désert, je me sens soulagé de n'avoir à croiser personne et me met en route. Marchant sans arrêt, je commence à fatiguer après deux pas tandis que le sol se met à devenir mou, provoquant mon "sur-place". Baissant la tête, je remarque alors que mes pieds sont en poudre et que remuer ainsi ne fait que les disperser. Désespéré, je me met alors à crier au secours tandis que mes mains tentent de s'accrocher au mur pour me défaire de cet embourbement. Face à l'urgence de ma situation, je me résigne à décrocher mon téléphone et à appeler Baxter l'italien pour qu'il vienne me chercher.

Quelques secondes plus tard, alors que tout espoir me semble perdu, je vois l'eau du sol en moquette se mettre à remuer par onde et en déduit l'arrivée de mon sauveur. Planté là, sur sa gondole, mon héros vient alors me sauver de l'embarras en me faisant grimper en sécurité tout en me chantant une sérénade incompréhensible. De nouveau moi-même et mes jambes entièrement solides, je commence à me poser des questions. Rien ne m'a choqué pour le moment, mais je dois dire que j'ai du mal à croire qu'il ait put me rejoindre aussi rapidement ici après mon appel puisque les gondoles sont difficiles à manier. Même si je dois dire que faire la bise à un porte-manteau et parler à un chat saboté m'a légèrement mit la puce à l'oreille, j'avoue avoir d'abord pensé qu'il s'agissait là d'une énième bizarrerie de Terrae. Mais là, la gondole super-sonique. Non, je n'adhère pas !
Perçant le secret du rêve, je me décide enfin à me reprendre en main et à mener ma mission à bien : Remplir mon estomac d'un pain au lait salvateur.

Au son de la sérénade que je ne comprends pas, j'avance dans les couloirs aux murs psychédéliques. Une pensée me traverse l'esprit, me disant qu'avec des couleurs, ce serait sûrement mieux. Mais je préfère rejeter cette pensée néfaste. Plongeant mes doigts dans l'eau-moquette, je m'asperge le visage pour le rafraîchir. Cependant, je me rends soudainement compte que l'italien a pris le mauvais tournant. Effaré, je tente de le prévenir mais aucun son ne sort de ma bouche. Essayant de le toucher pour le faire réagir, je me rends soudainement compte qu'il ne s'agit pas d'un chant italien mais d'une incantation vaudou. Ayant fait vaudou L.V.2, je réalise que l'individu essaie de me transformer en brioche vivante. Terrifié et désemparé, je me bouche les oreilles des deux mains tout en criant "Lalala je n'entends pas" avant de sauter par dessus bord.
Le vent dans les cheveux et la pression de l'air venant à faire "flap-flaper" mes lèvres et mes paupières, je me sens chuter sur des kilomètres. Hurlant de panique, je me met à gesticuler dans tous les sens avant de devoir rapatrier mes mains sur mes lèvres pour éviter qu'elles ne se décrochent. Me préparant à l'impact, je ferme de nouveau les yeux et atterrit violemment sur le sol, cinq centimètres plus bas. La moquette amortissant mon saut de l'ange passé.

Ni une ni deux, je me met alors à courir au ralentis sur une musique de Diana Ross, filant à molle allure vers la bonne direction. Je me surprends à sourire, soulagé de reconnaître les diverses salles et bureaux longeant le chemin du réfectoire. Dans l'institut depuis peu et faisant peu de sorties, ce chemin est sûrement, à l'heure actuelle, l'unique chemin que je puisse emprunter les yeux fermés.. Enfin.. Pas maintenant, non ! Puisque que si je ferme les yeux, mes cils vont se nouer et je n'ai pas de démêlant sur moi.

Les yeux grands ouverts et le pas décidé, je traverse la porte menant vers le petit espace vert séparant les deux bâtiments. Un bruissement de feuille vient détourner mon attention. Un bruissement de feuille bien particulier, pas celui des arbres ou des arbustes.. Non.. Un bruissement de feuille très rapidement suivi par le cliquetis du stylo avec lequel on joue. Plissant les yeux, j'aperçois désormais une multitude de démarcheurs aux gilets de toutes les couleurs. Tous cherchant une pauvre victime à dépouiller. M'apprêtant à rebrousser chemin, je remarque que le gondolier vaudou est toujours à mes trousses et vient de couper mon plan de retraite. Poussé par le destin, je me jette en avant, prêt à affronter la fosse aux lions.

Rugissants et fusant vers moi, je joue de mes meilleurs artifices pour esquiver les plus récalcitrants. M'exprimant en islandais, je remarque avec effrois que tous maîtrisent la langue en plus de savoir l'écrire. Sentant l'heure de mon compte en banque venir, je ne dois mon salut qu'à l'arrivée du gondolier vaudou attirant leur attention et me permettant de m'enfuir non sans avoir dû esquiver et tacler une dernière sangsue voulant mon argent pour aider les milliardaires suisses.

Franchissant la porte du deuxième bâtiment, je ne peux m'empêcher de tenter de bloquer celle-ci pour gagner un peu de temps et remarque avec agacement que j'ai oublié de prendre mon kit de soudure avant de partir. Renfrogné, je tourne les talons et me dirige immédiatement vers les cuisines. En pénétrant dans celles-ci, je remarque que tous les meubles ont étés poussés contre les murs. Au centre de la pièce, trône une unique table bercée par un halo de lumière. Au centre de cette même table, siège un unique plateau garni de deux pains au lait. Au centre de ce plateau, il n'y a rien puisque les pains au lait sont biens placés. M'approchant, je prends place et place une serviette autour de mon cou de manière cérémoniale tandis qu'un homme portant un masque de tigre et une cape noire surgit d'en face de la pénombre. A ses côté, un homme aux muscles saillants et parlant français m'explique que je dois réussir à manger le pain au lait mais.. Que Attention ! L'un des deux se trouve être un pain au raisin camouflé. La tension monte alors, venant atteindre son paroxysme alors que deux nains avec des porte-clefs se mettent à chanter un jingle ressemblant à Tin tintin tin tin tin tintintintintiiiiin, quelque chose comme ça.

Alors que je commence à paniquer, à me dire que je n'ai plus le temps et que la vie ne vaut plus la peine d'être vécue, j'entends la voix du chat saboté me dire d'avoir confiance en moi et d'avoir foi en l'âme des pain au lait de la marque Yugi. N'étant pas tout à fait sûr de la dernière partie, je me décide de faire confiance en mon instinct et me jette sur l'homme à la tête de tigre afin de révéler sa véritable identité. Les masques tombent et me révèlent que c'était lui le pain au lait depuis le début. Vainqueur et satisfait, je me saisis de lui et croque dans sa chair moelleuse, finalisant enfin la quête de toute une nuit.
Anonymous
Tatiana Romanova
Invité
Sam 23 Mar - 18:55


[Bonsoir, je suis Tatiana Romanova du forum Metro. Pour vous situer, sachez que Tatiana est une gérante de maison close et fait aussi partie d'un service de renseignements, une espionne en somme. Mais sachez juste une seule chose, avec moi, méfiez vous des coups de pute *Fuis*]

Ô muse, chante les piètres louanges de celle que les bien heureux surnomment la putain de Babylone.

Celle qui a toujours pour habitude de passer devant les portes de sa station de métro surveillée par des gardes armées, étant prêts à résister aux attaques comme ont fait jadis les troyens face au héros dont le talon scella son destin.

Elle qui fit juste mine de s'inquiéter pour la santé de ces soldats aux allures de mercenaires bâtards et dont le seul but était juste d'apporter une légère attention et un léger soutien. L'hypocrisie est dans ces cas là le meilleur moyen pour apporter réconforts aux pauvres et aux païens.

Pour retourner à sa demeure, elle n'avait qu'à emprunter plusieurs embouchures, des rues construites à la vite, quelque chose d'artificiel tout comme ces édifices souterrains artificiels, disposées de manière pittoresque d'après les savants et autres oracles dont seul un trou leur aurait permis d'être surnommés des pythies de Delphes.

Elle s'engouffra alors dans ce dédale de tôle, sachant exactement où se situaient les impasses, les points de non retour et les allées mal fréquentées de cette cité d'acier rouillé.

Une allée.

Une seconde allée.

Une troisième allée.

Elle commença à se questionner. Elle devrait normalement être de retour chez elle. Mais cela n'avait pas l'air d'être le cas. Elle se trouvait devant un mur, ressentant alors une légère tension dans l'air. Elle se retourna donc et son regard saillant croisa celui de trois personnes.

Il s'agissait de trois hommes, des guenilles aux pieds, de vieilles blouses de mécaniciens, des dents abimées et une façon de fixer comme le ferait une meute de chiens.

Son poing se serra alors et elle comprit très vite que cette impasse était peut être là où sa vie s'arrêterait. Elle qui ne se connaissait aucun talon d'Achille, se trouva vite au dépourvue et douta même de ses forces. Cependant, ce fut sa parole qui s'annonça en premier.

« Ecartez vous de mon chemin, je ne suis là que par un mauvais hasard et je ne souhaite pas en venir aux poings. S'attaquer à moi, c'est s'attaquer à l'humain, et cela ne vous mènera qu'à la potence si votre comportement s'avère belliqueux. »

Un des trois hommes cracha à terre, première réponse. La seconde ne se fit pas attendre plus longtemps, le tout sur un ton qui ne se voulait pas comme une annonce.

« Nous te connaissons, toi que l'on surnomme la putain. Tu joues de ta belle langue de serpent pour endormir les imprudents. Mais tes subterfuges ne marcherons pas sur nous. Nous ne craignons ni les vipères et encore moins les sirènes... »

Cependant, il ne put finir sa longue tirade que la femme s'esquiva alors. La faute à un homme tenant plus de l'animal qui pensait que philosopher sur de vieilles légendes d'un monde oublié était plus important que de détrousser la première piégée, et la faute aux deux autres qui furent comme obnubilés par le chant de cet imbécile.

De sa rencontre, la jeune femme en tira un léger rictus tandis qu'elle continuait son chemin en jetant un coup d'oeil derrière elle. Elle cogna alors contre une masse, du moins cela lui semblait être comme une masse.

Elle leva alors les yeux, et il lui semblait tout d'abord distinguer un colosse.

Ce n'était qu'un homme, qui devait faire le double d'elle en taille.

Elle recula de quelques pas. Ce dernier ne semblait pas être d'une humeur propre à celle d'un troubadour comme elle avait pu croiser il y a de cela quelques secondes. Ses poings parleraient sans doute à la place de sa voix.

Elle usa alors de ce que certains peuvent situer entre une technique ancestrale et un don du ciel. Son pied alla directement cogner à l'endroit où les peintres censuraient Adam avec une feuille de vigne.

Le coup fut rapide.

Le coup fut brutal.

La femme restait intrépide.

Le colosse laissa échapper un râle.

Il s'effondra alors, pleurant maman. Elle en profita alors pour lui asséner un deuxième coup, qui ne heurta que son genou.

Elle continua alors son chemin tandis que des passants affluaient autour du colosse en essayant d'appeler un médecin. Elle avait toujours pour but, pour fil conducteur de rejoindre son chez elle. Mais elle avait l'impression de se trouver en terrain inconnu, comme si une divinité quelconque s'était mise en colère contre elle et avait décidé de la jeter dans un espèce de labyrinthe sordide. Il restait alors une seule chose à savoir dans ce cas là.

Où pouvait bien se trouver le minotaure ?

Ses idées se mélangeaient alors, mais elle se rapprochait au fur et à mesure de ce qu'elle considérait comme Ithaque. Perdue dans ses pensées, ce fut une voix qui lui rendit sa conscience. Mais cette voix ne semblait pas vraiment respirer l'innocence. Au contraire, elle appelait plutôt au péché

Elle s'arrêta alors, et elle fut comme happée par une jeune femme. Des cheveux semblables à de l'obsidienne, ses prunelles semblaient être le synonyme de désir tandis que sa peau pâle reflétait une âme qui n'était pas banale.

La putain continua de se diriger vers elle, dont le chant semblait être un piège mortel. Un piège tendue aux malheureux et à ceux qui n'ont pour pleurer que leurs yeux.

Elle distingua un peu mieux ses formes désirables, dénotait chaque perfection, de la tête aux pieds et commença à se sentir détendue. Elle en était presque à un point où elle ne voulait plus rentrer chez elle, où elle voudrait passer des années avec cette femme, des années et même plus encore.

L'éternité.

Le chant s'intensifiait, la putain se sentait comme hypnotisée. Elle sentait qu'elle ne pouvait pas vraiment résister, ce serait donc ainsi que s'achèvera sa vie, dans les bras d'une femme belle mais dont l'âme devait être mauvaise.

Mais chacun naît avec ses armes et avec ses convictions, et le chant cessa en un instant. La jeune femme savait comment empêcher de se faire happer dans ces filets du diable.

Une claque.

Une simple claque.

Cette soufflette ne résonna pas aux alentours. Et la chanteuse ne lui tendit d'ailleurs pas l'autre joue. Elle la regarda alors, le regard remplit d'émotions. C'était peut être la première fois que cela lui arrivait, et ça risquait de ne pas être la dernière si une rumeur circulait comme quoi une gifle pouvait mettre à mal sa douce sérénade.

La putain haussa simplement un sourcil, la méprisa du regard et continuant sa route en se moquant intérieurement. C'était elle la pute après tout, alors pourquoi vouloir prendre sa place ?

Elle continua alors et entrevit son habitat adoré. Sa maison close, avec ses clients un peu trop alcoolisés mais joyeux, ses filles qu'elle supervisait et qu'elle aimait comme on aime sa propre descendance.

Elle entra à l'intérieur, fit un sourire radieux et passa une main dans ses cheveux.

Puis, elle mit ses mains sur ses hanches, et c'est à cet instant que sa peau prit une teinte légèrement rougeâtre.

Sa gourde de vodka.

Aux portes de la station.

Sa gourde de vodka oubliée aux portes de la station.

Une aberration, impossible.

Elle comprit alors qu'elle devrait faire le chemin inverse, et que tout pourrait se retourner contre elle.

Que la chanteuse viendrait lui mettre une soufflette et qu'elle devrait sans doute tendre l'autre joue.
Que le colosse demanderait réparations en montrant l'état de son engin au médecin.
Que les chiens galeux philosophes continueraient leurs longues tirades interminables et qu'elle ne pourrait sans doute pas y échapper cette fois.

Alors dans un geste gracieux.
Un geste féminin.
En poussant un soupir.

Elle se roula alors en boule, et pleura maman pendant longtemps.
Anonymous
L'Aveugle [FS]
Invité
Sam 23 Mar - 20:31


Four Seasons et l'Aveugle:

1501 mots

   Quand il ouvrit les yeux, tout ce qui l'accueillit, ce fut une obscurité absolument familière.

   L'Aveugle cilla quelques instants, et ses mains se refermèrent sur la couverture, douce et moelleuse. Le lit était en désordre, il pouvait le deviner en sentant l'air froid circuler entre les orteils de ses pieds dénudés et en passant les doigts sur les plis nombreux de la couette. L'expression de l'Aveugle se barra d'un trait contrarié, et il bailla tout en se redressant, son dos douloureux.

-Lukhe ? appela-t-il d'une voix rauque.

   L'absence de réponse ne le surprit qu'à moitié : d'ordinaire, quant l'ancien soldat était réveillé, il avait un talent incroyable pour faire un boucan du feu de dieu. Ce n'était pas faute de lui en avoir fait la réflexion, mais depuis les trois mois que les deux hommes avaient passés dans cette cabane de passage, attendant de reprendre la route, l'Aveugle avait perdu toute l'autorité qu'il avait autrefois sur Lukhe. Ce dernier l'appelait même "Crévy", de ce surnom enfantin que l'ancien Estival portait quand il était jeune. Un sourire léger vint flotter sur ses lèvres.

   Si un autre que Lukhe avait tenté de l'appeler de cette manière, l'Aveugle lui aurait probablement arraché la tête. Littéralement. Mais avec Lukhe...C'était différent. Lui, il avait le droit de nommer l'Innommable.

-Lukhe, réveille-toi, on doit reprendre la route aujourd'hui ! cria l'Aveugle en se levant.

    Il manqua de tomber, ses pieds se posant sur une surface rugueuse absolument douloureuse qui n'était pas là la veille. L'ancien Estival jura et se pencha pour passer la main dessus, mais n'eut pas de difficulté à en reconnaître la forme.

   Des graviers...?

-LUKHE ! cria-t-il à nouveau, cette fois-ci contrarié.

   Il posa sa main sur la chaise qu'il savait à quelques pas de là, et enfila un tee-shirt ample tandis qu'il s'avançait vers le couloir d'un pas souple. L'Aveugle avait toujours eu ce pas déterminé, cette allure franche, et ce malgré sa cécité. Certains pensaient qu'il avait une forme de sixième sens, mais la vérité était que le vétéran avait un odorat et une ouïe absolument développés. "Un peu comme un loup ", l'Aveugle aimait ironiquement penser. Mais c'est probablement à cause de cette assurance qu'il fondit tête la première vers la commode qui n'avait rien, mais alors ABSOLUMENT RIEN, à faire au milieu du couloir.

   La violence du choc lui coupa le souffle, la surface rêche du bois lui rentrant dans le ventre et heurtant douloureusement ses abdominaux. Son petit doigt de pied gauche ne fut pas non plus épargné, et un nouveau juron échappa au vieil Estival, bien plus vulgaire que le précédent. Il fit quelques pas en arrière à cloche pieds, les mains sur le ventre, et les yeux écarquillés par la surprise.

   Puis à la stupéfaction laissa place une irritation fulgurante et un doute absolu.

-Lukhe...murmura-t-il entre ses dents. Ne me dis pas que tu as fait ce que je pense...

   Le Printanier qui servait d'ami à l'Aveugle avait un jeu qu'il trouvait "amusant": lorsqu'il était contrarié, il déplaçait lentement le mobilier dans le but de désorienter son aveugle de compagnon. Or, la soirée dernière avait été le siège d'une dispute entre les deux amis, et Lukhe avait dû passer sans draps ni couvertures en guise de sentence.

   Il fallait une patience phénoménale pour déplacer le mobilier avec une lenteur suffisante pour que le bruit n'alerte pas l'Aveugle, même dans son sommeil. Et quand il passa les mains d'un geste expert sur la surface de la commode, il lui découvrit une taille assez importante, ce qui signifiait bien que ce petit con de Printanier avait pris la nuit à mettre en œuvre son plan de vengeance, surtout que le reste du mobilier était également de taille respectable.

   Mais l'Aveugle n'allait pas laisser sa routine matinale gâchée par ce petit arrogant !

   Son regard voilé balaya la pièce, passant sans la voir avec une intensité ardente. Il prit une profonde inspiration, laissant les nouvelles effluves de la salle le pénétrer. Odeur de bois, de sueur, d'humidité et de sel, rien ne lui échappait. Tout avait une odeur, tout avait un écho.
Nouvelle inspiration. Un sourire froidement déterminé vint orner ses lèvres.

   C'est parti.

   L'Aveugle passa à côté de la commode, la frôlant de la main. A quelques pas de la salle de bain, il bifurqua violemment quand il sentit ses poils de jambes frôler la surface d'une chaise pernicieusement laissée là. Il la saisit et l'utilisa pour détecter un fauteuil, juste devant la porte de la salle de bain, qu'il poussa nonchalamment hors du chemin. La pièce nouvellement libérée, il y entra avec satisfaction, et manqua de se prendre les pieds dans le tas de linge qui en bloquait l'entrée. Avec dédain, il s'en saisit et le posa dans le panier à linge, juste sur sa droite. Sauf que le panier n'était pas là. Cela, il le découvrit en cherchant le robinet et en heurtant la surface de l'objet. L'Aveugle leva les yeux au ciel, mais son sourire se renforça.

   Achevant son combat contre les produits d'hygiène que Lukhe avait pris soin de mélanger, le noble Aveugle reprit courageusement le chemin vers sa chambre, mais cette fois il savait où ses adversaires se situaient. Le fauteuil ne put que l'observer avec regret, et la commode se contenta de ronchonner dans un grincement de bois, tandis qu'il les esquivait avec l'aisance du vétéran qu'il était. Sa chambre, évidemment, était la pièce la plus intouchée de l'appartement, mais ce n'était pas vraiment une surprise : il fallait être d'une bêtise certaine pour oser entrer impunément dans l'antre de l'Aveugle et en changer le mobilier de place.

   S'habillant rapidement et avec une précision tenant presque de la manie, le vieil Estival retourna jusqu'au couloir et tourna la tête vers la droite, en direction de la chambre de son "ami". Un sourire narquois flotta sur son visage, presque carnassier. La main restant à effleurer le mur, l'Aveugle s'avança précautionneusement vers la chambre. Quelque chose ne tournait pas rond : pourquoi aucun mobilier ne protégeait-il la chambre de Lukhe...?

   C'est alors qu'il plissait les yeux que l'odeur parvint aux narines de l'Aveugle.

   "Non mais sérieusement...?"

   De l'huile. Le plancher était recouvert d'une huile de tournesol bon marché, juste devant lui. Par le passé, Lukhe lui même avait glissé sur un tel liquide à cause d'une mauvaise manipulation de l'Aveugle : la vengeance était évidente. L'ancien Estival s'imagina tomber sur cette surface huileuse et ainsi tâcher tous ses habits pourtant propres et repassés. C'était un sort horripilant pour un maniaque comme lui, une humiliation ultime.

   Mais ce n'était pas assez pour le retenir.

   L'Aveugle se concentra et essaya d'estimer les distances. Sa chambre et celle de Lukhe étaient séparées de dix pas chacune, et l'Aveugle en avait déjà tronqué trois. Si Lukhe avait huilé le parquet, il n'avait pas pu en mettre jusque devant sa porte, puisqu'elle s'ouvrait vers l'extérieur. Donc, si l'Aveugle s'y prenait bien...

   Il recula de quelques pas, se raidissant tandis que ses muscles roulaient sur eux-mêmes dans une danse presque prédatrice. Le regard aveugle du vétéran se fixa vers cette porte invisible qu'il savait narquoise, vers le Lukhe qui s'y dissimulait et s'imaginait victorieux.

-Tu ne m'auras pas comme ça...gronda-t-il dans un sourire froid.

   Alors seulement il s'élança. Son corps décolla, sa jambe droite se plia en attente de la réception tandis que sa jambe gauche se tendait pour mieux le propulser. La mare d'huile refléta cette silhouette athlétique qui s'envolait presque au dessus d'elle, glougloutant sa protestation.
Si le saut sembla durer de longues minutes, seule une seconde s'écoula. Quand cette fraction d'éternité se fut achevée, les pieds du vieil Estival touchèrent le sol dans un grand bruit.

   Au sec.

   Une expression victorieuse illumina le visage de l'Aveugle qui se redressait. Il tendit la main et sentit le bois de la porte sous ses doigts, puis le métal glacé de la poignée.

-Prépare-toi Lukhe, parce que tu vas morfler...se délecta avec arrogance l'ancien bourreau tandis qu'il tournait la poignée, savourant d'avance sa victoire.

   Il ouvrit violemment la porte, sentant déjà la chaleur de la peau de son ami alors qu'il lui foutrait une bonne gifle bien méritée.

   A la place, il reçut une douche glacée complètement inattendue.

   L'Aveugle écarquilla les yeux stupéfait, tandis que l'eau dégoulinait. Ses vêtements propres ? Mouillés. Ses cheveux brossés ? Trempés. Sa vengeance ?

   A l'eau.

-B'jour Crévy ! s'écria d'un ton malicieux le petit Printanier qui lui faisait face. Bien dormi ?

   L'Aveugle relâcha sa main crispée sur la poignée pour la passer dans ses cheveux. Son regard était glacial.

-De l'huile, et maintenant de l'eau...Je vais te foutre la tête devant l'Autre et l'écouter te dévorer vivant, siffla-t-il.

-Pour ça, faudrait qu'tu m'attrapes ! répliqua l'autre en jetant au sol le récipient qu'il tenait entre ses mains et en passant à côté de lui en courant.

   L'Aveugle lui attrapa le bras et le projeta dans l'huile dans un grognement vengeur. L'odeur de l'huile envahit son nez.

   Décidément, quelle matinée épique.
Anonymous
Istvan Fersen [TT]
Invité
Sam 23 Mar - 20:47







5. épopée.




Tu as une chanson dans la tête depuis ce matin.

Bon. Rien d’anormal à ça, encore ; tu vas finir par avoir l’habitude que ton cerveau veuille se reconvertir en jukebox. Tu aurais juste aimé, oui, ne pas manquer ta station de métro parce que ta boucle phonologique était bloquée sur la répétition automatique. Chevaleret, ligne 6. C’était celle à laquelle tu devais descendre, si tu avais su, tu aurais fait le chemin à pieds depuis. Non. A pieds, ça fait un peu loin ; résultat tu es sorti à la station suivante, Quai de la Gare.
Et tu marches plus vite que d’habitude, tu te retiens de jeter des coups d’œil frénétiques à ta montre. Tu as déjà l’impression d’être à la bourre, inutile d’en rajouter. Tu ne consens même pas à ralentir le rythme en apercevant les portes vitrées du CHU de la Pitié.

Pitié, c’est ce qui tourne maintenant en rond dans ta tête avec les paroles de la chanson, suivi de faites que je ne sois pas en retard ; tu es à ça de te traiter d’idiot.
Cacophonie, chaleur. Bienvenue aux urgences des hôpitaux de Paris. Les deux derniers jours avaient été relativement calmes, c’est apparemment relégué dans un autre pan de la réalité. Tu adresses un regard à ta montre, elle t’annonce que tu as de l’avance ; et ça te fait sourire. Tu n’en demandais pas plus, avoir juste un peu de temps devant toi, avant de devoir bosser jusque tard dans la nuit. Tu fais un pas de côté.
Mauvaise idée, le sol t’accueille avec une amabilité toute discutable. Tu ne penses même pas à t’en formaliser, tu te relèves aussi sec en faisant comme si de rien n’était.

Tu as perdu quelques secondes au compteur, une nouvelle minute s’est entamée. Tu contournes adroitement le panneau “sol glissant” sans te vautrer une deuxième fois, sous le regard compatissant de la femme de ménage ; tu lui adresses un vague haussement d’épaules équivoque. N’est pas boulet qui veut, disons que tu as un certain niveau. Tu poses un pied sur une des marches de l’escalier.

Fersen !
Ah.
C’est ton nom, ça ; tu te retournes pour découvrir ton superviseur. Pas qu’il a l’air agacé, c’est sa tête habituelle, mais il te fait savoir que tu vas commencer plus tôt que prévu, et que tu as intérêt à te dépêcher. Cinq minutes, pas dix. Tu ne te le fais pas dire deux fois, gravis quatre à quatre les marches qui te mènent vers les vestiaires pour ressembler un peu plus à l’externe en médecine que tu es ; un peu moins à l’abruti qui se balade dehors sans regarder où il va. Et tant qu’à faire, comme tu ne regardes pas où tu vas...
... Tu croises un peu brutalement la porte du casier d’une collègue, t’éraflant le bras au passage. Tu soupires, lèves brièvement la tête pour signifier ton désespoir.

« Mais le monde m’en veut ou bien. »

Un coup d’œil à ta bonne vieille montre, il te reste quelques minutes avant de devoir affronter toute l’étendue de la curiosité humaine, un rapide calcul t’apprend que ton plan de base est jouable. Tu bifurques sur la gauche. L’horloge au-dessus de la salle de pause affiche une heure différente.
Montre.
Horloge.

Ta montre retarde de cinq minutes. Tu te mords la lèvre et fais demi-tour aussi sec, tu dévales les escaliers aussi vite que tu peux sans manquer de trouver un raccourci vers ton projet professionnel. Ta semelle claque sur le carrelage alors que tu évites à nouveau ce bon vieux panneau “sol glissant”. Tu ne dérapes pas, cette fois, mais tu esquives de justesse un brancard abandonné au beau milieu du couloir. Et qui l’a laissé là, celui-là ? Pas le temps de cogiter sur la question, tu te souviens de ton superviseur ? Il te fait signe de te ramener, et ta montre retarde toujours de cinq minutes.
Il te colle une fiche patient entre les doigts. Sutures, saintes sutures ; que tu détestes tant. Tu n’aimes pas les faire, mais tu n’as pas non plus le choix. Tu rejoins un des box où tu découvres ton premier patient. Qui s’est ouvert l’arcade sourcilière avec un couvercle de conserve. Tu vois comment il a pu faire.
Tu n’en es pas moins un peu consterné. Mais tu ne fais aucune remarque, tu te contentes d’appliquer ce qu’on t’a appris. Tu te laves les mains, enfiles des gants, prends ta pince, ton fil, ton aiguille.

Que tu te fiches une première fois dans l’index, tant qu’à faire. Tu retires vivement ta main et laisse l’aiguille retomber sur la sellette, tu prends une autre de ces petits monstres recourbés. Et tu fais ce que tu vas faire une bonne partie de la journée, tu recouds.

L’avantage d’être externe aux urgences ? Tu vois de tout. Mais en quelques heures, tu fais surtout beaucoup de sutures, et tu prends beaucoup sur toi pour rester de marbre face à ce que les patients te racontent. Par la même occasion tu as eu les joies de ; te faire menacer par un type bourré, devoir changer une ampoule toi-même parce que personne d’autre n’avait l’air prêt à le faire, t’érafler l’autre bras sur une porte de placard.

Tu as une chanson dans la tête, et ton pied qui bat la mesure alors que tu attends qu’on te dise que tu vas devoir recoudre quelqu’un d’autre. On t’appelle. Tu tends un peu le cou pour voir qui a besoin des lumières que tu n’as pas tant que ça ; une urgentiste te fait signe de la rejoindre. Pourquoi se lever ; c’est la question, elle est à cinq mètres, certes.
Toi, tu es sur un tabouret à roulettes, alors tu préfères rouler. Dans l’idée, ça va plus vite. Dans la pratique, tu donnes un petit coup de pied sur le sol pour la rejoindre, l’assise du tabouret tourne un peu sur elle-même. L’impulsion de la roue bloquée t’indique que quelque chose cloche.

Tu as comme l’impression que le sol se rapproche un peu trop vite ; tes omoplates contre le carrelage s’occupent de te confirmer l’information.

« ... Et merde, tu fais, lamentablement étalé par terre pendant que les quelques personnes en présence ; patients inclus ; se moquent bien de toi.
Tu te relèves, remet le tabouret debout ; et tu te fends d’un petit coup de pied dans la roue bloquée. Tu essaies de le renvoyer là d’où vous veniez initialement, mais il ne fait même pas un mètre. Tu rejoins le médecin à pieds, elle voulait te montrer une radio. T’apprendre deux-trois trucs. Toi tu te retrouves à pianoter impatiemment sur le plateau de la table, tu regardes les alentours. Il y a un moment de calme qui flotte. L’urgentiste te considère cinq secondes, attendrie, puis te fait un signe de tête.

Allez, file prendre une pause, tu es là depuis des heures.

Tu clignes bêtement des yeux en la regardant. As-tu bien entendu ce que tu as entendu ? Visiblement, oui. Tu ne te fais pas prier et la remercie avant de disparaître à reculons. Tu tiens tout particulièrement à éviter ton superviseur. Raté ; il a des yeux derrière la tête pour savoir que tu viens de passer. Tu restes planté là. Il te fixe. Tu n’oses pas bouger. Il te fixe toujours. Bon, d’accord. File !
Tu retrouves tes amis les escaliers, retournes vers la salle de pause en profitant du calme ambiant. Quand tu ouvres la porte de la petite pièce, tu découvres avec bonheur qu’elle est quasi vide. Quasi. Mais le collègue en présence a l’air tellement absorbé dans son bouquin qu’il n’a même pas remarqué que tu es là. Tu passes le long du plan de travail, ouvres un placard pour attraper une tasse.
Tu vérifies la température de la cuve de la cafetière en posant brièvement tes doigts dessus. Quand tu remplis ta tasse, elle se retrouve vite surmontée de petites volutes de vapeur translucide. Tu inspires à fond. Caféine, sweet caféine. Tu souris, fermes un peu les yeux.

Et dans ton dos, la porte s’ouvre d’un coup sec.

Fersen ! On a besoin de toi !
Tes épaules s’abaissent alors que tu lèves les yeux aux néons avec une moue attristée. La tasse revient sur le plan de travail, tac.
Et dire que tu voulais juste un café.






Anonymous
Rikuo Morisada
Invité
Sam 23 Mar - 21:01

Les jours s'enchaînent et se ressemble tellement. La vie banale d'un étudiant, avec ses hauts et des bas, ses moments d'émotions et de déceptions, ses longues amitiés et ses rivalités cachées. Insouciant, j'imaginais souvent que tout le monde passait par là un jour, que tout le monde comprenait l'ennuie qui me prenait parfois en faisant la route vers l'école. Qu'il pleuve, qu'il vente, que le soleil irradie ou que la neige recouvre chaque recoin de Kobe dans un paysage froid et cotonneux, je faisais inlassablement le même chemin chaque lundi matin, prêt à retrouver les bancs de mes cours de photographie à l'université. J'étais comme beaucoup d'autres Japonais, une tête brune parmi tant d'autres. Grattant un nombre incalculable de pages blanches jour après jour dans l'espoir d'obtenir un beau diplôme, une belle carrière... Je n'étais pas originaire de la région, au contraire, je venais d'une préfecture un peu plus au sud, à Tokushima. La vie n'y était pas plus différente. Des buildings, la même architecture moderne et de nombreuses rues arpentées de poteaux électriques entortillant leurs câbles sur la ville tel des toiles d'araignées géantes... Une grande ville japonaise du 21ème siècle comme il en existe plein d'autres.

Un vent de nostalgie me prenait alors que je descendais une longue rue boisée, à la lisière d'un parc de la ville. J'étais perdu dans mes pensées comme à mon habitude. Moi, le grand dadais toujours dans la lune, je ne dérogeais pas à mes habitudes. Je regardais le paysage défilé, à droite et à gauche, les arbres où la route qui semblait ne pas avoir de fin, les gens qui empruntaient le même chemin, certainement eux aussi prêt à entreprendre une longue journée de travail. Assis derrière un bureau pour la plupart. Je repensais à mes vieux amis du lycée, me demandant s'il faisait la même chose que moi à l'heure actuelle ou s'ils avaient suivi d'autres routes. Je me demandais si mon petit ami était déjà levé puisque, contrairement à moi, il était resté à l'internat tout le weekend durant. Je me demandais si c'était également le cas pour mon meilleur ami, pour qui je commençais à éprouver des sentiments... Non, je ne devais pas penser à eux maintenant, je ne voulais pas repartir sur d'innombrables questions tournant autour de ma vie amoureuse des plus mouvementées…

Je secouai la tête, comme si cela me permettait de chasser ces pensées parasites plus facilement. Cela ne changeait rien évidemment mais avec un peu de bonne volonté, je pu reporter assez rapidement mon attention sur ce qui m'entourait. Mon œil de photographe cherchait un sujet intéressant autour de moi. Une banalité de la vie, belle sans sa simplicité, un détail sortant de l'ordinaire ou tout simplement un sujet laissant libre court à la créativité. Je m'attardais sur diverses choses mais rien ne semblait m'inspirer ce matin.

C'est alors que, dans un agile mouvement, presque félin, une créature sortie des buissons avoisinants avant de repartir dans une large fourrée à quelques mètres plus loin. Bien trop rapide pour que je le détaille réellement, quelques éléments ne m'avaient cependant pas échappé. Un pelage d'un blanc immaculé, taché ici et là par la poussière, des oreilles droites et fières, un corps tout en souplesse... A mes yeux, il n'y avait aucun doute, je venais non seulement de tomber sur ce que j'analysais rapidement comme étant un petit renard. Mais... Il y avait vraiment des renards ici ? En pleine ville ? J'étais intrigué face à cette apparition, j'avais envie d'en savoir plus. De le voir de près, de capter son image dans mon appareil qui ne me quittait jamais. Mais... Et l'école ? N'allais-je pas être en retard si je laissais la curiosité m'emporter hors de mes chemins quotidiens ?

Le doute ne s'éternisa point. Après une ou deux secondes de réflexion, je m'aventurai rapidement dans le parc que je longeais jusque-là. J'avais envie de savoir, et, je m'imaginais déjà y penser toute la journée si je résistais à la tentation. Mon professeur comprendrait me disais-je comme pour me rassurer. Si nous étions réellement animé par la même passion, il comprendrait…

Lancé à corps perdu dans ce que je prenais naïvement pour un simple petit détour, je me fraillai un chemin entre les arbres et les buissons. Par où était-il passé ? Un bruit de branches non loin de moi attira mon attention et, en y regardant de plus près, je distinguais encore les bois bouger dans de petits mouvements frénétiques. Je prenais cela pour une piste en tout cas et, en la suivant, je tombai nez à nez avec une étrange sculpture de pierre.

" Aaaah ! "

Je laissais échapper un cri de surprise, non préparé à tomber sur ce visage de marbre. J'avais le cœur battant, non seulement par la surprise, mais également à cause de ma petite course qui la précédait. J'inspirais et expirait lentement, histoire de reprendre mon calme et, une fois le choc passé, j'inspectai de plus près l'immense édifice.

J'avais tort en pensant tomber sur un humain. Le visage face à moi en avait certes quelques traits mais... Il avait aussi quelque chose d'animal. Sa posture, droite et bien campée sur ses quatre pattes, le regard fixe vers l'horizon... et encore ces même oreilles pointues que j'avais aperçu plus tôt, sur la créature que je pourchassais. Encore un renard ? Je passais ma main distraitement sur cette découverte, devinant sa matière brute sous mes doigts. Après quelques secondes, je revint tout doucement à moi, conscient de ce que j'étais en train de faire. Sans hésiter plus longtemps, je farfouillai dans mon sac de cours, à la recherche de mon appareil photo. Il fallait que je capte cette découverte, ce moment qui me semblait intense sans la moindre raison valable.

J'étais déjà heureux de cette découverte mais... Il fallait que je me remette en route. Le petit renard blanc n'allait certainement pas rester dans les environs très longtemps.

Contournant la masse de pierre, je vis que j'avais mit les pieds dans l'espace d'un temple. Je m'y aventurai prudemment, m'attendant presque à tomber nez à nez avec un fantôme. L'endroit était désert et, je ne pouvais m'empêcher de lui trouver un air lugubre. Peut-être à cause de l'automne qui donnait cet aspect de nature morte, ou à cause du manque de fréquentation. Moi qui étais habitué aux endroits bondés et grouillants de gens... moi, le froussard de service, j'étais mal à l'aise. Prudemment, je fis le tour de l'endroit. Un temple, tout ce qui avait de plus banal, de larges dalles rocheuses entremêlées au sol dans un tortueux chemin, un étang presque sauvage, envahi d'herbes folles. J'avais comme l'impression que la nature reprenait ses droits par ici et, j'immortalisai une fois encore le lieu de mon fidèle appareil.

C'est alors que la petite boule de poils blanche refit son apparition, toujours aussi vive et fugace. Peut-être n'aurais-je pas du m'élancer à sa poursuite. Peut-être aurais-je dû poser un stop à la curiosité. Il y a une limite à tout après tout et... courant presque à la poursuite de la créature, j'aurais dû me rappeler d'une chose importante... J'étais la maladresse incarnée ! Courant pour enfin atteindre mon but, je glissai sur un amas de feuilles, luisante d'éclaboussures de l'étang d'autres côté... Que je vis d'un peu trop près à mon goût. Dans un immense splash, j'avais tout bonnement atterri dans l'eau, protégeant mon sac comme je le pouvais.

Une chose était sur... je pouvais une fois de plus me dire que la curiosité, mêlée à de la maladresse, était réellement un mauvais défaut qui me jouait bien des tours. Honteux de m'tre une fois de plus ridiculisé, je pris la décision de vite décamper d'ici. C'est d'ailleurs complètement trempé que je descendis les marches, menant vers la sortie. Mais... Sur mon chemin... alors que je croyais presque en avoir fini avec cette histoire de renard blanc... Je fus une fois de plus ridiculisé par une simple apparition. Un magnifique chat blanc, parsemé de terre , traversa paresseusement le chemin de marches avant de se poser sur l'une d'elle, après un simple regard dans ma direction et un bâillement semblant venir du fin fond de ses entrailles... encore plus honteux que durant ma chute, je poursuivis mon chemin vers l'école en toute vitesse, me jurant de ne raconter ma mésaventure à personne.

Bien joué petite Alice mais, tous les lapins blancs ne mènent pas aux pays des merveilles.
Anonymous
Soé Toboë [SNKR]
Invité
Sam 23 Mar - 21:38


[L'univers du forum est basé sur celui de l'anime/manga Shingeki No Kyojin ou l'Attaque des Titans. L'humanité vit au sein de trois murs, protégée de monstrueux titans mangeurs d'hommes vivant à l'extérieur.
Soé alias Wan Wanko ou le Chien des Brigades est un simple soldat des Brigades Spéciales, qui s'occupent principalement de faire régner l'ordre au sein du mur le plus intérieur mais aussi de missions complexes.]


Se tourner du côté gauche. Le coq du voisin du voisin du voisin qui crie au petit matin. Soupirer, et se tourner du côté droit. Ouvrir les yeux. Bailler. S’étirer dans le lit. Se redresser et se frotter les yeux pendant deux bonnes minutes. Se gratter les cheveux pour les coiffer en bataille. Se lever, s’étirer encore en baillant. Enfiler ses vêtements amples, pantalon de toile, chemise blanche écrue. Se trainer jusqu’au lavabo où trône une glace. Inspecter son visage, la taille de sa barbe de trois jours, noter que demain il faudrait la raser. Attraper sa brosse à dents, attraper la poudre dentifrique… Ah. Il n’y a plus de poudre dentifrique.

Soé laissa sa tête tombée vers l’arrière et son regard se river sur le plafond, en un long et bruyant soupire. Quelle heure était-il ? 7h35, il avait trainé au lit. A 8h30, il devait se rendre dans le bureau de son supérieur afin d’être assigné à une nouvelle tâche aujourd’hui. Il ne lui restait pas beaucoup de temps pour se rendre à l’épicerie. Pas celle du coin de la rue, où il faisait ses courses habituelles. Non, non. Pour sa poudre dentifrique, il préférait celle de l’épicerie de l’autre quartier, et c’était loin. Mais ses gencives le remercieraient pour cet effort.

Ni une ni deux, le voici donc parti à la recherche de sa poudre pour les dents, afin d’avoir une haleine fraîche et opérationnelle toute la journée. Sortant de sa piaule de soldat, tapant dans quelques mains pour dire bonjour aux confrères, Soé ne remarqua qu’une fois dans la rue qu’il n’avait pas mis ses chaussures. Mauvais pour son image, mais marcher pieds nus ne le dérangeait pas plus que cela, et il haussa les épaules avant de continuer sa route. Les magasins ouvraient à peine leur porte, et les rues commençaient seulement à s’agiter. Pourtant, quelques pas plus loin, il dut se rendre compte qu’il avait oublié un certain détail : aujourd’hui, c’était jour de marché.

Soé arriva donc sur une large traverse où une foule monstre se trouvait. Piétinant presque sur place pour avancer, il se frayait un chemin avec peine entre trois marmots, quatre veilles dames et deux négociants… Quelqu’un lui marcha sur le pied. Sa réaction de douleur ne se fit pas attendre et Soé, reculant brusquement, bouscula une poussette dont le frein n’avait pas été enclenché. Dans une ruelle en pente. Avec des escaliers.
Le chien des Brigades jura, et dégageant un pauvre homme de son passage, se rua à la poursuite du marmot qui semblait gigoter dans ses couches. Lui il semblait bien apprécié l’instant. Soé un peu moins. Les marches, larges, faisaient prendre de la vitesse à la poussette et il ne savait par quel miracle, parce qu’elle rebondissait et sautait d’une roue à l’autre, ne la firent pas se renverser pour autant. Mais là en bas, un croisement, et il pressentait qu’une calèche ou une roulotte allait passer à l’instant où la poussette allait traverser la rue.

Il y eut bien une roulotte d’un marchand pressé. Mais la poussette avait déjà traversé la rue et se fit à Soé de déguster le coup de boule d’un cheval de trait lancé dans un bon trot. Heureusement pour lui, l’animal était docile et évita de le piétiner une fois le jeune homme tombé au sol.
« Tout va bien mon garçon ? » Wanko ne prit pas la peine de répondre, s’excusa précipitamment en se relevant et en s’élançant une nouvelle fois derrière la poussette. Elle avait fini sa course contre des paniers de fruits, qui avait amorti le choc. Essoufflé, le brun mit enfin la main sur sa poignée de fer noir. Il jeta un rapide coup d’œil au marmot. Il n’y avait pas de marmot.
Il venait de courir après une poussette vide. Soé ne put s’empêcher de laisser s’échapper deux ou trois, ou même quatre, jurons tout en emportant l’objet roulant avec lui. Il eut peine à la remonter jusqu’à la place du marché où la mère attendait son dû avec son bébé dans les bras. Elle le remercia chaudement, quand bien même, et il put reprendre sa route vers sa poudre dentifrique.

8h sonna au carillon du clocher de l’église du Culte des Murs. Soé pressa le pas. Son épicier était ouvert et il put prendre rapidement l’objet de ses désirs, paya et repartit au petit trot pressé vers le QG des Brigades Spéciales. Avec un peu de chance, il aurait le temps de se brosser les dents avant d’aller voir son supérieur. Au pire, il n’aurait pas le temps, mais il aurait quand même sa poudre dentifrique et pour l’instant, c’était tout ce qui comptait à ses yeux. Le brun avait bien hâte de rentrer dans sa chambre, mais surtout il se pressait parce qu’il ne voulait pas arriver en retard à son assignation du jour. Il lui semblait qu’à tout moment, les cloches pouvaient sonner la demie.

Ce furent des pleurs qui attirèrent son attention. Dans un coin de la rue, une petite fille pleurait à chaudes larmes. Soé s’approcha alors, en grand gentillet qu’il était pour lui demandait ce qu’elle avait. La gamine avait perdu sa mère au milieu de la foule du marché. Alors que Soé allait lui prendre la main pour chercher avec elle, il sentit des petits doigts glisser dans une des poches de son pantalon pour en extirper sa bourse. Par chance, il l’attrapa avant qu’elle ne file et se retourna. C’était un jeune garçon. Visiblement, ces enfants avaient bien réfléchi à leur coup. Sous les réprimandes du soldat, ils se mirent tous les deux à pleurer. Mais leurs vêtements sales et leurs mines quelque peu défraichis finirent par faire céder Wan qui leur offrit la quasi moitié de ce que contenait sa bourse. Un sourire étira ses lèvres quand il les vit repartir en trottinant. Il acquiesça pour lui-même : une bonne chose de faite.

Soé finit par rentrer dans sa piaule en courant pour rattraper son retard. Ouvrant précipitamment la porte, il se déshabilla pour enfiler son uniforme et s’harnacher de son attirail habituel de soldat. Puis enfin, le revoici devant l’unique miroir de la chambre. Soé prit sa brosse à dents, fouilla dans son pantalon mais… Il n’y avait plus de poudre dentifrique. La boîte avait dû tomber lors de sa rencontre avec les enfants ou bien… Il revoyait un sachet de poudre blanche dans le creux de la main du garçon.
Tout ça pour rien. 8h30 sonna.

« Oh putain… » lança-t-il entre ses lèvres en se laissant tomber sur le petit tabouret devant le lavabo. La journée commençait si bien.
Anonymous
Dragon [DT]
Invité
Sam 23 Mar - 22:40


Explications:

Epopée

[1500 mots tout pile]

A l’horizon, des nuages rougeoyants parsèment la voûte céleste. Ta tête fixe le ciel, vêtu de sa toge de soirée. En inspirant profondément, tu ressens un délicieux empyreume se glisser au travers de tes narines et envahir ton corps. Comme il fait bon de rentrer chez soi.

Auprès de toi, Hannathème, est ébahie par le spectacle s’offrant à ses yeux. C’est bien la première fois qu’elle reste silencieuse plus d’une seconde pour profiter du paysage. Au devant, s’élèvent les immenses portes du Tartare.

Tu perçois des auras s’agiter dans toutes les directions et la tienne répondre en sifflant bruyamment. Tu n’es pas le bienvenu. Considéré comme un paria depuis ta déchéance, reposer un pied contre cette terre dont tu as été banni est un acte insensé. Tu mérites la mort, et tu en es conscient. Faut-il être fou pour revenir en Enfer ? Oui, certainement.

Toi qui connais si bien les Abîmes pour les avoir arpentés, tu te sens étranger. Tu ne pourras pas marcher une minute sans te faire agresser. Encore moins vers où tu t’apprêtes à te diriger. Le Tribunal Infernal, grande bâtisse centrale du Tartare, une destination non choisie par hasard. C’est là que tu as perdu ton titre de démon, à l’issu d’un procès perdu d’avance. Tu n’étais qu’un gamin ambitieux, considéré comme une dangereuse menace à éliminer. Ils ont voulu te déshonorer, en t’infligeant ce supplice, mais tu n’as pas sombré. Au contraire, tu as tiré de ce parjure une colère immense qui bouillonne en toi comme le magma des volcans.

D’un signe de tête en direction de la femme qui deviendra ta seconde, tu lui fais signe d’avancer. La nuit est tombée. La ville mère s’anime de joies et de plaisirs à faire rougir des anges innocents. La plupart de tes congénères traînent dans les bars ou les maisons closes.

Tu franchis l’entrée du Tartare et le monde se fige. Déjà, des hommes et des femmes quittent les tavernes pour sortir dehors. Leur yeux exultent le dégoût en se posant sur toi, te jugent de la tête au pied. Cet homme qui plus tard sera roi est vu comme misérable lâcheté. Des insultes fusent, des petits projectiles aussi.

Mais tu ne fléchis pas, et continues d’avancer, gardant derrière toi Hannathème pour ne pas qu’elle soit blessée. Au fil de ta marche, s’amoncèlent les nuages dans le ciel et la foule sur la terre. Ils vous entourent, et deviennent de plus en plus vigoureux. Aucun n’ose cependant lever la main sur toi directement. Tu les ignores, répondant par le silence et canalisant ta rage intérieure prête à s’exprimer.

Esplanade de la Fontaine.
L’eau noire coule encore à cette heure, juste pour le roi Obscur. Alors que tu t’apprêtes à sortir, un homme se lance : « Retourne sur Terre sale merdeux ! ». Armé de sa lame, il fonce vers toi, prêt à trancher. Et c’est le fer de ton uchigatana qui accueille ses viscères. La guérilla est déclarée. Hannathème déploie ses dagues empoisonnées, et toi, tu dardes de ton arme les démons autour de vous. « Je ne tuerais que ceux qui m’attaqueront », exprimes-tu d’une voix caverneuse. Quelques patauds s’essaient à l’exercice, sans grand succès. Et les premiers morts jonchant le chemin ravisent les autres de s’y tenter.

Esplanade du Jardin.
La nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre, de plus en plus affluent pour te regarder. Tu ne vas pas pouvoir continuer sur ta voie, des soldats commencent à te bloquer la route. Tu as beau être fort et déterminé, tu ne tiendras pas en combat singulier. Du moins, c’est ce que te répète Hannathème depuis dix minutes. Et tu dois lui accorder raison - pour une fois. Les gens des bas-fonds, quant à eux, t’observent depuis les toits, à l’ombre des tuiles et des greniers. Des milliers d’yeux luisants te détaillent comme une bête de foire. Tu es l’un des leurs à la fin ! Un cuivre virulent retentit, une charge est en cours, il te faut dévier de ta route. Ce n’était pas prévu dans le plan, il ne devait y avoir aucun souverain ce soir au Tartare. Tu ne le savais pas, mais ils se réunissaient justement. Et aucun d’eux ne voulaient de toi entre leurs pattes grassouillettes.

Tu bifurques finalement, sous les cris d’Hannathème et cours. Poursuivi par les gardes, tu changes de chemin le plus souvent possible pour les semer. Aux fenêtres, les habitants te huent et alertent les soldats des directions que tu envisages. Dès que possible, tu te munis d’un objet assez lourd pour faire taire ces maudites sentinelles. Voie unique, tu n’as pas d’autres choix. Sauf que les chiens armés déboulent à la sortie. Tu attrapes la rouquine et lui fais la courte échelle pour la faire grimper. Tu te lances à sa suite, dans une tentative inespérée d’atteindre les toits via l’escalade. Des habitants tentent de t’ébouillanter avec de l’eau chaude, et c’est à presque rien que tu l’évites, et redoubles de vitesse. Une fois sur les toits, il faut garder l’équilibre et foncer à toute allure, en évitant si possible les flèches sifflantes croisant votre parcours.

Esplanade du Pendu.
Tu te diriges à l’aveugle, cherchant par tous les moyens à ne pas tomber. Tu contournes la place d’où brûle la clameur de la foule en colère. Tu jettes un œil derrière toi, ta future seconde te suis toujours. Tu t’agenouilles et deviens tremplin pour la faire bondir de l’autre côté de la rue. Vos routes se séparent pour le moment, afin d’éviter les dangers. Empoignant ta lame, tu fauches un pauvre soldat tentant de gravir les immeubles et redescends dans un coupe-gorge étroit. Là, tu tues deux démons, pour ne pas sonner l’alerte. Et te glisses à travers le parc du Tribunal. Toutes les entrées sont surveillées, tu ne peux décemment pas sortir la tête des feuillages. Escalader ou forcer le passage ? Dilemme cornélien. Cependant, un événement échappant à ta volonté vient briser le fil de ton destin : une garnison d’hommes au service d’un souverain s’est détachée pour intercepter tes agissements. Ils sont nombreux, une dizaine peut-être, et accourent depuis de la voie principale.

De ta position, leurs armures étincellent de noirceur. Leurs lames finement aiguisées sont prêtes à éliminer toute trace de démonité au sein de cette esplanade. Ils couvrent tous les angles de passage, et se tiennent prêt. Impossible de continuer via ce chemin. Le combat est inévitable pour quiconque désire avancer. Tu tournes la tête vers ta partenaire qui vient de te retrouver. Son inquiétude étire les traits de son visage. Deux contre dix, c’est de la folie. Mais au point où vous en êtes, que vous reste-t-il à perdre ? L’adrénaline dilate tes artères, et un flux noirâtre irrigue ton organisme. Tu connaissais les enjeux, tu ne peux plus reculer désormais. Tu soupires. Marche ou crève !

Après un entretien express avec Hannathème, votre tactique est établie. Chacun d’entre vous doit tuer cinq autres hommes. User de surprise comme d’une stratégie est le seul moyen de parvenir à vos fins.

L’assaut est lancé, et c’est la rouquine qui se jette la première dans la mêlée. De ses dagues, elle assène une série de coups au premier garde, avant d’occire le second d’un assaut éclair meurtrier. Toi, tu déploies ton uchigatana, compagnon de tuerie, et tranches un troisième garde. Tu ne t’attendais pas à sentir telle résistance dans leurs cottes de mailles, tu dois viser aux points faibles peu accessibles. Tu élimines ensuite le quatrième d’une estocade rapide en plein ventre. Plus que six. Hannathème tombe dos à dos avec toi, tandis que la garnison vous encercle. Tu dois te battre, déchaîner cette haine criante au fond de toi. Tu attaques comme une créature acculée au bord du précipice, esquives les coups de justesse, envoyant le fer de ton arme dans toutes les directions pour parer et pourfendre à la fois les ennemis. Et tu parviens à tes fins. Haletant, tu contemples les cadavres immobiles. Sans attendre ton reste, tu retournes devant les grandes portes. Et tu pénètres au sein du Tribunal.

Il est l’heure de rendre des comptes.
Anonymous
Ashley Caldwell
Invité
Sam 23 Mar - 23:50

Ashley Caldwell:

Personnages secondaires:

L'épopée

Ashley était fin prête à partir. Elle portait, comme à son habitude, une chemise blanche et un pantalon blanc, et un gilet blanc par-dessus. Elle portait des bottes blanches elle aussi. Ajustant une dernière fois ses cheveux blancs devant le miroir de son appartement, elle attendait cette nouvelle journée de pied ferme.

Elle sortit de son bâtiment, prête à rejoindre le 893, confiante comme tous les jours que la journée allait se passer pour le mieux, les Hisuini-no-iri-gumi allaient continuer à latter la pitoyable Ligue des Vilains qui leur avaient foutu des bâtons dans les roues depuis quelques mois déjà. Ils étaient en guerre quasiment ouverte, et les héros professionels avaient fini par se rajouter au mix.

Haru, son bras droit, l'attendait. Ils vivaient proches l'un de l'autre, et il était naturel qu'ils aillent ensemble au 893. Mais aujourd'hui, les choses seraient différentes.

En effet, ils n'étaient pas seuls sur leur trottoir. Deux gros mastocs les attendaient, l'air menaçant. Ils ne ressemblaient pas vraiment aux yakuza d'Ashley. Aucune classe dans les vêtements, pas d'irezumi apparent, et surtout pas de doigt coupé quand les mecs ne donnaient pas l'impression d'avoir assez d'intellect pour garder tous leurs doigts. Probablement, donc, des rejets de la Ligue des Vilains. L'un d'entre eux remarqua les deux yakuza et, faisant un geste à son collègue, commença à se déplacer vers le duo yakuza.

"Madame, Alien Queen est en route, mais elle aura probablement un peu de retard. Il nous faudra juste attendre un peu."

"D'accord, merci, Haru. J'ai l'impression que ces messieurs ne nous laisseront pas faire facilement, par contre."

Ashley esquiva un premier coup de poing dans sa direction, puis un second. Elle n'était pas faite pour combattre, et, pour une fois, elle aurait aimé savoir comment au moins pouvoir rendre des coups à ces montagnes. Quoique, de toute façon, ils avaient probablement un alter d'absorption des chocs. Haru esquivait sans problème les coups de son adversaire et pouvait même en rendre quelques-uns, mais ce n'était pas le cas d'Ashley. Du moins, sans armes, en particulier sans armes à feu, elle ne savait pas faire grand'chose au combat. Elle pria, en son for intérieur, pour que Alien Queen arrive rapidement.

Un portail noir se matérialisa près d'Ashley et Haru, de l'autre côté de la rue. Et de ce portail en sortit un troisième vilain. Et celui-là portait bien son nom. L'air débraillé et le corps recouvert de cicatrices, comme s'il avait été rapiécé à partir de deux cadavres, les cheveux noirs en bataille. Il courut à travers la rue et, activant son alter, créa un mur de flammes qui sépara Ashley et Haru. Il dirigea ensuite ses flammes vers Ashley, qui se retrouvait alors dans une situation de deux contre un. La situation était tendue pour elle.

Au loin, on pouvait entendre un galop. Une créature filait à toute vitesse dans leur direction. Une ombre brunâtre qui fonça dans le mastoc qui était opposé à Ashley et l'emmena avec elle, le choc l'assommant sur le coup. La créature se releva, et Ashley, essoufflée, fut soulagée de voir l'arrivée à point nommé d'Alien Queen.

Décire Alien Queen n'était pas une tâche aisée. Elle ressemblait à l'enfant d'un amour interdit entre un xénomorphe de Alien et un humain, ou plutôt au fruit des expériences d'un scientifique dérangé : Une tête humaine collée sur un corps de xénomorphe auquel des plaques de carapace chitineuses auraient été greffées. Toute déconcertante que l'apparence d'Alien Queen puisse être, Ashley n'avait jamais été aussi contente de la voir.

"OOOOOOORAAAAAAAH! Ça c'est un sack comme je les aime! Bonjour Ashley, désolée du retard, j'avais quelques loubards qui m'attendaient chez moi aussi."

Ashley se releva, récupérant son souffle.

"Merci Asuka. Bon, on a pas fini, avec ça."

Elle pointait vers l'autre vilain, qui semblait être irrité que son collègue se soit fait laminer aussi rapidement.

"Pffff... La Ligue des vilains n'apprendra jamais?"

"Non, tant que Shigaraki n'ira pas dormir avec les poissons, ils n'apprendront pas leur leçon."

Cette pique, clairement dirigée vers le lance-flammes humain, fit mouche, puisqu'il essaya ensuite de se moquer des yakuza.

"Pffft... La Ligue peut tous vous détruire. Vous n'êtes rien pour nous!"

La phrase faisait sourire Asuka, bien plus qu'elle n'aurait dû. Même Ashley ne pouvvait s'empêcher de sourire devant l'incongruité de la situation. La Ligue des Vilains, qui n'était en réalité qu'un groupe d'une dizaine de gens vraiment puissants aux commandes d'un ensemble de chemises rouges, avait décidé de se confronter aux Hisuini-no-iri-gumi, un clan yakuza qui s'étendait sur l'intégralité du Japon et existait depuis bien avant l'arrivée des héros et des vilains, tout ça pour une histoire de territoire? Et après, quand ils se font écraser, ils ont encore la force de se moquer?

Une fois la crise de rire des yakuza passée, Ashley donna des ordres à Asuka, tout en maintenant son regard noir et ses yeux rouges sur Dabi.

"Asuka, voudrais-tu bien t'occuper du second homme et me ramener Haru?"

Le visage d'Asuka se contorsionna en un sourire sadique.

"Oui, chef. Des instructions supplémentaires?"

"Pas la peine de le garder en vie."

Asuka bondit à travers le mur de flammes qui brulait toujours aussi fort comme si de rien n'était. Quelques secondes plus tard, on vit une tête et une moelle épinière voler par dessus les flammes pour aller s'écraser juste devant face-de-cadavre. La chair était déchirée tout autour de la tête irrégulièrement, comme si la tête avait été violemment arrachée, témoignant de la force prodigieuse d'Alien Queen, que le membre de la Ligue des Vilains pouvait voir grimper sur un building, Haru accroché à son dos, puis bondir pour atterrir juste à côté d'Ashley. À ce moment-là, un portail apparut à nouveau, et le vilain sans nom disparut dedans. Ashley expira longuement.

"Pas mécontente que ce soit enfin fini... Merci d'avoir été là, vous deux. Allez, on a pas le temps, il faut qu'on arrive au 893 rapidement. Haru, préviens Remegu, on va avoir besoin de lui."

Haru acquiesca et sortit son téléphone. Pendant ce temps, le groupe de trois se mit en marche en direction du 893, Ashley ouvrant la marche, et Haru et Asuka sur ses talons. Ils savaient, concrètement, que le chemin serait compliqué jusqu'au bar, mais il fallait y arriver. De là, elle pourrait coordonner le reste des attaques contre la Ligue, et la foutre sur ses rotules.

Sur le chemin, une ombre sinistre chuta du ciel pour s'écraser devant eux. Une fois la fumée dissipée, un béhémoth au cerveau apparent en émergea. Il avait la peau rouge, un rouge non naturel, et son visage rappelait celui un oiseau, avec un bec surdimmensionné. Un Nomu avait été envoyé par la Ligue pour disposer du groupe. Asuka bondit entre le Nomu et Ashley.

"Allez-y, je vous rejoindrai au bar. Filez!"

"Tu en es sûre, Asuka?"

"Si je ne le fais pas, on fait quoi? On meurt? Il nous suit au 893? Fuyez, pauvres fous!"

Ashley ne réfléchit pas une seconde et partit en courant en direction du bar, ses pensées fixées sur le sacrifice de son amie. Haru lui emboîta le pas, et ils dévalèrent les rues qui l'emmenèrent vers le bar.

Quand ils arrivèrent dans le bar, qui était vide depuis que la Ligue avait déclaré la guerre aux yakuza, Ashley ferma la porte. Après avoir repris son souffle, elle passa derrière le bar et se servit un gros verre de whisky.

"Ces enfants de chiennes... Vont me le payer. Ils me le paieront tous. Et quand cet empaffé de Shigaraki comprendra son désespoir, alors il aura ma permission pour mourir. Haru!"

"Oui, madame?"

"Passe un contrat. Je fous la tronche de chacun des gros noms de la Ligue des Vilains à cent millions de yen vifs, dix millions morts."

"Bien madame."

Une trentaine de minutes plus tard, l'ordre était passé. Dabi, Shigaraki, Toga, Twice et les autres avaient une prime massive sur leur tête. La porte s'ouvrit, et Ashley braqua instinctivement son arme sur la personne qui venait d'arriver. Asuka entra dans le bar, boîtant faiblement et un bras cassé. Ashley rangea son arme et accourut au secours de son amie.

"Asuka, calme, calme, doucement."

Asuka s'allongea sur le sol froid du bar.

"Mission accomplie, j'ai réussi à éliminer le monstre... Mais il faut que je me repose, maintenant."

"Oui, vas-y, repose-toi. Tu l'as bien mérité."

Asuka ferma les yeux et, quasiment spontanément, s'enflamma en produisant un liquide avec lequel elle se recouvrit complètement, formant un cocon. Asuka se releva et, armant son fusil d'assaut, se para d'un sourire.

"Les affaires reprennent."

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